COLLOQUE NATIONAL SUR LES VIOLENCES FAITES AUX ENFANTS Sénat, Paris, 14 juin 2013 Les prises en charges en période périnatale Gisèle Apter Pédopsychiatre Un bref rappel du processus de développement de la parentalité est nécessaire pour faciliter le recours à un repérage précoce et une organisation d’interventions en réseau des familles les plus vulnérables par les professionnels. Il est à souligner que la parentalité comporte de l’ambivalence naturelle à l’égard du bébé et que les exigences nécessaires à ses soins peuvent être empêchées par de multiples facteurs. La psychopathologie et la répétition transgénérationnelle en font partie. Cependant, il est nécessaire de ne pas effectuer de parallélisme entre pathologie et maltraitance, tout comme il est impératif d’observer, de repérer et de proposer des soins lorsque les risques sont avérés. Le déni est toujours l’entrave la plus grande à des prises en charges précoces, dont l’efficacité clinique est aujourd’hui visible. Prendre en charge les troubles aussi rapidement que possible, en particulier dans les familles où se mêlent plusieurs facteurs cumulatifs est essentiel. La précocité de la prise en charge améliore la qualité de vie des petits patients, quels que soient leur âge une fois que les troubles sont perçus (Haddad et al., 20041). La manière dont une prise en charge vient déjouer les « prédictions » liées au groupe à risque est la meilleure des préventions tout en étant du soin. De plus, les prises en charge impactent la totalité de la famille, modifiant ainsi les parcours des autres enfants de la fratrie, dont les pronostics souvent assez sombres peuvent être considérablement positivement influencés. Une fois la famille entière engagée dans le soin, il faut déployer une prise en charge intégrative impliquant de ce fait de nombreux acteurs du système de santé et de la protection de l’enfance et ceci pendant une durée longue, voire très longue. Comment alors imaginer l’évaluation de ces prises en charge ? Quels en seront les « indicateurs » ? Quel coût mais aussi quel investissement pour parler selon les termes des économistes de la santé ? A quelle étape considérer que la santé des enfants est telle que l’on peut considérer que la prise en charge est fructueuse ? Quels symptômes et quels mécanismes psychiques, quels processus relationnels sont à évaluer pour cela ? Comment envisager à partir de ce levier que représente la période périnatale, une réorganisation familiale qui implique alors de faire face à toute une famille notamment en ce qui concerne les rôles parentaux ? Il nous semble qu’il faut alors supposer que les dispositifs de soins se doivent impérativement de s’articuler entre eux, les équipes de communiquer, alors même que chacune peut avoir à s’occuper spécifiquement d’un aspect de la famille (adolescence, tout petit, troubles des apprentissages etc..). Quelle que soit la porte d’entrée au soin, l’équipe qui sera bénéficiaire du premier pré-transfert aura comme tâche de se soucier, sans cesse, des différents protagonistes. Contrairement à ce qui avait jusqu’alors été envisagé dans le soin, c’est précisément le fait de ne pas considérer uniquement un « seul » patient qui donne toute la 1 Haddad A., Guedeney A. & Greacen T. (2004). Santé mentale du jeune enfant. Prévenir et intervenir. Stock. 1 légitimité à ces prises en charge multifocales. La dédifférenciation de chacun des membres de la famille, assortie au traitement spécifique de chacun de ses membres et de leurs troubles ne pourra se faire que dans un deuxième temps. Sans cela, il ne peut y avoir de soins pour ces troubles familiaux multiples souvent transgénérationnels qui sont l’apanage de nombreuses familles reçues en consultation de psychiatrie infanto-juvénile aujourd’hui. Nous décrirons un dispositif de soin ambulatoire qui démarre dès la période périnatale qui propose une évaluation contenante conjointement à des propositions de soins qui assure la coordination ultérieure. Il s’agit de l’unité PPUMMA qui se trouve en région Parisienne (Psy Périnatale d’Urgence Mobile en maternité, environ 500 situations par an). La manière dont les professionnels se saisissent de l’unité, la rencontre avec la femme, le couple et/ou la famille ; la coordination avec les services de soins et les services sociaux seront décrits afin de mettre en évidence l’importance d’un dispositif intégratif qui articule et coordonne les différents professionnels entre eux autour de l’enfant et de sa famille. 2