médecine et armées, 2011, 39, 4 291
PRÉFACE
Jusqu’à 64 équipes médicales et 7 équipes chirurgicales engagées simultanément,
684 patients évacués depuis le 1er janvier 2011, les chiffres témoignent à la fois de la densité
du soutien médical en opérations et de l’intensité de son action. Véritable raison d’être
du Service de santé, les unités médicales opérationnelles projetées bénéficient de l’estime
et de la confiance des armées comme en témoignait le général d’armée Irastorza lors de son
adieu aux armes: « Au nom de nos soldats, je voudrais exprimer ma reconnaissance au
Service de santé des armées pour son courage en opérations et son extrême dévouement,
du ramassage des blessés sous le feu à leur prise en charge dans nos hôpitaux des armées.
Sans cette chaîne de solidarité et ce savoir faire rassurant et chaleureux, il n’y aurait plus
aucun volontaire pour faire notre métier. ».
Le conflit en Afghanistan symbolise la confrontation asymétrique avec un ennemi mouvant
et désincarné, confrontation caractérisée notamment par des actions de guérilla et de
terrorisme. Face à ce type de conflictualité, le Service de santé a su s’adapter sur le plan
technique comme sur le plan tactique. En amont de l’action médicale mais dans son
continuum, la montée en puissance du sauvetage au combat constitue une première réponse à
l’objectif de respect des délais cliniques. Médicalisation et chirurgicalisation de l’avant ont
également fait l’objet de modernisations tant en terme de matériels déployés que de processus
de prise en charge. La coordination des évacuations médicales est un autre point clé de
l’efficacité des équipes médicales sur les théâtres d’opérations et l’adoption du concept de
patient evacuation coordination center constitue une évolution notable. Elle marque également
l’adoption de standards otaniens et facilite ainsi l’intégration des structures médicales
françaises au sein d’une coalition multinationale. Cette multi nationalité se retrouve au sein de
l’hôpital médico-chirurgical de Kaboul devenu un véritable Rôle 3 doté de toutes les
compétences chirurgicales.
L’action du Service de santé des armées sur les théâtres d’opération ne se limite pas à cette
prise en charge du blessé de guerre. Sa présence à bord des bâtiments de la marine, sur
les bases aériennes projetées ou au sein des unités terrestres garantit non seulement
la qualité des soins courants mais aussi le respect de normes d’hygiène et de prévention
indispensables au maintien de la capacité opérationnelle. Cette action s’inscrit dans la
durée et se prolonge au-delà de la mission. Le suivi des blessés, évoqué dans le récent
projet de service, et l’exploitation du retour d’expérience sont deux exemples de cette
continuité du cycle opérationnel. La valorisation de l’ensemble de ces actions de soutien
médical des forces sera d’ailleurs un enjeu futur dans un contexte où chaque poste et
chaque acquisition devront être justifiés.
Les articles de ce numéro spécial OPEX sont l’expression des évolutions d’un soutien
médical en adaptation permanente. Ils sont également les témoignages de l’implication
des femmes et des hommes qui ont œuvré avec volontarisme sur les théâtres d’opérations.
Cette préface ne peut s’achever sans une pensée émue et reconnaissante envers nos
camarades morts ou blessés en accomplissant leur mission; leur engagement, jusqu’au
sacrifice suprême, nous oblige.
Le médecin général des armées Gérard NEDELLEC
Directeur central du Service de santé des armées
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