dans le cockpit, sort à sa demande de l’avion, à l’aide d’un
masque branché sur un appareil respiratoire isolant (ARI)
d’un sauveteur. Le pilote est ensuite pris en charge par le
service médical de la base. L’interrogatoire ne retrouve
aucun signe d’exposition et l’examen clinique est
strictement normal. Le pilote n’ayant été contaminé ni
par les vapeurs, ni par le liquide, il est décidé de ne pas
pratiquer de bilan complémentaire.
Trois autres tests seront réalisés tous les quarts
d’heure. Le cinquième test étant négatif, l’avion est tracté
en zone dégagée du parking militaire. À 18 h 42, un
périmètre de sécurité est mis en place autour de l’avion:
l’intervention est terminée.
Proprietés physicochimiques
L’hydrazine anhydre (H2N-NH2) est un liquide incolore,
hygroscopique, fumant à l’air et présentant une odeur
aminée ou ammoniacale avec un seuil olfactif à 3,7 ppm
(parties par million). Son point de fusion est de 2 °C et
d’ébullition à la pression atmosphérique de 113,5 °C. La
température d’auto-inflammation est de 270 °C. A partir
de 23 °C l’hydrazine se décompose sous l’action de la
chaleur et des UV en azote, ammoniac et hydrogène.
Cette température peut être abaissée par la présence,
surtout lorsqu’ils sont à l’état pulvérulent, de catalyseurs
comme le platine, le fer, le nickel, le cuivre, le cobalt, le
molybdène et leur oxydes (2).
Avec l’eau, l’hydrazine à 70 % forme l’hydrazine
monohydratée qui est un liquide alcalin. C’est une base
légèrement plus faible que l’ammoniaque qui forme avec
les acides, des sels dont certains sont explosifs (nitrates,
chlorates, perchlorates, etc.).
L’hydrazine possède un puissant pouvoir réducteur,
particulièrement en milieu alcalin, et s’oxyde à l’air
à température ambiante. La majorité des oxydants
(acide nitrique, peroxyde d’hydrogène, chlorates,
permanganates, etc.) réagissent avec elle de manière
brutale avec des risques d’explosion.
Cette très forte réactivité fait que l’hydrazine doit
être conservée à l’abri de l’air sous azote dans des
récipients très propres exempts de catalyseurs
métalliques potentiels (acier inoxydable à faible teneur
en molybdène, aluminium, titane, etc.).
Utilisations de l’hydrazine
Les dérivés les plus utilisés sont l’hydrazine, l’hydrate
de méthylhydrazine et l’Aérozine 50 (mélange à parties
égales d’hydrazine et de 1, 1- diméthyl hydrazine).
Aéronautique et spatial
L’hydrazine produit lors de sa décomposition une
réaction très exothermique avec dégagement d’une
quantité très importante de gaz utilisé pour la propulsion.
Cette réaction est particulièrement rapide et puissante
mais facilement modulable sur les engins spéciaux.
C’est un monergol qui a la propriété de ne pas nécessiter
de comburant.
En aéronautique l’hydrazine est retrouvée dès 1944
dans le premier avion-fusée allemand, le Messerschmitt
Me163B ou Komet. L’hydrazine sous le nom de B-Stoff,
est associée au méthanol et au peroxyde d’hydrogène
T-Stoff dans une fusée Walter HWK 509A-2 à 1 700 kg
de combustible liquide. Le caractère très instable du
système de propulsion s’est traduit par de très nombreux
accidents et une utilisation opérationnelle limitée.
Aujourd’hui l’hydrazine sert de carburant pour les
générateurs de secours (EPU) des avions de chasse F-16.
Ce générateur permet de maintenir l’avion en vol en cas
de défaillance du circuit électrique, hydraulique ou en cas
d’arrêt du moteur. Le pilote bénéficie ainsi d’une petite
autonomie lui permettant de regagner une piste
d’atterrissage. En dehors des États-Unis (vol initial en
1974) cet avion a été vendu à de nombreuses armées de
l’air dans le monde (une vingtaine de pays) dont en
Europe : Belgique, Italie, Danemark, Grèce, Norvège,
Pays-Bas, Roumanie et Portugal. Cet avion construit en
très grand nombre, verra le 5 000eexemplaire sortir
prochainement d’usine. Sur la dernière décennie, on
compte une moyenne de deux crashs par mois dans le
monde, et d’une intervention par semaine sur un F-16
effectuée par les moyens de secours.
Dans le domaine spatial européen, l’étage à propergols
stockables de la fusée Ariane 5 contient 3,5 tonnes de
monométhylhydrazine (MMH) [(CH3)-NH-NH2] pour la
satellisation de la charge utile. La navette spatiale
américaine utilise, après la première phase qui permet
l’arrivée dans l’espace, des moteurs localisés près de la
dérive. Ils fonctionnent avec un mélange d’hydrazine et
de peroxyde d'azote. Son principal avantage est sa
fiabilité car il brûle spontanément dès qu'il est injecté
dans la chambre de combustion. L’hydrazine est aussi
utilisée dans les moteurs auxiliaires de la navette spatiale
américaine pour assurer les petites corrections orbitales.
Cette présence d’hydrazine conduit notamment à des
précautions particulières et préventives lors des
atterrissages sur le site de secours en France.
L’hydrazine équipait les capsules Apollo, le module
lunaire et équipe aujourd'hui les satellites dans les
moteurs à faible poussée pour permettre leur
positionnement. Il n’y a pas besoin de mise à feu car
l’hydrazine est un monergol: elle réagit d’elle-même et la
réaction dure aussi longtemps que le produit est libéré et
s’arrête dès la fin de l’émission ce qui permet des
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hydrazine : un risque chimique d’actualité. cas d’une fuite impliquant un aéronef de type f-16
Figure 3. Description schématique de la procédure de secours mise en œuvre.