ratoire. Tous les acteurs médicaux sont impliqués dans l’éva-
luation de la qualité des soins. Il s’agit, entre autres, de res-
pecter les référentiels rédigés par les sociétés savantes ou par
les organismes gouvernementaux. L’assurance qualité permet
au bactériologiste d’intervenir à trois niveaux :
"Pour les patients et les médecins, il s’agit d’obtenir du bac-
tériologiste un meilleur diagnostic biologique, un résultat inter-
prété dans son contexte clinique, un meilleur conseil en anti-
biothérapie et en hygiène, une meilleure maîtrise des infections
nosocomiales, un meilleur contrôle des épidémies. La confiance
envers le laboratoire en sort renforcée. Pour certaines situations
locales, il est ainsi plus facile de comparer un laboratoire à un
autre.
"Pour le laboratoire, il s’agit de mettre en œuvre les tech-
niques les plus adaptées et/ou les plus récentes pour le dia-
gnostic étiologique des infections tout en prenant en compte le
rapport “utilité clinique-coût” pour chacune des techniques
employées, afin de satisfaire les besoins des malades. En bref,
en faire parfois moins, mais le faire toujours mieux.
"Pour le personnel, il y a une valorisation de ses responsabi-
lités, une meilleure reconnaissance de son travail, une mobili-
sation permanente pour atteindre les objectifs demandés. Un
des piliers de l’augmentation des compétences et de la qualité
est l’amélioration permanente de la formation technique et
médicale des technicien(ne)s et des biologistes. Il est donc
nécessaire de mettre en place un programme interne et externe
de formation pour l’ensemble du personnel de laboratoire. Cela
s’applique particulièrement à la microbiologie, où deux à
cinq ans sont nécessaires pour former un excellent personnel
technique. Pour motiver et médicaliser les technicien(ne)s, il
faut éviter l’organisation du travail par postes techniques, enri-
chir leurs fonctions et leurs compétences, récompenser leurs
efforts. Il est donc nécessaire de développer de nouvelles pers-
pectives de carrière en créant de nouveaux profils de poste
(assurance qualité, informatique, recherche et développement,
hygiène de l’environnement, gestion). Pour atteindre ces objec-
tifs, le personnel de laboratoire doit abandonner certaines de
ses traditions.
L’assurance qualité est aussi un moyen d’organiser la biologie
selon un concept néo-industriel. L’industrie peut aider le biolo-
giste à acquérir ce concept pour la gestion de la maîtrise des
coûts, les procédures d’organisation, les relations client-entre-
prise, la robotisation, etc., tout en conservant l’aspect analytique
du prélèvement biologique, l’intégration des données cliniques
et le conseil médical à fournir à chaque patient-client. Cela
l’oblige à mettre en place toute une série de tableaux de bord
concernant son métier, mais aussi la gestion économique du
laboratoire. L’interprétation de ces données collectées est indis-
pensable pour l’établissement d’une vision stratégique du métier.
Propositions de structures biologiques
Les grandes structures biologiques actuelles ou en projet ne
doivent pas se créer aux dépens des laboratoires plus petits, ce
qui aurait pour conséquence de les isoler. Un partenariat doit
se créer entre ces deux types de structures, ce qui permettrait,
par exemple, le transfert des technologies nouvelles validées.
Cette relation de confiance mutuelle permet une élévation géné-
rale des compétences. Toutefois, ce regroupement de la biolo-
gie risque d’entraîner un nouveau repli du bactériologiste dans
son laboratoire, repli dont il commençait, avec difficulté, à se
libérer grâce à l’apparition de nouveaux métiers, de nouvelles
compétences et de nouvelles responsabilités.
Si la tendance au regroupement des laboratoires d’analyses per-
siste, il n’est pas sûr que cela soit viable à moyen terme : on
peut en effet s’attendre à des progrès technologiques dans les
appareils de biologie délocalisée, à une évolution du système
de soins, ainsi qu’à des difficultés dans la maîtrise de la logis-
tique dédiée à ces grandes structures. La solution est, peut-être,
l’existence d’une structure de biologie centralisée n’effectuant
que les analyses spécialisées (mycobactéries, sérologie, iden-
tifications bactériennes difficiles, laboratoire de référence pour
les tests de sensibilité aux antibiotiques, épidémiologie molé-
culaire, séquençages, analyse des données bactériologiques), à
laquelle s’adosseraient des unités biologiques détachées réali-
sant des diagnostics de proximité (examens directs, identifica-
tions bactériennes, antibiogrammes de routine, techniques
moléculaires simplifiées) et ayant une réactivité plus grande
grâce au dialogue rapproché du bactériologiste avec les méde-
cins et/ou les patients.
Un laboratoire de bactériologie clinique intégré à une structure
de biologie publique ou privée doit aussi s’appuyer sur une
unité de recherche et de développement. L’intérêt de cette unité
est de mettre au point les nouvelles techniques à transférer en
routine, de participer aux différents protocoles proposés par les
réseaux de recherche, mais aussi de développer la thématique
de recherche du bactériologiste. Cela est un gage de progrès
permanent et de qualité montrant le dynamisme de la structure
biologique et sa remise en question permanente, ce qui permet
d’éviter le déclin du laboratoire et renforce la confiance du
malade vis-à-vis de son environnement médical.
CONCLUSION
Aujourd’hui, les données obtenues à partir des analyses bacté-
riologiques sont très nombreuses et sous-exploitées. Le bacté-
riologiste saura-t-il mieux les valoriser ou seront-elles pillées ?
Pourtant, la participation à la prescription et à la réalisation de
certains prélèvements techniques, l’interprétation des résultats,
le suivi et l’amélioration des règles d’hygiène, les conseils en
antibiothérapie font que le bactériologiste médical a de nom-
breux arguments recevables pour que son statut évolue vers
celui de “consultant en microbiologie clinique”. Le but n’est
pas qu’il se substitue au pathologiste infectieux, mais, de par
sa formation clinique de base, ses connaissances en physiopa-
thologie, en antibiothérapie et en hygiène, il doit être le parte-
naire à part entière d’une équipe bioclinique. L’avenir proche
montrera si le bactériologiste a su faire évoluer son statut, maî-
triser les nouveaux enjeux médicaux et démontrer la valeur
ajoutée de son travail. "
La Lettre de l’Infectiologue - Tome XIV - n° 9 - novembre 1999
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