CONGRÈS
RÉUNION
42 | La Lettre du Rhumatologue • No 402-403 - mai-juin 2014
infectieuse ou une septicémie à germes encapsulés,
en particulier à méningocoque, et cela jusqu’à
preuve du contraire. À titre d’exemple, un patient
suivi pour une granulomatose avec polyangéite
(granulo matose de type Wegener) et présentant
un tableau de vascularite cérébrale mis sur le compte
d’une poussée de sa maladie s’est révélé être atteint
d’une artérite cérébrale à mucormycose dans un
contexte d’immuno dépression iatrogène. Ainsi,
toute suspicion de poussée d’une maladie auto-
immune doit d’abord faire écarter une infection,
surtout si le patient est très immunodéprimé, fébrile,
ou en cas de poussée “atypique” de la maladie.
La maladie de Whipple… la grande simulatrice !
La maladie de Whipple est un piège diagnostique
qu’il faut savoir évoquer devant des manifestations
articulaires, notamment une polyarthrite séronéga-
tive des grosses articulations ou devant des arth-
rites intermittentes récidivantes presque toujours
sans autoanticorps (FR, ACPA). Après une évolution
moyenne de 6 ans apparaissent des signes extra-
articulaires de maladie systémique (fi èvre, diarrhée
chronique, troubles neurologiques, uvéite et endo-
cardite à hémocultures négatives). La présomption
sera d’autant plus forte que ces manifestations sur-
viennent chez un homme d’âge moyen.
Les autres simulatrices
Les autres infections à rechercher systématique-
ment, car elles sont aussi qualifi ées de “grandes
simulatrices”, sont la syphilis, la borréliose de
Lyme et l’infection par le VIH. Des sérologies des
hépatites virales doivent aussi être réalisées devant
des arthralgies, des cytopénies, une perturbation
du bilan hépatocellulaire ou des signes de vascu-
larite. La fi èvre Q à Coxiella burnetii est aussi un
piège qui doit être déjoué en cas d’endocardite ou
de fi èvre d’étiologie indéterminée, surtout en pré-
sence d’autoanticorps ou de symptômes atypiques.
Il faut aussi savoir penser au parvovirus B19 chez
une femme jeune présentant un rash ou une fi èvre
transitoire, surtout s’il y a une atteinte articulaire,
des cytopénies ou des manifestations lupiques avec
autoanticorps, parfois même des anti-ADN natif.
◆Le piège si redouté du “paranéoplasique”
Les syndromes paranéoplasiques font partie de
la deuxième grande famille d’affections pouvant
faire porter à tort le diagnostic de maladie auto-
immune. Ce diagnostic est le plus souvent évoqué
en cas d’altération de l’état général et chez le sujet
âgé, mais cela n’est pas systématique. Il est donc
nécessaire d’écarter le diagnostic de néoplasie en cas
de pseudo-polyarthrite rhizomélique, de maladie de
Still et de vascularite. Les “règles” du bilan ne sont
pas simples, car elles dépendent de chaque situation,
mais il faut rester pragmatique en s’appuyant sur
d’excellents interrogatoire et examens cliniques.
◆Les pièges de la “iatrogénie”
Un facteur toxique ou un médicament doivent sys-
tématiquement être évoqués devant un syndrome
auto-immun “inhabituel”. Nombre de médicaments
peuvent être responsables de cytopénies, de vas-
cularite, de lupus, de sclérodermie et d’hyperplasie
lymphoïde induite. Il faut savoir y penser !
Comment vacciner un patient traité
par immunosuppresseur ?
(D’après le Dr O. Launay, hôpital Cochin, Paris)
De nouvelles recommandations vaccinales spé-
cifi ques des immunodéprimés ont été proposées
en 2012 par le Comité technique des vaccinations
(CTV) de la Haute Autorité de santé (HAS). Chez les
patients traités par immunosuppresseurs chimiques
et/ou biologiques, et/ou par une corticothérapie se
pose la question de l’effi cacité et de la tolérance du
vaccin ainsi que du risque potentiel de poussée de
la maladie.
◆Les vaccins vivants atténués sont
contre-indiqués en cas d’immunosuppression
Les vaccins vivants atténués (actuellement rougeole,
oreillons, rubéole, varicelle et zona, fi èvre jaune et
rotavirus) sont très immunogènes. Le risque en cas
d’immunosuppression n’est donc pas une mauvaise
réponse vaccinale mais surtout une complication
infectieuse liée à une prolifération de l’agent vaccinal
qui peut être mortelle. Ces vaccins sont donc contre-
indiqués en cas de traitement par biomédicaments
et/ou immunosuppresseurs. Avant de vacciner, il
faut donc respecter un délai d’arrêt de l’immuno-
suppresseur de 3 mois, et de 6 mois pour le rituximab.
◆Que faire en cas de corticothérapie si l’on
souhaite faire une vaccination à vaccin vivant ?
En cas de corticothérapie, l’administration d’un
vaccin vivant est contre-indiquée à partir d’une
dose supérieure à 10 mg par jour depuis plus de
2 semaines. Cette recommandation est fondée sur
des publications qui rapportent un risque infectieux
à partir d’une posologie de 10 mg par jour avec un
surrisque au-delà de 20 mg par jour d’équivalent
prednisone. Il n’y a actuellement pas de donnée