Le Soir Mardi 18 février 2014 LESMARCHÉS 15 Les liquidités dopent les Bourses TENDANCES Quand un invest public s’intéresse (enfin) aux start-up Malgré les inquiétudes sur l’économie… A Bruxelles, le Bel 20 renoue avec ses niveaux précataclysme Fortis. Les taux de change ont dopé des bénéfices guère impressionnants. LE FAIT DU JOUR e Bel 20 est proche d’un nouveau cap dans son long processus de redressement, flirtant désormais avec le cap des 3.000 points qu’il n’a plus atteint depuis début septembre 2008, soit avant l’effondrement de Fortis. Évidemment, le Bel 20 doit encore progresser de plus de 50 % pour renouer avec ses records mais l’indice belge se situe dans la moyenne européenne malgré le lourd tribut payé à la crise avec la disparition de Fortis et de Dexia. Francfort et Wall Street ont pour leur part déjà atteint de nouveaux records historiques. L’on constate actuellement une hausse parallèle des actions, des obligations et même de l’or. © BELGA Conjoncture ralentie Récemment, les indices ont poursuivi leur envolée, les tensions autour des pays émergents ayant à peine tempéré l’enthousiasme des marchés pendant quelques semaines bien qu’ils aient porté l’économie mondiale depuis plus d’une décennie. Même en 2009, ils ont évité le naufrage en affichant une croissance de 3,1 % contre une contraction de 3,4 % dans les pays industrialisés permettant de limiter l’érosion du PIB mondial à 0,4 %. Ces derniers jours, les investisseurs sont par ailleurs confrontés à une salve d’indica- teurs économiques décevants, surtout aux États-Unis où les ventes au détail (soit la consommation représentant 70 % de l’économie US) ont reculé de 0,4 % en janvier après un repli de 0,1 % en décembre. La production manufacturière a chuté de 0,8 % le mois dernier, le plus important repli depuis mai 2009. La météo froide et neigeuse outre-Atlantique est avancée comme explication mais cette donnée est également connue des économistes qui prévoyaient des chiffres bien meilleurs pour ces indicateurs. Le Japon affiche également un net ralentissement avec une L croissance de son PIB de 1 % en glissement annuel au 4e trimestre 2013 contre une prévision de 2,8 % et ce, alors que le pays du Soleil levant va devoir affronter les conséquences économiques d’un relèvement de 5 % à 8 % de la TVA au 1er avril. Seule la zone euro fait actuellement un peu mieux qu’attendu après sa longue traversée du désert. Cela ne suffit toutefois pas à améliorer l’image économique mondiale qui apparaît en net ralentissement alors qu’il y a deux mois l’optimisme prévalait. Les bons résultats d’entreprises peuvent apparemment justi- ENTREPRENEURIAT Activ’Up, par MeusInvest fier la hausse des Bourses et les ratios de valorisation supérieurs aux moyennes historiques. La croissance de 4,6 % des bénéfices enregistrés l’année dernière par les entreprises du S&P500, indice élargi américain, n’a toutefois rien d’impressionnant, a fortiori dans un contexte de dollar faible dopant les chiffres en billets verts des multinationales US. Pour 2014, plusieurs géants comme Procter & Gamble ont d’ailleurs déjà averti que les taux de change pèseraient sur les résultats en raison de la dépréciation des devises émergentes. La principale explication des performances boursières réside encore et toujours dans l’abondance de liquidités, ce qui explique également que l’on constate actuellement une hausse parallèle des actions, des obligations et même de l’or. Les fonds ne vont d’une classe d’actifs à l’autre qu’en fonction des opportunités mais les liquidités sont déversées sur les marchés financiers. Les banques ont ainsi 2.590 milliards de dollars déposés auprès de la Réserve fédérale américaine (Fed). Cette dernière a certes entrepris de réduire ses soutiens, ramenant ses rachats mensuels d’actifs de 85 à 65 milliards de dollars, mais elle est encore très loin de reprendre les liquidités injectées ces dernières années. De plus, les marchés espèrent depuis plusieurs mois de nouvelles interventions de la Banque centrale européenne. À long terme, cette dépendance des Bourses se traduira par une importance exacerbée de la politique des banques centrales. ■ CÉDRIC BOITTE LES MARCHÉS EN BREF Le Bel 20 se distingue Les marchés européens ont évolué sans tendance ce lundi, les investisseurs brillant surtout par leur absence en raison de la fermeture de Wall Street pour cause de Presidents Day. À Bruxelles, le Bel 20 (+0,4 %) s’est distingué sans parvenir à accrocher le cap des 3000 points. Une fois n’est pas coutume, l’indice a été soutenu par ThromboGenics qui a rebondi de 8 % dans des volumes d’échange étoffés à un mois de la publication de ses chiffres annuels. Telenet (+2,2 %) s’est également repris après sa correction des derniers jours dans le sillage de prévisions prudentes pour 2014. Les financières sont par contre restées à la traîne à l’image de KBC (-0,5 %) qui souffre toujours de l’annonce de la suppression de son dividende la semaine dernière. Hors indice, Euronav (-3,3 %) a chuté alors que les créanciers d’OSG ont annulé le processus de vente des tankers pétroliers convoités par le groupe belge. Arseus (+4,8 %) a bondi sans nouvelle particulière, en profitant pour passer le cap des 30 euros pour la première fois de son histoire. La biotech Galápagos (+1,5 %) a profité de la finalisation du recrutement des 45 patients nécessaires au lancement d’une étude de phase 2 pour un traitement expérimental de la colite ulcéreuse. Bourses européennes 17/02/2014 ROYAUME-UNI FOOTSIE 100 6736,00 PAYS-BAS AEX 25 401,24 ALLEMAGNE BELGIQUE BEL 20 2989,48 DAX 30 9656,76 « Il s’agit de faire évoluer une “bonne idée” en un plan d’affaires crédible », explique l’animateur d’Activ’Up, Ben Piquard. © D.R. près avoir pris des participations dans des start-up A comme Famest (marketing viral pour les marques vestimentaires), I Love Climbing (communauté pour fans d’alpinisme) et Cine Pedia (réseau social pour cinéphiles), le fonds d’investissement liégeois MeusInvest vient de lancer luimême un « programme d’activation » baptisé Activ’Up. Un incubateur en fait ? En quelque sorte, sauf que dans un paysage entrepreneurial wallon encore fort cadenassé, le terme « incubateur » est une sorte d’appellation contrôlée. « Si vous pouviez utiliser un autre terme, cela éviterait de froisser certaines sensibilités », nous demande un responsable de MeusInvest. Fin de la parenthèse. Un invest public n’hésite plus à investir dans les réseaux sociaux, la mode ou les applis mobiles Activ’Up est en fait une cellule de coaching et d’accompagnement personnalisé dédiée aux jeunes entreprises ou projets en phase de préamorçage. Pour une période comprise entre trois et neuf mois. « Il s’agit typiquement de faire évoluer une “bonne idée” en un plan d’affaires crédible capable d’intéresser des investisseurs. Notre rôle est d’aider à valider le potentiel commercial en décrochant les premières références, à peaufiner un plan financier, à mettre en place un réseau de distribution, etc. », résume Ben Piquard, habitué des Startup Weekends et autres Boostcamps, qui s’occupe de ce projet à mi-temps. Il est épaulé par des experts du centre d’accompagnement SIDE-Socran. La structure Activ’Up est lancée pour cinq ans au minimum, avec un capital de départ de 600.000 euros. MeusInvest FRANCE soutiennent l’entrepreneuriat ITALIE IBEX 35 MADRID 10118,6000 OLIVIER FABES Entrepreneur CAC 40 4335,17 ESPAGNE prévoit par ailleurs trois enveloppes annuelles de 25.000 euros chacune, sous forme d’aides diverses à l’amorçage. Huit start-up ont déjà été retenues suite à un premier appel à candidatures fin janvier. Parmi celles-ci figurent notamment ProchainBus.be, une appli mobile pour anticiper l’arrivée du prochain bus, et le réseau social Foxi.be, qui facilite l’organisation d’activités et sorties « malignes » entre particuliers. MeusInvest part donc du principe que trois des huit projets participant montreront une maturité suffisante pour un premier coup de pouce financier. Ensuite, ce sera aux startup de convaincre des investisseurs privés, éventuellement en tandem avec l’invest public. Les jeux sont ouverts. Les start-up « hébergées » ont l’obligation d’avoir leur siège social en province de Liège et d’être présentes au moins deux fois par semaine à l’espace de coworking La Chapelle à Liège, le « camp de base » de ce programme Activ’Up. « On joue un rôle de pionniers », fait remarquer Hughes Danze, en charge de la communication chez MeusInvest. Jusqu’ici, les invest wallons investissaient en effet surtout dans des PME d’une certaine taille ou se limitaient aux spinoff universitaires, voire à quelques spin-out industrielles. Ici, un invest soutient pour la première fois des microstructures, dans des domaines aussi « frivoles » que les réseaux sociaux et les applis mobiles. Un changement de mentalités ? Précisons que 49 % du capital de MeusInvest a été ouvert ces dernières années aux principales banques du pays ainsi qu’à des entreprises liégeoises bien connues (CMI, Mithra, Lampiris…). ■ MIB 15 20459,65 Cet espace est le leur, le nôtre, le vôtre Aux côtés de plusieurs acteurs de la vie économique, Le Soir se mobilise pour stimuler l'esprit d'entreprise: \Dans les colonnes du Soir, trois fois par semaine \Sur notre site www.lesoir.be/entrepreneur \Sur les réseaux sociaux: Twitter (Le Soir Entrepreneur) N'hésitez pas à nous communiquer vos idées via [email protected] Nous suivons l'actualité de tous ceux qui, comme Le Soir, ont le goût de créer de nouvelles activités. )G 15