Correspondances en Métabolismes Hormones Diabètes et Nutrition - Vol. XVII - n° 6 - juin 2013
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Revue de presse
Coordination : Estelle Louiset (Rouen)
Histoire de Shadoks
Polémique sur les eff ets
des traitements par
hormone de croissance
Sécrétion de mélatonine
et risque de diabète
Histoire de Shadoks
L’hyperaldostéronisme primaire est dû, dans la moitié
des cas, à un adénome de Conn et, pour l’autre moitié,
à une hyperplasie de la zone glomérulée touchant l’une
des glandes surrénales ou les 2. Les études moléculaires
récentes ont révélé que plus de 1/3 des cas familiaux
et sporadiques d’hyperaldostéronisme primaire sont
associés à des mutations germinales et somatiques du
gène codant pour le canal potassique KCNJ5. Le réseau
de recherche européen de l’Institut national du cancer
(Inca), en collaboration avec le réseau français Cortico-
médullo tumeurs endocrines (COMETE), rapporte pour
la première fois des mutations somatiques des gènes
codant pour les pompes Na+/K+ ATPase (ATP1A1) et
Ca
2+
ATPase (ATP2B3) dans des adénomes de Conn. En
permettant l’effl ux de 3 Na+ en contrepartie d’un infl ux
de 2 K+, la pompe Na+/K+ ATPase maintient le potentiel
de repos des cellules. En extrayant des ions Ca
2+
des
cellules, la pompe Ca
2+
ATPase participe au contrôle
de l’homéostasie calcique. Le séquençage des 2 gènes,
réalisé sur plus de 300 tissus d’adénomes de Conn,
a révélé la présence de mutations somatiques chez
21 sujets (6,8 %). Dans le gène ATP1A1, des mutations
ponctuelles (c.311T>G, c.995T>G et c.1738A>G) entraî-
nant les substitutions Leu104Arg, Val332Gly et Ile580Val,
ainsi qu’une délétion (c.299_313delTCTCAATGTTACTGT)
responsable d’une perte de la région Phe100_Leu104,
ont été détectées. Dans le gène ATP2B3 des délétions
(c.1272_1277delGCTGGT, c.1273_1278delCTGGTC
et c.1277_1282delTCGTGG) à l’origine de la perte
de 2 acides aminés 425-426 ou 426-427 (p.Leu425_
Val426del ou p.Val426_Val427del) ont été observées.
Les études fonctionnelles réalisées in vitro sur des cel-
lules montrent que les mutations induisent une perte
de l’activité enzymatique des pompes. Les mutations
du gène ATP1A1 engendrent une dépolarisation des
cellules tumorales qui pourrait faciliter l’ouverture des
canaux calciques voltage-dépendants permettant un
infl ux de calcium. L’augmentation du calcium cytoso-
lique stimulerait à son tour la production d’aldostérone.
De même, les mutations d’ATP2B3 à l’origine d’une
perte de fonction de la pompe Ca2+ ATPase pourraient
induire une élévation de la concentration cellulaire de
Ca2+ capable d’augmenter la synthèse d’aldostérone.
Il est à noter qu’aucune mutation germinale des gènes
ATP1A1 et ATP2B3 n’a été détectée, que ce soit chez ces
quelque 300 patients atteints d’un adénome de Conn
ou chez les 18 cas d’hyperaldostéronisme familial et
91 cas d’hyperplasie bilatérale associée à un hyperal-
dostéronisme primaire. La sécrétion d’aldostérone par
les cellules corticosurrénaliennes est donc contrôlée par
les Na
+
/K
+
ATPase et Ca
2+
ATPase, qui, tels des Shadoks,
pompaient, pompaient, pompaient…
E. Louiset (Rouen)
• Beuschlein F et al. Nat Genet 2013;45:440-4.
Polémique sur les eff ets des traitements
par hormone de croissance
Après la polémique sur les eff ets cancérigènes poten-
tiels du traitement par hormone de croissance, plu-
sieurs études ont infi rmé que les enfants traités par
hormone de croissance aient un risque accru de déve-
lopper un cancer de novo par rapport à la population
générale. Mais un signal d’alerte a été émis concer-
nant un sous-groupe d’enfants ayant survécu à un
cancer, chez qui un risque de développer une néoplasie
secondaire aurait été observé. Le défi cit en hormone
de croissance est une complication fréquente chez
des enfants ayant survécu à un cancer. La cause de
ce défi cit peut être la tumeur, lorsqu’elle atteint l’axe
hypothalamohypo physaire, ou bien les traitements
instaurés (chimiothérapie et radiothérapie). Le but de
cette étude était d’analyser, de façon rétrospective,
2 cohortes prospectives et d’établir l’incidence de néo-
plasie secondaire chez des enfants ayant survécu à un
cancer. La première base de données, GeNeSIS (Genetics
and Neuroendocrinology of Short Stature International
Study), attachée au groupe pharmaceutique Lilly, col-
lecte des informations sur la prise en charge et le suivi
des enfants ayant un retard de croissance. La deuxième,
HypoCCS (Hypopituitary Control and Complications
Study), est un programme de veille sanitaire chez des
adultes traités par hormone de croissance. Les patients
ayant eu un cancer avant l’âge de 21 ans ont été inclus
dans l’étude, soit 421 (394 traités par hormone de crois-
sance et 27 non traités) dans la base GeNeSIS, et 280
(252 traités et 28 non traités) dans la base HypoCCS.
Le cancer secondaire était défi ni par la présence d’un
cancer bénin ou malin apparu après le cancer primi-
tif, en excluant les métastases et les rechutes du can-
cer primitif. Dans GeNeSIS, l’incidence de néoplasie
secondaire était de 3,8 % chez les enfants traités par
hormone de croissance (IC95 : 2,2-6,2), alors qu’il n’y a eu
aucun cas rapporté chez les sujets non traités. Dans la
base HypoCSS, l’incidence était de 6,0 % (IC95 : 3,4-9,6)
chez les patients traités par hormone de croissance, et
de 7,1 % (IC95 : 0,9-23,5) chez les patients non traités.
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