U Rétino-choroïdite de Jensen   chez une jeune fille de 13 ans Cas clinique

publicité
Cas clinique
Rétine
Rétino-choroïdite de Jensen chez une jeune fille de 13 ans
Jensen’s retinochoroiditis in a 13 year-old girl
J.M. Ebran, S. Leruez, G. Jallet
(Service d’ophtalmologie, CHU d’Angers)
Œdème papillaire • Toxoplas­
mose • Lésion juxtapapillaire
• Scotome arciforme.
Swollen disc • Toxoplasmosis
• Juxtapapillaris lesion •
Arcuate scotoma.
U
ne patiente, âgée de 13 ans, consulte en urgence pour un trouble visuel
de l’œil gauche évoluant depuis 3 semaines dans un contexte de malaise
général associant des céphalées, des nausées et des douleurs abdominales
à prédominance matinale.
Examen
L’examen ophtalmologique retrouve une acuité visuelle de 5/10 P4 lent à gauche, non
améliorable, et de 10/10 P2 à droite avec une petite correction hypermétropique de
chaque côté. Il existe un déficit du réflexe pupillaire afférent du côté gauche. Le champ
visuel gauche objective un scotome arciforme temporal inférieur partant de la tache
aveugle (figure 1).
Le fond d’œil révèle l’existence d’une légère hyalite en regard du nerf optique et d’un
œdème papillaire diffus au niveau de toute l’hémi-papille supérieure, associés à une
dilatation vasculaire et à un œdème rétinien adjacent (figure 2). La tomographie par
cohérence optique (Optical Coherence Tomography [OCT]) est impossible à gauche en
raison du trouble vitréen.
L’angiographie à la fluorescéine confirme les constatations du fond d’œil et objective un œdème sus-papillaire (figure 3) avec imprégnation rapide de la papille par le
colorant aux temps artério-veineux (figure 4) et hyperfluorescence tardive du disque
optique (figure 5).
Discussion et évolution
Devant l’existence d’une cicatrice sérologique antitoxoplasmique ancienne associée
à un tableau clinique unilatéral très caractéristique, une toxoplasmose oculaire a
été diagnostiquée. La patiente a été traitée par une thérapeutique conventionnelle
­combinant pyriméthamine et azithromycine, associés au bout de 48 heures à une corticothérapie générale (40 mg p.o.). Sous ce traitement, la vision a totalement récupéré.
La rétino-choroïdite de Jensen est une manifestation classique de la toxoplasmose
oculaire générée par l’existence d’un foyer infectieux juxtapapillaire responsable
d’un déficit absolu fasciculaire du champ visuel. Cette affection, classiquement unilatérale, ne doit pas être confondue avec un œdème papillaire associé à une névrite
optique, en raison du risque d’aggravation du tableau clinique par l’administration
de fortes doses de corticothérapie.
II
Références bibliographiques
1. Posthumus RG. Chorio-Retinitis Juxta-Papillaris (E. Jensen). Br J Ophthalmol 1942;26(1):23-34.
2. Eckert GU, Melamed J, Menegaz B. Optic nerve changes in ocular toxoplasmosis. Eye 2007;
21(6):746-51.
48
Images en Ophtalmologie • Vol. IV • n° 2 • avril-mai-juin 2010
Légendes
Figure 1. Champ visuel de l’œil gauche de
Humphrey montrant un scotome absolu
arciforme temporal inférieur partant de la
tache aveugle.
Figure 2. Rétinographie du fond d’œil
gauche montrant l’existence d’un œdème
papillo-rétinien supérieur associé à des dilatations vasculaires.
Figure 3. Temps artériel de l’angiographie
montrant le masquage choroïdien par
l’œdème et un début de diffusion à la partie
supérieure de la papille.
Figure 4. Temps artérioveineux de la
séquence angiographique de l’œil gauche
montrant l’imprégnation veineuse et les
diffusions papillaires de fluorescéine.
Figure 5. Temps tardif de la séquence
angiographique de l’œil gauche montrant
une importante diffusion de fluorescéine au
niveau des veines et de l’ensemble du disque
optique.
Cas clinique
Rétine
2
3
1
4
5
Images en Ophtalmologie • Vol. IV • n° 2 • avril-mai-juin 2010
49
Téléchargement