Avant-propos
Cet ouvrage peut se lire à deux niveaux, ou même à trois. Les parties marquées du signe ∗
sont plus spécifiquement enseignées en Licence (Licence 3 dans le schéma LMD). Elles
ne sont pas indépendantes des autres, qui sont censées être connues ; un étudiant de
premier cycle (Licence 1 et 2) peut les sauter sans inconvénient. En revanche, les parties
non assorties d’une étoile sont autonomes, au prix de quelques redites avec les autres.
Cette séparation Premier cycle/Licence est valable à la date (2003) de la rédaction de
cet ouvrage, jusqu’à ce que les programmes changent. Or, on sait par expérience que les
programmes sont fluctuants, dans le temps, comme dans l’espace : chaque université a les
siens propres. Certains domaines de l’enseignement actuel peuvent être supprimés, être
enseignés plus tôt ou plus tard... Cependant, les fondements demeureront et l’étudiant
trouvera toujours dans cet ouvrage les outils et les références dont il a besoin. Le troisième
niveau de lecture est surtout constitué des encadrés appelés « Approfondissement », mais
aussi de quelques prolongements dans le corps même du texte de niveau Licence. J’ai
voulu traiter plusieurs questions de manière détaillée, ce qui a pu, parfois, alourdir la
rédaction. Je garde l’espoir que certains étudiants exigeants y trouveront les réponses à
des questions qu’ils se posent...
Quelques mots sur la pédagogie.
La cristallographie ne pose guère de difficultés : c’est une théorie géométrique, de
même que la radiocristallographie, en fin de compte. En revanche, le domaine délicat
de la chimie quantique est susceptible de plusieurs présentations, à cause de la théorie
quantique elle-même. En effet, les concepts quantiques, qui sont ici indispensables,
figurent parmi les concepts intellectuels les plus difficiles à comprendre. À l’époque de
l’élaboration de la théorie quantique, disons approximativement entre 1905 et la Seconde
Guerre mondiale, il y eut un grand trouble et de nombreuses discussions parmi les savants
concernés. Commencés à propos de l’indétermination et de la limitation intrinsèque
de l’information qu’on peut extraire de la nature, les débats ont rapidement débordé
sur l’épistémologie. Qu’est-ce que la connaissance ? Et qu’est-ce que la compréhension ?
Quand dit-on qu’on a compris quelque chose ? On s’est aperçu alors que beaucoup de
concepts scientifiques qui nous paraissent clairs ne le sont que parce que nous y sommes
habitués. Par exemple, les notions classiques de masse, de force, d’amplitude en optique,
de champ, etc., nous sont familières et pourtant elles sont incompréhensibles pour peu
qu’on y réfléchisse. Mais les relations entre ces concepts sont éminemment utiles et ce
sont ces relations (pas seulement quantitatives) qui constituent la connaissance. Ainsi, un
électron est quelque chose de mystérieux, son individualité est d’ailleurs suspecte. Mais il a
une charge, un spin, une masse... Les grandeurs sont incompréhensibles, mais on connaît
leurs valeurs précises et celles-ci entrent dans les relations qui permettent de prévoir ce
qui va se passer dans telles ou telles conditions. Voilà ce qu’il faut comprendre.
Passons maintenant à la pratique.
AVANT-PROPOS 5