Document de recommandations Compétitions de sauvetage sportif technique Présenté à Comité québécois de développement du sauvetage sportif Écrit par : Yannick Trudeau Entraîneur-chef et athlète en sauvetage sportif Club aquatique du Sud-Ouest 5 février 2014 Je prends le temps de vous faire suivre aujourd’hui mes recommandations en matière de développement du sauvetage sportif technique. Ces recommandations sont basées sur mon expérience ainsi que la comparaison de notre manuel des règlements avec ceux de l’Ontario et de la Colombie-Britannique. Ce document de recommandations fait part de certaines problématiques et propose des pistes de solution ou d’amélioration à notre sport. À mon avis, nous avons au Québec la structure la mieux développée de sauvetage sportif technique, mais certaines lacunes amènent parfois la discipline dans de mauvaises directions. Objectif général Avant de formuler mes recommandations, je crois qu’il est important que vous connaissiez ma vision des objectifs et buts à atteindre du sauvetage sportif, puisque ces recommandations sont formulées en conséquence des objectifs fixés. • • • • • • Promouvoir le sauvetage sportif en tant que discipline de perfectionnement des cours de sauvetage. Amener la pratique de traitements réalistes tout en permettant un environnement / mise en contexte amusant(e). Encourager les équipes à pratiquer le sauvetage sportif technique pendant plusieurs années (voire à long terme développer une catégorie maîtres) Promouvoir la qualité des interventions plutôt que le « par cœur » et la rapidité de verbalisation Améliorer l’accessibilité au sauvetage sportif technique pour les sauveteurs du Québec Augmenter la visibilité du sauvetage sportif technique Pour y arriver, nous devons, à mon avis, revoir dans l’ensemble la façon dont notre sport est structuré et évalué. L’évaluation et la structure des épreuves dirigeront la façon des clubs de « coacher », de s’entraîner et de gagner les compétitions de sauvetage. Dans le présent document, vous y trouverez des problématiques et mes recommandations par rapport à la révision de la grille générale, la grille d’appel pour l’intoxication / l’empoisonnement, la surveillance en temps arrêté, l’épreuve priorités, les épreuves physiques, la promotion et l’accessibilité du sauvetage sportif technique ainsi que la composition et l’organisation d’une compétition régionale. 1. Révision de la grille générale L’une des principales lacunes à mon avis consiste en la structure des grilles générales. En analysant les documents d’explication des grilles canadiennes, il est facile de constater que les grilles du Québec ont été construites à partir des explications de chaque ligne des grilles canadiennes. Dans certains cas, c’est une bonne chose, pour d’autres, c’est plutôt nuisible. Recommandations au CQDSS Page 2 1.1 EXAMEN PRIMAIRE Au niveau de l’EXAMEN PRIMAIRE, quatre lignes me semblent problématiques : 1. Détermine les circonstances de la blessure et verbalise les détails de l’incident 0 1 2 À mon avis, déterminer les circonstances de la blessure et la verbalisation des détails de l’incident sont des éléments qui devraient être évalués au niveau de la communication, et non de l’examen primaire. 2. Détermine et évalue la blessure principale et les autres blessures 0 1 2 Cette ligne est inutile et force les compétiteurs à faire de la « surverbalisation », que l’on ne verrait jamais dans la réalité. (Exemple : « Donc ton problème principal est que tu ne sais pas nager et je n’ai pas trouvé de blessures secondaires »). Personne ne dit ça dans la vie… Personne ne dit ça aux Canadiens… « Déterminer et évaluer la blessure principale », c’est la base de l’ensemble de l’examen primaire et des traitements, et « les autres blessures », c’est la base de ce qui est aussi déjà évalué dans l’examen secondaire. Des points superflus, je recommande de retirer cette ligne. 3. S'informe des antécédents médicaux (allergies, antd médicaux, médic-alerte, dernier 0 repas) 1 2 Il s’agit principalement du « SAMPLE ». Il n’est indiqué dans aucun manuel que ces informations doivent être demandées dans le cadre de l’examen primaire. Il s’agit d’éléments de l’examen secondaire dans tous les manuels de sauvetage ainsi que dans les grilles canadiennes. Je recommande donc de retirer cette ligne de l’examen primaire et de l’inclure dans l’examen secondaire, applicable donc seulement pour les victimes majeures. C’est un peu irréaliste de demander à un saignement de nez ses antécédents médicaux… 4. Si la victime est inconsciente, demander un DEA 0 1 2 Cette ligne devrait faire parti des traitements de la victime inconsciente, plutôt que de l’examen primaire, considérant qu’il ne s’applique que pour les victimes inconscientes. Recommandations au CQDSS Page 3 1.2 EXAMEN SECONDAIRE Au niveau de l’EXAMEN SECONDAIRE, une seule ligne me semble superflue : Qualité et justesse de l'examen secondaire (attention aux détails) 0 1 2 Considérant que chacune des parties du corps sont évaluées 0, 1 ou 2, je considère que la qualité et la justesse de l’examen secondaire ont déjà été évalués, ligne par ligne. Pas une catastrophe, mais dans une perspective de simplification des grilles, je crois qu’elle pourrait être retirée. J’ajouterais peut-être par contre une ligne Vérification du visage, des yeux, du nez, de la bouche et des oreilles 0 1 2 1.3 GESTION DE LA VICTIME ET COMMUNICATION Pour ce qui est de la GESTION DE LA VICTIME ET COMMUNICATION, je crois que nous devons revoir entièrement cette section de la grille. Je sais que nous voulons au maximum des critères d’évaluation observables et quantifiables, mais lorsque nous listons tel que c’est le cas présentement des éléments de communication, ça ne fait que diminuer la qualité de la communication des compétiteurs puisque plusieurs lignes ne s’appliquent pas à certaines situations. De plus, la gestion et communication possède plus de lignes sur la majeure que sur la mineure, mais ça n’apporte rien de plus. Les lignes ajoutées sont : S'occupe de la victime de manière confiante et calme (communication non-verbale) 0 1 2 Traitements prodigués le plus rapidement possible 0 1 2 Traitements effectués par ordre logique de priorité 0 1 2 La première ligne a été dédoublé en (verbal et non-verbal), ce qui à mon avis ne s’applique pas juste aux majeures mais à toutes les victimes, et les deux autres lignes concernent les traitements et j’y reviendrai un peu plus loin. À mon avis, la communication devrait être un élément jugé globalement plutôt que ligne par ligne. C’est pourtant une section très importante si on veut amener le « réalisme » dans les interventions. Tu « vomis » ta grille, dans le jargon du sauvetage sportif, tu dois être pénalisé, et la section ne le permet pas bien présentement. Je ne suis pas fermé à d’autres propositions et je crois que cette section est matière à discussions, mais je crois que nous devrions minimalement séparé en deux sections. Voici donc un premier pas pour vos discussions : Recommandations au CQDSS Page 4 GESTION DE LA VICTIME 0 5 10 0 10 20 Utilise correctement les barrières de protection lorsque nécessaire Déplacement approprié pour le type de victime COMMUNICATION Identification du surveillant-sauveteur et de la victime S’occupe de la victime de manière confiante et calme (non-verbale) Communication effectuée de façon confiante, calme et rassurante avec la victime (verbale) Obtient de la victime OU des témoins les informations pertinentes sur l’incident L’idée est d’augmenter légèrement l’importance de la communication, tout en laissant le juge évaluer de façon globale la communication. Ainsi, les compétiteurs ne feront plus de communication « ligne par ligne » pour convaincre le juge de donner un 2, mais se concentreront à bien communiquer, tout simplement. Simplification de la grille tout en maintenant ou augmentant la valeur de la communication, aspect important du travail d’un surveillant-sauveteur. Je retirerais ou modifierais les lignes suivantes, sans toutefois les faire complètement disparaître. Je m’explique. 1. Interaction appropriée et efficace entre les sauveteurs et avec les témoins 0 1 2 Cette ligne doit être retirée complètement. L’interaction effectuée entre les sauveteurs et auprès des témoins est déjà évalué par le juge d’ensemble, il n’est pas nécessaire de dupliquer cette évaluation sur chacune des victimes individuelles. 2. Obtient de la victime et des témoins les informations pertinentes sur l’incident 0 1 2 Changer le ET pour un OU. Si le sauveteur obtient toutes les informations requises de par la victime, cessons de le forcer à chercher des témoins pour obtenir la même information. 3. Traitements effectués par ordre logique de priorité 0 1 2 Traitements prodigués le plus rapidement possible 0 1 2 Bien qu’importants, ces lignes devraient être sur une seule ligne de TRAITEMENTS, dans une version pondérée par importance comme sur les grilles canadiennes (voir plus loin – section TRAITEMENTS). Cette ligne existe déjà : Effectue un traitement prioritaire (traitement primaire) Recommandations au CQDSS 0 1 Page 5 2 On peut donc modifier cette ligne et retirer celle dans la section communications par : Effectue les traitements prioritaires le plus rapidement possible 0 1 2 0 1 2 4. Effectue de l'éducation et de la prévention auprès de la victime Dans nos traitements, lorsque la victime nécessite une certaine éducation, des lignes ont été ajoutées concernant cette éducation / prévention. Cette ligne de communication devient donc inutile, surtout après que la victime soit déjà blessée. (« La prochaine fois, essaie de pas de briser la colonne vertébrale)… À mon avis, ça ne fait aucun sens et ça devrait rester un traitement lorsqu’applicable (non-nageur, par exemple). 1.4 RAPPORT VERBAL Pour ce qui est du RAPPORT VERBAL, à mon avis, il n’amène rien de constructif. « Dans quel état est la victime » est déjà évalué dans la reconnaissance du cas (si le cas n’est pas reconnu, il n’est pas traité…) et les circonstances de la blessure sont évaluées dans la qualité de la communication. Pour ce qui est de « quand et où l’incident s’est-il produit », la réponse est toujours valide : Ici, dans cette pièce, il y a 2 minutes » (Ou sinon le sauveteur doit se rappeler qu’on est au cirque… Est-ce vraiment utile à évaluer en sauvetage? Je me questionne.) La dernière ligne consiste à savoir, à la fin de l’épreuve, le nom de la victime et cet élément est déjà évalué – identification du surveillant-sauveteur et de la victime. Personnellement, bien que je comprenne l’objectif, j’opterais pour l’application d’une nouvelle épreuve, « Victim management », présentée en Ontario cette année, qui évalue une intervention complète 4 sauveteurs pour 1 victime, incluant l’application du plan d’urgence et le remplissage d’un rapport de sauvetage, pour évaluer cet élément. Le rapport verbal tel qu’actuellement appliqué ralentit le bon déroulement de la compétition et n’apporte rien de constructif. 1.5 TRAITEMENTS J’ai gardé le gros morceau pour la fin de l’analyse de nos grilles. Nous devons revoir notre façon de pondérer les traitements. Je viendrai plus tard sur la liste des traitements spécifiques qui, à mon avis, nécessite encore beaucoup de travail. Un des éléments que je considère plus approprié sur les grilles canadiennes que les nôtres est la pondération des traitements. En fait, les grilles canadiennes proposent une pondération différente, appliquée pour chaque traitement, selon l’importance du traitement. Recommandations au CQDSS Page 6 À titre d’exemple, pour l’hémorragie majeure, les traitements sont : REST & DIRECT PRESSURE 0 36 54 90 APPLY STERILE DRESSING/BANDAGE 0 36 54 90 CIRCULATION CHECK 0 4 6 10 TREAT FOR SHOCK 0 8 12 20 Ce qui est logique. L’importance des points est accordée à la pression directe, repos du membre blessé et l’application du bandage. Le reste, plus facile à appliquer et moins prioritaire, vaut moins de points. Au Québec, effectuer le bandage et l’immobilisation d’une fracture ouverte (30 secondes à 1 minute) valent autant de points (si c’est fait à la perfection) que de mettre une couverture, simuler l’oxygène et réévaluer les signes vitaux. (10 secondes, difficile de perdre des points). C’est pourquoi je crois que l’on devrait travailler une pondération par traitement plutôt que par victime (mineure, majeure). Pour y arriver sans trop de complications, nous pourrions, par exemple, établir un système d’évaluation simple de l’importance de chacun des traitements. Voici un exemple vite fait (à discuter et retravailler) Victimes mineures Traitements« IMPORTANTS » et/ou « DIFFICILES » : 6 points Traitements d’importance « MODÉRÉE » et/ou de difficulté « MODÉRÉE » : 4 points Traitements « SECONDAIRES » et/ou de difficulté « FACILE » : 2 points Victimes majeures Traitements« IMPORTANTS » et/ou « DIFFICILES » : 12 points Traitements d’importance « MODÉRÉE » et/ou de difficulté « MODÉRÉE » : 8 points Traitements « SECONDAIRES » et/ou de difficulté « FACILE » : 4 points Comparons l’application sur la fracture ouverte, par exemple ACTUELLEMENT Demander à la victime de ne pas bouger le membre blessé. Immobiliser la victime dans la position trouvée. Placer un pansement propre sur l’os saillant et la blessure. Qualité et efficacité du bandage (voir annexe). Recommandations au CQDSS 0 0 0 0 1 1 1 1 2 2 2 2 Page 7 Présentement, le nombre maximal de points spécifiques aux traitements est de 8 x3 = 24 pts. PAR PONDÉRATION PAR TRAITEMENT Demander à la victime de ne pas bouger le membre blessé. Immobiliser la victime dans la position trouvée. Placer un pansement propre sur l’os saillant et la blessure. 0 0 0 2 6 4 4 12 8 * La qualité et efficacité du bandage, qui sert à pondérer en importance les bandages, pourrait être un traitement retiré en pondérant d’emblé les bandages à la hausse. Ainsi, le nombre maximal de points spécifiques aux traitements est de 4 + 12 + 8 = 24 pts. Le système n’est peut-être pas parfait et pourrait être révisé, mais je crois que nous avancerions dans une meilleure direction en pondérant ainsi nos traitements. Nous pourrions aussi diminuer la valeur des traitements continus et de l’état de choc, qui s’avèrent être beaucoup trop élevés par rapport aux grilles canadiennes (sur une grille majeure à 4 traitements, présentement, 60% (36/60) des points sont alloués pour l’état de choc et les traitements continus, contre 40% (24/60) spécifique au cas. Sur les grilles canadiennes, l’état de choc ne vaut que 10% (20/210) de la totalité des points attribués aux traitements.) La méthode par pondération permettrait aussi de corriger cette situation Dans le cas où la recommandation de retirer la ligne sur le DEA et de la mettre dans les traitements s’appliquait, cette ligne pourrait être évaluée comme étant « Facile ». Cela complète mes recommandations pour la révision des grilles générales. 1.6 VICTIME POLYTRAUMATISÉE À mon avis, certaines balises doivent être établies concernant les victimes polytraumatisées. Les grilles de traitement sont conçues à partir du manuel. L’organisation d’une grille polytraumatisée devrait inclure une certaine analyse des traitements impliqués. Par exemple, si la victime a une brûlure et une fracture, le traitement « Conseiller de consulter un médecin » ne devrait pas se retrouver 2 fois, mais une seule. Parfois, le simple fait de conseiller de consulter un médecin vaut plus de points que l’ensemble des bandages à faire sur une victime. De plus, si la victime polytraumatisée implique au moins 1 cas majeur, le traitement « conseiller de consulter un médecin » devrait être retiré, puisqu’en principe, une ambulance a été appelée pour cette victime. Bien sûr, encore une fois, l’application de traitements pondérés pourrait aussi régler en partie les problématiques liées à la victime polytraumatisée. Recommandations au CQDSS Page 8 1.7 PÉNALITÉS Les pénalités au Québec représentent une plus-value importante par rapport au manuel des règlements de l’Ontario et je crois que nous devons conserver cette notion. Cependant, je crois que nous devrions revoir le rapport pondéré entre l’action à pénaliser et les conséquences. Voici deux exemples où notre application (20% sur la victime) représente un problème. • Prenons l’exemple suivant. Une situation de premiers soins comporte 2 victimes majeures de valeur égale. L’équipe A arrive à traiter parfaitement Victime 1 (100 / 100) et, en voulant traiter rapidement, effectue une manipulation dangereuse avec victime 2 à la fin de l’épreuve sur laquelle ils ont cumulés 10 points (10 / 100). Victime 2 obtient 20% de pénalité (-2 points). L’équipe termine avec 108 / 200. L’équipe B choisit de traiter simultanément Victime 1 et Victime 2. Elle obtient 56/100 sur victime 1 et 55/100 sur victime 2, tout en obtenant la même pénalité que l’équipe précédente. (55 – 11pts = 44 points) Ils terminent avec 99 / 200. L’équipe B finit avec 111/ 200 avant pénalité, l’équipe A avec 110/200 avant pénalité. Les deux équipes ont la même pénalité. Toutefois, la façon d’appliquer la pénalité permet à l’équipe A de remporter l’épreuve. Comment le justifie-t-on? • Prenons le second exemple suivant : Équipe A conseille de prendre de la nitroglycérine à une victime ayant pris du viagra la veille. Elle obtient donc 20% de pénalité sur un total possible de 144 points (-28,8 pts max.) Équipe B traite parfaitement la polytraumatisée qui a une commotion cérébrale, les organes internes exposés, une hypothermie et une luxation du petit doigt. Parce qu’elle a bougé le petit doigt sans l’avoir immobilisé, la victime obtient 20% d’un total possible avoisinant les 240 points (-48 pts). Équipe A remportera l’épreuve par 15 points. Est-ce que l’équipe B méritait de remporter l’épreuve plus que l’équipe A? Je crois que oui. L’application d’une pénalité par pourcentage pénalise de façon plus importante les meilleures équipes, ce qui ne devrait pas être le cas. De plus, tel que discuté de nombreuses fois, les pénalités devraient être cumulatives. Recommandations au CQDSS Page 9 Ainsi, concernant les pénalités, je recommanderais que les pénalités soient déterminées en points plutôt qu’en pourcentage et que celles-ci puissent être cumulatives. De façon réaliste, voici ma proposition : MOINS 15 points par faute pouvant aggraver l'état de la victime pour un cas MAJEUR. MOINS 10 points par faute pouvant aggraver l’état de la victime pour un cas MINEUR. De plus, je recommanderais de retirer complètement la pénalité pour « toute action ou comportement non-sécuritaire pour le sauveteur » des grilles de victimes, puisque je considère que c’est une pénalité qui devrait être appliquée sur la grille d’ensemble (-10 points plutôt que -10%). 2. Grille d’appel – intoxication / empoisonnement Depuis la révision des grilles de traitements, l’intoxication / empoisonnement est tombé dans un trou noir. Doit-on encore appeler le centre antipoison pour un empoisonnement / intoxication? Et que dois-je répondre aux questions de la grille, qui concernent les SPU et non le centre anti-poison? (Lieu, téléphone, où rencontrer les ambulanciers…) Ce n’est pas réaliste. Si j’appelle au centre antipoison, on ne me demandera pas le genre d’urgence, l’adresse, le numéro de téléphone et encore moins l’endroit où nous rencontrer, puisqu’ils ne se déplaceront pas. C’est pourquoi je recommande la création d’une grille d’appel au centre anti-poison. Je propose une grille qui ressemblerait à celle-ci : APPEL AU CENTRE ANTIPOISON 1ere victime Compose le 911 ou le 1 800 463-5060 Demande le centre antipoison 2 RÉPARTITEUR (JUGE) S’agit-il d’une ingestion, inhalation, injection ou par voies cutanées? Quel est le nom de la substance consommée? 2 2 Combien de temps s’est écoulé depuis la consommation? 2 Quelle est la quantité consommée? 2 Recommandations au CQDSS Page 10 3. Épreuve surveillance à temps arrêté Au niveau du manuel des règlements, il serait temps que la société de sauvetage statue sur un temps minimal pour chaque type de victime. Bien que cela semble banal, le temps alloué pour chacune des victimes est primordial. Lorsqu’une équipe doit défiler sa grille le plus rapidement que possible pour réussir à finaliser dans le temps définit, ça devient problématique pour le développement. Il y a d’autres façons d’évaluer l’efficacité d’un sauvetage qu’en limitant le temps de traitements. Si les sauveteurs n’ont pas le temps de terminer, ils accéléreront de compétitions en compétitions, et les entraîneurs prépareront les compétiteurs en conséquence des temps alloués aux compétitions. Si la société de sauvetage veut favoriser la qualité d’un sauvetage et de la communication, il faut déterminer un temps minimum pour une victime mineure et pour une victime majeure. Personnellement, je considère que 2 minutes doivent être allouées minimalement à une victime mineure, 2 minutes 30 secondes à une victime majeure et 3 minutes à une victime nécessitant une mise sur planche. Rien n’empêche les organisateurs de faire débuter une victime avant la fin d’une autre... 4. Épreuve priorités La grille de l’épreuve priorité devrait être révisée et je recommande que nous utilisions les mêmes grilles que pour les championnats Canadiens afin de mieux préparer les équipes du Québec pour cette épreuve. Présentement, nous utilisons exactement les mêmes grilles, à l’exception des temps alloués, et cela joue pour beaucoup. Voici les comparaisons : GRILLES CANADIENNES Sur 2 :00 RECOGNITION/ASSESSMENT – GRILLES DU QUÉBEC Sur 1 :30 RECOGNITION/ASSESSMENT – CIRCLE ONE (Max 10) CIRCLE ONE (Max 10) Recognition and direct response within: Recognition and direct response within: 0-30 seconds 31-60 seconds 61-90 seconds 91-120 seconds Not attempted 0-15 seconds 16-30 seconds 31-60 seconds 61-90 seconds Not attempted 10 6 3 1 0 10 6 3 1 0 Je recommande donc d’abord la création de grilles pour les épreuves sur 2 minutes (présentement, au Québec, c’est un vide, elles n’existent pas, même si c’est possible dans le manuel des règlements). Ensuite, je crois qu’il serait bien d’envisager de transférer l’épreuve sur 2 minutes, en 25 mètres comme en 50 mètres. C’est ce que l’Ontario fait, et je crois que peu importe la grandeur de la piscine, c’est plutôt la distance à parcourir qui importe, donc même en 25 Recommandations au CQDSS Page 11 mètres, il y a moyen de créer des prios plus intéressantes sur 2 minutes que sur 1 minute 30, ou du moins donner une chance aux équipes de la compléter. Peut-être devrions-nous changer le manuel des règlements pour « Entre 1 :30 et 2 :00) plutôt que de définir selon le bassin? À vous d’en juger. Chose certaine, notre adaptation des temps doit être revue. Si les victimes passent de 10 points à 6 points en 15 secondes, comment pouvons-nous espérer que les équipes prennent le temps de se donner un plan de match et analyser la situation pour prendre de bonnes décisions? Comment permettre au leader de diriger son équipe suivant un plan établi? Le simple 10 secondes de consultation vient de te faire perdre l’épreuve… On voit dans l’adaptation de la grille que c’est la première minute qui a écopé des changements (2 tranches de 15 secondes au début) alors qu’à mon avis, c’est la partie la plus importante. C’est plutôt la fin de l’épreuve qui doit être adaptée. Voici ma proposition : PROPOSITION 1 sur 1 :30 RECOGNITION/ASSESSMENT – PROPOSITION 2 Entre 1 :31 et 2 :00 RECOGNITION/ASSESSMENT – CIRCLE ONE (Max 10) CIRCLE ONE (Max 10) Recognition and direct response within: Recognition and direct response within: 0-30 seconds 31-60 seconds 61-75 seconds 76-90 seconds Not attempted 0-30 seconds 31-60 seconds 61-90 seconds 91 seconds+ Not attempted 10 6 3 1 0 10 6 3 1 0 Finalement, je crois qu’il faudrait que le comité se penche sur un document d’explications des différents critères d’évaluation de l’épreuve priorité. Puisque les grilles ne proviennent d’aucun manuel de règlements, il est d’autant plus important de clarifier, sur chacune des lignes, comment obtenir ses points. 5. Épreuves physiques Concernant les épreuves physiques, j’apporterais une toute petite modification applicable uniquement aux compétitions techniques qui présentent des préliminaires et des finales. Présentement, dans les compétitions physiques, une disqualification en finales n’amène aucune autre conséquence que le résultat sur l’épreuve en question. Ainsi, que le compétiteur soit disqualifié en préliminaires ou en finales, le résultat reste le même, il ne gagne pas l’épreuve. Par contre, au niveau des épreuves physiques dans le cadre des compétitions techniques, les positions en physique octroient des points aux équipes selon leur position pour la compétition technique. Ceci étant dit, le mot d’ordre chez tous les clubs en finales CQS, Recommandations au CQDSS Page 12 ce n’est pas la performance, mais bien d’éviter « à tous prix la disqualification », car une disqualification donne un pointage de 0, en préliminaires ou en finales. Je trouve encore une fois que les équipes sont pénalisées. Dans quel sens? Parce qu’ils ont deux fois plus de chance de faire une gaffe et d’obtenir la fameuse disqualification qui te relaie au dernier rang avec un total de 0 point cumulé. Si nous voulons, toujours dans une perspective de développement et de performance, encourager la compétition physique même à travers les compétitions techniques, la société de sauvetage devrait assurer les points de la 6ième position aux équipes finalistes. Ce serait plus équitable (si je suis DQ en finales, qui dit que l’équipe en 8ième place n’aurait pas AUSSI été DQ?) et plus compétitif, puisque nous n’aurions plus rien à perdre et tout à gagner en finales des épreuves physiques. 6. Promotion et accessibilité du sauvetage sportif Chaque année, un infime pourcentage des sauveteurs qualifiés participent aux compétitions de sauvetage sportif, particulièrement au niveau Senior. Je crois que le comité de développement doit se pencher sur certaines solutions pour promouvoir le sauvetage sportif, encourager la création de nouveaux clubs et améliorer l’accessibilité. Voici donc quelques suggestions. 6.1 L’équipement L’équipement requis pour pratiquer ou s’initier au sauvetage sportif technique est d’une complexité incroyable. À cours ou moyen terme, il serait bien que la société de sauvetage se dote de matériel disponible sur demande pour les clubs lors des compétitions (moyennant certains frais de location). Par exemple, la société de sauvetage pourrait offrir des trousses complètes de sauvetage sportif en location et des planches dorsales de compétition. Ainsi, cela encouragerait peut-être les équipes de sauveteurs à s’initier au sauvetage sportif à travers les compétitions régionales. 6.2 L’horaire de la saison technique Présentement, la saison technique se déroule principalement entre novembre et se termine fin mars. Ce n’est donc même pas 50% de l’année, et aucune activité technique n’est organisée durant l’été, moment le plus propice pour attirer les sauveteurs. Dans certaines provinces, les championnats provinciaux se déroulent durant le mois d’août. Tel que mentionné précédemment, nous avons la plus belle structure à travers le Canada en matière de sauvetage sportif technique. Nous aurions tout avantage à le faire voir par un maximum de sauveteur et à encourager la participation des sauveteurs et moniteurs du Québec. Recommandations au CQDSS Page 13 7. Composition et organisation d’une compétition régionale 7.1 Latitude dans l’organisation des compétitions régionales Il a parfois été question du nombre et de la durée des épreuves lors d’une compétition régionale. À mon avis, la société de sauvetage aurait avantage à laisser les compétitions régionales prendre des initiatives et proposer des innovations, même si certaines idées peuvent parfois échouer. Plus nous mettons un cadre à l’organisation des épreuves et des compétitions, plus nous limitons les possibilités et plus les compétiteurs auront rapidement l’impression d’avoir « fait le tour » et quitteront le circuit de compétitions. C’est d’ailleurs un des éléments très positif qui est ressorti de la participation des compétiteurs québécois aux compétitions ontariennes cette année : la variété. Une régionale à Kingston offrait dans une même journée 3 épreuves préliminaires et une épreuve finale de premiers soins, en plus des épreuves physiques et de deux épreuves surveillance. Cette compétition n’avait pas d’épreuve priorité. Dans une autre régionale en duos à Toronto, la compétition proposait 2 épreuves de premiers soins individuelles, 2 épreuves de premiers soins en équipe, une surveillance et deux épreuves priorités, en plus de quatre épreuves physiques en relais. La semaine suivante à Ottawa, c’était une compétition sur 2 jours avec préliminaires et finales qui s’offraient aux compétiteurs. Dans cette compétition, les organisateurs ont proposé un atelier qui impliquait 2 sauveteurs et 1 seule victime, avec la valeur des traitements triplés par rapport aux grilles habituelles et des juges obligatoirement moniteurs SN. De plus, un appel à l’ambulance, une gestion de la situation et un rapport de premiers soins faisaient parti de l’évaluation; une épreuve réaliste qui fut appréciée de tous et que nous reverrons sûrement prochainement. Suite à des discussions avec certains compétiteurs, leurs meilleurs souvenirs aux championnats provinciaux consistaient en des épreuves finales de championnats ou de compétitions régionales qui, parfois, pouvaient atteindre près de 20 minutes en premiers soins et transportaient les sauveteurs dans divers bâtiments, ou à travers un terrain de paintball, avec des objectifs spécifique à l’épreuve; un peu ce que l’atelier amenait auparavant. Bien que je n’enlève rien aux organisateurs, nos épreuves s’encastrent de plus en plus dans un cadre restrictif et prévisible (6-8 minutes; 1 polytraumatisée; 1 ACR vers la fin; 2 majeures et 3 à 4 mineures...) Ma recommandation serait donc d’élargir les possibilités en permettant (voire en encourageant) les clubs à modifier la structure classique de la compétition technique telle que décrite dans le manuel des règlements (Multiplier une épreuve, en proposer de nouvelles, intégrer des ateliers…) Recommandations au CQDSS Page 14 7.2 L’atelier Je ne pourrais produire un document de recommandations sans parler de l’atelier et la décision controversée de la société de sauvetage, appuyée par le comité, d’abolir cette épreuve. En tant que pédagogue du secourisme et du sauvetage, cet atelier obligeait le compétiteur à se tenir à jour dans toutes les sphères du sauvetage et du secourisme. Il obligeait les entraînements chez les jeunes sauveteurs et les seniors à mettre l’emphase sur tous les aspects du travail d’un surveillant-sauveteur, et non seulement sur les grilles, les traitements et l’épreuve priorités. À ce jour, personne n’a réussit à me convaincre que cette épreuve avait raison de disparaître et je persiste à croire que le comité devrait revoir cette décision pour les années futures. L’entraînement de compétiteurs en sauvetage sportif devrait pouvoir servir à n’importe quelle équipe de sauveteurs. L’atelier, pour les jeunes sauveteurs comme les Seniors, c’est l’évaluation d’une des composantes de l’ensemble de tes connaissances et compétences en sauvetage. On a essayé de nous convaincre que les autres épreuves couvraient toutes les composantes; c’est faux. L’épreuve de premiers soins et l’épreuve surveillance évaluent ta connaissance des traitements et de la grille générale, point à la ligne. Les épreuves physiques évaluent ta forme physique… mais encore! 25m + 50m + une corde lancée? Est-ce vraiment l’évaluation de la forme physique? La question se pose. On a dit de l’épreuve atelier qu’elle est n’importe quoi, mais elle représente l’originalité et la nouveauté proposées par chacun des clubs, compétition après compétition. Elle permet à une nouvelle équipe de se démarquer parce qu’elle permet aux sauveteurs de réussir à partir de leur bagage de connaissances en sauvetage et non seulement à partir de l’entraînement intensif. Pour ce qui est du temps dans une compétition, l’épreuve atelier peut se faire en piscine comme en salle et pourrait facilement se dérouler simultanément à une autre épreuve, plutôt que de laisser les équipes attendre en lock-up. D’ailleurs, avant son abolition, la majorité des clubs en organisaient 2 par compétition; en réintégrer une serait chose simple. Pour ce qui est des critères d’évaluation, il me ferait un plaisir de proposer au CQDSS des balises d’encadrement dans l’organisation de l’épreuve atelier (valeurs des questions s’il y a questionnaire, contenu des épreuves, etc.) Pour les nouveaux clubs, nous pourrions même construire un guide contenant les meilleures épreuves atelier des 15 dernières années et les clubs pourraient récupérer la structure d’un atelier déjà effectué en y mettant sa petite touche. Ça revient à mon point précédent : laisser une latitude aux compétitions régionales, et je crois que le juge en chef pourrait, dans les années futures, approuver les scénarios et les décisions prises par les organisateurs concernant la structure des compétitions. Recommandations au CQDSS Page 15 Ainsi, par rapport à l’atelier, ma recommandation serait d’autoriser la réintégration de l’épreuve atelier dans les épreuves régionales, dans une perspective d’apprentissage continu. Les organisateurs auraient donc le choix de maintenir la structure actuelle ou d’intégrer un atelier d’une valeur de 10% (5% retranché à surveillance, 5% retranché à premiers soins). Je suis convaincu qu’une telle décision serait appréciée de la majorité des compétiteurs. Conclusion Je suis conscient que ce document de recommandations contient une quantité importante d’informations, mais je crois que celui-ci contient bon nombre de réflexions pertinentes qui pourraient permettre au sauvetage sportif de continuer de s’améliorer. Bien que l’on ait souvent critiqué les compétitions chez nos amis ontariens, il reste que l’expérience vécue là-bas me permet de retenir certains éléments positifs qui peuvent s’appliquer à nous, et j’effectue le même travail de recommandations auprès des organisateurs ontariens. En espérant que ces recommandations seront entendues et que le travail effectué dans ce document sera considéré lors de vos prochains travaux de développement. 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