Typiquement, les tics individuels sont séparés de 0.5 à 1 seconde. Et les groupes sont répétés à intervalles typiques
pour le patient. Il est important de connaître cette périodicité, car si un nouveau médicament est essayé dans une
période juste après un maximum de tics, il marchera de toute façon bien apparemment, puisque même en ne donnant
rien le patient aurait eu une amélioration.
Beaucoup de patients ont des signes prémonitoires qui annoncent les tics. C'est alors une bataille qui s'engage entre
le patient et lui-même pour empêcher les tics de passer. C'est extrêmement stressant et décourageant pour le patient
car quoi qu'il fasse, souvent le tic passera.
En plus des tics, beaucoup de patients SGT ont d'autres troubles accompagnants. Les plus fréquents sont le syndrome
hyperkinétique (ADHD, TDAH,...) , le trouble obsessif-compulsif, ou les deux.
Il va sans dire que ces troubles accompagnants compliquent singulièrement la vie de SGT. Le TDAH rend encore
plus difficile d'avoir des amis et d'avoir une bonne estime de soi. Le trouble obsessionnel-compulsif garde souvent
ses symptômes secrets et par là peut engendrer des dépressions.
Epidémiologie et génétique.
Naguère considéré comme un trouble rare, la prévalence du syndrome de Tourette (SGT) est actuellement estimée
être entre 31 et 157 cas par 1000 enfants entre 13 et 14 ans. La fréquence du trouble varie selon l'âge, le sexe,
l'origine de l'échantillon et la méthode de diagnostic. Par exemple, des études basées sur l'observation directe des
classes d'école employant de multiples observateurs donnent systématiquement des prévalences plus hautes que
d'autres méthodes de diagnostic. Beaucoup de patients détectés par cette méthode ont des formes légères du trouble
qui ne nécessitent pas d'autres interventions à long terme que des mesures d'éducation et de support. Pourtant, des
troubles de comportement , en particulier le syndrome hyperkinétique, sont fréquemment associés. Diagnostiqués, ils
nécessitent une intervention thérapeutique rapide pour empêcher ou réduire au minimum des conséquences néfastes
à long terme.
Mise au point et Diagnostic
L'examen clinique d'un enfant avec des tics doit inclure une mise au point de l'enfant ou de l'adolescent dans son
ensemble et pas simplement comme quelqu'un avec des tics. Pendant l'examen, l'ensemble des difficultés et des
aptitudes doit être documenté: le clinicien, la famille et l'enfant doivent collaborer pour reconstruire l'histoire de
l'enfant, ses tics (le début, la progression, les augmentations et les diminutions, et les facteurs qui empirent ou alors
améliorent la situation), et le fonctionnement présent. Une question importante est dans quelle mesure les tics
interfèrent avec les expériences émotionnelles, sociales, familiales et écolières de l'enfant. Pour établir cela, il est
utile de suivre les symptômes sur quelques mois pour voir leur gravité et leurs fluctuations, l'effet sur la famille et
l'adaptation de l'enfant et de la famille à ces symptômes. Ce suivi est facilité quand la famille tient des notes ou
emploie des formes standardisées.
Un travail central de la mise au point est d'expliquer, de clarifier et de résoudre les problèmes de la famille. La mise
au point diagnostique est intimement connectée aux premiers pas du traitement. Pendant le processus de l'enquête
clinique, le médecin peut approcher des points délicats par des éclaircissements, de l'enseignement et l'ouverture de
la discussion sur le traitement avec l'enfant et les parents.
Comme avec d'autres enfants avec des problèmes de performances scolaires, l'enfant avec un SGT a besoin d'une
mise au point soignée de son fonctionnement cognitif et des ses réalisations scolaires. Les enfants avec ce trouble
tendent à avoir des difficultés de déploiement attentionnel, de persévérance et du pouvoir de maintenir soi-même et
son travail organisé. Le travail scolaire peut être gêné par des compulsions, telles que la nécessité de gratter des mots
ou de retourner au début de la phrase.
L'examen neurologique d'un enfant SGT peut être de grande valeur. Les tics sont des mouvements ou des
exclamations habituelles qui typiquement miment certains fragments de conduite normale et qui emploient des
groupes de muscles bien définis. Comme tels, ils peuvent être confondus avec des mouvements ou des vocalisations
normales. Des tics peuvent aussi être confondus avec des troubles comme l'akathisie, la dyskinésie tardive ou les
mouvements hyperkinétiques. Une fois installés, les tics tendent à persister pour un certain temps. Les tics sont
souvent exacerbés par la fatigue et le stress. Contrairement aux autres troubles du mouvement décrits, des tics
peuvent arriver pendant le sommeil, mais sont alors habituellement fort atténués. Les examens para cliniques tels
EEG, MRI ou autres, peuvent exclure d'autres maladies, mais aucun examen apporte un diagnostic positif de SGT.
(L'auteur donne alors une liste de critères de diagnostic, telle la fameuse "Yale global tic severity scale")
Une fois que le diagnostic du SGT a été établi, une mise au point soigneuse peut apprendre au clinicien des
renseignements sur les fluctuations des symptômes. Quand ils auront mieux fait connaissance, l'enfant pourra
montrer ses tics, dans une forme atténuée, et avec plus ou moins d'inhibition, au clinicien. Les patients ou leurs
parents pourraient reconnaître des tics qui jusqu'alors n'étaient pas reconnus comme tels.
L'histoire du patient est souvent croisé par des expériences malheureuses avec des médicaments. Souvent des
médicaments ont été arrêtés parce qu'ils avaient été jugés inutiles ou source d'effets secondaires. L'histoire des
traitements et de ce qu'ils ont apporté à l'enfant et aux parents, doit être rassemblé pendant la mise au point.
Il est important que l'enfant les parents sortent de la consultation avec le sentiment d'avoir été compris et avec une
meilleure connaissance de leur trouble.
Traitements
Habituellement, un traitement pluridisciplinaire est indiqué dans le SGT. Comme noté plus tôt, cela implique des