L’avenir des soins 15
Des questions subsistent concernant l’effi-
cacité des éducateurs pairs. Au début des
années 1990, 34 études sur l’efficacité
de l’aide autonome et des groupes d’en-
traide, dont les Alcooliques Anonymes et
d’autres programmes structurés du même
type, ont fait l’objet d’une revue. La plupart
des études démontraient les bienfaits des
groupes d’entraide, qui se traduisaient
par une meilleure santé ou par un état de
santé stationnaire associé à une diminution
des coûts par rapport aux soins médicaux
traditionnels.8
En 2006, la revue de 18 études sur le dia-
bète (dont huit essais cliniques aléatoires)
qui avaient utilisé des éducateurs pairs a
conclu que les connaissances des partici-
pants s’étaient améliorées et qu’ils étaient
généralement satisfaits de leur contact avec
les agents sanitaires de leur communauté.
Dans certaines interventions, des amélio-
rations physiologiques ont été constatées.
Des changements de style de vie et des
soins autonomes efficaces ont été observés
dans un certain nombre d’études. Une
diminution de l’utilisation inappropriée des
soins a également été mis en évidence.9
Aux États-Unis, une initiative menée en
2007 dépendait largement du recours à
des éducateurs pairs.10
Il est intéressant de remarquer que la
plupart des études de la revue de 2006
avaient été réalisées dans des communau-
tés majoritaires, tandis que celles de 2007
se sont principalement concentrées sur des
communautés minoritaires. Les conclusions
suggèrent que alors que l’éducation par
des pairs est souvent utilisée dans les cas
d’addictions et de santé mentale, dans le
cas du diabète, elle est considérée comme
une solution pour atteindre les communau-
tés auxquelles les prestataires de soins
n’ont pas accès.
Débat
Il semble que les éducateurs pairs pour-
raient jouer un rôle important dans l’édu-
cation au diabète. Pour peu qu’ils soient
correctement supervisés dans le cadre d’un
programme adapté, ils s’avèrent être des
éducateurs efficaces pouvant influencer
positivement l’état de santé et, parfois,
l’utilisation même des soins. Ils peuvent
également atteindre des populations dé-
laissées par la plupart des programmes
d’éducation professionnels.
En partant de l’hypothèse, sur la base de
ce qui précède, que les éducateurs pairs
peuvent devenir un complément utile à
l’éducation au diabète professionnelle
traditionnelle, de nombreuses questions
restent ouvertes.
Elles concernent les points suivants :
l’efficacité comparative de l’éducation
par un professionnel par rapport à l’édu-
cation par des pairs et surtout la combi-
naison idéale des deux
le contexte dans lequel les pairs sont effi-
caces, notamment les soins primaires, au
sein de groupes, dans le cadre de visites
à domicile, via des réseaux en ligne
les populations pour lesquelles les pairs
sont efficaces, par exemple les commu-
nautés minoritaires, les communautés
majoritaires qui ne participent pas aux
programmes éducatifs proposés par des
professionnels ou toutes les populations.
Des questions se posent également concer-
nant la formation des éducateurs pairs et la
façon de valoriser leurs efforts. Une autre
question importante concerne la façon de
maintenir les capacités uniques des éduca-
teurs pairs sans les professionnaliser. Malgré
ces nombreuses questions encore sans ré-
ponse, le recours à ce type d’éducateurs
s’avère être une option très prometteuse.
Kate Lorig
Kate Lorig est professeur de médecine
auprès de la Stanford University
School of Medicine, États-Unis.
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Novembre 2007 | Volume 52 | Numéro Spécial