I. Introduction.
1) Pourquoi étudier le fœtus ? (On se le demande)
Avant les années 1970, on considérait le fœtus comme une matière vivante sans conscience, sans perception,
vivant dans un monde sans stimuli pour Bichat (ce qui est effectivement le cas en vérité). Donc depuis une
trentaine d'années on développe la psychologie fœtale. De grandes avancées technologiques ont mis en valeur
les avantages d'un tel intérêt :
- Les techniques d'exploration telle que l'échographie ont considérablement fait évoluer la connaissance
du fœtus.
- Le développement de disciplines médicales telles que l'obstétrique, la pédiatrie, la puériculture (ces
deux dernières sont consacrées à la post-natalité).
- La naissance de grand prématurés de plus en plus fréquemment.
etc.….
2) Quand la vie commence-t-elle ? (Grande question )
La limite de viabilité est actuellement à 24 semaines d'âge gestationnel.
Définition âge gestationnel : Se calcule en semaines d'aménorrhée, un bébé né à 40.5 semaines (entre 38 et 42
semaines).
Définition âge conceptionnel : Moment où les gamètes se rencontrent, c'est l'âge biologique réel ( 270 jours ).
On ne peut plus sauver des prématurés qui pèsent moins que de 700 g. Lorsque les bébés naissent avant trente-
sept semaines on parle de prématurés et, lorsqu'ils naissent avant trente-deux semaines ils sont des grands
prématurés. Les grandes questions que se posent actuellement les chercheurs sont les suivantes : y a t il une
continuité entre la vie pré-natale et la vie post-natale ? Y- a-t-il apprentissage pendant la vie pré- natale ? Y a-t-
il capacité de mémorisation ?
II. Sensibilité cutanée ou somesthésique.
1) Développement anatomique et fonctionnel.
La sensibilité à la douleur, à la température est au contact se met en place à peu près à la même période que la
sensibilité vestibulaire.
La maturation des récepteurs tactiles se fait selon un gradient céphalo-candal. Les premiers récepteurs sont
autour de la bouche, on les appelle les récepteurs péri-bucco, ils apparaissaient vers sept semaines puis ils
s'étendent sur la totalité du corps jusqu'à vingt semaines. Avant la naissance la densité de ces récepteurs est
égale à celle des adultes. La densité étant le rapport du nombre de récepteurs et de la taille de l'individu.
2) Stimulations de l'environnement fœtal et sensibilité du fœtus.
Le nouveau-né et le prématuré possèdent des réactions naturelles à la douleur qui se manifestent par des
comportements moteurs d'évitement ou des pleurs.
De la même manière le bébé réagit aux caresses qui provoquent une détente musculaire et une réaction d'éveil
Les récepteurs sont sollicités pendant la gestation d'une part par les déplacements maternels, et d'autre part par
les mouvements du fœtus lui- même.
Le fœtus entre en contact avec les parois de l'utérus et du placenta et aussi avec les différentes parties de son
corps.
Ce sont ses premiers contacts qui constitueraient unbut de différenciation du soi et du non-soi.
III. Sensibilité vestibulaire (acquisition de l'équilibre).
Psychologie du développement.
Psychologie.fœtale. Cours 6. 1
Le terme et vestibulaire vient de vestibule, les vestibules se trouvent dans l'oreille interne qui est
responsable de l'équilibration. L'oreille interne maintient la stabilité du corps malgré les changements de
position.
1) Développement anatomique et fonctionnel.
Le système vestibulaire dérive de la même partie que le système auditif (leurs maturations se font au
même moment avec simplement une avance de deux semaines pour le système vestibulaire).
Ce système commence à se former vers l'âge de sept semaines, il est mature au niveau morphologique à
14 semaines et fonctionnel à 21 semaines.
On ne sait pas grand chose sur son fonctionnement in-utero. Chez un prématuré de 25 semaines on a
observé le réflexe de Moro : C'est une réaction à la suite d'un défaut brusque de support qui se traduit par
une extension des bras et des jambes avec un redressement de la tête. Moro disait lui-même que ce
réflexe était en fait un vestige de nos ancêtres les singes par le fait d'étendre les bras et les jambes comme
pour entourer une branche ou étreindre la mère. C'est donc un réflexe archaïque.
2) Stimulations et sensibilités.
A partir de 9-10 semaines, on voit que le fœtus exécute des mouvements de la tête, des mouvements de
rotation qui lui permettent de stimuler cet appareil vestibulaire. L'appareil vestibulaire est également
stimulé par les déplacements de la mère tels que les changements de positions.
IV. Sensibilité chimique.
A) Gustation.
1) Développement anatomique.
Sur le plan morphologique les bourgeons du goût qui se trouvent sur le palais et la langue apparaissent
vers 12 -13 semaines.
Leur nombre augmente jusqu'à la naissance. Le fœtus connaît déjà les quatre saveurs fondamentales :
- Le sucré.
- Le salé.
- L'amer.
- L'acide.
2) Stimulation et sensibilité.
La sensibilité chimique est stimulée grâce au liquide amniotique dans lequel passent les aliments de la
mère. On observe que selon la composition du liquide le fœtus gardera la bouche close (amer et acide) ou
au contraires l'ouvrira (salé et sucré). Le placenta est de plus en plus perméable au cours de la grossesse
et laisse passer certaines molécules telles que le tabac et l'alcool.
Le placenta laisse aussi passer certaines substances aromatiques comme le curry.
Le fœtus et donc stimulé par tout ce que sa mère ingère.
La sensibilité gustative est fonctionne avant le terme c'est-à-dire que l'enfant et capable de distinguer les
quatre saveurs avant sa naissance.
Le prématuré et le nouveau-né accepte le sucré mai rejette l'amer et l'acide. Ils ont des réactions un
ambiguës sur le salé.
B) Olfaction.
1) Le développement anatomique.
En règle générale nous sentons les odeurs dans l'air et pas dans l'eau les fœtus sont capables de sentir des
Psychologie du développement.
Psychologie.fœtale. Cours 6. 2
odeurs en milieu aquatique.
Les récepteurs apparaissent à 11 semaines, le système est fonctionnel à 25 semaines. Ce système
comprend quatre grands ensembles qui ont chacun une fonction différente :
1- Permet la détection d'odorants contenus dans l'air.
2- Sert à réagir à des stimulations plus intenses telle que la fraîcheur du
menthol.
3- Permet de réagir aux composantes tactiles liées aux stimulations odorantes
par exemple le piquant de l'ammoniac.
4- Sa fonction n'est pas encore une certitude mais dont on suppose qu'il sert à
détecter des odorants contenus dans l'eau.
2) Stimulations de l'environnement et sensibilité du
fœtus.
a) Réflexes gusto-facials.
Dès la naissance on remarque que le bébé exécute des mimiques de dégoût, de plaisir, ce sont des
réflexes gusto-facial.
À moins de 12 heures les bébés ont des réponses de dégoût, dans rejet et le contraire des réponses de
satisfactions, d'acceptation (la banane, la vanille, le chocolat, le miel, le lait etc.. ).
b) Olfaction fœtale.
Le milieu liquide en général est susceptible de véhiculer des odeurs pouvant stimuler les récepteurs. Il
existe des preuves d'olfaction fœtale chez l'animal, on observe des mouvements, et des modifications du
rythme cardiaque lorsque qu'on injecte des substances odorantes dans le liquide amniotique. Il n'existe
pas encore de preuve pour l'homme. On sait simplement qu'en fin de gestation le système olfactif est
mature donc il peut recevoir des stimulations chimiques.
c) Familiarisation pré-natale.
Les substances aromatiques qui arrive sur les récepteurs olfactifs vont pouvoir apprises et mémorisées, il
y a donc un phénomène de familiarisation pré-natale. Ces composés seront retrouvés plus tard, dans la vie
post natale, dans le lait de la mère.
Des expériences récentes ont tenté de déterminer la capacité de reconnaissance des odeurs du bébé :
- Benoît Challe a mis en place un protocole expérimental, il a prit plusieurs bébés âgés de trois
jours, allongés sur le dos, on place des tampons de gazes à droite et à gauche de leur tête,
imprégnés de différentes odeurs. Odeur du sein maternel, odeurs d'une autre mère et inconnue,
un tampon de gaze neutre. Résultats : Dix-sept bébés sur vingt préfèrent le tampon maternel au
tampon de gaze neutre. Vingt-cinq bébés sur trente-deux s'orientent vers le tampon maternel
plutôt que vers celui de l'autre mère. Il existe donc des capacités de discrimination olfactives.
Cette expérience met en valeur une préférence très spécifique mais elle ne permet pas de
conclure à une préparation fœtale. Les bébés sont âgés de trois jours on peut dons supposer qu'ils
ont appris, que leurs préférences sont acquises ou encore spontanées.
- Il existe d'autres travaux qui vont dans le sens d'une préparation fœtale, les bébés sont âgés de
moins d'une heure, on les place entre les deux seins de la mère, un qui a été lavé, l'autre resté
olfactivement intact. Le bébé s'oriente vers le sein qui porte l'odeur de sa mère.
- On a vu que des nouveau-nés de deux semaines nourries seulement aux biberon depuis la
naissance préféraient l'odeur du sein d'une femme qui allaite à celui d'une femme qui n'allaite
pas.
- Les bébés auraient une préférence innée pour un sein allaitant. Donc y-a-t-il un apprentissage
pré-natal à l'odeur ? Pour répondre à cette question on examine les réponses des bébés exposés à
des odeurs extraites du liquide amniotique. Les bébés de l'expérience ont entre deux et quatre
jours ils doivent choisir entre des odeurs extraites du liquide amniotique et un stimulus neutre.
Résultats : Les bébés s'orientent plutôt vers les odeurs extraites du liquide amniotique que vers le
stimulus neutre. Mais on ne peut toujours pas dire que c'est un apprentissage, c'est peut-être une
préférence spontanée.
Psychologie du développement.
Psychologie.fœtale. Cours 6. 3
- Dans une autre expérience avec des nouveau-nés âgés de deux jours auxquels on propose de
choisir entre une odeur extraite du liquide amniotique et une odeur de colostrum (ce qui est le
premier lait produit par la mère, de couleur jaune, il est très riche en anticorps, il sera remplacé
rapidement par le lait traditionnel), on ne constate aucune préférence. Cette similitude de
réponses peut être expliquer par la continuité au niveau de la composition moléculaire qui existe
entre le liquide amniotique et le colostrum. Il existe une continuité au niveau de la structure des
stimulations mais aussi au niveau des comportements, c'est-à-dire que les bébés émettent les
mêmes réponses face à des Stimulations rencontrées avant la naissance et après la naissance.
Cette expérience va dans le sens d'un apprentissage pré-natal.
d) L'odeur du père.
Boris Cyrulnik, éthologue, professeur à l'université de Toulon, émet l'hypothèse selon laquelle l'odeur du
père peut être transmise au fœtus. Il n'existe pas à ce jour de preuves expérimentales pouvant infirmer ou
non-infirmer cette hypothèse.
e) Capacité olfactives de la mère.
La maman est capable de reconnaître la layette que son bébé a porté à partir de son odeur est ce dès le
deuxième jour.
En conclusion sur l'olfaction on peut dire que c'est une modalité sensorielle trop souvent négligée.
V. Sensibilité auditive.
La modalité la plus étudiée et la sensibilité auditive, les premières expériences datent de 1925.
1) Le développement anatomique et fonctionnel.
Il existe beaucoup de données sur ce sujet. On sait notamment que les différentes structures de l'oreille se
développent à partir du 24ème jour de gestation. Les structures auditives sont fonctionnelles au début du
troisième trimestre de gestation. Le fœtus entend à partir du sixième mois de grossesse.
2) Stimulations de l'environnement et sensibilité du fœtus.
Il y a également beaucoup de mesures tant chez les animaux que chez l'être humain. La plupart des
expériences se déroulent comme suit : On enregistre dans l'utérus ou dans la cavité amniotique les sons
après la rupture des membranes (autrement dit pendant l'accouchement ou après). Le milieu intra-utérin
n'est pas silencieux et on trouve différents types de bruits :
- Des bruits endogènes, c'est-à-dire des bruits qui proviennent de la mère et du placenta tels que
les bruits cardiovasculaires maternelles, ceux du fœtus, les bruits digestifs ou encore
borborygmes digestifs etc... Tous ces bruits endogènes constituent un bruit de fond de basse
fréquence, c'est-à-dire qu'ils sont graves.
- Des bruits exogènes qui proviennent donc de l'extérieur et qui subissent une atténuation, les
bruits de basses fréquences sont masqués par bruit de fond, les bruits de hautes fréquences sont
atténués par la paroi abdominale. Le bruit doit être égal ou supérieur 70 décibels pour qu'il
parvienne au fœtus, il doit également provenir d'un endroit à moins de deux mètres de la mère
pour qu'ils ne soient pas trop atténués. A la finale ce sont les bruits de fréquences moyennes qui
passent le mieux.
a) Réponses du fœtus.
Le fœtus peut émettre des réponses motrices ou des réponses cardiaques. On observe les premières
réactions au bruit à partir de la 20ème semaine. On sait qu'un fœtus peut discriminer des sons en fonction
de leur fréquence et en fonction de leur intensité (cette réflexion est valable pour les bébés proches du
terme). Le fœtus et donc capable d'habituation.
Psychologie du développement.
Psychologie.fœtale. Cours 6. 4
La voix de la mère est transmise par les tissus et par les os (les sons ne passent pas uniquement par l'air).
La voix de la mère est mieux perçue que les autres voix mais elle est déformée.
b) Y-a-t-il continuité pré-natale et post-natale
?
- Expérience : On présente le bruit cardiaque que le bébé entendait dans le ventre de sa mère et on
observe ses réactions : Modification du rythme de succion.
- On fait écouter les bruits qui constituent l'environnement intra-utérin et on observe les réactions
du bébé : dans 86% des cas ils s'arrêtent de pleurer (expérience réalisée juste avant le repas
lorsque les bébés ont très faim et qu'ils pleurent pour obtenir satisfaction de ce besoin) au bout
de 20 à vingt-huit secondes de stimulations. Dans 30% des cas les bébés s'endorment. Cette
expérience pose un problème éthique qui est celui de la régression.
- On procède par conditionnement c'est-à-dire est le bébé apprend en tétant d'une certaine façon à
obtenir une réponse : soit la voix de sa mère, soit d'autres voix. Résultats : Les bébés tètent pour
obtenir la voix de leur mère plus souvent que pour obtenir celle du notre d'une autre femme. On
parvient à faire cette mesure grâce à tétine mesurant le rythme de succion.
- Dans une variante on a reconstitué la voix de la mère in-utero c'est-à-dire celle que l'enfant a
entendu dans le ventre de sa mère. Il préfère sert cette voix filtrée à la voix aérienne.
Existe-t-il une continuité transnatale ou une familiarisation pré-natale à la voix maternelle ? La réponse
est oui.
c) La voix du père.
Les nouveaux-nés de deux jours n'ont pas de préférence pour la voix du père (mais ce n'est pas
comparable car le bébé a entendu sa mère pendant 9 mois et on a demandé au père de parler seulement
quatre heures à son enfant).
d) La langue maternelle.
Les nouveaux-nés préfèrent la langue parlée par leur mère plutôt qu'une autre langue.
e) La musique.
On demande à la mère d'enregistrer une berceuse qu'elle chante, et qu'elle doit passer tous les jours au
bébé quelques semaines avant sa naissance. Après la naissance on constate que le nouveau-né préfère la
berceuse qu'il a entendu avant la naissance à une berceuse qu'il n'a jamais entendu.
Le bébé est donc capable de se familiariser avec une mélodie, ou une séquence musicale (lorsqu'il a déjà
entendu une séquence musicale avant sa naissance et qu'on la lui fait réentendre après il semble s'apaiser
ou être plus vigilant).
Si la maman regarde tous les jours le même feuilleton, le bébé s'habitue au générique.
f) Types d'adaptation spécifique :
les bruits d'avion.
Cette expérience a été réalisée avec des mères habitant près de l'aéroport d'Osaka au Japon. On s'intéresse
à la façon dont le bébé s'habitue à ces bruits, s'il se réveille par ce bruit ou par d'autres d'intensité égale.
On regarde aussi la durée d'exposition :
Si il la mère s'est installée près de l'aéroport à partir du cinquième mois de grossesse, 50% les bébés
pleurent.
Si elle s'est installée entre le premier est le cinquième mois de grossesse, 13% les bébés pleurent.
Si elle s'est installée depuis le début de sa grossesse, 6% les bébés pleurent.
Cette modalité sensorielle est privilégié au niveau de la transition entre la vie fœtale et la vie post-natale
par rapport à d'autres modalités (par exemple la sensibilité visuelle).
VI. sensibilité visuelle.
1) Développement anatomique et fonctionnel.
Psychologie du développement.
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