Image et Imaginaire – Deuxième Partie
L'art arrive là où se produit un point de recouvrement entre l'univers spirituel et la
représentation de l'univers physique. C'est aussi dans notre siècle que l'on a réussi pour la
première fois à faire passer ce point du monde physique au monde spirituel. C'était la
controverse dit de la tâche de graisse de Düsseldorf. Singularité signifie aussi, à l'extrême, ce
qui n'est plus descriptible avec le language. Comment peut on alors s'y prendre? Les
aphorismes montrent bien cela: comme Wittgenstein dans le Tractatus: On doit taire ce sur
quoi on ne peut parler. Ou bien Lao-Tseu dans le même ordre d'idée: Quand je me tais, alors
je sais. Quand je parle, alors je ne sais pas. D'actualité aussi Herbert Falken: Cequejenesais
pas, c'est cela que je dois peindre.
Pour nous photographes: Ce que je ne sais pas, c'est cela que je dois photographier.
Du point de vue théorie de l'information, il y a entre tout cela une relation que l'on peut définir
mathématiquement. L'application pratique est difficile, avec les mentalités traditionnelles qui
règnent encore. J'ai une fois eu la chance d'expliquer son mode de travail à un professeur de
sculpture connu, en l'ayant prévenu à l'avance, qu'il allait oublier mon avis. Devant l'explication
de son mode de travail il fut très ému et s'écria "Maintenant je sais ce que j'ai fait ma vie
durant." Mais un quart d'heure plus tard il en avait perdu le sens - l'oubli fit son chemin et il me
traita avec méfiance. Il se sentit un peu moqué. Transposé à la photographie, ceci s'appelle:
être professionnel et enregister l'instant – et ne pas poser de question.
A ce professionnalisme, j'ajoute aussi un conseil pour le développement de la photographie,
à savoir développer encore plus sa propriété caractéristique, et renoncer aux séries. J'insiste
très fortement et affirme: Série = Bestialité. Copie et imitation s'enchainent sans montre de cul-
ture. Lorsqu'un premier travail vous apporte une reconnaissance, vous l'imitez de vous-même –
une série s'instaure, comme les galeristes le souhaitent trop souvent. Cette imitation est récur-
rente, et d'autre artistes, travaillant peut-être plus inconsciemment – les soit-disant épigones –
mettent en route trés vite le carrousel propre à notre époque. On dit déjà de notre siècle qu'il fut
le plus pauvre culturellement parlant de tout les temps, il n'a vécu que d'infinies variations – le
soi-disant art officiel. (Exposition de Weimar!) L'intelligence globale s'est investie dans la tech-
nologie et son contrôle. Ainsi il n'est pas surprenant, que telle une serre, une structure de pen-
sée unique, dans une certaine mesure un système cartésien, domine nos esprits. Des émotions
réelles et profondes insuffisantes, la persuasion de pseudo-valeurs et idées toutes faites millé-
naires, la seule réflection d'un vécu trivial, la survalorisation de l'argent, le manque de joie au
travail, et aussi la soumission à une culture du conflit, guident les opinions comme si nous
étions tous sous l'emprise d'une même attitude.
L'étude du comportement et la neurobiologie du comportement approfondissent depuis long-
tempsde telles tendances et leurs conséquences.Voici des résultats de l'institut de psychologie
clinique de l'université de Tubingen et de la société pour une psychologie rationelle de Munich:
Depuis les années 80 le changement des valeurs psycho-physiologiques du gôut, de l'odorat
et de la vue etc. vont en s'accélérant. Des analyses globales d'envergure montrent, qu'il existe
trois formes de cerveaux. La forme classique des humains nés avant 1949, une forme modifiée
pour ceux nés entre 1949 et 1969, et un nouveau cerveau pour ceux nés aprés 1969. Pour
citer: "Avant, une excitation optique traversait plusieurs zones et excitait ausi par exemple le
centre de l'odorat. Aujourd'hui il semble que des zones entières soient laissées de côté.
L'excitation optique parvient directement et uniquement au centre de la vue."
Comment fonctionne le nouveau cerveau? Contrairement aux anciens modèles il peut perce-
voir et mémoriser simultanément et indépendamment à l'aide de connections parallèles. Ceci
conduit à une prédisposition accrue à la dissonance. Avant on décrivait cela comme un
morcellement de la conscience . Aujourd'hui ceci est normal.
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