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Traditionnellement, le développement d’une région est abordé par sa capacité à exporter des
biens et des services (
INTRODUCTION
POLESE & SHEARMUR, 2009). Ces activités, dites « basiques », lui
permettent d’obtenir un revenu monétaire. Ce dernier est ensuite en partie dépensé dans la région
pour des activités comme la construction, le commerce de détail, l’administration locale, etc. C’est
ce que l’on appelle les activités « induites », qui sont d’autant plus importantes que la région est
urbanisée et intégrée. Enfin, une partie plus ou moins importante de ce revenu repart pour
importer des biens et des services (fuites).
Cette vision traditionnelle, qui inspire toujours les politiques de développement régional, doit
aujourd’hui être adaptée. En effet, la mobilité des personnes s’est considérablement accrue
(pendularité, mobilité de loisirs, tourisme, etc.) et la répartition des revenus est de moins en moins
centrée sur les producteurs en raison de l’augmentation considérable des transferts (retraités,
chômeurs, étudiants, etc.). Par conséquent, les revenus sont de moins en moins dépensés là où
ils sont générés.
L’économie résidentielle est un des concepts qui rend compte de ce changement (TALANDIER &
DAVEZIES, 2009). Sur le plan économique, il existe aujourd’hui des régions qui vivent
principalement de l’accueil des personnes retraitées, par exemple la Costa Bianca en Espagne
(HUBER, 2003). D’autres régions attirent des personnes fortunées, comme par exemple Monaco
(FUSCO & SCARELLA, 2010), des étudiants attirés par des infrastructures scolaires reconnues
(BARON & PERRET, 2006), ou des familles de pendulaires à longue distance, comme le Lubéron
dans le sud de la France (TALANDIER, 2008). Enfin, pour d’autres régions, l’économie
résidentielle constitue un apport non négligeable ou un espoir de maintien de la vitalité
économique (DAVEZIES & ESTEBE, 2007).
A l’échelle des agglomérations, la principale préoccupation de ces quinze dernières années était
l’étalement urbain, à savoir la dissociation toujours croissante entre les lieux de production (les
centres ville et certains pôles périurbains) et les lieux de résidence. Pour prévenir cette évolution,
le modèle de la ville compacte s’est imposé (RERAT & LEES, 2011). Une réflexion sur l’économie
résidentielle pourrait suggérer des pistes nouvelles et complémentaires. En effet, plutôt que de
lutter contre la pendularité, l’économie résidentielle suggère de réfléchir de manière systémique à