La Lettre du Cancérologue • Vol. XXI - n° 1 - janvier 2012 | 17
Points forts
»
Le catalogue des altérations moléculaires des carcinomes séreux de haut grade a été publié par le
consortium
The Cancer Genome Atlas
(TCGA).
»Le traitement de maintenance par bévacizumab ou olaparib est efficace dans les formes avancées de
cancer de l’ovaire.
»Le ciblage de la voie mTOR est prometteur dans les cancers de l’endomètre.
Mots-clés
Bévacizumab
Olaparib
mTOR
The Cancer Genome
Atlas
Highlights
»
The catalogue of molecular
alterations of high grade serous
ovarian carcinoma has been
published by the TCGA project.
»
Maintenance therapy with
bevacizumab or olaparib is
beneficial in advanced ovarian
cancer.
»
mTOR pathway targeting
is promising in endometrial
carcinoma.
Keywords
Bevacizumab
Olaparib
mTOR
The Cancer Genome Atlas
Aspects cliniques et thérapeutiques
Le dépistage du cancer de l’ovaire reste un champ
ouvert. L’essai PLCO a été rapporté, avec évaluation
de l’effet du dépistage du cancer de l’ovaire sur la
mortalité (4). Chez plus de 78 000 femmes rando-
misées, 212 et 176 cancers ont été diagnostiqués
dans les groupes dépistage et surveillance, respecti-
vement. Aucun impact en mortalité n’a été observé :
le risque relatif est de 1,01 (IC
95
: 0,96-1,06). Le dépis-
tage reste cependant un enjeu majeur, le pronostic
restant de manière constante lié au stade, et en
particulier à la localisation abdominopéritonéale
de la maladie. Une revue rétrospective du Gyne-
cologic Oncology Group (GOG) a montré que les
patientes ayant une tumeur de stade III avaient un
pronostic d’autant plus péjoratif que le résidu post-
opératoire se situait dans l’abdomen supérieur (5).
De plus, la question du traitement de maintenance
par paclitaxel hebdomadaire après chimiothérapie
(CT) conventionnelle adjuvante courte pour les petits
stades (IA-II) a été abordée par un essai du GOG (6).
Chez 571 patientes randomisées, 24 semaines de
paclitaxel hebdomadaire à la dose modeste de
40 mg/m2/sem. n’apportent aucun bénéfice, que
ce soit en survie sans récidive à 5 ans (80 versus
77 %) ou en survie globale (SG) à 5 ans (85,4 versus
86,2 %). Le taux de neuropathie est, en revanche,
significativement plus élevé.
Les progrès principaux ont été réalisés dans les
cancers avancés et/ou en récidive. La notion d’en-
tretien, non validée au stade précoce, a trouvé sa
pleine valeur à la phase avancée, avec 2 approches
différentes. L’actualisation des essais GOG 218 et
ICON7 (rapportée à l’ASCO® 2011 et publiée le
29 décembre dans le New England Journal of Medi-
cine [7, 8]) a confirmé le bénéfice de la maintenance
par bévacizumab après CT conventionnelle. Le béva-
cizumab a obtenu son autorisation de mise sur le
marché (AMM) européenne dans cette indication en
décembre. À la phase de rechute, l’étude OCEANS
a randomisé 484 patientes en rechute mesurable,
platino sensible, d’un cancer ovarien, tubaire ou
péritonéal primitif entre une CT par carboplatine
(ASC 4) à J1 + gemcitabine (1 000 mg/m2 à J1 et J8)
tous les 21 jours (6 à 10 cycles) ± bévacizumab
(15 mg/ kg/21 jours) [9]. Le critère de jugement
principal était la survie sans progression (SSP), revue
par un comité indépendant, avec pour objectif statis-
tique une amélioration de 8,6 à 11,8 mois. Le nombre
médian de cycles de CT délivrés dans les 2 groupes a
été de 6. Il a été retrouvé une amélioration significa-
tive de la SSP : 12,4 mois dans le bras bévacizumab
(11,4-12,7 mois), versus 8,4 mois (8,3-9,7 mois ; HR
stratifié = 0,451 ; IC95 : 0,351-0,580) [figure 2, p. 18].
Il n’a pas été retrouvé de différence lors de l’analyse
en sous-groupes. Le taux de réponse est également
significativement plus élevé – 78,5 versus 57,4 %
(p < 0,0001) –, ainsi que la médiane de durée de
réponse (10,4 versus 7,4 mois). La tolérance a été
acceptable. Il faut noter l’absence de perforation
digestive. Les données en termes de SG ne sont pas
matures. Pour les auteurs, ce traitement pourrait
représenter une nouvelle option thérapeutique dans
les cancers de l’ovaire en récidive platinosensible.
L’olaparib (AZD2281) est un inhibiteur oral de poly
(ADP-ribose) polymérase (PARP) qui a montré une
activité antitumorale chez des patientes présentant
un cancer séreux de l’ovaire de haut grade avec ou
sans mutation de BRCA1/BRCA2 (10). Une étude de
phase II randomisée (82 sites, 16 pays), en double
aveugle contre placebo et multicentrique a évalué un
traitement d’entretien avec l’olaparib (400 mg × 2/j)
chez des patientes présentant un cancer séreux de
l’ovaire de haut grade, ayant reçu plus de 2 lignes
antérieures de CT à base de platine et en réponse
complète ou partielle après leur dernière CT conte-
nant du platine (11). Le critère de jugement principal
était la SSP selon les critères RECIST ; les critères
secondaires étaient le temps jusqu’à progression
(TTP) biologique avec le CA125 (critères GCIG ou
RECIST), la SG et la tolérance. Deux cent soixante-
cinq patientes ont été randomisées (136 dans le bras
olaparib, 129 dans le bras placebo). La médiane de
SSP selon RECIST est significativement allongée dans
le bras olaparib (8,4 versus 4,8 mois ; HR = 0,35 ;
IC
95
: 0,25-0,49 ; p < 0,00001), de même que la
médiane de TTP (8,3 versus 3,7 mois ; HR = 0,35 ;
IC
95
: 0,25-0,47 ; p < 0,00001) [figure 3, p. 18].
Les données ne sont pas matures en ce qui concerne
la SG. Il n’a pas été montré de différence en termes
de qualité de vie. Les principaux effets indésirables,
la majorité de grade 1 ou 2, ont été des nausées
(68 versus 38 %), des vomissements (49 versus 14 %)