La Lettre du Gynécologue • n° 363 - juin 2011 | 19
réduire le risque de cancer du sein. Encore une fois,
ces données doivent cependant être confirmées dans
le contexte cellulaire humain.
Dans le sein normal, une étude a montré la diminu-
tion des marqueurs de prolifération chez des femmes
traitées par mifépristone (35).
Effets extra-mammaires
des PRM
Chez les femmes non ménopausées, les PRM en admi-
nistration continue inhibent l’ovulation sans bloquer le
développement folliculaire préovulatoire (5). Ils entraî-
nent une sécrétion d’estradiol physiologique dans les
valeurs de phase folliculaire – ce qui, bien sûr, doit être
pris en compte si on envisage leur utilisation dans le
traitement du cancer du sein – et limitera peut-être
leur indication aux seules femmes ménopausées (ou
traitées par analogues de la GnRH).
Chez les femmes ménopausées, la mifépristone
(24), qui a des effets antiglucocorticoïdes, induit
une élévation des androgènes surrénaliens, eux-
mêmes aromatisés en estrogènes. Ce point doit être
connu, car, dans le cadre de la prise en charge des
femmes atteintes de cancer du sein, il est préférable
de choisir des antiprogestérones sans effets anti-
glucocorticoïdes, ou encore de leur adjoindre un
traitement permettant de contrôler cette élévation
des estrogènes de type inhibiteur de l’aromatase.
Les effets endométriaux des SPRM sont également
complexes. Dans la grande majorité des études
cliniques, le principal effet se traduit en pratique par
une aménorrhée chez les femmes non ménopausées
(36). Des aspects histologiques évocateurs d’hyper-
plasie endométriale ont été décrits (37) chez des
femmes traitées pour fibrome. Les données histo-
logiques endométriales des études cliniques dispo-
nibles ont été réévaluées par un consensus d’experts.
Cela a permis de créer une nouvelle classification des
aspects observés, baptisés PAECS (SPRM Associated
Endometrial Changes), qui ne peuvent être décrits
dans les termes de la classification OMS en vigueur.
L’aspect observé, distinct de l’hyperplasie, associe
une dilatation kystique des glandes, réversible à
l’arrêt du traitement, et un aspect dit "sécrétoire
non physiologique" où l’on observe de manière
concomitante des aspects normaux mais habituel-
lement asynchrones. Ainsi, dans des glandes d’aspect
sécrétoire apparaissent des figures d’apoptose et des
figures de mitose. Le stroma adjacent peut être dense,
alors qu’il est habituellement œdémateux en phase
sécrétoire. Une meilleure connaissance de ces aspects
lors de l’utilisation au long cours des composés est
nécessaire avant leur emploi prolongé. Toutefois,
dans le domaine du traitement du cancer du sein,
leur utilisation sous surveillance endométriale éven-
tuelle pourrait être envisagée au même titre que le
tamoxifène.
Sur le plan systémique, les SPRM sont bien tolérés
(38). Des cas d’élévation des enzymes hépatiques
ont été rapportés, à forte dose uniquement. Une
élévation modérée de la prolactinémie a été notée,
de manière non reproductible. Enfin, des kystes
ovariens asymptomatiques et réversibles ont été
observés.
Conclusion
Les progrès réalisés dans la prise en charge des
femmes atteintes de cancer du sein nous conduisent
à chercher en permanence de nouvelles thérapeu-
tiques pour alléger les traitements actuels ou pour
les compléter lorsqu’ils deviennent inefficaces. Il
existe plusieurs arguments biologiques et cliniques
pour proposer l’utilisation des antiprogestérones
dans ce cadre, mais un grand nombre de questions
restent posées, qui concernent notamment les effets
extra-mammaires de tels composés. Le développe-
ment de molécules plus spécifiques du récepteur de
la progestérone et, éventuellement, de ses isoformes
pourrait représenter une avancée significative. ■
Références bibliographiques
27. Vanzulli SI, Soldati R, Meiss R,
Colombo L, Molinolo AA, Lanari C.
Estrogen or antiprogestin treatment
induces complete regression of
pulmonary and axillary metastases
in an experimental model of breast
cancer progression. Carcinogenesis
2005;26:1055-63.
28. Poole AJ, Li Y, Kim Y, Lin SC,
Lee WH, Lee EY. Prevention of
BRCA1-mediated mammary
tumorigenesis in mice by a
progesterone antagonist. Science
2006;314(5804):1467-70.
29. Liebens FP, Carly B, Pastijn
A, Rozenberg S. Management of
BRCA1/2 associated breast cancer:
A systematic qualitative review of the
state of knowledge in 2006. European
Journal of Cancer 2007;43:238-57.
30. Klijn JG, Setyono-Han B, Foekens
JA. Progesterone antagonists and
progesterone receptor modulators
in the treatment of breast cancer.
Steroids 2000;65:825-30.
31. Koide SS. Mifepristone. Auxi-
liary therapeutic use in cancer and
related disorders. J Reprod Med
1998;43:551-60.
32. Katiyar P, Ma Y, Fan S, Pestell
R, Furth P, Rosen E. Regulation of
progesterone receptor signaling by
BRCA1 in mammary cancer. Nucl
Recept Signal 2006;4:e006.
33. Mote PA, Bartow S, Tran N,
Clarke CL. Loss of coordinate expres-
sion of progesterone receptors A and
B is an early event in breast carcino-
genesis. Breast Cancer Res Treat
2002;72:163-72.
34. Mote PA, Leary JA, Avery KA et
al. Germ-line mutations in BRCA1
or BRCA2 in the normal breast are
associated with altered expression
of estrogen-responsive proteins and
the predominance of progesterone
receptor A. Genes Chromosomes
Cancer 2004;39:236-48.
35. Engman M, Skoog L, Soderqvist
G, Gemzell-Danielsson K. The effect
of mifepristone on breast cell proli-
feration in premenopausal women
evaluated through fine needle
aspiration cytology. Human Reprod
2008;23:2072-9.
36. Baird DT, Brown A, Critchley HO,
Williams AR, Lin S, Cheng L. Effect of
long-term treatment with low-dose
mifepristone on the endometrium.
Human Reprod 2003;18:61-8.
37. Eisinger SH, Meldrum S,
Fiscella K, le Roux HD, Guzick DS.
Low-dose mifepristone for uterine
leiomyomata. Obstet Gynecol
2003;101:243-50.
38. Spitz IM, Grunberg S, Chabbert-
Buffet N, Lindenberg T, Gelber H,
Sitruk-Ware R. Management of
patients recieving long term treat-
ment with mifepristone. Fertil Steril
2005;84:1719-26.
controlled by a novel hinge domain-binding coactivator L7/SPA and
the corepressors N-CoR or SMRT. Mol Endocrinol 1997;11:693-705.
19. Wardell SE, Edwards DP. Mechanisms controlling agonist and
antagonist potential of selective progesterone receptor modulators
(SPRMs). Semin Reprod Med 2005;23:9-21.
20. Georgiakaki M, Chabbert-Buffet N, Dasen B et al. Ligand-controlled
interaction of histone acetyltransferase binding to ORC-1 (HBO1)
with the N-terminal transactivating domain of progesterone receptor
induces steroid receptor coactivator 1-dependent coactivation of
transcription. Mol Endocrinol 2006;20:2122-40.
21. Glass CK, Rosenfeld MG. The coregulator exchange in transcrip-
tional functions of nuclear receptors. Genes Dev 2000;14:121-41.
22. Philibert D, Deraedt R and Teutsch G. RU 38486: a potent antiglu-
cocorticoid in vivo. In: The VII International Congress of Pharmacology
Tokyo, Japan, 1981.
23. Schmidt M, Loffler G. RU486 is a potent inhibitor of aromatase
induction in human breast adipose tissue stromal cells. J Steroid
Biochem Mol Biol 1997;60:197-204.
24. Klijn JG, Setyono-Han B, Sander HJ et al. Pre-clinical and clinical
treatment of breast cancer with antiprogestins. Hum Reprod 1994;9
(Suppl.1):181-9.
25. Wiehle R, Lantvit D, Yamada T, Christov K. CDB-4124, a proges-
terone receptor modulator, inhibits mammary carcinogenesis by
suppressing cell proliferation and inducing apoptosis. Cancer Prev
Res (Phila) 2011;4:414-24.
26. Vanzulli S, Efeyan A, Benavides F et al. p21, p27 and p53 in estrogen
and antiprogestin-induced tumor regression of experimental mouse
mammary ductal carcinomas. Carcinogenesis 2002;23:749-58.
Références
bibliographiques
LG 2011-06.indd 19 07/06/11 09:45