Mise au point
surexprimée dans les cancers de mauvais pronostic
survenant chez les femmes non mutées [33] et dans le
tissu mammaire juxta-tumoral chez les femmes mutées
pour BRCA1 et porteuses d’un cancer [34]) et l’éven-
tualité de l’utilisation de mifépristone pour réduire le
risque de cancer du sein. Encore une fois, ces données
doivent cependant être confirmées dans le contexte
cellulaire humain.
Dans le sein normal, une étude a montré la diminution
des marqueurs de prolifération chez des femmes trai-
tées par mifépristone (35).
Effets extra-mammaires des PRM
Chez les femmes non ménopausées, les PRM en admi-
nistration continue inhibent l’ovulation sans bloquer
le développement folliculaire préovulatoire (5). Ils
entraînent une sécrétion d’estradiol physiologique dans
les valeurs de phase folliculaire – ce qui, bien sûr, doit
être pris en compte si on envisage leur utilisation dans
le traitement du cancer du sein – et limitera peut-être
leur indication aux seules femmes ménopausées (ou
traitées par analogues de la GnRH).
Chez les femmes ménopausées, la mifépristone (24), qui
a des effets antiglucocorticoïdes, induit une élévation
des androgènes surrénaliens, eux-mêmes aromatisés en
estrogènes. Ce point doit être connu, car, dans le cadre
de la prise en charge des femmes atteintes de cancer
du sein, il est préférable de choisir des antiprogesté-
rones sans effets antiglucocorticoïdes, ou encore de
leur adjoindre un traitement permettant de contrôler
cette élévation des estrogènes de type inhibiteur de
l’aromatase.
Les effets endométriaux des SPRM sont également com-
plexes. Dans la grande majorité des études cliniques,
le principal effet se traduit en pratique par une amé-
norrhée chez les femmes non ménopausées (36). Des
aspects histologiques évocateurs d’hyperplasie endo-
métriale ont été décrits (37) chez des femmes traitées
pour fibrome. Les données histologiques endométriales
des études cliniques disponibles ont été réévaluées par
un consensus d’experts. Cela a permis de créer une nou-
velle classification des aspects observés, baptisés PAECS
(SPRM Associated Endometrial Changes), qui ne peuvent
être décrits dans les termes de la classification OMS
en vigueur. L’aspect observé, distinct de l’hyperplasie,
associe une dilatation kystique des glandes, réversible
à l’arrêt du traitement, et un aspect dit “sécrétoire non
physiologique” où l’on observe de manière concomi-
tante des aspects normaux mais habituellement asyn-
chrones. Ainsi, dans des glandes d’aspect sécrétoire
apparaissent des figures d’apoptose et des figures de
mitose. Le stroma adjacent peut être dense, alors qu’il
est habituellement œdémateux en phase sécrétoire.
Une meilleure connaissance de ces aspects lors de
l’utilisation au long cours des composés est nécessaire
avant leur emploi prolongé. Toutefois, dans le domaine
du traitement du cancer du sein, leur utilisation sous
surveillance endométriale éventuelle pourrait être envi-
sagée au même titre que le tamoxifène.
Sur le plan systémique, les SPRM sont bien tolérés (38).
Des cas d’élévation des enzymes hépatiques ont été
rapportés, à forte dose uniquement. Une élévation
modérée de la prolactinémie a été notée, de manière
non reproductible. Enfin, des kystes ovariens asymp-
tomatiques et réversibles ont été observés.
Conclusion
Les progrès réalisés dans la prise en charge des femmes
atteintes de cancer du sein nous conduisent à cher-
cher en permanence de nouvelles thérapeutiques pour
alléger les traitements actuels ou pour les compléter
lorsqu’ils deviennent inefficaces. Il existe plusieurs argu-
ments biologiques et cliniques pour proposer l’utilisa-
tion des antiprogestérones dans ce cadre, mais un grand
nombre de questions restent posées, qui concernent
notamment les effets extra-mammaires de tels compo-
sés. Le développement de molécules plus spécifiques
du récepteur de la progestérone et, éventuellement,
de ses isoformes pourrait représenter une avancée
significative.
■
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Références
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des références bibliographiques
sur www.edimark.fr