Correspondances en Métabolismes Hormones Diabètes et Nutrition - Vol. XIV - n° 10 - décembre 2010
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Post-partum céphalalgique
s’élève de 61 (N < 25) à 195 ng/ml après stimulation
par la TRH. À l’exception des données de l’exploration
gonadotrope, qui sont à interpréter en fonction du
contexte thérapeutique (Triella®), ce bilan objective la
présence d’un décit corticotrope prédominant associé
à une insusance thyréotrope modérée alors que la
sécrétion de GH paraît normale et qu’ une hyperpro-
lactinémie avec un prol de réponse poststimulatif
d’allure fonctionnelle est mise en évidence.
Le contexte de post-partum récent, l’aspect de l’hypo-
physe sur l’IRM, le caractère dissocié du décit hypophy-
saire, où l’atteinte corticotrope est la plus prononcée, et
l’hyperprolactinémie réactive à la TRH font retenir l’hypo-
thèse d’une hypophysite lymphocytaire. Ce diagnostic,
qui sera conrmé chez madame L.F. par l’évolution sous
traitement, est en accord avec les caractéristiques habi-
tuelles de ces hypophysites (1). Elles surviennent, en
eet, préférentiellement chez la femme en période d’ac-
tivité génitale et plus spéciquement pendant le dernier
trimestre de la grossesse ou dans les mois qui suivent un
accouchement de déroulement normal (en particulier,
sans hémorragie massive ou choc cardio-vasculaire).
Les hypophysites lymphocytaires sont responsables
neuf fois sur dix d’une insusance hypophysaire plus
ou moins complète où domine le décit corticotrope.
L’hyperprolactinémie, qui fait discuter la possibilité d’un
macroprolactinome lorsqu’elle s’associe à une image
radiologique hypophysaire d’allure tumorale, est loin
d’être rare dans ce cadre pathologique. Les caractéris-
tiques de l’IRM – qui met en évidence une augmentation
symétrique des dimensions de l’hypophyse qui reste
homogène et qui s’associe à un épaississement de la tige
pituitaire, par ailleurs non déviée – sont également très
évocatrices d’un processus d’hypophysite lymphocytaire.
Ce tableau clinique, biologique et radiologique a permis
d’éviter d’avoir recours à une biopsie hypophysaire, geste
parfois nécessaire mais d’une certaine agressivité (2).
Le traitement de l’hypophysite lymphocytaire reste
médical, repose sur une corticothérapie anti-inamma-
toire, avec une posologie initiale de prednisone voisine
de 1 mg/kg, et a trois chances sur quatre de réduire
les dimensions de l’hypophyse (1). Cette approche
thérapeutique, employée pour traiter madame F.L., a
permis de faire disparaître les symptômes cliniques en
quelques jours et d’obtenir une normalisation de l’image
radiologique en quelques mois (gure 2). La mise en
route du traitement par corticoïdes a cependant révélé
l’existence d’un diabète insipide dont la symptomato-
logie initiale était atténuée par le décit corticotrope.
L’introduction d’un traitement par Minirinmelt
®
(des-
mopressine) a permis de juguler ce diabète insipide
dont l’association au décit anté-hypophysaire semble
fréquente au décours des hypophysites lymphocytaires
(1). L’ecacité clinique et radiologique du traitement
médical n’a cependant pas permis l’obtention d’une
“récupération” de la fonction sécrétoire hypophysaire.
Cette évolution endocrinienne, loin d’être rare au cours
des hypophysites lymphocytaires, implique d’identier
la persistance des décits pituitaires et, si nécessaire,
de maintenir une substitution hormonale.
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Figure 2. Aspect radiologique (IRM) de la région hypothalamo-hypophysaire après traitement médical par stéroïdes anti-inammatoires.
1. Gutemberg A et al. Eur J
Endocrinol 2006;155:101.
2. Howlett TA et al. Clin
Endocrinol 2010;73:18.
R é f é r e n c e s