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ORGANISATION – MISSIONS DE L’ORDRE
Les règles et les statuts
Après le concile de Troyes, où l'idée d'une règle propre à l'ordre du Temple a été acceptée, la
tâche de la rédiger fut confiée à Bernard de Clairvaux, qui lui-même la fit écrire par un clerc qui
faisait sûrement partie de l'entourage du légat pontifical présent au concile, Jean Michel (Jehan
Michiel), sur des propositions faites par Hugues de Payns.
La règle de l'ordre du Temple faisait quelques emprunts à la règle de saint Augustin mais
s'inspirait en majeure partie de la règle de saint Benoît suivie par les moines bénédictins.
Elle fut cependant adaptée au genre de vie active, principalement militaire, que menaient les
frères templiers. Par exemple, les jeûnes étaient moins sévères que pour les moines
bénédictins, de manière à ne pas affaiblir les Templiers appelés à combattre.
Par ailleurs, la règle était adaptée à la bipolarité de l'ordre, ainsi certains articles concernaient
aussi bien la vie en Occident (conventuelle) que la vie en Orient (militaire).
Saint Augustin
Saint Benoit
La règle primitive (ou latine car rédigée en latin), écrite en 1128, fut annexée au procès-verbal
du concile de Troyes en 1129 et contenait soixante-douze articles.
Toutefois, vers 1138, sous la maîtrise de Robert de Craon, deuxième maître de l'ordre (11361149), la règle primitive fut traduite en français et modifiée.
Par la suite, à différentes dates, la règle fut étoffée par l'ajout de six cent neuf retraits ou articles
statutaires, notamment à propos de la hiérarchie et de la justice au sein de l'ordre.
Les 686 articles de la règle définitive de l’Ordre, vous sont proposés dans le chapitre
« textes templiers divers ».
De sa fondation et durant toute son existence, l'ordre ne s'est pas doté d'une devise.
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La réception dans l'ordre
Les commanderies avaient, entre autres, pour rôle d'assurer de façon permanente le
recrutement des frères. Ce recrutement devait être le plus large possible. Ainsi, les hommes
laïcs de la noblesse et de la paysannerie libre pouvaient prétendre à être reçus s'ils répondaient
aux critères exigés par l'ordre.
Tout d'abord, l'entrée dans l'ordre était gratuite et volontaire. Le candidat pouvait être pauvre.
Avant toute chose, il faisait don de lui-même. Il était nécessaire qu'il fût motivé car il n'y avait
pas de période d'essai par le noviciat. L'entrée était directe (prononciation des vœux) et
définitive (à vie).
Les principaux critères étaient les suivants :








être âgé de plus de 18 ans (la majorité pour les garçons était fixée à 16 ans.
ne pas être fiancé.
ne pas faire partie d'un autre ordre.
ne pas être endetté.
être en parfaite santé mentale et physique (ne pas être estropié.
n'avoir soudoyé personne pour être reçu dans l'ordre.
être homme libre (le serf d'aucun homme).
ne pas être excommunié.
Le candidat était prévenu qu'en cas de mensonge prouvé, il serait immédiatement renvoyé. « .si
vous en mentiez, vous en seriez parjure et en pourriez perdre la maison, ce dont Dieu vous
garde ».
La hiérarchie
Les Templiers étaient organisés comme un ordre monastique, suivant la règle créée pour eux
par Bernard de Clairvaux.
Dans chaque pays était nommé un maître qui dirigeait l'ensemble des commanderies et
dépendances.
Tous étaient sujets du maître de l'ordre, désigné à vie, qui supervisait à la fois les efforts
militaires de l'ordre en Orient et ses possessions financières en Occident.
Avec la forte demande de chevaliers, certains parmi eux se sont aussi engagés à la
commande, pendant une période prédéterminée avant d'être renvoyés à la vie séculière,
comme les Fratres conjugati, qui étaient des frères mariés.
Ils portaient le manteau noir ou brun avec la croix rouge pour les distinguer des frères ayant
choisi le célibat et qui n'avaient pas le même statut que ces derniers.
Les frères servants (frères casaliers et frères de métiers), étaient choisis parmi les sergents qui
étaient d'habiles marchands ou alors incapables de combattre en raison de leur âge ou d'une
infirmité.
À tout moment, chaque chevalier avait environ dix personnes dans des positions de soutien.
Quelques frères seulement se consacraient aux opérations bancaires (spécialement ceux qui
étaient éduqués), car l'ordre a souvent eu la confiance des participants aux croisades pour la
bonne garde de marchandises précieuses.
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Cependant, la mission première des Chevaliers du Temple restait la protection militaire des
pèlerins de Terre sainte.
Les Maîtres de l’Ordre du Temple
L'expression « Grand Maître » pour désigner le chef suprême de l'ordre est apparue à la fin du
XIIIe siècle et au début du XIVe siècle dans des chartes tardives et dans les actes du procès des
Templiers.
Puis, elle a été reprise et popularisée par certains historiens des XIXe et XXe siècles. Elle est
aujourd'hui largement répandue. Or, ce grade n'existait pas dans l'ordre et les Templiers euxmêmes ne semblaient pas l'utiliser.
Cependant, dans des textes tardifs apparaissent les qualificatifs de « maître souverain » ou «
maître général » de l'ordre.
Dans la règle et les retraits de l'ordre, il est appelé Li Maistre et un grand nombre de dignitaires
de la hiérarchie pouvaient être appelés ainsi sans l'adjonction d'un qualificatif particulier.
Les précepteurs des commanderies pouvaient être désignés de la même façon.
Il faut donc se référer au contexte du manuscrit pour savoir de qui l'on parle. En Occident
comme en Orient, les hauts dignitaires étaient appelés maîtres des pays ou provinces.
Il y avait donc un maître en France, un maître en Angleterre, un maître en Espagne, etc.
Aucune confusion n'était possible puisque l'ordre n'était dirigé que par un seul maître à la fois,
celui-ci demeurant à Jérusalem.
Pour désigner le chef suprême de l'ordre, il convient de dire simplement le maître de l'ordre et
non grand maître.
Durant sa période d'existence, s'étalant de 1129 à 1312, soit 183 ans, l'ordre du Temple a été
dirigé par vingt-trois maîtres.
La liste détaillée vous est proposée dans le chapitre « textes templiers divers ».
La protection des pèlerins et la garde de reliques
La vocation de l'ordre du Temple était la protection des pèlerins chrétiens en pèlerinage pour la
Terre sainte. Ce pèlerinage comptait parmi les trois plus importants de la chrétienté du Moyen
Âge.
Il durait plusieurs années et les pèlerins devaient parcourir près de douze mille kilomètres allerretour à pied, ainsi qu'en bateau pour la traversée de la mer Méditerranée.
Les convois partaient deux fois par an, au printemps et en automne.
Généralement, les pèlerins étaient débarqués à Acre, appelée aussi Saint-Jean-D’acre, puis
devaient se rendre à pied sur les lieux saints.
En tant que gens d'armes (gendarmes), les Templiers sécurisaient les routes, en particulier
celle de Jaffa à Jérusalem et celle de Jérusalem au Jourdain.
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Ils avaient également la garde de certains lieux saints : Bethléem, Nazareth, le Mont des
Oliviers, la vallée de Josaphat, le Jourdain, la colline du Calvaire et le Saint-Sépulcre à
Jérusalem.
L'église de la nativité à Bethléem
Nazareth
Sources du Jourdain
Le mont des oliviers
La vallée de Josaphat
Dans l'église Saint-Georges de Mādabā, en Jordanie on trouve une mosaïque.
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Elle est connue pour être la plus vieille représentation cartographique qui nous soit parvenue de
la terre sainte et en particulier de Jérusalem, et de la Décapole. Elle date de la fin du VIe siècle.
Partie gauche de la carte
Jérusalem sur la carte
La mosaïque au sol n'est pas orientée vers le nord mais vers l'est, de sorte que la position du
lieu sur la carte corresponde aux effectives directions du ciel.
À l'origine, la mosaïque mesurait 21 m sur 7 et se composait de plus de deux millions de
tesserae. La taille actuelle est de 16 m sur 5.
La carte servait pour aider les pèlerins à s'orienter en Terre sainte. Tous les éléments
géographiques sont légendés avec des explications en grec. 156 villes et villages sont
représentés et nommés sur la carte.
L'élément le plus grand et le plus détaillé est la représentation topographique de Jérusalem, au
centre de la carte.
La mosaïque montre bien reconnaissables, quelques édifices significatifs de la vieille ville de
Jérusalem : la porte de Damas, la porte du lion, la porte dorée, la porte de Sion, l'église de la
tombe, la Tour de David et le cardo.
Tous les pèlerins avaient droit à la protection des Templiers. Ainsi, ces derniers participèrent
aux croisades, pèlerinages armés, pour effectuer la garde rapprochée des souverains
d'Occident.
Les sceaux templiers
Le mot sceau vient du latin sigillum signifiant marque. C'est un cachet personnel qui authentifie
un acte et atteste d'une signature.
Il existe une vingtaine de sceaux templiers connus.
Ils appartenaient à des maîtres, hauts dignitaires, commandeurs ou chevaliers de l'ordre au
XIIIe siècle. Leurs diamètres varient entre quinze et cinquante millimètres.
Robert de Sandford,
Maître du temple
Renaud de Vichier
Maître du temple
Grand Maître
Maître de France
Du Poitou
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Sceau de Dignitaire
Guillaume de Beaujeu
Sceau de Précepteur
Guillaume de Gonesse
Sceau anglais
des Maisons
et Commanderies
Frère Robert
Templier du pays de Retz
Les sceaux templiers français sont conservés au service des sceaux des Archives nationales
de France. Le sceau templier le plus connu est celui des maîtres de l'ordre sigilum militum xristi
qui représente deux chevaliers armés chevauchant le même cheval.
Le sceau templier du grand Maître Pierre de Montaigu
Il n'y a pas de consensus établi sur le symbolisme des deux chevaliers sur un même cheval.
Contrairement à une idée souvent répétée, il ne s'agirait pas de mettre en avant l'idéal de
pauvreté puisque l'ordre fournissait au moins trois chevaux à ses chevaliers.
L'historien Georges Bordonove exprime une hypothèse qui peut se prévaloir d'un document
d'époque avec Bernard dans son « De laude nouae militiae ».
« Leur grandeur tient sans doute à cette dualité quasi institutionnelle : moine, mais soldat.
Dualité qu'exprime peut-être leur sceau le plus connu qui montre deux chevaliers, heaumes en
têtes, lances baissées, sur le même cheval : le spirituel et le temporel, chevauchant la même
monture, menant au fond le même combat, mais avec des moyens différents ».
Alain Demurger explique pour sa part que certains historiens ont cru y reconnaître les deux
fondateurs de l'ordre, Hughes de Payns et Godefroy de Saint-Omer.
Il retient cependant une autre explication : le sceau symboliserait la vie commune, l'union et le
dévouement.
Les tenues des chapitres
Un chapitre (Latin : capitulum, diminutif de caput, sens premier : « tête ») est une partie d'un
livre qui a donné son nom à la réunion de religieux dans un monastère durant laquelle étaient
lus des passages des textes sacrés ainsi que des articles de la règle.
L'usage vient de la règle de saint Benoît qui demandait la lecture fréquente d'un passage de la
règle à toute la communauté réunie. Par extension, la communauté d'un monastère est appelée
le chapitre. La salle spécifiquement bâtie pour recevoir les réunions de chapitre est aussi
appelée « salle capitulaire », « salle du chapitre », ou tout simplement « chapitre ». La tenue se
déroule à huis clos et il est strictement interdit aux participants de répéter ou de commenter à
l'extérieur ce qui s'est dit durant le chapitre.
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Dans l'ordre du Temple, il existait deux types de réunion de chapitre : Le chapitre
hebdomadaire et le chapitre général.
Les chapitres hebdomadaires se réunissaient essentiellement dans les commanderies
Salle capitulaire de l'abbaye de Fontdouce
Parmi les salles capitulaires de France, on peut citer celle de l'abbaye de Fontdouce. Cette
salle, qui fait partie du deuxième monastère, a été construite au début du XIIIe siècle.
Elle est remarquable par sa taille (six piliers, douze travées), par la richesse de son
ornementation et par son style architectural très développé, probablement d’inspiration
parisienne ou angevine.
Elle est l’une des plus vastes parmi celles que nous connaissons actuellement en France. Les
douze travées (ouvertures délimitées par deux supports verticaux constituant les points d’appui
de piliers ou de colonnes) rappellent les douze apôtres comme les douze mois de l’année et les
douze heures de la journée de travail.
La salle capitulaire est ouverte sur le cloître, en contrebas de quelques marches, afin d'offrir
une vue plongeante à ceux qui restaient debout à l'extérieur lorsque l'assistance était trop
importante pour être contenue dans la pièce.
Les convers par exemple (membres des ordres religieux catholiques chargés principalement
des travaux manuels et des affaires séculières d'un monastère
sont appelés à assister aux assemblées les dimanches et fêtes et lors de certaines annonces
concernant les moines dans leur ensemble. L'abbé siège en face, au fond, dans l'axe.
Certaines cathédrales ont également leur salle capitulaire (cathédrale de Ségovie)
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Les chapitres généraux se réunissaient tous les cinq ans au moins.
Les hauts dignitaires de l'ordre qui y débattaient des questions politiques et décidaient des
actes qui engageaient l'ordre.
C'était aussi la cour d'appel interne à l'ordre qui réglait les problèmes disciplinaires graves.
Il a pu être réuni en Terre Sainte, à Jérusalem, Acre, Césarée, Nicosie (1291), ou bien en
Europe, Paris (1147), Montpellier (1293) ou Arles (1296).
Le 27 avril 1147, huit jours après Pâques, fut réuni dans la commanderie du Temple de Paris,
un chapitre général de l'Ordre du Temple en France.
Devant le pape Eugène III, le roi de France, Louis VII, et de nombreux prélats, les Templiers et
leur maître Evrard des Barrès avec ses 130 chevaliers, s'engagèrent pour la première fois pour
la croisade.
Le chapitre général des Templiers à Paris de 1147.
Le transport maritime
Le lien entre l'Orient et l'Occident était essentiellement maritime.
Pour les Templiers, l'expression « outre-mer » désignait l'Europe tandis que « l'en deçà des
mers » et plus précisément de la mer Méditerranée, représentait l'Orient.
Les Templiers sont des hommes modernes, de leur temps, dont les têtes pensantes sont
tournées vers la connaissance, l'évolution et le progrès.
Afin d'assurer le transport des biens, des armes, des frères de l'ordre, des pèlerins et des
chevaux, l'ordre du Temple avait fait construire ses propres bateaux (et ce que l’on faisait de
mieux à ce moment-là).
Il ne s'agissait pas d'une flotte importante, comparable à celles des XIVe et XVe siècles, mais de
quelques navires qui partaient des ports de Marseille, Nice (Conte de Nice), Saint-Raphaël,
Collioure ou d'Aigues-Mortes en France et d'autres ports italiens.
Ces bateaux se rendaient dans les ports orientaux après de nombreuses escales.
Plutôt que de financer la construction et l'entretien de navires, à grande échelle, l'ordre
pratiquait aussi la location de bateaux de commerce appelés « nolis ».
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Inversement, la location de nefs templières à des marchands occidentaux était pratiquée.
Il était d'ailleurs financièrement plus avantageux d'accéder aux ports exonérés de taxes sur les
marchandises que de posséder des bateaux.
Les commanderies situées dans les ports jouaient donc un rôle important dans les activités
commerciales de l'ordre.
Des établissements templiers étaient installés à Gênes, Pise ou Venise, mais c'était dans le sud
de l'Italie, plus particulièrement à Brindisi, que les nefs templières méditerranéennes passaient
l'hiver.
Les Templiers d'Angleterre se fournissaient en vin du Poitou à partir du port de La Rochelle.
L’Ordre a utilisé trois sortes de bateaux, avec bien entendu comme différence, le fait de
naviguer en Atlantique ou en Méditerranée.
1.
les bateaux de transports d'hommes et de marchandises
2.
les bateaux de guerre
3.
les navires » huissiers » destinés au transport des chevaux.
Ils comportent des portes (Huis) sur chaque bord, suffisamment grandes pour permettre aux
chevaux d'embarquer directement et d'être placés immédiatement dans leurs boxes respectifs.
Ces bateaux ne semblent avoir existé que par la volonté des Templiers et uniquement pendant
les croisades.
Après la perte de la Terre Sainte, ce genre de bateau n'était plus nécessaire. Ces bâtiments
sont de la dimension des NAVAS et NEFS du nord.
L'article 119 des retraits de la Règle indique que « tous les vaisseaux de mer qui sont de la
maison d'Acre sont au commandement du commandeur de la terre et le commandeur de la
voûte d'Acre et tous les frères qui sont sous ses ordres, sont en son commandement et toutes
les choses que les vaisseaux apportent doivent être rendues au commandeur de la terre. »
Le port d'Acre était le plus important de l'ordre.
La voûte d'Acre était le nom d'un des établissements possédés par les Templiers dans la ville,
celui-ci se trouvant près du port. Entre la rue des Pisans et la rue Sainte-Anne, la voûte d'Acre
comprenait un donjon et des bâtiments conventuels.
Voici les noms de quelques navires du Temple :
 Le Templère, le Buscart, le Buszarde du Temple vers 1230 reliant l'Angleterre au continent.
 La Bonne Aventure en 1248, la Rose du Temple en 1288-1290 à Marseille.
 L'Angellica en Italie du sud.
Le Faucon en 1291 et 1301, ainsi que La Santa Anna en 1302 à Chypre.
Le Temple avait acheté aux Génois un grand navire, le plus grand qui fut fait en ce temps-là et
qui avait nom le "Faucon ".
Le Grand Maître remarqua Frère Roger et le lui confia.
Frère Roger participa avec son navire à l'évacuation des Chrétiens lors de la chute d'Acre.
Il finit sa vie en 1305, à Constantinople où, chef de la fameuse Compagnie catalane des
Almogavars, il fut assassiné.
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Le Faucon resta au Temple. Il est en effet signalé au mouillage à Chypre en 1301.
Le faucon du Temple
Les Templiers ont en fait utilisé, du XIIème au XIVème siècle, quatre types de navires.
EN MÉDITERRANNÉE : NAVIRE DE GUERRE, LA GALÈRE
Galère
Ce vaisseau de guerre à rames succède au dromon et apparaît vers l'an 1000, dans les flottes
marchandes italiennes.
Il doit son nom à un poisson en forme d'épée, le galéos.
Au XIIème siècle cette galère possède deux rangées d'avirons superposées passant par des
apostis. Sur chaque bord elle compte 21 avirons.
Au XIIIème siècle, elle cesse d'exister. Les rameurs ne sont plus assis en étage mais en rang et
leur aviron traverse une grande poutre appelée « aposti » sans passer par des dames de nage.
La galère à groupe de trois rameurs compte de 40 à 44 avirons pour chaque bordée.
Au début, ce bateau n'a qu'un mat mais au XIIIème siècle un second mat fait son apparition.
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Les deux portent un immense gréement latin, qui ne s'utilise que comme complément de la
propulsion.
Pendant les combats, les voiles sont ferlées et la vergue fixée par une chaîne au pont.
Le rapport longueur - largeur est de 6 pour 1.
C'est-à-dire que pour une longueur de 40m, la largeur au maître bau est de 6,5m. Le tirant
d'eau est de plus de 2m. Le gouvernail d'étambot ne fera son apparition sur les galères qu'au
XVème siècle.
NAVIRE DE CHARGE : LE NAVAS
Le Navas
Après les navires marchands byzantins, apparaissent du XIIème au XIVème siècle, les navires de
commerce des républiques italiennes.
L'appellation générale des vaisseaux italiens de cette époque NAVA ou NAU.
Les Navas sont construites à Venise et à Gênes, républiques commerciales qui monopolisent le
commerce du Levant et de l'Europe et la navigation maritime durant les croisades.
Ces navires marchands puissants sont capables de transporter une grande quantité de
marchandises, des passagers, des chevaux, de l'armement et tout le ravitaillement.
Ils sont ventrus, à fort tirant d'eau (6m), munis d'un haut franc bord. Le creux était à 4m audessus de la ligne de flottaison.
Les Navas peuvent avoir 3 ponts, mesurent 30m de long pour 12m de large et jaugent 500
tonneaux.
Les Navas sont maladroites, massives, encombrantes. Il arrive souvent que lors d'un brassage
des voiles, lors d'un changement d'allure, les passagers doivent se masser d'un côté du bateau
pour l'empêcher de chavirer.
Les premières Navas naviguaient au timon, qui sera remplacé par un gouvernail arrière
emprunté aux cogges de l'Europe du Nord.
EN ATLANTIQUE :
NAVIRE DE TRANSPORT ET DE GUERRE, LA NEF
À cette époque, en Europe du Nord, le commerce s'effectue de façon brutale et les combats
entre navires de charge ne sont pas rares.
Par conséquent, les navires marchands ne se différencient guère des navires de guerre.
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Les expéditions des croisés ne nécessitent pas des navires de guerre particuliers, mais surtout
des navires de transport, qui au besoin s'arment en bâtiments de guerre. C'est la NEF.
Ce navire de charge et de combat se répand jusqu'en Angleterre.
Sa largeur vaut le tiers de sa longueur, le meilleur rapport pour une stabilité parfaite.
La nef possède un haut franc bord, la forme de la proue et de la poupe du bateau viking, un mat
planté au milieu porte, une voile carrée avec au sommet une bretèche utilisée dans les
combats.
Celle-ci est peut-être empruntée aux bateaux méditerranéens rencontrés lors des voyages vers
la Terre-Sainte.
La nef
NAVIRE DE TRANSPORT ET DE GUERRE, LE COGGE
Au début du XIIIème siècle, un autre type de voilier apparaît au nord de l'Europe, le cogge
appelé aussi Koggen.
Tout comme la nef, c’est un bateau de transport et de guerre qui tire son origine du
roundship britannique et du hogg frison.
Il possède d'excellentes qualités nautiques grâce à son type de construction.
C'est un bateau court, large, haut de bord et surtout profond et à fond plat.
Le rapport longueur - largeur est de 3/1, comme pour la nef. Son tirant d'eau atteint 3m.
Le cogge
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Sa charpente, composée de couples en bois de frêne, est renforcée par des barrots en saillie,
comme pour la nef, avec un bordé en chêne ou en épicéa.
Au XIIIème siècle, le gréement du cogge ne subit pas de modifications.
Il n'a qu'une seule voile carrée pouvant avoir une surface très grande car le gouvernail permet
de tenir le cap avec la grand-voile.
Le mât doit être ainsi plus élevé et aussi mieux haubané.
Le beaupré, prolongement de l'étrave, sert à fixer les étais. Le cogge atteint rarement les 200
tonneaux.
Une exposition de maquettes reconstituant des navires templiers lors de la conquête de Saint
Jean d’Acre par les Mamelouks entre 1280 et 1291, s’est déroulée en Allemagne en 2010.
Nave au fond et galère en premier plan
Nave et galère
Copyright: Gesellschaft für Internationale Burgenkunde e.V., Aachen
Sur l’image de gauche, en premier plan, la galère dénommée « Tarida » et en arrière-plan un
bateau de pèlerin de type nave.
LES PORTS
Les Templiers utilisent au nord, les ports de Boulogne et de Barfleur, ainsi que ceux des villes
flamandes.
La Rochelle est également utilisé, mais d'après Louis CHARPENTIER, ce port aurait eu un
statut particulier, car il ne semble avoir aucun rapport, ni avec la Terre Sainte, ni avec le
Portugal, ni avec les pays du nord.
Les voyages au départ de la Rochelle sont, toujours d'après CHARPENTIER, effectué vers les
Amériques où les Templiers auraient eu des mines non pas d'or mais d'argent et de là viendrait
l'expression "avoir de l'argent" signifiant être riche.
La Rochelle reste donc une énigme !
Au sud, les Templiers utilisent le port de Marseille, avec promesse faite aux armateurs de la
ville, de leur réserver un certain nombre de voyages vers la Terre Sainte, car ceux-ci ont peur
d'un monopole templier sur les dits voyages.
Ils utilisent Toulon qui est commanderie Templière, et possèdent une rade personnelle à SaintRaphaël, ainsi qu'à Collioure. Ils doivent avoir une flotte relativement importante à Majorque qui
est une commanderie maritime.
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Toulon, commanderie maritime
L'enceinte fortifiée s'étend sur moins de 200m de large, elle a dans son ensemble la forme d'un
fer à cheval très allongé vers le nord.
Les remparts sont constitués d'une muraille continue de dix mètres de haut sur laquelle
s'appuient souvent des maisons.
Elle mesure 3m d'épaisseur à la base et 50 cm à sa crête.
Elle est crénelée et percée de meurtrières. Certaines « maisons » y ont pratiqué des
ouvertures, comme les deux acquises par le Temple sur la murailles ouest.
Ainsi, l'Ordre du Temple qui a établi une commanderie maritime à Toulon peut échapper aux
droits d'embarquement et de déchargement de leurs navires en toute franchise.
Les navires remontent jusqu'aux maisons par le fossé faisant le tour des fortifications.
Des tours renforcent les angles. Ce sont de robustes constructions rectangulaires aux solides
assises évasives, coiffées d'un toit à pignon à deux égouts que remplacera plus tard une plateforme crénelée.
Au beau milieu de cette façade maritime, le « portal del mar » ouvre sur un étroit rivage.
Sa haute porte surmontée d'une tour est précédée par un embarcadère en bois.
Les Templiers ont laissé la trace de leur séjour au Castelet sous la forme d’une maison
porteuse d'un bas-relief, où Saint Jean-Baptiste est représenté avec son légendaire agneau,
ainsi que l'église Saint-Sauveur du XIIème siècle qui a été leur chapelle.
Le Castelet, porte ouest de l’enceinte fortifiée
Le castelet, le château
Le Castelet, l’église Saint Sauveur
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