L’
écoulement mamelon-
naire se manifeste par l’ap-
parition de sécrétions, à la
surface du mamelon. Celles-ci sont
issues des canaux mammaires appe-
lés galactophores. Un écoulement
mamelonnaire résiduel peut survenir
plusieurs années après l’allaitement.
C’est une manifestation plus ou
moins normale du sein, comme la
majorité des écoulements qui sont
bilatéraux, multipores et survenant
généralement à la manipulation
naturelle du mamelon ou à la pres-
sion du sein. L’aspect de l’écoule-
ment peut varier et être laiteux, clair
ou aqueux, jaunâtre, noir, verdâtre
foncé ou sanglant. Quant à l’écoule-
ment mamelonnaire spontané, il est
en général unilatéral et unipore, san-
glant, accompagné ou non d’une
masse ; il aurait alors une significa-
tion pathologique.
Les types d’écoulement
L’écoulement, lorsqu’il est de lait est
une galactorrhée. En ce cas et en
premier lieu, on doit éliminer une
grossesse à l’interrogatoire et si
besoin, au dosage des bêta HCG. La
deuxième cause d’écoulement peut
être médicamenteuse et la liste est
longue : les estrogènes, certains
hypotenseurs, certains neurolep-
tiques, antiémétiques, anti H2, anti-
dépresseurs tricycliques, antidépres-
seurs inhibiteurs de la recapture de
la sérotonine, opiacés, antitubercu-
leux, sont susceptibles de causer un
tel trouble. C’est donc un interroga-
toire fouillé qui permet alors de
trancher et d’aboutir au diagnostic
étiologique. Autre cause de galactor-
rhée : une maladie endocrine. Sont
alors recherchés par l’interrogatoire
et l’examen clinique des signes de
troubles hormonaux sexuels : amé-
norrhée, dysménorrhée de même
que des signes d’hypothyroïdie
(anémie, perte de poils, frilosité,
prise de poids), de syndrome de
Cushing (obésité faciotronculaire,
HTA, diabète), d’acromégalie (prise
de poids, HTA, hypersudation), d’hy-
perandrogénie (acné, hirsutisme,
modification de la voix). Il peut s’agir
également de pathologies tumo-
rales non endocrines telles qu’un
craniopharyngiome, d’un ménin-
giome. Mais aussi de maladies plus
générales telles qu’une cirrhose,
une insuffisance rénale, une dystro-
phie ovarienne, une sarcoïdose, un
diabète insipide sur histiocytose X.
Examens complémentaires
Il faut aussi pour le personnel soi-
gnant s’enquérir d’antécédents d’in-
terventions neurochirurgicales, de
traumatismes crâniens. Guidés par
les données de l’interrogatoire, des
signes cliniques, les examens hor-
monaux confirment une première
impression. Un dosage à effectuer
au repos et sans traitement œstro
progestatif et systématiquement est
celui de la prolactinémie. Un taux
supérieur à 25 ng/ml signe une
hyperprolactinémie. Il peut être élevé
par prise médicamenteuse ; très
élevé, supérieur à 150 ng/ml, il faut
suspecter un prolactinome (adé-
nome à prolactine). Les explorations
radiologiques telles que l’IRM per-
mettent d’aboutir au diagnostic.
Celui-ci établi, un bilan fonctionnel
s’impose, notamment un bilan hypo-
physaire avec les dosages hormo-
naux spécifiques, mais aussi sexuels
et plus généralement un fond d’œil
(FO) et un champ visuel pour appré-
cier le retentissement du désordre.
L’écoulement mamelonnaire n’est pas rare et peut être de lait, de
sang ou de pus. Il est bénin dans la majorité des cas. Mais pour cha-
cun, il faut en déterminer la cause pour envisager un traitement et
appuyer le diagnostic d’interrogatoire sur des examens complémen-
taires, hormonaux, par exemple.
Écoulement mamelonnaire
Phénomène fréquent et souvent bénin
Professions Santé Infirmier Infirmière N° 62 • mars-avril 2005
Le traitement est fonction de l’impor-
tance de la tumeur, mais le plus sou-
vent, il est chirurgical. En cas d’un
micro-adénome inférieur à 1 cm, le
traitement médical est fondé sur la
prise de bromocriptine à raison de 1
à 3 comprimés par jour et en deux
prises. Si le taux de prolactine est
inférieur à 150 ng/ml, les tests de
stimulation permettent de trancher
entre une origine fonctionnelle ou
organique. Une absence de réponse
étant plutôt alors en faveur d’une ori-
gine organique. Lorsque le taux de
prolactine est normal, il ne faut pas
hésiter à répéter les dosages afin
d’éliminer une forme fluctuante. En
l’absence d’étiologie retrouvée, une
hyperprolactinémie peut être déter-
minée idiopathique.
Lorsque l’écoulement est purulent,
unilatéral, il doit évoquer une ano-
malie mammaire et faire pratiquer
une analyse cytologique de l’écou-
lement. Son résultat permettra la
mise en route du traitement. Les
examens radiologiques sont utilisés
pour mettre en évidence une
masse, voire des microcalcifications.
Lorsque l’écoulement est séro-
hématique non purulent, il peut
s’agir d’un papillome retrouvé par
les explorations complémentaires.
JB
Infos ...
Un cancer ?
L'écoulement mame-
lonnaire peut être
associé à un cancer
du sein ou à des
lésions
précancéreuses.
Dans 4 à 12 % des
cas, l'écoulement
mamelonnaire
spontané, sanglant
et unilatéral est
associé à un cancer.
Chez les femmes qui
n'ont pas de masse
au sein, qui ont eu
une mammographie
négative et qui ne
présentent aucun
signe de trouble
endocrinien, le plus
souvent, le problème
disparaît
spontanément.
Actualité Santé
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Effets secondaires
du traitement
à la bromocriptine
La posologie doit être progressive-
ment croissante avec malgré tout
des effets secondaires toujours
possibles comme :
– des nausées, des vomissements,
des céphalées ;
– des hallucinations, des troubles
sphinctériens lorsque la posologie
est > 10 mg.
L’association est contre-indiquée
avec les vasoconstricteurs et les
macrolides (risque d’ischémie).
Un dosage de la prolactine sera fait
après un mois de traitement afin
d’adapter les doses posologiques.