12 Actualité Santé Écoulement mamelonnaire Phénomène fréquent et souvent bénin L’écoulement mamelonnaire n’est pas rare et peut être de lait, de sang ou de pus. Il est bénin dans la majorité des cas. Mais pour chacun, il faut en déterminer la cause pour envisager un traitement et appuyer le diagnostic d’interrogatoire sur des examens complémentaires, hormonaux, par exemple. L’ Infos ... Un cancer ? L'écoulement mamelonnaire peut être associé à un cancer du sein ou à des lésions précancéreuses. Dans 4 à 12 % des cas, l'écoulement mamelonnaire spontané, sanglant et unilatéral est associé à un cancer. Chez les femmes qui n'ont pas de masse au sein, qui ont eu une mammographie négative et qui ne présentent aucun signe de trouble endocrinien, le plus souvent, le problème disparaît spontanément. écoulement mamelonnaire se manifeste par l’apparition de sécrétions, à la surface du mamelon. Celles-ci sont issues des canaux mammaires appelés galactophores. Un écoulement mamelonnaire résiduel peut survenir plusieurs années après l’allaitement. C’est une manifestation plus ou moins normale du sein, comme la majorité des écoulements qui sont bilatéraux, multipores et survenant généralement à la manipulation naturelle du mamelon ou à la pression du sein. L’aspect de l’écoulement peut varier et être laiteux, clair ou aqueux, jaunâtre, noir, verdâtre foncé ou sanglant. Quant à l’écoulement mamelonnaire spontané, il est en général unilatéral et unipore, sanglant, accompagné ou non d’une masse ; il aurait alors une signification pathologique. Les types d’écoulement L’écoulement, lorsqu’il est de lait est une galactorrhée. En ce cas et en premier lieu, on doit éliminer une grossesse à l’interrogatoire et si besoin, au dosage des bêta HCG. La deuxième cause d’écoulement peut être médicamenteuse et la liste est longue : les estrogènes, certains hypotenseurs, certains neuroleptiques, antiémétiques, anti H2, antidépresseurs tricycliques, antidépresseurs inhibiteurs de la recapture de la sérotonine, opiacés, antituberculeux, sont susceptibles de causer un tel trouble. C’est donc un interrogatoire fouillé qui permet alors de trancher et d’aboutir au diagnostic étiologique. Autre cause de galactorrhée : une maladie endocrine. Sont alors recherchés par l’interrogatoire et l’examen clinique des signes de Professions Santé Infirmier Infirmière N° 62 • mars-avril 2005 troubles hormonaux sexuels : aménorrhée, dysménorrhée de même que des signes d’hypothyroïdie (anémie, perte de poils, frilosité, prise de poids), de syndrome de Cushing (obésité faciotronculaire, HTA, diabète), d’acromégalie (prise de poids, HTA, hypersudation), d’hyperandrogénie (acné, hirsutisme, modification de la voix). Il peut s’agir également de pathologies tumorales non endocrines telles qu’un craniopharyngiome, d’un méningiome. Mais aussi de maladies plus générales telles qu’une cirrhose, une insuffisance rénale, une dystrophie ovarienne, une sarcoïdose, un diabète insipide sur histiocytose X. Examens complémentaires Il faut aussi pour le personnel soignant s’enquérir d’antécédents d’interventions neurochirurgicales, de traumatismes crâniens. Guidés par les données de l’interrogatoire, des signes cliniques, les examens hormonaux confirment une première impression. Un dosage à effectuer au repos et sans traitement œstro progestatif et systématiquement est celui de la prolactinémie. Un taux supérieur à 25 ng/ml signe une hyperprolactinémie. Il peut être élevé par prise médicamenteuse ; très élevé, supérieur à 150 ng/ml, il faut suspecter un prolactinome (adénome à prolactine). Les explorations radiologiques telles que l’IRM permettent d’aboutir au diagnostic. Celui-ci établi, un bilan fonctionnel s’impose, notamment un bilan hypophysaire avec les dosages hormonaux spécifiques, mais aussi sexuels et plus généralement un fond d’œil (FO) et un champ visuel pour apprécier le retentissement du désordre. Le traitement est fonction de l’importance de la tumeur, mais le plus souvent, il est chirurgical. En cas d’un micro-adénome inférieur à 1 cm, le traitement médical est fondé sur la prise de bromocriptine à raison de 1 à 3 comprimés par jour et en deux prises. Si le taux de prolactine est inférieur à 150 ng/ml, les tests de stimulation permettent de trancher entre une origine fonctionnelle ou organique. Une absence de réponse étant plutôt alors en faveur d’une origine organique. Lorsque le taux de prolactine est normal, il ne faut pas hésiter à répéter les dosages afin d’éliminer une forme fluctuante. En l’absence d’étiologie retrouvée, une hyperprolactinémie peut être déterminée idiopathique. Lorsque l’écoulement est purulent, unilatéral, il doit évoquer une anomalie mammaire et faire pratiquer une analyse cytologique de l’écoulement. Son résultat permettra la mise en route du traitement. Les examens radiologiques sont utilisés pour mettre en évidence une masse, voire des microcalcifications. Lorsque l’écoulement est sérohématique non purulent, il peut s’agir d’un papillome retrouvé par les explorations complémentaires. JB Effets secondaires du traitement à la bromocriptine La posologie doit être progressivement croissante avec malgré tout des effets secondaires toujours possibles comme : – des nausées, des vomissements, des céphalées ; – des hallucinations, des troubles sphinctériens lorsque la posologie est > 10 mg. L’association est contre-indiquée avec les vasoconstricteurs et les macrolides (risque d’ischémie). Un dosage de la prolactine sera fait après un mois de traitement afin d’adapter les doses posologiques.