N°30 1,20 € Octobre 2005 Edito Pendant des millénaires, le contrôle de la maternité fut affaire d’hommes. Les femmes avaient comme seule fonction celle d’être mères. Légitimé par les préceptes bibliques, le devoir d’enfanter confortait chaque sexe dans une fonction bien définie. Les femmes, cantonnées aux tâches domestiques et à l’éducation des enfants, n’avaient guère le temps, contrairement aux hommes, d’accéder aux affaires publiques... Depuis, et grâce aux mouvements féministes, les femmes ont repensé leur sexualité, c’est-à-dire choisi de la vivre d’abord pour elles-mêmes et non dans la crainte d’une grossesse... Mais cette “égalité sexuelle” a été l’occasion de ressortir des placards les théories anciennes sur la nature “frivole” des femmes. Sans “la peur au ventre”, elles allaient devenir “adultères” ou “libertines”... Des mots désuets aujourd’hui mais remplacés par d’autres ! En 1990, à la mise sur le marché de la pilule du lendemain, les arguments des opposants étaient les mêmes qu’en 1967 : “Elles vont faire n’importe quoi !”. En 2005 encore, il n’est pas simple de faire bouger les mentalités, même chez les professionnels. Un exemple ? La loi stipule que les pharmaciens doivent délivrer gratuitement et anonymement la pilule du lendemain aux mineures. Pourtant, beaucoup d’officines ne le font pas ! Dans la vie publique aussi, l’évolution est lente et la misogynie évidente quand un homme politique, réfractaire à la candidature de Ségolène Royal aux fonctions suprêmes, argumente : “la Présidence de la République n’est pas un concours de beauté” et qu’un autre s’inquiète de “qui va garder les enfants ?”. La société reconnaîtra-t-elle un jour aux femmes le droit de choisir et d’envisager toute carrière, toute ambition, toute destinée… ? Contraception et IVG : un droit, des choix ! Depuis 1967, la pilule n’est plus illégale en France... Difficile d’imaginer qu’il y a encore quarante ans, maîtriser sa maternité était puni par la loi. Aujourd’hui, la contraception est accessible à toutes et à tous, mais son “hyper-médicalisation“ peut parfois donner aux femmes le sentiment de ne pas avoir le choix de la méthode. Seuls trois moyens anticonceptionnels, à savoir la contraception hormonale (pas toujours acceptée par les femmes), le stérilet (sous conditions), et le préservatif (pas toujours accepté par les hommes), sont réellement proposés et promus... Un véritable problème, souvent éludé, qui conduit à de nombreuses grossesses non prévues. En effet, en France, près de 100000 IVG sont dues, chaque année, à une contraception mal adaptée. Par ailleurs, les tabous qui pèsent encore à l’heure actuelle sur l’avortement, ainsi que son statut médical différent, en font toujours un acte à part. S’ajoute à cela un questionnement nouveau. Quelle est la place de l’homme dans tout ça ? Et si la contraception pouvait être réellement une affaire entre deux partenaires, plus qu’une affaire de femme ? “L’émancipation des femmes commence au ventre” Aline VERGNON-BONDARNAUD Présidente du GRAIF Simone de Beauvoir UNE CONTRACEPTION EFFICACE EST UNE CONTRACEPTION CHOISIE La pilule est la méthode contraceptive la plus utilisée. Elle n’est plus taboue, les médecins la prescrivent quasi-systématiquement aux jeunes filles, mais elle ne convient pas à toutes les femmes. En 2000, 60,8% des femmes de 20 à 44 ans ayant une contraception y avaient recours. Pourtant, plus les années passent, plus les femmes s’en détournent. Les 20-24 ans (ayant des relations sexuelles et ne désirant pas d’enfant) sont 68% à choisir la pilule. Les 30-34 ans ne sont plus que 43,8%1. Des chiffres qui s’expliquent d’abord par le « passage » au stérilet mais pas seulement ! « Une jeune fille qui commence la pilule à 16 ans en est lassée à 30. Si ma génération était pro-pilule, la nouvelle en ressent plus vite les contraintes (prise quotidienne, contrôles sanguins, visites médicales) », commente Nicole Roussel, du Mouvement Français pour le Planning Familial (MFPF). LE RAS-LE-BOL DU COMPRIMÉ À HEURE FIXE 2 Il a été entendu puisque aujourd’hui sont commercialisés patch, anneau vaginal et implant, qui dispensent les femmes d’une gestion quotidienne de la contraception. L’implant, par exemple, évite les effets secondaires les plus reprochés aux pilules œstro-progestatives (problèmes circulatoires notamment), mais peut en provoquer d’autres (règles irrégulières, nausées). Une victoire qui ne répond donc pas à tout ! « Pour les femmes jeunes qui ont vécu leur sexualité à l’heure de la contracep- tion moderne, les contraintes liées aux effets secondaires et à la médicalisation apparaissent d’autant moins acceptables que les conditions d’exercice de la sexualité sont aujourd’hui très différentes de celles qui prévalaient dans les années 70 » expliquent les sociologues de l’INSERM2. La réticence hormonale de certaines jeunes femmes d’aujourd’hui risque de gagner demain leurs cadettes puisqu’elle s’inscrit en plus dans un esprit « bio » de plus en plus répandu. « Le droit au bien-être sexuel apparaît aujourd’hui légitime et peut conduire à ressentir la prise d’une contraception hormonale comme une contrainte antinaturelle » poursuivent les sociologues. « D’autant plus que se développe une conscience globale des enjeux écologiques à tous niveaux. Les recherches en matière de contraception qui visent à la seule amélioration des contraceptifs existants n’ont pas tenu compte de ces nouveaux enjeux. » PEU D’ALTERNATIVE Bien entendu, du côté des médecins, c’est l’efficacité maximale qui prime, d’où la forte prévalence de la contraception hormonale. Seulement, si la pilule est mal vécue, elle sera plus propice aux oublis ! Valérie Gelin, animatrice de prévention au Mouvement Français pour le Planning Familial de Marseille va plus loin : « L’efficacité n’est pas la même pour les femmes qui acceptent la pilule et pour celles qui la subissent! » Martin Winckler (auteur de La maladie de Sachs et médecin spécialisé dans les questions de sexualité et de contraception) fait le même constat : « L’efficacité "théorique" d’une méthode compte moins que le choix et l’acceptation par la femme, en connaissance de cause. Une pilule qu’on ne tolère pas ou qu’on oublie est moins efficace qu’un diaphragme qu’on utilise bien... » A l’heure actuelle, la contraception hormonale est la seule proposée aux françaises sans enfant3. Le stérilet, même s’il existe pour les nullipares, est souvent soumis au veto des gynécologues qui redoutent un risque d’infec- tion. En 2000, seules 0,9% des 20-24 ans et 7,5% des 25-29 ans utilisaient un stérilet ! Les méthodes « barrière », type spermicide ou diaphragme, considérées comme trop peu fiables d’un point de vue statistique sont, elles aussi, rarement proposées. LA PLUPART DES IVG DUES À UNE CONTRACEPTION INADAPTÉE « La meilleure contraception est celle qu’une femme choisi en connaissance de cause, insiste Martin Winckler. Des études récentes montrent que la plupart des grossesses non désirées - qui se soldent par 203.000 IVG annuelles4ont pour cause les informations insuffisantes ou inappropriées délivrées par des médecins qui ne connaissent que la pilule contraceptive et rejettent les méthodes plus sûres que sont le dispositif intra-utérin (DIU ou stérilet), l’implant contraceptif et les progestatifs injectables !5» Situation contraceptive des femmes au moment de la conception ayant donné lieu à une IVG (France) Situation contraceptive % pas de contraception pilule préservatif méthodes naturelles stérilet autres méthodes total 28,1 23,1 19,3 19,1 7,0 3,4 100 Source : enquête Cocon 2000 (réalisée avec le soutien de l’INSERM, l’INED et le laboratoire Wyeth-Lederlé) 1 Enquête Cocon-2000, INSERM/INED 2 De la contraception à l’avortement. Sociologie des grossesses non prévues. Nathalie Bajos, Michèle Ferrand et l’équipe Giné. INSERM (Institut National de la Santé et de la Recherche Médicale) 3 Voir l’article de Winckler : l’ignorance criminelle des médecins Nouvel observateur 29/01/04 4 Enquête sur les chiffres 2003. Direction de la Recherche des Etudes de l’Evaluation et des Statistiques. Parution : octobre 2005 5 Médecins sous influences, le Monde Diplomatique, janvier 2003 PANORAMA DE LA CONTRACEPTION LA CONTRACEPTION LOCALE LA CAPE CERVICALE : Sexuellement Transmissibles (IST) (Prix moyen : 5 à 10 euros les 12). Petite membrane incurvée (22 à 31 mm) de silicone ou de latex à enduire de spermicide avant de la placer sur le col de l’utérus. Apprentissage nécessaire de la mise en place. A retirer au plus tôt 8 heures après le rapport. Bien entretenue, se conserve 2 ans. Le problème : obtenir une prescription. Très peu de praticiens français connaissent la méthode et aucune formation en faculté de médecine ! (De 30 à 50 euros. Prescription obligatoire). LE DIAPHRAGME : Membrane de silicone ou de latex, (55 à 95 mm de diamètre). Il est maintenu par une bague et se place au fond du vagin. Il s’utilise avec une crème spermicide. Durée de vie : 2 ans. Très difficile d’obtenir une prescription, pourtant obligatoire. Mise en place facile (De 28 à 40 euros). LES SPERMICIDES : Existent sous trois formes : crème, ovule et éponge et se placent au fond du vagin. La crème et l’ovule doivent être appliqués plusieurs minutes avant le rapport. L’éponge n’a pas cette contrainte et est reconnue comme plus efficace (agissant en plus elle-même comme une barrière). Il est déconseillé de se laver 2 heures avant et 6 heures après le rapport. L’efficacité varie entre 74 et 94%. (Sans ordonnance. Prix moyen des ovules : 8 euros les 12. Prix moyen des éponges : 12 euros les 6. Prix moyen d’un tube de crème : 8 euros). LE PRÉSERVATIF MASCULIN : Il protège en plus des Infections LE PRÉSERVATIF FÉMININ : Comme le préservatif masculin, protège des IST. Avantage : peut se placer plusieurs heures avant le rapport. Il est muni de 2 an-neaux flexibles : un petit qui se « cale » lors du rapport au fond du vagin, et un plus large qui reste à l’extérieur. Aussi efficace que le préservatif masculin, voire plus puisqu’il n’est pas nécessaire de le retirer immédiatement après le rapport. (Prix moyen : 2 euros l’unité). LE STÉRILET OU DIU (dispositif intra-utérin) Il mesure environ 3 cm une fois déplié. Durée : 3 à 5 ans. La pose est parfois légèrement douloureuse pour les nullipares. Le stérilet « se fait oublier » mais peut entraîner des règles plus longues. Il existe aussi un stérilet hormonal. (Prix : autour de 30 euros, remboursé partiellement par la sécurité sociale. Compter en plus la pose). LA CONTRACEPTION HORMONALE (efficacité maximale si prise correctement) LA PILULE Forme la plus courante des contraceptions hormonales. Il en existe beaucoup mais les remboursées sont rares. Eventuels effets indésirables : problèmes veineux, baisse de la libido, prise de poids, e t c . . . Il en existe à progestatif s i m p l e (préconisées chez les grandes fumeuses, en cas d’hypertension ou de diabète), à prendre à heure fixe, qui occasionnent parfois des saignements pendant le cycle. Prescription médicale obligatoire. (Prix moyen : 10 euros la plaquette mensuelle). L’IMPLANT Bâtonnet (4cm de long et 2 mm de diamètre) que le médecin insère sous la peau du bras. Peut être conservé 2 à 3 ans. (Prescription médicale obligatoire. Remboursé). L’ANNEAU VAGINAL Même principe : il libère les hormones au fil des jours et l’utilisatrice le place elle-même au début de chaque cycle. Il reste au fond du vagin 3 semaines et se change tous les mois. Il contient oestrogène et progestérone et n’est pas remboursé. (Prescription médicale obligatoire. Prix : environ 40 euros pour trois mois). LE PATCH S’applique sur le haut de la cuisse et reste collé la semaine. A changer tous les 7 jours pendant 3 semaines et une semaine sans patch. Il contient oestrogène et progestérone. (Prescription médicale obligatoire. Prix : environ 40 euros pour trois mois, non remboursé). L’INJECTION Un progestatif en injections mensuelles existe. Mais on lui attribue des effets secondaires d’ordre psychologique. En France, il est très peu proposé, contrairement au Canada par exemple. LA PILULE DU LENDEMAIN Elle se prend après un rapport non protégé. La pilule Norlévo (seule sur le marché) est un progestatif simple qui s’administre en une seule prise. Plus tôt elle est administrée, plus grande est son efficacité (95% dans les 12 heures et 50% dans les 72 heures). La loi impose aux pharmaciens de la délivrer gratuitement aux mineures. (Prix : 7,60 euros. Remboursée si ordonnance). 3 RETOUR DIFFICILE DU DIAPHRAGME EN FRANCE Si diaphragme et cape cervicale sont largement répandus en Amérique du Nord et en Angleterre, nombreuses sont les Françaises, notamment les jeunes, à en ignorer l’existence. Le diaphragme, depuis les années 80, n’était plus commercialisé en France. Le marché, pas assez rentable, n’intéressant pas les fabricants, celles qui tenaient à ce mode de contraception devaient se rendre à Londres ... Depuis février 2005, une société bordelaise5 s’est lancée dans la commercialisation de la cape cervicale et du diaphragme « génération 2000 ». « Ces méthodes n’ont pas vocation à remplacer la pilule, explique Gilles Moreau, le responsable. Elles concernent plutôt les femmes qui en ont assez d’avaler des hormones et qui aspirent à quelque chose sans effets secondaires. Mais son efficacité nécessite la maîtrise de sa manipulation et il faut en tenir compte au moment du choix de la contraception ». CONTRACEPTION ET IVG : DEUX HEURES DE FORMATION EN FACULTE DE MEDECINE Diaphragmes et capes sont utilisés par moins de 0,5% des femmes ne souhaitant pas de grossesse. « Les médecins eux-mêmes ne connaissent pas bien le sujet ! Je vends mon jeu de diaphragmes seulement 32 euros aux professionnels ! poursuit-il. Mais j’ai un mal fou à les convaincre d’investir.» « On se mord la queue, s’indigne Catherine Gros, Présidente régionale du MFPF. Moins on en parle, moins les praticiens savent faire... Et vice-versa. » Pourtant, la prescription médicale est indispensable (art. L5134-1 du code de la santé7) ! A l’heure actuelle, l’orthogénie se résume à un créneau de deux heures en faculté de médecine ! La pose du diaphragme y apparaît comme « décalée» à l’heure d’une hyper-médicalisation de la contraception. « On subit une politique du risque zéro qui se traduit par la promotion exclusive de la pilule ou du préservatif. C’est absurde. Le risque zéro n’existe pas. Et la cape, c’est tout de même mieux que le retrait ! », poursuit Catherine Gros. « Quand on en parle aux politiques, ils répondent qu’un pays riche comme la France ne peut se contenter de moyens de contraception dont le « taux d’efficacité » est plus faible que celui de la pilule, renchérit Nicole Roussel, militante au MFPF. Le Ministère de la santé oublie que chaque femme vit une sexualité différente et qu’une méthode ne peut pas convenir à tout le monde et à tous les moments de la vie. » Des médecins aimeraient pouvoir prescrire le diaphragme, comme le Docteur Sophie Eyraud, membre du conseil d’adCatherine GROS ministration de l’ANCIC8 et responsable d’un centre d’interruption de grossesse en région parisienne. « On ne peut pas enseigner la pose du diaphragme aux médecins puisque les hôpitaux n’en disposent pas. C’est dommage car c’est une alternative qui peut convenir à beaucoup de femmes, à condition qu’elles soient à l’aise avec leur corps. » PUDEUR LATINE LA PATERNITE HEUREUSE 4 Où en est la contraception masculine ? En dehors du préservatif ou du retrait, peu d’avancées... L’idée d’un contraceptif hormonal pour hommes fait tout de même son chemin. Plusieurs laboratoires travaillent sur le projet pour tenter de concevoir la fameuse « pilule » et des scientifiques australiens ont annoncé avoir mis au point un contraceptif masculin efficace et réversible. En France, si l’industrie et les politiques craignent le manque de rentabilité de ce type de contraception, les jeunes seraient plutôt demandeurs. « Toutes les études entreprises sur ce thème révèlent qu'il existe des hommes prêts à partager le fardeau de la contraception à l'intérieur des couples stables », expose le Docteur Bernard Jégou, Directeur de recherche à l’INSERM. Car, si les femmes peuvent décider de leur maternité, les hommes peuvent avoir la sensation de subir parfois leur paternité... Reste à savoir si les femmes accepteront de déléguer une responsabilité dont elles supporteraient seules les manquements et si le corps médical suivra. « Je ne me vois pas engager ma responsabilité et prescrire la pilule à un homme puisqu’il ne risque pas lui-même d’être enceinte, explique une docteure de Grasse. Ce n’est plus une question d’avancée en matière d’égalité mais un problème purement médical. » Vaste débat. A suivre... En effet, toutes les femmes ne sont pas prêtes à assumer la manipulation du diaphragme ou de la cape. « Ces méthodes s’adressent aux femmes qui ne font pas de complexe avec leur intimité. Paradoxalement, beaucoup acceptent que le partenaire touche leur vagin mais s’interdisent de le faire ellesmêmes, notamment les jeunes-filles, explique Gilles Moreau. Dans les pays latins, les femmes sont davantage pudiques que dans les pays de culture anglo-saxonne. » Martin Winckler confirme : « L’utilisation est plus importante en Angleterre et en Amérique parce que le rapport au corps n’y est pas "culpabilisé" comme il le fut, dans les pays latins - dont la France - par la religion catholique. Le diaphragme est une méthode très efficace quand on s’en sert correctement ! » Certes... mais le combat est loin d’être gagné et le marché de la cape et du diaphragme remis à l’ordre du jour en France est encore incertain. 6 BIVEA. 3, place du Chaperon rouge. 33600 Pessac. 05.57.26.09.00. www.bivea.com 7 Article L5134-1 du code de la santé : « Les sages-femmes sont habilitées à prescrire les diaphragmes, les capes, ainsi que les contraceptifs locaux. La première pose du diaphragme ou de la cape doit être faite par un médecin ou une sagefemme » 8 Association Nationale des Centres d’Interruption de grossesse et de Contraception. CONCESSIONS INTIMES « Il faut être deux pour « tomber » enceinte ! » rappelle ironiquement Nicole Roussel, du MFPF. Le rapport à la sexualité de chacun des partenaires et leur capacité de communication sont des facteurs qui jouent considérablement sur la prise de risque ! Dans la conclusion de la recherche sur la contraception et l’avortement menée par l’INSERM en 2002, il est établi que nombre de grossesses non désirées sont dues au refus des hommes d’utiliser une contraception. «Malgré la demande explicite des femmes, leur partenaire a refusé d’utiliser le préservatif ou de pratiquer le retrait. La grossesse non prévue apparaît ici liée à la priorité, accordée aussi bien par la femme que par l’homme, au plaisir sexuel masculin. Ces situations s’inscrivent au cœur des rapports sociaux de sexe, et renvoient à la domination masculine. » Il n’est pas rare que les femmes fassent des concessions pour faire plaisir à leur partenaire: soit en acceptant le rapport sans en ressentir l’envie, soit en tolérant son refus d’utiliser le préservatif, soit devant le fait accompli si le retrait est « oublié ». La contraception est une affaire de couple à partir du moment où, pour l’homme comme pour la femme, les désirs de chacun ont la même valeur. L’IVG ENCORE TABOUE Trente ans après la loi Veil, l’interruption volontaire de grossesse suscite toujours des polémiques. L’accessibilité à la contraception et sa diffusion servent souvent de justification aux positions antiIVG... Difficile d’échapper aux idées reçues : « Les IVG sont la suite logique d’une négligence de la contraception »... ou pire « de l’insouciance des femmes », le tout accompagné de « Avec tout ce qui existe aujourd’hui ! ». Malgré le rapport du Professeur Nisand (1999) qui établissait clairement que « la légalisation de l’avortement n’a pas entraîné sa banalisation, pas plus qu’elle n’a conduit au relâchement de la contraception », les idées préconçues perdurent. Si la loi s’est assouplie (l’IVG relève du code de la santé et non plus du code pénal depuis 2001), les mentalités, elles, ont du mal à évoluer. DÉDRAMATISER L’IVG « Les femmes font plein de choix difficiles dans leur vie, et des choix plus lourds que celui d’avorter, commente Nicole Roussel. Il faut arrêter de dramatiser l’IVG. Avoir un enfant dans de mauvaises conditions aussi peut laisser des séquelles ! » Il ne s’agit pas de nier les souffrances qu’elle peut impliquer, mais de ne plus la considérer comme un acte honteux. Pour y parvenir, peut-être faut-il d’abord changer de regard sur la sexualité. En effet, aujourd’hui encore, les femmes qui ont recours à l’IVG se sentent soumises à un jugement social hérité des traditions judéo-chrétiennes. Celles qui avortent alors qu’elles ont un partenaire fixe et une contraception sont, dans l’inconscient collectif, moins « coupables » que celles qui DES JEUNES SE CONFIENT... BILAL, 20 ANS, EN BTS DE COMMUNICATION ET PASSIONNÉ DE VOYAGES HUMANITAIRES : Marcher sur des oeufs... Les garçons de ma génération ne s’occupent pas trop de la contraception de leur copine. C’est un sujet délicat. On ne sait pas si on doit s’en mêler... On ne veut pas être indiscret. Mais il y a aussi des garçons qui ne s’en occupent pas par égoïsme ! Préservatif : difficile mission J’ai beau avoir 20 ans, je suis toujours aussi gêné quand il faut que j’achète des préservatifs. JULIE, 25 ANS, COMÉDIENNE ET ÉTUDIANTE EN LETTRES : Redonner la cote au préservatif Le préservatif ne pose pas problème ni à mon copain ni à moi. Beaucoup de jeunes y voient un « tue-l’amour », ce n’est pas comme ça que je vois les choses. Je vis la mise du préservatif comme un jeu, avec de la complicité. Hou hou, les garçons ! J’ai des amies qui prennent la pilule et qui culpabilisent à l’idée de demander à leur copain de mettre un préservatif quand elles ont un souci gynéco. La contraception est vraiment considérée comme un problème féminin et les garçons en profitent sans en subir les inquiétudes. Peu d’entre eux pensent à rappeler à leur copine l’heure du comprimé ou participent à l’achat des plaquettes. VIRGINIE, 23 ANS, ÉTUDIANTE EN SCIENCES POLITIQUES : Ca coûte cher de ne pas « tomber enceinte » ! Ma plaquette coûte 13 euros par mois. Elle n’est pas remboursée par la sécu mais je n’en supporte aucune autre. C’est scandaleux que certaines pilules soient entièrement à la charge des femmes ! C’est un gros problème de payer autant. Je suis sûre que certaines filles prennent des risques à cause de ça ! 5 ont plusieurs partenaires et qui ont déjà avorté ! Dans son rapport, le professeur Nisand9 fait état d’avortements « à la tête » de la patiente : « Certains médecins gardent le sentiment que c’est à eux d’octroyer le droit à l’avortement, voire de choisir les femmes qu’ils acceptent d’avorter (refus médical pour les patientes ayant déjà un ou plusieurs avortements dans leurs antécédents.) » Il est difficile de chiffrer précisément le nombre d’IVG refusées (et donc laissées à la charge d’un autre médecin) pour ce seul motif, puisque la clause de conscience évite en ellemême toute forme de justification. UNE CONTRACEPTION, MÊME LA MEILLEURE, NE FAIT PAS TOUT L’information, même excellente, ne peut prévenir ni du désir inconscient de grossesse, ni d’événements - perte d’emploi, séparation du couple - qui ont une incidence sur la décision des femmes. Même en imaginant une contraception sans contraintes et 100% efficace – ce qui n’existe pas - les demandes d’IVG seraient inévitables. Une grossesse initialement désirée peut ne plus le rester et vice-versa. « C’est une question tellement intime que personne n’est en mesure d’anticiper sa réaction, expose Catherine Gros. J’ai rencontré de fermes opposantes à l’IVG, qui, une fois devant la situation, se sont surprises ellesmêmes en décidant d’avorter, et le contraire se vérifie également. » L’IVG MARGINALISEE DANS LES SERVICES DE SANTE L’IVG est le seul acte dont la réalisation nécessite une déclaration et le respect de délais pour ne pas être illégal. C’est le seul acte qui peut être refusé par les praticiens (en invoquant la clause de conscience). La pénurie de médecins disposés à pratiquer l’IVG ne cesse de s’aggraver. Le professeur Nisand explique : « C’est une activité très peu valorisée aux yeux des médecins. Ils rencontrent de surcroît des problèmes de statut dans les hôpitaux où les activités « nobles » sont faites par les hospitaliers plein temps. Les IVG sont reléguées à des vacataires dont c’est la seule fonction hospitalière. » La docteure Sadya Aïssaoui, gynécologue et militante, complète : « A l’heure actuelle, une coloscopie rapporte plus qu’une IVG. Quand on sait que l’acte a mauvaise réputation et que sa cotation est minime, on peut expliquer facilement la réticence des médecins. » D’un point de vue éthique, ne pas être opposé à l’IVG ne suffit pas pour être capable d’en assumer la charge. « A l’hôpital, ils se font traiter d’avorteurs alors qu’ils n’ont pas forcément envie de s’impliquer personnellement, commente une conseillère conjugale au centre de planification familiale de Gap. Finalement, on manquait moins de médecins à l’époque des commandos antiavortement ». Le militantisme pour le droit à l’IVG est visiblement moins actif aujourd’hui. PAS DE « STATUT D’URGENCE » Le nombre de places pour accueillir les patientes pose également problème! « Les difficultés saisonnières de fonctionnement des services hospitaliers (fermeture de lits en été, vacances des personnels hospitaliers non remplacés …) se répercutent alors sur l’activité d’IVG, souligne le professeur Nisand. L’argument avancé repose sur l’impossibilité de stopper les autres activités du service (qui elles ont bien un statut d’activité d’urgence).» Les conséquences mettent les patientes dans une réelle situation d’urgence puisque beaucoup d’entre elles, y compris les femmes de condition sociale modeste, se dirigent sans l’avoir toujours choisi dans les établissements privés (faute de place dans les hôpitaux). Il est à noter qu’en France, 32% des IVG sont pratiquées dans un établissement privé, en PACA 39%. IVG TARDIVES 9 Le rapport Nisand accompagnait le projet de loi de Kouchner et Aubry, proposé en 1999 à l’Assemblée et adopté en partie en 2001. Généralement, les services donnent la priorité aux IVG à la limite des délais légaux en période de « saturation » (juillet-août). Pourtant, ils ne sont pas toujours en possibilité de répondre à ces demandes qui posent un problème supplémentaire au corps médical. « Très peu de médecins acceptent d’avorter entre 10 et 12 semaines de grossesse, malgré l’extension des délais en 2001, explique Catherine Gros. Ils argumentent le risque de complications. Pourtant, médicalement, cela ne change rien. » Des propos nuancés par la docteure Aïssaoui : « L’IVG n’est pas totalement sans risque ! Il nous arrive de transpirer, mais qu’elle soit à cinq ou douze semaines, elle est tout aussi mal cotée. » Les IVG pratiquées entre la onzième et douzième semaine de grossesse représentent moins de 5% du nombre total des IVG en PACA (956 sur 20716 en 2003 selon la DRASS10). A l’échelle nationale, seulement moins d’un tiers des établissements déclare effectuer des IVG à ce stade de la grossesse. Les femmes qui se retrouvent « hors délais » se dirigent vers l’Espagne, l’Angleterre ou les Pays-bas... Les grossesses de mineures ou les cas de viol ne justifient pas un prolongement des délais... 6 10 Direction régionale des affaires sanitaires et sociales L’IVG CHEZ SON MEDECIN DE FAMILLE Depuis juillet 2004, les femmes peuvent choisir « l’interruption volontaire de grossesse en ville », c’est-à-dire l’IVG médicamenteuse dans le cabinet du médecin. En effet, les gynécologues (et les généralistes justifiant d’une expérience ou d’une formation en orthogénie) peuvent proposer cette solution à leurs patientes à la condition de signer une convention avec un établissement de santé réalisant des IVG. Pour l’ANAES11, l’objectif principal est de relayer les hôpitaux surchargés. A ce jour, 42 conventions ont été signées en PACA (32 généralistes, 10 gynécologues). « Le décret est récent, explique le Docteur Provansal, médecin inspecteur de la DRASS. Nous recevons chaque mois de nouvelles conventions. Ce qui m’inquiète davantage, c’est que les départements qui en signent le moins, à savoir le Var et les Bouches-du-Rhône, sont aussi ceux qui ont le plus de difficulté à prendre en charge toutes les demandes d’interruption de grossesse !» L’IVG en ville, qui ne peut se faire qu’à condition que la grossesse ne dépasse pas les cinq semaines, est considérée comme moins « traumatisante » pour la patiente qui n’a pas à se rendre dans un centre de santé ni à subir d’anesthésie. Toutefois, elle nécessite au minimum cinq visites chez le médecin. PAS ENCORE DE TIERS PAYANT Comme pour une IVG en hôpital ou en clinique, le remboursement se présente sous forme de forfait (comprenant les médicaments et les cinq visites) mais il est de 70% au lieu de 80% à l’hôpital. Par ailleurs, le tiers payant n’est pas encore applicable... sauf quand les militantes se battent. Par exemple, en Seine St Denis, le REVHO (Réseau Entre la Ville et l’Hôpital pour l’Orthogénie) est parvenu, grâce à Emmanuelle Piet, docteure en médecine, à passer un accord avec le Conseil général pour financer les IVG médicamenteuses en PMI ou centres de planification. En PACA, les femmes les plus démunies ne pouvant avancer la somme (192 euros) ont donc plus de mal à y accéder. A QUAND L’IVG À DOMICILE ? 60% des femmes expulsent l’œuf moins de quatre heures (et certaines en moins de deux heures) après la quatrième visite. Il leur faut donc pouvoir regagner rapidement leur domicile et être accompagnées. « Même si cela est difficilement envisageable dans la pratique, il serait parfois plus judicieux de faire confiance aux patientes et de les laisser prendre le comprimé chez elles plutôt que de savoir qu’elles peuvent expulser sur la route ou dans le bus! » commente Catherine Gros. Actuellement, la loi ne le permet pas : « La prise des médicaments nécessaires à la réalisation de l’IVG est effectuée en présence du médecin. » Et l’IVG « à la maison » n’est pas pour demain : « Il n’est pas prévu dans le système de cotation de faire des visites à domicile pour une IVG, précise la docteure Sophie Eyraud, et l’urgence n’est pas là. Il faut d’abord être en mesure de former les médecins pour qu’ils puissent passer la convention et aucun budget national n’est prévu à cet effet. » La Docteure souligne cependant une crainte : « Les médecins veulent bien offrir le choix de l’IVG en ville à leurs patientes mais pas se retrouver assaillis de demandes faute de place en hôpital. Il faut que cette solution soit une alternative, pas une obligation. L’aspiration est parfois préférable, et c’est essentiel que la femme ait la possibilité de choisir. » 11 Agence Nationale d’Accréditation et d’Evaluation en Santé. www.anaes.fr SIX GROSSESSES NON DESIREES SUR DIX SE SOLDENT PAR UNE IVG Le nombre annuel d’IVG (14 pour 1000 femmes) n’a quasiment pas bougé depuis 1975. Une étude de la DREES a permis de démontrer que derrière cette apparente stabilité se cachent de nouveaux comportements. En réalité, le nombre de grossesses non prévues est très inférieur à celui de 75 mais le recours à l’IVG est beaucoup plus fréquent (Quatre grossesses sur dix en 75 contre six grossesses sur dix en 2000.) Selon l’équipe GINE, déjà citée, « cette modification de l’usage de l’IVG s’inscrit dans un contexte d’évolution du statut des femmes». Les chiffres traduisent non pas un relâchement de la contraception, mais un changement de priorités. La réussite personnelle et professionnelle joue désormais un rôle capital dans la prise de décision. La contraception est d’ailleurs beaucoup mieux maîtrisée puisque le nombre de grossesses non prévues était de 47 pour 1000 femmes en 75 et de 33 pour 1000 femmes en 2000. L’ÉDUCATION À LA SEXUALITÉ TOUJOURS AUSSI SENSIBLE La loi de 2001 sur l’IVG a conduit à une modification du code de l’éducation. Désormais, « une information et une éducation à la sexualité sont dispensées dans les écoles, les collèges et les lycées à raison d’au moins trois séances annuelles et par groupes d’âge homogène » Art.22.L.312-16. La Direction de l’Enseignement scolaire a précisé en 2003 l’orientation de cette éducation à la sexualité en insistant sur ses « dimensions psychologiques, affectives, sociales, culturelles et éthiques » afin de lutter par exemple, contre les violences sexistes ou les grossesses précoces non désirées. Cette circulaire doit être mise en application par les professeurs et les infirmières scolaires. Les militantes d’associations (comme le planning familial) sont également invitées à intervenir dans les classes. Marie-Thérèse Gevrey, infirmière conseillère technique du Rectorat de Nice : « Les interventions sont axées sur les rapports sociaux et les rapports entre les jeunes, pas sur l’acte en luimême qui n’est qu’une manifestation de la sexualité, et qui résulte aussi parfois malheureusement d’une conception affligeante de l’autre sexe. » Le sexisme est très criant dans certaines classes de collège et de lycée. Il est indispensable de séparer les garçons et les filles pendant l’intervention. « Les jeunes filles d’origine étrangère notamment ne pourraient pas du tout s’exprimer, de peur que les camarades répètent aux « grands frères » qu’elles mènent une vie sexuelle ». Mais il est faux de croire que ces rapports violents ne concernent que les zones défavorisées. « C’est la violence omniprésente, celle de la ville qui entre dans les lycées. Les jeunes garçons ont un accès très facile à la pornographie et le désengagement parental se retrouve un peu partout. Et l’éducation à la sexualité relève d’abord de la mission des parents. L’école ne peut jouer qu’un rôle très secondaire. » 7 QUELQUES DATES 8 1810 : code Napoléon « Quiconque provoque l’avortement d’une femme enceinte avec ou sans son consentement (...) est puni de prison. » 1920 : adoption de la loi qui réprime la provocation à l’avortement et la propagande anticonceptionnelle. 1942 : l’avortement est déclaré « crime contre la sûreté de l’état » donc passible de la peine de mort ! (loi abrogée à la libération). 1956 : création de la « maternité heureuse » qui deviendra « Mouvement Français pour le Planning Familial », MFPF, en 1960. Mise au point de la pilule contraceptive par le Docteur Pincus, USA. 1967 : légalisation de la contraception par la loi Neuwirth avec des restrictions (autorisation parentale jusqu’à 21 ans et interdiction de toute publicité.) 1968 : déclaration des Droits de l’Homme des Nations Unies : « les couples ont le droit fondamental de décider librement et en toute responsabilité du nombre d’enfants qu’ils veulent avoir et du moment de leur naissance. » 1971 : parution dans la presse du manifeste des « 343 » qui avouent publiquement avoir avorté et demandent la légalisation de l’IVG ainsi qu’un libre accès aux moyens anticonceptionnels. Fondation du mouvement « Choisir ». 1972 : acquittement de Marie-Claire (jeune fille mise en examen pour avoir avorté suite à un viol) au célèbre procès de Bobigny. La loi de 1920 est de fait remise en question. 1973 : création du MLAC (Mouvement pour la Libération de l’Avortement et de la Contraception). Le MFPF commence à organiser des « voyages » en Angleterre pour les femmes qui veulent avorter. 1974 : première contraception gratuite. Les mineures y ont accès anonymement dans les centres de planification. 1975 : loi Veil à l’essai pour 5 ans. L’avortement est autorisé sous certaines conditions. 1979 : création de l’ANCIC. La loi Veil est adoptée définitivement. 1982 : remboursement de l’IVG par la Sécurité sociale. 1988 : autorisation et mise sur le marché de la RU486, permettant l’avortement médicamenteux. 1990 : résurgence des mouvements anti-avortement. Des commandos « assiègent » les hôpitaux. L’utilisation du RU486 est autorisée dans les Centres d’Interruption Volontaire de Grossesse. 1991 : création de la CADAC, Coordination Nationale d’Associations pour le Droit à l’Avortement et à la Contraception. 1993 : la loi Neiertz réprime l’entrave à l’IVG dans les hôpitaux. Dépénalisation de l’auto-avortement. 2001 : l’IVG est autorisée non pas jusqu’à 10 mais jusqu’à 12 semaines de grossesse (14 semaines d’aménorrhée.) Suppression de l’entretien obligatoire pré-IVG pour les femmes majeures. Les mineures peuvent se passer de l’accord parental à condition d’avoir l’aval d’un adulte de leur choix. L’obligation de réflexion de 7 jours est maintenue. L’avortement relève du code de la santé et non plus du code pénal (sauf l’avortement sans le consentement de la femme.) Suppression des quotas dans les cliniques. Jusque là, les IVG ne pouvaient représenter plus d’un quart des actes réalisés dans les établissements privés. (Elles étaient parfois refusées ou réalisées sous le nom de « curetage » et donc sousdéclarées et souvent plus chères...) 2004 : un décret fixe les conditions de l’IVG en ville (IVG médicamenteuse dans le cabinet du médecin). RENC DOCTEUR PATRICK PROVANSAL MEDECIN INSPECTEUR, CHARGE DE LA PERI-NATALITE A LA DRASS « LA CONTRACEPTION D’URGENCE EST UNE VRAIE SOLUTION POUR LIMITER LES IVG » Devant le très fort taux d’IVG en PACA (28% des grossesses y sont interrompues), le Docteur Provansal, préconise une meilleure accessibilité à la pilule du lendemain : « C’est une vraie solution d’autant plus que les effets secondaires sont moindres et qu’elle ne présente aucune contreindication ! ». Il s’agirait donc avant toute chose de mettre l’accent sur la seule alternative à l’IVG suite à un rapport non protégé. Cependant, sa promotion confronte la DRASS à un problème d’éthique commerciale. « La Norlévo est la seule sur le marché. En faire la publicité revient à faire celle du fabricant et le Ministère s’y oppose clairement. » La campagne d’information de l’existence de cette pilule du lendemain dernière génération se résume donc à la distribution de quelques affiches en pharmacie ou dans les maisons de jeunes, et des courriels... UNE NORLÉVO SOUS LE COUDE « C’est surtout les professionnels de la santé qu’il faut convaincre. Il faut que les médecins en parlent ! Le mieux serait qu’ils prescrivent systématiquement la Norlévo en même temps que la plaquette contraceptive. » Un oubli de comprimé ne se traduirait pas par la course en pharmacie ou pire, l’oubli de l’oubli : « Il n’est pas rare qu’un rapport non protégé ait lieu un samedi soir. Les pharmacies étant fermées le dimanche, pour peu que la personne n’y pense plus le lundi... Et parfois il est trop tard. » En effet, la pilule d’urgence doit être prise dans les 72 heures qui suivent le rapport mais son efficacité peut décroître alors jusqu’à 50%. L’idée d’une prescription systématique est soutenue par l’ensemble du groupe de travail de la commission péri-natale regroupant, entre autres, des responsables de la DRASS, du MFPF et de la Délégation régionale aux droits des femmes et à l’égalité. Cependant, la mise en application n’est pas gagnée. « La Sécurité sociale est réticente. Elle n’a pas à rembourser, dans le principe, un produit donné par anticipation » souligne le Docteur. Reste aux femmes la possibilité de prendre les devants et de se la procurer sans ordonnance... ONTRES BEATRICE BORGHINO CHARGEE D’ETUDES A LA DELEGATION REGIONALE AUX DROITS DES FEMMES ET A L’EGALITE LES RÉALITÉS SOCIALES ONT UN SEXE LES IDEES REÇUES QUI CONDUISENT AUX GROSSESSES NON DESIREES Catherine Gros, présidente de l’association régionale du MFPF, intervient dans les classes depuis plusieurs années. Elle est formelle. L’éducation à la sexualité dans les collèges et les lycées est fondamentale pour lutter contre les conceptions erronées que les jeunes ont de la contraception, les plus récurrentes étant : • “J’ai eu un rapport sexuel juste après mes règles, je ne me suis pas protégée puisque je ne risquais rien : l’ovulation a lieu le 14e jour du cycle !” • “Il s’est retiré avant d’éjaculer, donc on risquait rien.“ • “On a eu un rapport pendant mes règles, il n’y avait pas de risques de grossesse.” • “J’ai oublié ma pilule une fois, mais c’était en fin de plaquette, donc ça risquait plus rien.” • “C’était mon premier rapport sexuel, je ne pouvais pas tomber enceinte”. • “Je ne prenais pas la pilule parce que ça rend stérile (ou ça donne le cancer…).” • “Je ne craignais rien, j’ai pris une pilule juste avant le rapport.” « Bien sûr, il est impossible de savoir si les interventions en classe ont un impact direct sur les comportements des jeunes, explique-t-elle. On espère que la graine qu’on plante germera, que ce soit dans l’immédiat ou dans plusieurs années. Le temps du collège/lycée est le seul qui nous permet d’informer tous les jeunes. A 18 ou 20 ans, on ne les a déjà plus sous la main... » « On ne peut pas aborder les questions de santé, comme les autres d’ailleurs, de façon neutre. Il n’y a pas de neutre, il y a des gens, et ces gens “appartiennent” à un sexe/un genre… Et c’est encore plus vrai quand on parle de sexualité ou de contraception ». Pour cette chargée d’études, le premier des combats pour tendre vers une égalité hommes/femmes passe par une prise en compte du caractère sexué des réalités sociales. Elle rappelle qu’en 1995, à la Conférence mondiale des femmes de Pékin, il a été décidé d’appliquer le “mainstreaming de genre”, traduit en français par “approche intégrée de la perspective de genre”, une clé qui pourrait redonner une seconde vie au féminisme et faire de l’égalité des sexes l’affaire de tous, pas seulement celle du Ministère délégué à la cohésion sociale et à la parité. « Le principe en a été repris dans la Charte de l’égalité12. Au lieu de penser la politique en direction des femmes en dehors des autres questions, l’idée du mainstreaming est de dire qu’il faut intégrer cette politique d’égalité de façon transversale à toutes les thématiques examinées, si bien que, du coup, ce sont tous les ministères qui sont concernés ». Par exemple, on prend la thématique de la santé et on examine, côté femmes et côté hommes, comment cela se passe et ce qu’il faut faire pour parvenir à de l’égalité réelle . L’égalité ne serait plus restreinte à moins de quelques pourcentage du budget national... ! Elle concernerait toutes les politiques publiques ! « La première des choses à faire est d’inclure systématiquement des données sexuées dans les statistiques puis de réaliser des diagnostics différenciés selon le sexe/le genre . On ne peut pas se baser sur du « neutre » puisque derrière le neutre, il y a un modèle social masculin. En fonction de leur appartenance de “sexe”, les personnes n’ont pas les mêmes réalités, les mêmes besoins, le même vécu, les mêmes représentations… En partant de ce constat, on peut faire évoluer les choses. Prenez l’exemple de la transmission du VIH. C’est en tenant compte de la spécificité de chaque sexe que l’on a pu établir que si la femme contracte plus que l’homme le virus, c’est d’abord parce qu ‘elle a du mal à imposer le préservatif à son é de la nouveaut partenaire, et très rarement l’inverse.» Par définition, les quesprécise que no hi rg at Bo la sign ure Béatrice tions d’IVG et de contraception sont vécues différemment par les laboration et l’é ra se e (D R D FE )/ cette anné hommes et les femmes. L’application du “mainstreaming de ar ti te : Et at ip tr n o ti n tend ’u n e co n ve genre”, c’est-à-dire l’appréhension sexuée de ces sujets là, per, afin de s’en / MFPF PACA al on ion gi at Ré tu il si Conse mettrait déjà de ne plus en faire un domaine uniquement féminin. e de la yse commun al an e qui un ce r dre su ave en i est très gr qu , on gi ré n dési es, dans la ré LE NUMÉRO VERT : 0800 105 105 grossesses no de e br m no s comconcerne le là, des action de ir rt pa A Un changement de stratégie intéressant mais qui risque de metG. souteet donc d’IV décidées et tées seront er tre des années avant d’aboutir à des évolutions significatives... nc sà co et ss munes us réussi on aboutir, si no t ai vr Pour l’heure, la DRDFE met un point d’honneur à maintenir la de a en el augm tanues. « C e très nette un à , ut gratuité du numéro vert consacré aux questions de sexualité, de bo sposit ion aller jusqu’au rs mis à la di ie nc na fi s contraception et d’IVG. « C’est le seul de France à être complèteen pour le tion des moy ent Fr ançais du Mouvem ment gratuit ». L’accueil téléphonique est assuré par des membres ns io tout at ci (o so des as e femme u af in que tout , al des différents plannings familiaux de PACA et financé conjointeili m Fa , trouve une Planning notre région ns da nt ment par la DRASS, la DRDFE et le Conseil Régional. ta bi ves à ces couple) ha estions relati qu x au e ns po meilleure ré 12 Disponible sur : www.femmes-egalite.gouv.fr ». sujets N CONVENTIO E R U T U F E N U D’OBJECTIFS E L A N IO G É R 9 L’IVG EN EUROPE Si en 2001 la France s’est alignée sur la majeure partie des pays d’Europe en autorisant l’IVG à 12 semaines de grossesse, elle reste loin derrière l’Angleterre (24 semaines) ou les Paysbas (pas de délais mentionnés, IVG possible jusqu’à ce que le fœtus soit considéré viable). L’assouplissement des lois ne conduit pas à une augmentation des IVG, au contraire puisque le taux d’IVG y est plus faible. Aux Pays Bas, il est d’environ 7 femmes sur 1000 (contre 14 femmes sur 1000 en France). « Il est aujourd'hui scientifiquement établi que le taux d'IVG ne dépend pas de la loi. Il n'est pas plus bas dans les pays qui connaissent des lois restrictives que dans les pays dont la législation est libérale » explique le Dr Evert Ketting,13 sociologue hollandais, et spé- IVG : TÉMOIGNAGE DE CATHY, 32 ANS « Quand je suis tombée enceinte, mon copain s’est tout de suite opposé à ce qu’on garde l’enfant. L’intervention en elle-même s’est bien passée mais j’ai mal vécu l’échographie... et surtout la solitude que j’ai ressentie tout au long de cette épreuve. Mon copain n’est pas venu me chercher à ma sortie de l’hôpital alors qu’il était le seul des deux à vouloir vraiment que j’avorte. Ce n’était pas un refus de maternité mais de paternité. Et pourtant, lui, ça ne l’a pas beaucoup marqué ! » IVG interdite 10 cialisé dans les questions de la santé en matière de reproduction. L’Union européenne n’a pas encore permis une homogénéisation des lois. Malte a par exemple obtenu un protocole sur l’avortement dans son traité d’adhésion à l’Union européenne pour maintenir sa législation, c’est-àdire une illégalité absolue de l’IVG. La Pologne, le Portugal et Chypre ne tolèrent l’IVG que sur indication médicale et en cas de viol. L’Irlande la prohibe totalement, sauf en cas de danger pour la vie de la femme (incluant le suicide). Une hypocrisie politique qui pousse aux avortements clandestins ou à l’étranger. Des militantes du Planning Familial d’Europe et de Suède et d’autres associations ont rédigé conjointement un texte, véritable charte qu’elles ont intitulée « faire de l’avortement un droit pour toutes les femmes de l’Union européenne. » « On ne parle pas du droit des femmes à décider de leur corps. C’est trop controversé, trop tabou, s’indignentelles. Dans l’Union européenne, l’avortement est considéré comme une question privée dont la gestion revient à chaque pays(...). Ce silence détruit la vie des femmes dans les pays où il est interdit... Alors que c’est avant tout une question de santé publique (...) La législation de l’Union européenne est construite sur le respect des droits humains et la non-discrimination. Interdire ou restreindre l’accès à un aspect spécifiquement féminin de la santé est une forme de discrimination de genre (...). Le droit des femmes de décider est à la base de l’égalité si l’on veut sérieusement rendre le monde plus juste pour les femmes (...) ». Le 18 octobre dernier, elles intervenaient à l’audition publique du Parlement européen pour soumettre leur texte et tenter de faire de la dépénalisation de l’avortement un principe commun dans toute l’Europe. 13 Source : USPDA : union suisse pour décriminaliser l’avortement délai < 12 semaines délai de 12 semaines délais > 12 semaines Chypre, Irlande, Malte Pologne, Portugal Slovénie (10 semaines) Allemagne, Autriche, Belgique, Danemark, Espagne (avec prolongement des délais pour raisons sociales ou médicales), Estonie, Finlande, France, Grèce, Hongrie, Lettonie, Lituanie, Luxembourg, République tchèque, Slovaquie, Italie (90 jours). Angleterre (24 semaines), Pays-bas (pas de délais mentionné dans la loi), Suède (18 semaines) IVG entièrement prise en charge par l’Etat IVG partiellement prise en charge par l’Etat IVG prise en charge soit par l’Etat, soit par la femme IVG entièrement prise en charge par la femme Suède, Danemark, Italie, Luxembourg (Sécurité sociale), Pays-bas, Belgique, Estonie, Finlande, France (Sécurité sociale à 80%), Grèce Slovaquie, Allemagne, Angleterre, Autriche, Espagne, Hongrie, Lituanie, République Tchèque Slovénie, Lettonie UN OUTIL POUR DEBATTRE « Je suis partie du paradoxe suivant : l’IVG est pour beaucoup de gens un sujet dépassé. Pourtant on a toujours autant de mal à en parler librement. » Bat Sheva Papillon, membre de l’association 14 Tiresias à Marseille a participé en 2003 à la conception d’un outil de discussion sur la thématique des grossesses non prévues. Il s’agit d’un CD recueillant une douzaine de témoignages. Des femmes expliquent pourquoi elles ont décidé d’avorter. « Le but est d’ouvrir le débat et c’est ce qu’il y a de plus difficile en matière de contraception ou d’IVG. C’est l’occasion d’aller un peu plus loin, de parler de normes sociales, d’attitudes ou d’émotions contradictoires... de sexualité en somme.» Cet outil est destiné aux associations qui travaillent sur l’éducation à la sexualité et la prévention des grossesses non désirées. 14 Association de recherche sur le genre et la sexualité. 04.91.64 .68.28. CD réalisé avec l’association Vis-à-vis en Rhône-Alpes Quelques phrases... CONTRACEPTION Les trois lois de la contraception par Martin Winckler : 1. « Toute méthode vaut mieux que pas de méthode du tout. » 2. « La meilleure méthode, c’est celle que la femme choisit en connaissance de cause. » 3. « La sexualité change avec la vie, la contraception aussi. » IVG « L’obligation d’enfanter est inacceptable du point de vue éthique. » Andrea Arz de Falco, théologienne catholique à Zurich. « Ce serait plus facile si on devait prendre la pilule pour faire des bébés et pas l’inverse » Karine, 13 ans. ORGANISATION MONDIALE DE LA SANTÉ : L’OMS, dans son programme d’actions de la conférence internationale de Beijing de 1995, affirme « le droit fondamental pour tous les couples et toutes les personnes de décider librement et avec sérieux de la façon dont ils fonderont leur famille (nombre d’enfants, délai entre chaque grossesse, moment choisi pour la grossesse) et de disposer des renseignements et moyens pour y arriver, ainsi que le droit de bénéficier des meilleurs suivis de santé sexuels et génésiques possibles ». QUELQUES CHIFFRES • 40% des femmes ont recours au moins une fois dans leur vie à l’IVG. • L’IVG fait suite à un échec de la contraception une fois sur deux. • Les mineures qui avortent sont plus susceptibles que les autres de recourir plusieurs fois dans leur vie à l’IVG. • Chaque année, on dénombre environ 400 000 grossesses non désirées par an chez les adultes (dont 50 % se soldent par une IVG) et 10 000 chez les adolescentes (dont 60 % aboutissent à une IVG). • Dans la région PACA le nombre d’établissements pratiquant les IVG a fortement diminué depuis le début des années 90 : on comptait 80 établissements pratiquant des IVG en 1991 contre 54 en 2003. • La France se situe parmi les pays d’Europe occidentale qui ont les taux d’IVG les plus élevés, soit 14 IVG pour 1000 femmes (moyenne dans l’Union européenne : 10,4 pour 1000). • En PACA, le taux d’IVG est nettement supérieur à la moyenne nationale : 19 IVG pour 1000 femmes. C’est la troisième région de France à connaître un taux aussi important (après la Corse et l’Ile-de-France) (Sources : rapport Nisand et rapport de l’ORS PACA 2005) 11 IVG Les textes sacrés originels des religions monothéistes sont hostiles à la pratique des avortements volontaires et ce pour deux raisons. Tout d’abord, parce qu’ils ont vu le jour à une période de l’histoire durant laquelle le taux de LE MFPF DE VAUCLUSE, PAR LA VOIX DE JEANNINE LANGLEUR, S’ALARME : « Un mois déjà que l’hôpital public de Pertuis ne pratique plus d’IVG ! mortalité infantile était élevé et la vie humaine une force pour le développement des communautés. Ensuite parce que la fonction maternelle des femmes prédominait sur toutes les autres dans la caractérisation de leur genre et qu’un contrôle volontaire de leur fécondité remettait en question leur place sociale. La raison officielle : le manque d’anesthésiste. Est-ce vraiment la seule, alors que les IVG médicamenteuses sont également arrêtées ? La crainte de la fermeture de la maternité n’en est-elle pas une autre raison ? Quoiqu’il en soit, les femmes doivent aller à l’hôpital public d’Aix en Provence. ECHOS d’EUROPE Dans le numéro 27 d’Agor’elles, nous vous donnions l’occasion de gagner la BD « les Eaux Blessées», éditée par le Parlement Européen. Il suffisait de nous donner le nom des 3 Présidentes de la République en Europe : Vaira VIKE FREIBERGA, Présidente de Lettonie, Mary McAlesse, Présidente d’Irlande et Tarja Halonen, Présidente de Finlande. Et des trois Reines régnant aujourd’hui en Europe, à savoir : Elisabeth II d’Angleterre, Béatrix des Pays Bas et Margareth II du Danemark. A Avignon, il manque deux médecins, et les demandes d’IVG sont orientées vers le privé ! » Quelle valeur notre société donne-telle à ce droit, si chèrement acquis, si elle ne garantit pas à chaque femme l’assurance de pouvoir l’exercer ? Le nom des gagnant-e-s : Françoise BAYLE, Colette BOURRIER-REYNAUD, MarieClaire BYTNIEWSKI, Lucie CECCHINI, Jocelyne COHEN, Sabine FINCATO, Martine FOSSARD, A.K. GAUTRAT, Mireille GAVARRY-PONZO, Marie-Christine LIENARD, François SCARAMOZZINO, Marie-Hélène TOURON, Théo VERGNON, Germaine WATINE. 1975-2005 : L’ACTION DU GRAIF S’INSCRIT DANS LA DURÉE Plus qu’un anniversaire, ces 30 ans témoignent de la volonté politique de la Région en faveur de l’égalité entre femmes et hommes et du dynamisme de l’association qui a su faire évoluer ses objectifs et ses actions. Plus que jamais, le GRAIF a la volonté de : • Faire connaître l’axe « égalité » inscrit dans la politique de la Région Provence Alpes Côte d’Azur et dans le Contrat de plan Etat-Région, • Etre une « maison » ouverte aux associations de la région : lieu d’information, de réflexion et de propositions, • Etre un outil technique pour proposer un état des lieux des besoins des femmes, • Constituer un relais d’information entre les pouvoirs publics, les associations et le public, afin de promouvoir et de mettre en œuvre des actions en réponse aux besoins exprimés, • Réaliser, susciter ou soutenir des initiatives améliorant la vie des femmes. Pour recevoir régulièrement Agor’Elles, contactez le Graif. (1,20 € au numéro, 5 € pour l’abonnement annuel) Vous pouvez également le télécharger à partir de notre site. 12 Agor’elles - le bulletin bimestriel du Graif - Octobre 2005 Directrice de la publication : Aline Vergnon-Bondarnaud Comité de lecture : Luce Caillol, Lina Chocteau, Françoise Fanton Journaliste : Diane Dorelon - Dessins : Emmanuel Watremez Réalisation : l’Estampille Provençale : 04 95 04 54 10 125, Bd Camille Flammarion - 13004 Marseille Dépôt légal : 28/04/2003 - N° ISSN : 1631-8323 Immeuble CMCI 2, rue Henri Barbusse 13241 Marseille cedex 01 Tél. : 04 91 99 00 13 Fax : 04 91 99 09 69 Courriel : [email protected] Site internet : www.graif.fr