graif n30

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N°30
1,20 €
Octobre 2005
Edito
Pendant des millénaires, le
contrôle de la maternité fut
affaire d’hommes. Les femmes
avaient comme seule fonction
celle d’être mères.
Légitimé par les préceptes
bibliques, le devoir d’enfanter
confortait chaque sexe dans
une fonction bien définie. Les
femmes, cantonnées aux tâches
domestiques et à l’éducation des enfants, n’avaient
guère le temps, contrairement aux hommes,
d’accéder aux affaires publiques...
Depuis, et grâce aux mouvements féministes,
les femmes ont repensé leur sexualité,
c’est-à-dire choisi de la vivre d’abord
pour elles-mêmes et non dans la
crainte d’une grossesse... Mais cette
“égalité sexuelle” a été l’occasion de
ressortir des placards les théories
anciennes sur la nature “frivole” des
femmes. Sans “la peur au ventre”,
elles allaient devenir “adultères” ou
“libertines”... Des mots désuets
aujourd’hui mais remplacés par
d’autres ! En 1990, à la mise sur
le marché de la pilule du lendemain,
les arguments des opposants étaient
les mêmes qu’en 1967 : “Elles vont faire
n’importe quoi !”.
En 2005 encore, il n’est pas simple de faire bouger
les mentalités, même chez les professionnels.
Un exemple ? La loi stipule que les pharmaciens doivent
délivrer gratuitement et anonymement la pilule
du lendemain aux mineures. Pourtant, beaucoup
d’officines ne le font pas !
Dans la vie publique aussi, l’évolution est lente et
la misogynie évidente quand un homme politique,
réfractaire à la candidature de Ségolène Royal aux
fonctions suprêmes, argumente : “la Présidence de la
République n’est pas un concours de beauté” et qu’un
autre s’inquiète de “qui va garder les enfants ?”.
La société reconnaîtra-t-elle un jour aux femmes le droit
de choisir et d’envisager toute carrière, toute ambition,
toute destinée… ?
Contraception
et IVG :
un droit,
des choix !
Depuis 1967, la pilule n’est plus illégale en France... Difficile d’imaginer qu’il y a encore quarante
ans, maîtriser sa maternité
était puni par la loi.
Aujourd’hui, la contraception est accessible
à toutes et à tous,
mais son “hyper-médicalisation“ peut parfois
donner aux femmes le
sentiment de ne pas
avoir le choix de la
méthode. Seuls trois
moyens anticonceptionnels,
à savoir la contraception hormonale (pas toujours acceptée
par les femmes), le stérilet (sous
conditions), et le préservatif (pas toujours accepté par les hommes), sont réellement proposés et promus... Un véritable problème,
souvent éludé, qui conduit à de nombreuses grossesses non prévues.
En effet, en France, près de 100000 IVG sont dues, chaque année,
à une contraception mal adaptée. Par ailleurs, les tabous qui
pèsent encore à l’heure actuelle sur l’avortement, ainsi que son
statut médical différent, en font toujours un acte à part. S’ajoute à
cela un questionnement nouveau. Quelle est la place de l’homme
dans tout ça ? Et si la contraception pouvait être réellement une
affaire entre deux partenaires, plus qu’une affaire de femme ?
“L’émancipation des femmes commence
au ventre”
Aline VERGNON-BONDARNAUD
Présidente du GRAIF
Simone de Beauvoir
UNE CONTRACEPTION EFFICACE
EST UNE CONTRACEPTION
CHOISIE
La pilule est la méthode contraceptive
la plus utilisée. Elle n’est plus taboue,
les médecins la prescrivent quasi-systématiquement aux jeunes filles, mais
elle ne convient pas à toutes les femmes. En 2000, 60,8% des femmes de 20
à 44 ans ayant une contraception y
avaient recours.
Pourtant, plus les années passent, plus
les femmes s’en détournent. Les 20-24
ans (ayant des relations sexuelles et ne
désirant pas d’enfant) sont 68% à choisir la pilule. Les 30-34 ans ne sont plus
que 43,8%1. Des chiffres qui s’expliquent d’abord par le « passage » au stérilet mais pas seulement !
« Une jeune fille qui commence la
pilule à 16 ans en est lassée à 30. Si ma
génération était pro-pilule, la nouvelle
en ressent plus vite les contraintes
(prise quotidienne, contrôles sanguins,
visites médicales) », commente Nicole
Roussel, du Mouvement Français pour
le Planning Familial (MFPF).
LE RAS-LE-BOL DU COMPRIMÉ
À HEURE FIXE
2
Il a été entendu puisque aujourd’hui
sont commercialisés patch, anneau
vaginal et implant, qui dispensent les
femmes d’une gestion quotidienne de la
contraception. L’implant, par exemple,
évite les effets secondaires les plus
reprochés aux pilules œstro-progestatives (problèmes circulatoires notamment), mais peut en provoquer d’autres
(règles irrégulières, nausées). Une victoire qui ne répond donc pas à tout !
« Pour les femmes jeunes qui ont vécu
leur sexualité à l’heure de la contracep-
tion moderne, les contraintes liées aux
effets secondaires et à la médicalisation apparaissent d’autant moins
acceptables que les conditions d’exercice de la sexualité sont aujourd’hui
très différentes de celles qui prévalaient
dans les années 70 » expliquent les
sociologues de l’INSERM2.
La réticence hormonale de certaines
jeunes femmes d’aujourd’hui risque de
gagner
demain
leurs
cadettes
puisqu’elle s’inscrit en plus dans un
esprit « bio » de plus en plus répandu.
« Le droit au bien-être sexuel apparaît
aujourd’hui légitime et peut conduire à
ressentir la prise d’une contraception
hormonale comme une contrainte antinaturelle » poursuivent les sociologues. « D’autant plus que se développe
une conscience globale des enjeux
écologiques à tous niveaux. Les recherches en matière de contraception qui
visent à la seule amélioration des
contraceptifs existants n’ont pas tenu
compte de ces nouveaux enjeux. »
PEU D’ALTERNATIVE
Bien entendu, du côté des médecins,
c’est l’efficacité maximale qui prime,
d’où la forte prévalence de la contraception hormonale. Seulement, si la
pilule est mal vécue, elle sera plus propice aux oublis ! Valérie Gelin, animatrice de prévention au Mouvement
Français pour le Planning Familial de
Marseille va plus loin : « L’efficacité
n’est pas la même pour les femmes qui
acceptent la pilule et pour celles qui la
subissent! » Martin Winckler (auteur
de La maladie de Sachs et médecin
spécialisé dans les questions de sexualité et de contraception) fait le même
constat : « L’efficacité "théorique"
d’une méthode compte moins que le
choix et l’acceptation par la femme, en
connaissance de cause. Une pilule
qu’on ne tolère pas ou qu’on oublie est
moins efficace qu’un diaphragme
qu’on utilise bien... »
A l’heure actuelle, la contraception
hormonale est la seule proposée aux
françaises sans enfant3. Le stérilet,
même s’il existe pour les nullipares, est
souvent soumis au veto des gynécologues qui redoutent un risque d’infec-
tion. En 2000, seules 0,9% des 20-24 ans
et 7,5% des 25-29 ans utilisaient un stérilet ! Les méthodes « barrière », type
spermicide ou diaphragme, considérées comme trop peu fiables d’un
point de vue statistique sont, elles
aussi, rarement proposées.
LA PLUPART DES IVG DUES
À UNE CONTRACEPTION
INADAPTÉE
« La meilleure contraception est celle
qu’une femme choisi en connaissance
de cause, insiste Martin Winckler. Des
études récentes montrent que la plupart des grossesses non désirées - qui
se soldent par 203.000 IVG annuelles4ont pour cause les informations insuffisantes ou inappropriées délivrées par
des médecins qui ne connaissent que
la pilule contraceptive et rejettent les
méthodes plus sûres que sont le dispositif intra-utérin (DIU ou stérilet), l’implant contraceptif et les progestatifs
injectables !5»
Situation contraceptive
des femmes au moment
de la conception ayant donné
lieu à une IVG (France)
Situation contraceptive
%
pas de contraception
pilule
préservatif
méthodes naturelles
stérilet
autres méthodes
total
28,1
23,1
19,3
19,1
7,0
3,4
100
Source : enquête Cocon 2000
(réalisée avec le soutien de l’INSERM, l’INED
et le laboratoire Wyeth-Lederlé)
1 Enquête Cocon-2000, INSERM/INED
2 De la contraception à l’avortement. Sociologie des
grossesses non prévues. Nathalie Bajos, Michèle
Ferrand et l’équipe Giné. INSERM (Institut National de
la Santé et de la Recherche Médicale)
3 Voir l’article de Winckler : l’ignorance criminelle des
médecins Nouvel observateur 29/01/04
4 Enquête sur les chiffres 2003. Direction de la
Recherche des Etudes de l’Evaluation et des
Statistiques. Parution : octobre 2005
5 Médecins sous influences, le Monde Diplomatique,
janvier 2003
PANORAMA DE LA
CONTRACEPTION
LA CONTRACEPTION LOCALE
LA CAPE CERVICALE :
Sexuellement Transmissibles (IST) (Prix
moyen : 5 à 10 euros les 12).
Petite membrane incurvée (22 à 31 mm)
de silicone ou de latex à enduire de
spermicide avant de la placer sur le col
de l’utérus. Apprentissage nécessaire
de la mise en place. A retirer au plus tôt
8 heures après le rapport. Bien entretenue, se conserve 2 ans. Le problème :
obtenir une prescription. Très peu de
praticiens français connaissent la
méthode et aucune formation en
faculté de médecine ! (De 30 à 50
euros. Prescription obligatoire).
LE DIAPHRAGME :
Membrane de silicone ou de latex, (55 à
95 mm de diamètre). Il est maintenu par
une bague et se place au fond du vagin. Il
s’utilise avec une crème spermicide.
Durée de vie : 2 ans. Très difficile d’obtenir une prescription, pourtant obligatoire. Mise en place facile (De 28 à 40
euros).
LES SPERMICIDES :
Existent sous trois formes : crème, ovule
et éponge et se placent au fond du vagin.
La crème et l’ovule doivent être appliqués plusieurs minutes avant le rapport.
L’éponge n’a pas cette contrainte et est
reconnue comme plus efficace (agissant
en plus elle-même comme une barrière).
Il est déconseillé de se laver 2 heures
avant et 6 heures après le rapport.
L’efficacité varie entre 74 et 94%. (Sans
ordonnance. Prix moyen des ovules :
8 euros les 12. Prix moyen des éponges :
12 euros les 6. Prix moyen d’un tube de
crème : 8 euros).
LE PRÉSERVATIF MASCULIN :
Il protège en plus des Infections
LE PRÉSERVATIF FÉMININ :
Comme le préservatif masculin, protège des IST. Avantage : peut se placer
plusieurs heures avant le rapport. Il est
muni de 2 an-neaux flexibles : un petit
qui se « cale » lors du rapport au fond du
vagin, et un plus large qui reste à l’extérieur. Aussi efficace que le préservatif
masculin,
voire plus puisqu’il
n’est pas nécessaire de le retirer
immédiatement
après le rapport.
(Prix moyen : 2
euros l’unité).
LE STÉRILET OU DIU (dispositif intra-utérin)
Il mesure environ 3 cm une
fois
déplié.
Durée : 3 à 5
ans. La pose
est
parfois
légèrement
douloureuse
pour les nullipares. Le stérilet « se fait oublier » mais
peut entraîner des règles plus longues.
Il existe aussi un stérilet hormonal.
(Prix : autour de 30 euros, remboursé
partiellement par la sécurité sociale.
Compter en plus la pose).
LA CONTRACEPTION
HORMONALE (efficacité maximale
si prise correctement)
LA PILULE
Forme la plus courante des contraceptions hormonales. Il en existe beaucoup
mais les remboursées sont rares.
Eventuels effets indésirables : problèmes
veineux, baisse
de la libido,
prise de poids,
e t c . . .
Il en existe à
progestatif
s i m p l e
(préconisées
chez les grandes fumeuses, en cas d’hypertension ou de diabète), à prendre à
heure fixe, qui occasionnent parfois des
saignements
pendant
le
cycle.
Prescription médicale obligatoire. (Prix
moyen : 10 euros la plaquette mensuelle).
L’IMPLANT
Bâtonnet (4cm de long et 2 mm de diamètre) que le médecin insère sous la
peau du bras. Peut être conservé 2 à 3
ans. (Prescription médicale obligatoire.
Remboursé).
L’ANNEAU VAGINAL
Même principe : il libère les hormones
au fil des jours et l’utilisatrice le place
elle-même au début de chaque cycle. Il
reste au fond du vagin 3 semaines et se
change tous les mois. Il contient oestrogène et progestérone et n’est pas
remboursé. (Prescription médicale
obligatoire. Prix : environ 40 euros
pour trois mois).
LE PATCH
S’applique sur le haut de la cuisse et
reste collé la semaine. A changer tous
les 7 jours pendant 3 semaines et une
semaine sans patch. Il contient oestrogène et progestérone. (Prescription
médicale obligatoire. Prix : environ 40
euros pour trois mois, non remboursé).
L’INJECTION
Un progestatif en injections mensuelles
existe. Mais on lui attribue des effets
secondaires d’ordre psychologique. En
France, il est très peu proposé, contrairement au Canada par exemple.
LA PILULE DU LENDEMAIN
Elle se prend après un rapport non protégé. La pilule Norlévo (seule sur le marché) est un progestatif simple qui s’administre en une seule prise. Plus tôt elle est
administrée, plus grande est son efficacité (95% dans les 12 heures et 50% dans
les 72 heures). La loi impose aux pharmaciens de la délivrer gratuitement aux
mineures. (Prix : 7,60 euros. Remboursée
si ordonnance).
3
RETOUR
DIFFICILE DU
DIAPHRAGME
EN FRANCE
Si diaphragme et cape cervicale
sont largement répandus en
Amérique du Nord et en
Angleterre, nombreuses sont
les Françaises, notamment les
jeunes, à en ignorer l’existence.
Le diaphragme, depuis les années
80, n’était plus commercialisé en France.
Le marché, pas assez rentable, n’intéressant pas les
fabricants, celles qui tenaient à ce mode de contraception devaient se rendre à Londres ... Depuis
février 2005, une société bordelaise5 s’est lancée
dans la commercialisation de la cape cervicale et
du diaphragme « génération 2000 ». « Ces méthodes n’ont pas vocation à remplacer la pilule, explique Gilles Moreau, le responsable. Elles concernent plutôt les femmes qui en ont assez d’avaler
des hormones et qui aspirent à quelque chose sans
effets secondaires. Mais son efficacité nécessite la
maîtrise de sa manipulation et il faut en tenir
compte au moment du choix de la contraception ».
CONTRACEPTION ET IVG : DEUX HEURES
DE FORMATION EN FACULTE DE MEDECINE
Diaphragmes et capes sont utilisés par moins de 0,5% des femmes ne souhaitant pas de grossesse. « Les médecins eux-mêmes ne connaissent pas
bien le sujet ! Je vends mon jeu de diaphragmes seulement 32 euros aux professionnels ! poursuit-il. Mais j’ai un mal fou à les convaincre d’investir.»
« On se mord la queue, s’indigne Catherine Gros, Présidente régionale du
MFPF. Moins on en parle, moins les praticiens savent faire... Et vice-versa. »
Pourtant, la prescription médicale est indispensable (art. L5134-1 du code de
la santé7) ! A l’heure actuelle, l’orthogénie se résume à un créneau de deux heures en faculté de médecine ! La pose du diaphragme y apparaît comme « décalée» à l’heure d’une hyper-médicalisation de la contraception. « On subit
une politique du risque zéro qui se traduit par la promotion exclusive de la
pilule ou du préservatif. C’est absurde. Le risque zéro n’existe pas. Et la cape,
c’est tout de même mieux que le retrait ! », poursuit Catherine Gros.
« Quand on en parle aux politiques, ils répondent qu’un
pays riche comme la France ne peut se contenter de moyens
de contraception dont le « taux d’efficacité » est plus faible
que celui de la pilule, renchérit Nicole Roussel, militante au
MFPF. Le Ministère de la santé oublie que chaque femme vit
une sexualité différente et qu’une méthode ne peut pas
convenir à tout le monde et à tous les moments de la vie. »
Des médecins aimeraient pouvoir prescrire le diaphragme,
comme le Docteur Sophie Eyraud, membre du conseil d’adCatherine GROS
ministration de l’ANCIC8 et responsable d’un centre d’interruption de grossesse en région parisienne. « On ne peut pas enseigner la
pose du diaphragme aux médecins puisque les hôpitaux n’en disposent pas.
C’est dommage car c’est une alternative qui peut convenir à beaucoup de
femmes, à condition qu’elles soient à l’aise avec leur corps. »
PUDEUR LATINE
LA PATERNITE
HEUREUSE
4
Où en est la contraception masculine ? En
dehors du préservatif ou du retrait, peu d’avancées... L’idée d’un contraceptif hormonal pour
hommes fait tout de même son chemin.
Plusieurs laboratoires travaillent sur le projet
pour tenter de concevoir la fameuse « pilule » et
des scientifiques australiens ont annoncé avoir
mis au point un contraceptif masculin efficace et
réversible. En France, si l’industrie et les politiques craignent le manque de rentabilité de ce
type de contraception, les jeunes seraient plutôt
demandeurs. « Toutes les études entreprises sur
ce thème révèlent qu'il existe des hommes prêts
à partager le fardeau de la contraception à l'intérieur des couples stables », expose le Docteur
Bernard Jégou, Directeur de recherche à
l’INSERM. Car, si les femmes peuvent décider de
leur maternité, les hommes peuvent avoir la sensation de subir parfois leur paternité... Reste à
savoir si les femmes accepteront de déléguer
une responsabilité dont elles supporteraient
seules les manquements et si le corps médical
suivra. « Je ne me vois pas engager ma responsabilité et prescrire la pilule à un homme puisqu’il
ne risque pas lui-même d’être enceinte, explique
une docteure de Grasse. Ce n’est plus une question d’avancée en matière d’égalité mais un problème purement médical. » Vaste débat.
A suivre...
En effet, toutes les femmes ne sont pas prêtes à assumer la manipulation du
diaphragme ou de la cape. « Ces méthodes s’adressent aux femmes qui ne
font pas de complexe avec leur intimité. Paradoxalement, beaucoup acceptent que le partenaire touche leur vagin mais s’interdisent de le faire ellesmêmes, notamment les jeunes-filles, explique Gilles Moreau. Dans les pays
latins, les femmes sont davantage pudiques que dans les pays de culture
anglo-saxonne. »
Martin Winckler confirme : « L’utilisation est plus importante en Angleterre
et en Amérique parce que le rapport au corps n’y est pas "culpabilisé"
comme il le fut, dans les pays latins - dont la France - par la religion catholique. Le diaphragme est une méthode très efficace quand on s’en sert correctement ! »
Certes... mais le combat est loin d’être gagné et le marché de la cape et du
diaphragme remis à l’ordre du jour en France est encore incertain.
6 BIVEA. 3, place du
Chaperon rouge. 33600
Pessac. 05.57.26.09.00.
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7 Article L5134-1 du
code de la santé :
« Les sages-femmes sont
habilitées à prescrire les
diaphragmes, les capes,
ainsi que les contraceptifs
locaux. La première pose
du diaphragme ou de la
cape doit être faite par un
médecin ou une sagefemme »
8 Association Nationale
des Centres d’Interruption
de grossesse et de
Contraception.
CONCESSIONS
INTIMES
« Il faut être deux pour « tomber »
enceinte ! » rappelle ironiquement Nicole
Roussel, du MFPF. Le rapport à la sexualité
de chacun des partenaires et leur capacité de communication sont des facteurs
qui jouent considérablement sur la prise
de risque ! Dans la conclusion de la
recherche sur la contraception et l’avortement menée par l’INSERM en 2002, il
est établi que nombre de grossesses non
désirées sont dues au refus des hommes
d’utiliser une contraception. «Malgré la
demande explicite des femmes, leur partenaire a refusé d’utiliser le préservatif ou
de pratiquer le retrait. La grossesse non
prévue apparaît ici liée à la priorité, accordée aussi bien par la femme que par
l’homme, au plaisir sexuel masculin. Ces
situations s’inscrivent au cœur des rapports sociaux de sexe, et renvoient à la
domination masculine. » Il n’est pas rare
que les femmes fassent des concessions
pour faire plaisir à leur partenaire: soit en
acceptant le rapport sans en ressentir
l’envie, soit en tolérant son refus d’utiliser
le préservatif, soit devant le fait accompli
si le retrait est « oublié ».
La contraception est une affaire de couple à
partir du moment où, pour l’homme
comme pour la femme, les désirs de chacun
ont la même valeur.
L’IVG ENCORE TABOUE
Trente ans après la loi Veil, l’interruption volontaire de grossesse
suscite toujours des polémiques.
L’accessibilité à la contraception
et sa diffusion servent souvent de
justification aux positions antiIVG... Difficile d’échapper aux
idées reçues : « Les IVG sont la
suite logique d’une négligence de
la contraception »... ou pire « de
l’insouciance des femmes », le
tout accompagné de « Avec tout
ce qui existe aujourd’hui ! ». Malgré le rapport du Professeur Nisand (1999)
qui établissait clairement que « la légalisation de l’avortement n’a pas
entraîné sa banalisation, pas plus qu’elle n’a conduit au relâchement de la
contraception », les idées préconçues perdurent. Si la loi s’est assouplie
(l’IVG relève du code de la santé et non plus du code pénal depuis 2001),
les mentalités, elles, ont du mal à évoluer.
DÉDRAMATISER L’IVG
« Les femmes font plein de choix difficiles dans leur vie, et des choix plus
lourds que celui d’avorter, commente Nicole Roussel. Il faut arrêter de dramatiser l’IVG. Avoir un enfant dans de mauvaises conditions aussi peut
laisser des séquelles ! » Il ne s’agit pas de nier les souffrances qu’elle peut
impliquer, mais de ne plus la considérer comme un acte honteux. Pour y
parvenir, peut-être faut-il d’abord changer de regard sur la sexualité. En
effet, aujourd’hui encore, les femmes qui ont recours à l’IVG se sentent
soumises à un jugement social hérité des traditions judéo-chrétiennes.
Celles qui avortent alors qu’elles ont un partenaire fixe et une contraception sont, dans l’inconscient collectif, moins « coupables » que celles qui
DES JEUNES SE CONFIENT...
BILAL, 20 ANS, EN BTS
DE COMMUNICATION
ET PASSIONNÉ DE VOYAGES
HUMANITAIRES :
Marcher sur des oeufs...
Les garçons de
ma génération ne
s’occupent pas
trop de la contraception de leur
copine. C’est un
sujet délicat. On
ne sait pas si on
doit s’en mêler...
On ne veut pas être indiscret. Mais il y a
aussi des garçons qui ne s’en occupent
pas par égoïsme !
Préservatif : difficile mission
J’ai beau avoir 20 ans, je suis toujours
aussi gêné quand il faut que j’achète des
préservatifs.
JULIE, 25 ANS, COMÉDIENNE
ET ÉTUDIANTE EN LETTRES :
Redonner la cote au préservatif
Le préservatif ne
pose pas problème ni à mon
copain ni à moi.
Beaucoup de jeunes y voient un
« tue-l’amour », ce
n’est pas comme
ça que je vois les
choses. Je vis la mise du préservatif
comme un jeu, avec de la complicité.
Hou hou, les garçons !
J’ai des amies qui prennent la pilule et
qui culpabilisent à l’idée de demander
à leur copain de mettre un préservatif
quand elles ont un souci gynéco. La
contraception est vraiment considérée
comme un problème féminin et les
garçons en profitent sans en subir les
inquiétudes. Peu d’entre eux pensent à
rappeler à leur copine l’heure du comprimé ou participent à l’achat des plaquettes.
VIRGINIE, 23 ANS, ÉTUDIANTE
EN SCIENCES POLITIQUES :
Ca coûte cher de ne pas « tomber
enceinte » !
Ma plaquette coûte 13 euros par
mois. Elle n’est pas remboursée par
la sécu mais je n’en supporte aucune
autre. C’est scandaleux que certaines
pilules soient entièrement à la charge
des femmes !
C’est un gros problème de payer
autant. Je suis
sûre que certaines filles prennent des risques
à cause de ça !
5
ont plusieurs partenaires et qui ont
déjà avorté ! Dans son rapport, le professeur Nisand9 fait état d’avortements
« à la tête » de la patiente : « Certains
médecins gardent le sentiment que
c’est à eux d’octroyer le droit à l’avortement, voire de choisir les femmes
qu’ils acceptent d’avorter (refus médical pour les patientes ayant déjà un ou
plusieurs avortements dans leurs antécédents.) » Il est difficile de chiffrer
précisément le nombre d’IVG refusées
(et donc laissées à la charge d’un autre
médecin) pour ce seul motif, puisque
la clause de conscience évite en ellemême toute forme de justification.
UNE CONTRACEPTION,
MÊME LA MEILLEURE,
NE FAIT PAS TOUT
L’information, même excellente, ne peut
prévenir ni du désir inconscient de grossesse, ni d’événements - perte d’emploi,
séparation du couple - qui ont une incidence sur la décision des femmes. Même
en imaginant une contraception sans
contraintes et 100% efficace – ce qui
n’existe pas - les demandes d’IVG
seraient inévitables. Une grossesse initialement désirée peut ne plus le rester et
vice-versa. « C’est une question tellement intime que personne n’est en
mesure d’anticiper sa réaction, expose
Catherine Gros. J’ai rencontré de fermes
opposantes à l’IVG, qui, une fois devant
la situation, se sont surprises ellesmêmes en décidant d’avorter, et le
contraire se vérifie également. »
L’IVG MARGINALISEE
DANS LES SERVICES
DE SANTE
L’IVG est le seul acte dont la réalisation nécessite une déclaration et le respect
de délais pour ne pas être illégal. C’est le seul acte qui peut être refusé par les
praticiens (en invoquant la clause de conscience). La pénurie de médecins disposés à pratiquer l’IVG ne cesse de s’aggraver. Le professeur Nisand explique :
« C’est une activité très peu valorisée aux yeux des médecins. Ils rencontrent de
surcroît des problèmes de statut dans les hôpitaux où les activités « nobles »
sont faites par les hospitaliers plein temps. Les IVG sont reléguées à des vacataires dont c’est la seule fonction hospitalière. » La docteure Sadya Aïssaoui, gynécologue et militante, complète : « A l’heure actuelle, une coloscopie rapporte
plus qu’une IVG. Quand on sait que l’acte a mauvaise réputation et que sa cotation est minime, on peut expliquer facilement la réticence des médecins. »
D’un point de vue éthique, ne pas être opposé à l’IVG ne suffit pas pour être
capable d’en assumer la charge. « A l’hôpital, ils se font traiter d’avorteurs alors
qu’ils n’ont pas forcément envie de s’impliquer personnellement, commente
une conseillère conjugale au centre de planification familiale de Gap.
Finalement, on manquait moins de médecins à l’époque des commandos antiavortement ». Le militantisme pour le droit à l’IVG est visiblement moins actif
aujourd’hui.
PAS DE « STATUT D’URGENCE »
Le nombre de places pour accueillir les patientes pose également problème!
« Les difficultés saisonnières de fonctionnement des services hospitaliers (fermeture de lits en été, vacances des personnels hospitaliers non remplacés …)
se répercutent alors sur l’activité d’IVG, souligne le professeur Nisand.
L’argument avancé repose sur l’impossibilité de stopper les autres activités du
service (qui elles ont bien un statut d’activité d’urgence).»
Les conséquences mettent les patientes dans une réelle situation d’urgence
puisque beaucoup d’entre elles, y compris les femmes de condition sociale
modeste, se dirigent sans l’avoir toujours choisi dans les établissements privés
(faute de place dans les hôpitaux). Il est à noter qu’en France, 32% des IVG sont
pratiquées dans un établissement privé, en PACA 39%.
IVG TARDIVES
9 Le rapport Nisand accompagnait le projet de loi de
Kouchner et Aubry, proposé en 1999 à l’Assemblée et
adopté en partie en 2001.
Généralement, les services donnent la priorité aux IVG à la limite des délais
légaux en période de « saturation » (juillet-août). Pourtant, ils ne sont pas toujours en possibilité de répondre à ces demandes qui posent un problème supplémentaire au corps médical. « Très peu de médecins acceptent d’avorter
entre 10 et 12 semaines de grossesse, malgré l’extension des délais en 2001,
explique Catherine Gros. Ils argumentent le risque de complications. Pourtant,
médicalement, cela ne change rien. »
Des propos nuancés par la docteure Aïssaoui : « L’IVG n’est pas totalement sans
risque ! Il nous arrive de transpirer, mais qu’elle soit à cinq ou douze semaines,
elle est tout aussi mal cotée. » Les IVG pratiquées entre la onzième et douzième semaine de grossesse représentent moins de 5% du nombre total des
IVG en PACA (956 sur 20716 en 2003 selon la DRASS10). A l’échelle nationale, seulement moins d’un tiers des établissements déclare effectuer des IVG à ce
stade de la grossesse.
Les femmes qui se retrouvent « hors délais » se dirigent vers l’Espagne,
l’Angleterre ou les Pays-bas... Les grossesses de mineures ou les cas de viol ne
justifient pas un prolongement des délais...
6
10 Direction régionale des affaires sanitaires et sociales
L’IVG CHEZ SON
MEDECIN DE FAMILLE
Depuis juillet 2004, les femmes peuvent
choisir « l’interruption volontaire de grossesse en ville », c’est-à-dire l’IVG médicamenteuse dans le cabinet du médecin. En
effet, les gynécologues (et les généralistes justifiant d’une expérience ou d’une
formation en orthogénie) peuvent proposer cette solution à leurs patientes à la
condition de signer une convention avec
un établissement de santé réalisant des
IVG. Pour l’ANAES11, l’objectif principal
est de relayer les hôpitaux surchargés. A
ce jour, 42 conventions ont été signées en
PACA (32 généralistes, 10 gynécologues).
« Le décret est récent, explique le Docteur
Provansal, médecin inspecteur de la
DRASS. Nous recevons chaque mois de
nouvelles conventions. Ce qui m’inquiète
davantage, c’est que les départements qui
en signent le moins, à savoir le Var et les
Bouches-du-Rhône, sont aussi ceux qui
ont le plus de difficulté à prendre en
charge toutes les demandes d’interruption de grossesse !»
L’IVG en ville, qui ne peut se faire qu’à
condition que la grossesse ne dépasse
pas les cinq semaines, est considérée
comme moins « traumatisante » pour la
patiente qui n’a pas à se rendre dans un
centre de santé ni à subir d’anesthésie.
Toutefois, elle nécessite au minimum
cinq visites chez le médecin.
PAS ENCORE DE TIERS PAYANT
Comme pour une IVG en hôpital ou en
clinique, le remboursement se présente
sous forme de forfait (comprenant les
médicaments et les cinq visites) mais il est
de 70% au lieu de 80% à l’hôpital. Par ailleurs, le tiers payant n’est pas encore
applicable... sauf quand les militantes se
battent. Par exemple, en Seine St Denis, le
REVHO (Réseau Entre la Ville et l’Hôpital
pour l’Orthogénie) est parvenu, grâce à
Emmanuelle Piet, docteure en médecine,
à passer un accord avec le Conseil général pour financer les IVG médicamenteuses en PMI ou centres de planification. En
PACA, les femmes les plus démunies ne
pouvant avancer la somme (192 euros)
ont donc plus de mal à y accéder.
A QUAND L’IVG À DOMICILE ?
60% des femmes expulsent l’œuf moins
de quatre heures (et certaines en moins
de deux heures) après la quatrième visite.
Il leur faut donc pouvoir regagner rapidement leur domicile et être accompagnées. « Même si cela est difficilement
envisageable dans la pratique, il serait parfois plus judicieux de faire confiance aux
patientes et de les laisser prendre le comprimé chez elles plutôt que de savoir
qu’elles peuvent expulser sur la route ou
dans le bus! » commente Catherine Gros.
Actuellement, la loi ne le permet pas : « La
prise des médicaments nécessaires à la
réalisation de l’IVG est effectuée en
présence du médecin. » Et l’IVG « à la maison » n’est pas pour demain : « Il n’est pas
prévu dans le système de cotation de faire
des visites à domicile pour une IVG,
précise la docteure Sophie Eyraud, et
l’urgence n’est pas là. Il faut d’abord être
en mesure de former les médecins pour
qu’ils puissent passer la convention et
aucun budget national n’est prévu à cet
effet. »
La Docteure souligne cependant une
crainte : « Les médecins veulent bien
offrir le choix de l’IVG en ville à leurs
patientes mais pas se retrouver assaillis de
demandes faute de place en hôpital. Il
faut que cette solution soit une alternative, pas une obligation. L’aspiration est
parfois préférable, et c’est essentiel que la
femme ait la possibilité de choisir. »
11 Agence Nationale d’Accréditation et d’Evaluation en
Santé. www.anaes.fr
SIX GROSSESSES
NON DESIREES SUR DIX
SE SOLDENT PAR UNE IVG
Le nombre annuel d’IVG (14 pour 1000
femmes) n’a quasiment pas bougé
depuis 1975. Une étude de la DREES a
permis de démontrer que derrière
cette apparente stabilité se cachent de
nouveaux comportements. En réalité,
le nombre de grossesses non prévues
est très inférieur à celui de 75 mais le
recours à l’IVG est beaucoup plus fréquent (Quatre grossesses sur dix en 75
contre six grossesses sur dix en 2000.)
Selon l’équipe GINE, déjà citée, « cette
modification de l’usage de l’IVG s’inscrit dans un contexte d’évolution du
statut des femmes». Les chiffres traduisent non pas un relâchement de la
contraception, mais un changement de
priorités. La réussite personnelle et
professionnelle joue désormais un rôle
capital dans la prise de décision. La
contraception est d’ailleurs beaucoup
mieux maîtrisée puisque le nombre de
grossesses non prévues était de 47
pour 1000 femmes en 75 et de 33 pour
1000 femmes en 2000.
L’ÉDUCATION À
LA SEXUALITÉ
TOUJOURS
AUSSI SENSIBLE
La loi de 2001 sur l’IVG a conduit à
une modification du code de l’éducation. Désormais, « une information et
une éducation à la sexualité sont dispensées dans les écoles, les collèges
et les lycées à raison d’au moins trois
séances annuelles et par groupes
d’âge homogène » Art.22.L.312-16. La
Direction de l’Enseignement scolaire
a précisé en 2003 l’orientation de
cette éducation à la sexualité en insistant sur ses « dimensions psychologiques, affectives, sociales, culturelles
et éthiques » afin de lutter par exemple, contre les violences sexistes ou
les grossesses précoces non désirées.
Cette circulaire doit être mise en
application par les professeurs et les
infirmières scolaires. Les militantes
d’associations (comme le planning
familial) sont également invitées à
intervenir dans les classes.
Marie-Thérèse Gevrey, infirmière
conseillère technique du Rectorat de
Nice : « Les interventions sont axées sur
les rapports sociaux et les rapports
entre les jeunes, pas sur l’acte en luimême qui n’est qu’une manifestation
de la sexualité, et qui résulte aussi parfois malheureusement d’une conception affligeante de l’autre sexe. »
Le sexisme est très criant dans certaines classes de collège et de lycée. Il
est indispensable de séparer les garçons et les filles pendant l’intervention. « Les jeunes filles d’origine
étrangère notamment ne pourraient
pas du tout s’exprimer, de peur que
les camarades répètent aux « grands
frères » qu’elles mènent une vie
sexuelle ».
Mais il est faux de croire que ces rapports violents ne concernent que les
zones défavorisées.
« C’est la violence omniprésente, celle
de la ville qui entre dans les lycées. Les
jeunes garçons ont un accès très facile à
la pornographie et le désengagement
parental se retrouve un peu partout. Et
l’éducation à la sexualité relève d’abord
de la mission des parents. L’école ne
peut jouer qu’un rôle très secondaire. »
7
QUELQUES DATES
8
1810 : code Napoléon « Quiconque provoque l’avortement d’une
femme enceinte avec ou sans son consentement (...) est puni de
prison. »
1920 : adoption de la loi qui réprime la provocation à l’avortement
et la propagande anticonceptionnelle.
1942 : l’avortement est déclaré « crime contre la sûreté de l’état »
donc passible de la peine de mort ! (loi abrogée à la libération).
1956 : création de la « maternité heureuse » qui deviendra
« Mouvement Français pour le Planning Familial », MFPF, en 1960.
Mise au point de la pilule contraceptive par le Docteur Pincus,
USA.
1967 : légalisation de la contraception par la loi Neuwirth avec des
restrictions (autorisation parentale jusqu’à 21 ans et interdiction
de toute publicité.)
1968 : déclaration des Droits de l’Homme des Nations Unies : « les
couples ont le droit fondamental de décider librement et en
toute responsabilité du nombre d’enfants qu’ils veulent avoir et
du moment de leur naissance. »
1971 : parution dans la presse du manifeste des « 343 » qui
avouent publiquement avoir avorté et demandent la légalisation
de l’IVG ainsi qu’un libre accès aux moyens anticonceptionnels.
Fondation du mouvement « Choisir ».
1972 : acquittement de Marie-Claire (jeune fille mise en examen
pour avoir avorté suite à un viol) au célèbre procès de Bobigny. La
loi de 1920 est de fait remise en question.
1973 : création du MLAC (Mouvement pour la Libération de
l’Avortement et de la Contraception). Le MFPF commence à
organiser des « voyages » en Angleterre pour les femmes qui
veulent avorter.
1974 : première contraception gratuite. Les mineures y ont accès
anonymement dans les centres de planification.
1975 : loi Veil à l’essai pour 5 ans. L’avortement est autorisé sous
certaines conditions.
1979 : création de l’ANCIC. La loi Veil est adoptée définitivement.
1982 : remboursement de l’IVG par la Sécurité sociale.
1988 : autorisation et mise sur le marché de la RU486, permettant
l’avortement médicamenteux.
1990 : résurgence des mouvements anti-avortement. Des commandos « assiègent » les hôpitaux. L’utilisation du RU486 est autorisée dans les Centres d’Interruption Volontaire de Grossesse.
1991 : création de la CADAC, Coordination Nationale
d’Associations pour le Droit à l’Avortement et à la Contraception.
1993 : la loi Neiertz réprime l’entrave à l’IVG dans les hôpitaux.
Dépénalisation de l’auto-avortement.
2001 : l’IVG est autorisée non pas jusqu’à 10 mais jusqu’à 12
semaines de grossesse (14 semaines d’aménorrhée.) Suppression
de l’entretien obligatoire pré-IVG pour les femmes majeures. Les
mineures peuvent se passer de l’accord parental à condition
d’avoir l’aval d’un adulte de leur choix. L’obligation de réflexion
de 7 jours est maintenue. L’avortement relève du code de la santé
et non plus du code pénal (sauf l’avortement sans le consentement de la femme.) Suppression des quotas dans les cliniques.
Jusque là, les IVG ne pouvaient représenter plus d’un quart des
actes réalisés dans les établissements privés. (Elles étaient parfois
refusées ou réalisées sous le nom de « curetage » et donc sousdéclarées et souvent plus chères...)
2004 : un décret fixe les conditions de l’IVG en ville (IVG médicamenteuse dans le cabinet du médecin).
RENC
DOCTEUR
PATRICK PROVANSAL
MEDECIN INSPECTEUR,
CHARGE DE LA PERI-NATALITE A LA DRASS
« LA CONTRACEPTION D’URGENCE
EST UNE VRAIE SOLUTION POUR LIMITER
LES IVG »
Devant le très fort taux d’IVG en PACA (28% des grossesses
y sont interrompues), le Docteur Provansal, préconise une
meilleure accessibilité à la pilule du lendemain : « C’est
une vraie solution d’autant plus que les effets secondaires sont moindres et qu’elle ne présente aucune contreindication ! ». Il s’agirait donc avant toute chose de mettre l’accent sur la seule alternative à l’IVG suite à un rapport non protégé. Cependant, sa promotion confronte
la DRASS à un problème d’éthique commerciale. « La
Norlévo est la seule sur le marché. En faire la publicité
revient à faire celle du fabricant et le Ministère s’y
oppose clairement. » La campagne d’information de
l’existence de cette pilule du lendemain dernière génération se résume donc à la distribution de quelques affiches en pharmacie ou dans les maisons de jeunes, et
des courriels...
UNE NORLÉVO SOUS LE COUDE
« C’est surtout les professionnels de la santé qu’il faut
convaincre. Il faut que les médecins en parlent ! Le
mieux serait qu’ils prescrivent systématiquement la
Norlévo en même temps que la plaquette contraceptive. » Un oubli de comprimé ne se traduirait pas par la
course en pharmacie ou pire, l’oubli de l’oubli : « Il n’est
pas rare qu’un rapport non protégé ait lieu un samedi
soir. Les pharmacies étant fermées le dimanche, pour
peu que la personne n’y pense plus le lundi... Et parfois
il est trop tard. » En effet, la pilule d’urgence doit être
prise dans les 72 heures qui suivent le rapport mais son
efficacité
peut décroître
alors
jusqu’à 50%.
L’idée d’une
prescription
systématique est soutenue par
l’ensemble
du groupe de travail de la commission péri-natale
regroupant, entre autres, des responsables de la
DRASS, du MFPF et de la Délégation régionale aux
droits des femmes et à l’égalité. Cependant, la mise en
application n’est pas gagnée. « La Sécurité sociale est
réticente. Elle n’a pas à rembourser, dans le principe, un
produit donné par anticipation » souligne le Docteur.
Reste aux femmes la possibilité de prendre les devants
et de se la procurer sans ordonnance...
ONTRES
BEATRICE BORGHINO
CHARGEE D’ETUDES
A LA DELEGATION REGIONALE
AUX DROITS DES FEMMES ET A L’EGALITE
LES RÉALITÉS SOCIALES ONT UN SEXE
LES IDEES REÇUES
QUI CONDUISENT
AUX GROSSESSES
NON DESIREES
Catherine Gros, présidente de l’association
régionale du MFPF, intervient dans les classes
depuis plusieurs années. Elle est formelle.
L’éducation à la sexualité dans les collèges et les
lycées est fondamentale pour lutter contre les
conceptions erronées que les jeunes ont de la
contraception, les plus récurrentes étant :
• “J’ai eu un rapport sexuel juste après mes
règles, je ne me suis pas protégée puisque je ne
risquais rien : l’ovulation a lieu le 14e jour du
cycle !”
• “Il s’est retiré avant d’éjaculer, donc on risquait
rien.“
• “On a eu un rapport pendant mes règles, il n’y
avait pas de risques de grossesse.”
• “J’ai oublié ma pilule une fois, mais c’était en fin
de plaquette, donc ça risquait plus rien.”
• “C’était mon premier rapport sexuel, je ne
pouvais pas tomber enceinte”.
• “Je ne prenais pas la pilule parce que ça rend
stérile (ou ça donne le cancer…).”
• “Je ne craignais rien, j’ai pris une pilule juste
avant le rapport.”
« Bien sûr, il est impossible de savoir si les interventions en classe ont un impact direct sur les comportements des jeunes, explique-t-elle. On espère que
la graine qu’on plante germera, que ce soit dans
l’immédiat ou dans plusieurs années. Le temps du
collège/lycée est le seul qui nous permet d’informer
tous les jeunes. A 18 ou 20 ans, on ne les a déjà plus
sous la main... »
« On ne peut pas aborder les questions de santé, comme les autres
d’ailleurs, de façon neutre. Il n’y a pas de neutre, il y a des gens, et
ces gens “appartiennent” à un sexe/un genre… Et c’est encore plus
vrai quand on parle de sexualité ou de contraception ». Pour cette
chargée d’études, le premier des combats pour tendre vers une
égalité hommes/femmes passe par une prise en compte du caractère sexué des réalités sociales. Elle rappelle qu’en 1995, à la
Conférence mondiale des femmes de Pékin, il a été décidé d’appliquer le “mainstreaming de genre”, traduit en français par
“approche intégrée de la perspective de genre”, une clé qui pourrait redonner une seconde vie au féminisme et faire de l’égalité
des sexes l’affaire de tous, pas seulement celle du Ministère délégué à la cohésion sociale et à la parité. « Le principe en a été repris
dans la Charte de l’égalité12. Au lieu de penser la politique en
direction des femmes en dehors des autres questions, l’idée du
mainstreaming est de dire qu’il faut intégrer cette politique d’égalité de façon transversale à toutes les thématiques examinées, si
bien que, du coup, ce sont tous les ministères qui sont concernés ».
Par exemple, on prend la thématique de la santé et on examine,
côté femmes et côté hommes, comment cela se passe et ce qu’il
faut faire pour parvenir à de l’égalité réelle . L’égalité ne serait plus
restreinte à moins de quelques pourcentage du budget national... !
Elle concernerait toutes les politiques publiques !
« La première des choses à faire est d’inclure systématiquement des
données sexuées dans les statistiques puis de réaliser des diagnostics différenciés selon le sexe/le genre . On ne peut pas se baser sur
du « neutre » puisque derrière le neutre, il y a un modèle social masculin. En fonction de leur appartenance de “sexe”, les personnes
n’ont pas les mêmes réalités, les mêmes besoins, le même vécu, les
mêmes représentations… En partant de ce constat, on peut faire évoluer les choses. Prenez l’exemple de la transmission du VIH.
C’est en tenant compte de la spécificité de chaque sexe que l’on
a pu établir que si la femme contracte plus que l’homme le virus,
c’est d’abord parce qu ‘elle a du mal à imposer le préservatif à son
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partenaire, et très rarement l’inverse.» Par définition, les quesprécise que
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12 Disponible sur : www.femmes-egalite.gouv.fr
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L’IVG EN EUROPE
Si en 2001 la France s’est alignée sur la
majeure partie des pays d’Europe en
autorisant l’IVG à 12 semaines de grossesse, elle reste loin derrière
l’Angleterre (24 semaines) ou les Paysbas (pas de délais mentionnés, IVG
possible jusqu’à ce que le fœtus soit
considéré viable). L’assouplissement
des lois ne conduit pas à une augmentation des IVG, au contraire puisque le
taux d’IVG y est plus faible. Aux Pays
Bas, il est d’environ 7 femmes sur 1000
(contre 14 femmes sur 1000 en France).
« Il est aujourd'hui scientifiquement
établi que le taux d'IVG ne dépend pas
de la loi. Il n'est pas plus bas dans les
pays qui connaissent des lois restrictives que dans les pays dont la législation est libérale » explique le Dr Evert
Ketting,13 sociologue hollandais, et spé-
IVG : TÉMOIGNAGE
DE CATHY, 32 ANS
« Quand je suis tombée enceinte, mon
copain s’est tout de suite opposé à ce
qu’on garde l’enfant. L’intervention en
elle-même s’est bien passée mais j’ai
mal vécu l’échographie... et surtout la
solitude que j’ai ressentie tout au long
de cette épreuve. Mon copain n’est
pas venu me chercher à ma sortie de
l’hôpital alors qu’il était le seul des
deux à vouloir vraiment que j’avorte.
Ce n’était pas un refus de maternité
mais de paternité. Et pourtant, lui, ça
ne l’a pas beaucoup marqué ! »
IVG interdite
10
cialisé dans les questions de la santé
en matière de reproduction.
L’Union européenne n’a pas encore
permis une homogénéisation des lois.
Malte a par exemple obtenu un protocole sur l’avortement dans son traité
d’adhésion à l’Union européenne
pour maintenir sa législation, c’est-àdire une illégalité absolue de l’IVG. La
Pologne, le Portugal et Chypre ne tolèrent l’IVG que sur indication médicale
et en cas de viol. L’Irlande la prohibe
totalement, sauf en cas de danger
pour la vie de la femme (incluant le
suicide). Une hypocrisie politique qui
pousse aux avortements clandestins
ou à l’étranger.
Des militantes du Planning Familial
d’Europe et de Suède et d’autres associations ont rédigé conjointement un
texte, véritable charte qu’elles ont intitulée « faire de l’avortement un droit
pour toutes les femmes de l’Union
européenne. »
« On ne parle pas du droit des femmes
à décider de leur corps. C’est trop
controversé, trop tabou, s’indignentelles. Dans l’Union européenne, l’avortement est considéré comme une
question privée dont la gestion revient
à chaque pays(...). Ce silence détruit la
vie des femmes dans les pays où il est
interdit... Alors que c’est avant tout une
question de santé publique (...) La
législation de l’Union européenne est
construite sur le respect des droits
humains et la non-discrimination.
Interdire ou restreindre l’accès à un
aspect spécifiquement féminin de la
santé est une forme de discrimination
de genre (...). Le droit des femmes de
décider est à la base de l’égalité si l’on
veut sérieusement rendre le monde
plus juste pour les femmes (...) ».
Le 18 octobre dernier, elles intervenaient à l’audition publique du
Parlement européen pour soumettre
leur texte et tenter de faire de la dépénalisation de l’avortement un principe
commun dans toute l’Europe.
13 Source : USPDA : union suisse pour décriminaliser
l’avortement
délai < 12 semaines
délai de 12 semaines
délais > 12 semaines
Chypre, Irlande, Malte
Pologne, Portugal
Slovénie (10 semaines)
Allemagne, Autriche,
Belgique, Danemark, Espagne
(avec prolongement des
délais pour raisons sociales
ou médicales), Estonie,
Finlande, France, Grèce,
Hongrie, Lettonie, Lituanie,
Luxembourg, République
tchèque, Slovaquie, Italie (90
jours).
Angleterre
(24 semaines),
Pays-bas
(pas de délais mentionné
dans la loi),
Suède
(18 semaines)
IVG entièrement
prise en charge
par l’Etat
IVG partiellement
prise en charge
par l’Etat
IVG prise en charge
soit par l’Etat,
soit par la femme
IVG entièrement
prise en charge
par la femme
Suède, Danemark, Italie,
Luxembourg
(Sécurité sociale),
Pays-bas,
Belgique, Estonie, Finlande,
France
(Sécurité sociale à 80%),
Grèce
Slovaquie, Allemagne,
Angleterre, Autriche,
Espagne, Hongrie, Lituanie,
République Tchèque
Slovénie, Lettonie
UN OUTIL POUR DEBATTRE
« Je suis partie du paradoxe suivant :
l’IVG est pour beaucoup de gens un
sujet dépassé. Pourtant on a toujours autant de mal à en parler
librement. » Bat Sheva Papillon,
membre
de
l’association
14
Tiresias à Marseille a participé
en 2003 à la conception d’un
outil de discussion sur la thématique des grossesses non prévues. Il s’agit d’un CD recueillant
une douzaine de témoignages. Des
femmes expliquent pourquoi elles
ont décidé d’avorter.
« Le but est d’ouvrir le débat et c’est ce
qu’il y a de plus difficile en matière de
contraception ou d’IVG. C’est l’occasion d’aller un peu plus loin, de
parler de normes sociales, d’attitudes ou d’émotions contradictoires... de sexualité en somme.»
Cet outil est destiné aux associations qui travaillent sur l’éducation à la sexualité et la prévention
des grossesses non désirées.
14 Association de recherche sur le genre et la sexualité.
04.91.64 .68.28.
CD réalisé avec l’association Vis-à-vis en Rhône-Alpes
Quelques phrases...
CONTRACEPTION
Les trois lois de la contraception par Martin Winckler :
1. « Toute méthode vaut mieux que pas de méthode du tout. »
2. « La meilleure méthode, c’est celle que la femme choisit en
connaissance de cause. »
3. « La sexualité change avec la vie, la contraception aussi. »
IVG
« L’obligation d’enfanter est inacceptable
du point de vue éthique. »
Andrea Arz de Falco, théologienne catholique à Zurich.
« Ce serait plus facile si on devait
prendre la pilule pour faire des bébés
et pas l’inverse »
Karine, 13 ans.
ORGANISATION MONDIALE
DE LA SANTÉ :
L’OMS, dans son programme d’actions de la conférence
internationale de Beijing de 1995, affirme « le droit fondamental pour tous les couples et toutes les personnes de
décider librement et avec sérieux de la façon dont ils fonderont leur famille (nombre d’enfants, délai entre chaque
grossesse, moment choisi pour la grossesse) et de disposer des renseignements et moyens pour y arriver, ainsi que
le droit de bénéficier des meilleurs suivis de santé sexuels
et génésiques possibles ».
QUELQUES CHIFFRES
• 40% des femmes ont recours au moins une fois dans leur vie à l’IVG.
• L’IVG fait suite à un échec de la contraception une fois sur deux.
• Les mineures qui avortent sont plus susceptibles que les autres de recourir plusieurs fois dans leur vie à l’IVG.
• Chaque année, on dénombre environ 400 000 grossesses non désirées par an chez les adultes (dont 50 % se soldent par une
IVG) et 10 000 chez les adolescentes (dont 60 % aboutissent à une IVG).
• Dans la région PACA le nombre d’établissements pratiquant les IVG a fortement diminué depuis le début des années 90 : on
comptait 80 établissements pratiquant des IVG en 1991 contre 54 en 2003.
• La France se situe parmi les pays d’Europe occidentale qui ont les taux d’IVG les plus élevés, soit 14 IVG pour 1000 femmes (moyenne dans l’Union européenne : 10,4 pour 1000).
• En PACA, le taux d’IVG est nettement supérieur à la moyenne nationale : 19 IVG pour 1000 femmes. C’est la troisième
région de France à connaître un taux aussi important (après la Corse et l’Ile-de-France)
(Sources : rapport Nisand et rapport de l’ORS PACA 2005)
11
IVG
Les textes sacrés originels des religions monothéistes sont
hostiles à la pratique des avortements volontaires et ce
pour deux raisons. Tout d’abord, parce qu’ils ont vu le jour
à une période de l’histoire durant laquelle le taux de
LE MFPF DE VAUCLUSE,
PAR LA VOIX DE
JEANNINE LANGLEUR,
S’ALARME :
« Un mois déjà que l’hôpital public de
Pertuis ne pratique plus d’IVG !
mortalité infantile était élevé et la vie humaine une force
pour le développement des communautés. Ensuite parce
que la fonction maternelle des femmes prédominait sur
toutes les autres dans la caractérisation de leur genre et
qu’un contrôle volontaire de leur fécondité remettait en
question leur place sociale.
La raison officielle : le manque d’anesthésiste. Est-ce vraiment la seule, alors
que les IVG médicamenteuses sont
également arrêtées ? La crainte de la
fermeture de la maternité n’en est-elle
pas une autre raison ? Quoiqu’il en soit,
les femmes doivent aller à l’hôpital
public d’Aix en Provence.
ECHOS d’EUROPE
Dans le numéro 27 d’Agor’elles, nous vous donnions
l’occasion de gagner la BD « les Eaux Blessées», éditée
par le Parlement Européen. Il suffisait de nous donner
le nom des 3 Présidentes de la République en Europe :
Vaira VIKE FREIBERGA, Présidente de Lettonie, Mary
McAlesse, Présidente d’Irlande et Tarja Halonen,
Présidente de Finlande.
Et des trois Reines régnant aujourd’hui en Europe, à
savoir : Elisabeth II d’Angleterre, Béatrix des Pays Bas
et Margareth II du Danemark.
A Avignon, il manque deux médecins,
et les demandes d’IVG sont orientées
vers le privé ! »
Quelle valeur notre société donne-telle à ce droit, si chèrement acquis, si
elle ne garantit pas à chaque femme
l’assurance de pouvoir l’exercer ?
Le nom des gagnant-e-s :
Françoise BAYLE, Colette
BOURRIER-REYNAUD, MarieClaire BYTNIEWSKI, Lucie
CECCHINI, Jocelyne COHEN,
Sabine FINCATO, Martine
FOSSARD, A.K. GAUTRAT,
Mireille GAVARRY-PONZO,
Marie-Christine LIENARD,
François SCARAMOZZINO,
Marie-Hélène TOURON,
Théo VERGNON,
Germaine WATINE.
1975-2005 : L’ACTION DU GRAIF S’INSCRIT DANS LA DURÉE
Plus qu’un anniversaire, ces 30 ans témoignent de la volonté politique de la Région en faveur de l’égalité entre
femmes et hommes et du dynamisme de l’association qui a su faire évoluer ses objectifs et ses actions.
Plus que jamais, le GRAIF a la volonté de :
• Faire connaître l’axe « égalité » inscrit dans la politique de la Région Provence Alpes Côte d’Azur et dans le Contrat de plan
Etat-Région,
• Etre une « maison » ouverte aux associations de la région : lieu d’information, de réflexion et de propositions,
• Etre un outil technique pour proposer un état des lieux des besoins des femmes,
• Constituer un relais d’information entre les pouvoirs publics, les associations et le public, afin de promouvoir et de
mettre en œuvre des actions en réponse aux besoins exprimés,
• Réaliser, susciter ou soutenir des initiatives améliorant la vie des femmes.
Pour recevoir régulièrement Agor’Elles, contactez le Graif.
(1,20 € au numéro, 5 € pour l’abonnement annuel)
Vous pouvez également le télécharger à partir de notre site.
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Agor’elles - le bulletin bimestriel du Graif - Octobre 2005
Directrice de la publication : Aline Vergnon-Bondarnaud
Comité de lecture : Luce Caillol, Lina Chocteau, Françoise Fanton
Journaliste : Diane Dorelon - Dessins : Emmanuel Watremez
Réalisation : l’Estampille Provençale : 04 95 04 54 10
125, Bd Camille Flammarion - 13004 Marseille
Dépôt légal : 28/04/2003 - N° ISSN : 1631-8323
Immeuble CMCI
2, rue Henri Barbusse
13241 Marseille cedex 01
Tél. : 04 91 99 00 13
Fax : 04 91 99 09 69
Courriel : [email protected]
Site internet : www.graif.fr
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