
Points forts
La Lettre du Rhumatologue • No 397 - décembre 2013 | 13
Le surpoids et l’obésité
en quelques chiffres
D’après les estimations mondiales de l’OMS pour
l’année 2005, environ 1,6 milliard d’adultes (âgés
de 15 ans et plus) étaient en surpoids et au moins
400 millions d’adultes étaient obèses ; les prévisions
de l’époque pour 2015 étaient de quelque 2,3 mil-
liards d’adultes en surpoids et plus de 700 millions en
situation d’obésité. Au moins 20 millions d’enfants
de moins de 5 ans avaient un surpoids en 2005.
En France, depuis 1997, l’étude ObÉpi-Roche
apprécie tous les 3 ans la prévalence du surpoids
et de l’obésité, afi n d’évaluer son évolution dans
la population âgée de 18 ans et plus. La dernière
enquête, de 2012 (3), fait état de 32,3 % de Français
adultes de 18 ans et plus en surpoids et de 15 %
en situation d’obésité. Après des années de forte
augmentation, une tendance à la stabilisation de la
prévalence de l’obésité semble apparaître au cours
de ces dernières années. En effet, par rapport à la
prévalence estimée en 2009 (14,5 %), la prévalence
en 2012 (15 %) représente une augmentation rela-
tive du nombre d’obèses dans la population limitée
à 3,4 %. Cette augmentation est signifi cativement
inférieure à celle des années précédentes, qui avait
été de 18,8 % entre 1997 et 2000, de 17,8 % entre
2000 et 2003, de 10,1 % entre 2003 et 2006 et de
10,7 % entre 2006 et 2009. Le nombre de personnes
obèses en France en 2012 est ainsi estimé à environ
6 922 000, ce qui correspond à 3 356 000 personnes
supplémentaires par rapport au chiffre de 1997. La
prévalence de l’obésité est plus élevée chez les
femmes (15,7 % versus 14,3 % chez les hommes ;
p < 0,01). L’Étude nationale Nutrition-Santé (ENNS)
de 2006 (4), menée chez des adultes âgés de 18 à
74 ans, retrouve une prévalence supérieure aussi bien
pour l’obésité (16,9 %) que pour le surpoids (32,4 %)
comparativement aux 13,1 % et 30,6 % des chiffres
d’ObÉpi 2006. La méthodologie des 2 études était
différente (poids et taille déclaratifs dans ObÉpi,
et mesurés dans l’ENNS), ce qui peut expliquer
la discordance des résultats, qui reste cependant
modérée. Dans les 2 études, la prévalence de l’obé-
sité augmentait avec l’âge pour atteindre 24,0 % des
hommes et 24,1 % des femmes entre 55 et 74 ans
dans l’ENNS. Enfi n, la prévalence et l’augmentation
de l’obésité sont plus importantes dans les catégo-
ries socio professionnelles inférieures et sont inver-
sement proportionnelles au niveau d’instruction.
La prévalence de l’obésité est ainsi de 24,5 % pour
un niveau d’instruction primaire et de 7,3 % pour
un niveau de troisième cycle universitaire dans
ObÉpi 2012. Ces chiffres témoignent de l’importance
du problème, même si nous restons pour l’instant
bien loin des valeurs retrouvées aux États-Unis, où
69 % de la population atteignaient ou dépassaient
la barre des 25 kg/m2 d’IMC, avec 35,5 % d’obèses
(IMC > 30 kg/ m2) en 2009-2010 (5).
L’obésité, une maladie
L’obésité est-elle une maladie ? La question peut
sembler triviale, mais elle reste d’actualité, comme
le montrent les récents débats qu’elle a suscités au
sein de l’Association médicale américaine (AMA) [6].
Sans entrer dans ce débat, 2 arguments peuvent
soutenir l’idée que l’obésité est bien une maladie.
Le premier est celui des complications qu’elle induit.
Celles-ci touchent absolument tous les organes
(fi gure, p. 14) et conduisent à une altération de
la qualité de vie. Il ne faut pas non plus oublier les
complications psychosociales, avec un plus grand
nombre de dépressions, des revenus inférieurs et
une discrimination à l’embauche et dans le monde
du travail. La personne obèse passe fréquemment
pour un “bon vivant” dont l’attention est tournée
vers les autres, mais vit le plus souvent un calvaire
et souffre souvent de dépression. Les conséquences
économiques sont importantes, avec des coûts de
santé multipliés par 2 à 3 par rapport aux personnes
de poids normal et jusqu’à 10 à 12 pour les obésités
extrêmes (IMC > 40 kg/m2).
La deuxième raison pour laquelle l’obésité peut
être considérée comme une maladie est celle de
son étiologie. Conformément à la première loi de la
thermodynamique, qui nous rappelle que l’énergie
ne peut être ni créée ni détruite, l’accumulation de
graisse – dont chaque gramme représente 9 kcal –
ne peut résulter que d’un déséquilibre de la balance
énergétique, avec des prises caloriques dépassant
les dépenses énergétiques. Bien sûr, à ce niveau, il
est très facile de franchir le pas et de culpabiliser nos
»
Près de 50 % de la population présente une surcharge pondérale. Tout médecin est donc confronté à
des patients en surpoids ou obèses.
»La physiopathologie de l’obésité est complexe et fait entrer en jeu de nombreux mécanismes : prendre
du poids, ce n’est pas simplement manger trop par manque de volonté !
»Tout médecin doit savoir repérer les patients dont l’état justifie une prise en charge pondérale ; il doit
également savoir les orienter vers les filières adaptées.
»
Le médecin doit accueillir avec respect la personne obèse et éviter les “injonctions à maigrir” sans
accompagnement.
Mots-clés
Obésité
Surpoids
Diagnostic
Prise en charge
Accompagnement
Highlights
»
Nearly 50% of the popula-
tion is overweight. Thus, every
physician is confronted with
patients who are overweight
or obese.
»
The pathophysiology of
obesity is complex and brings
into play many mechanisms;
gaining weight is not just over-
eating and lack of will!
»
A physician must be able to
identify patients who should be
recommanded to lose weight;
he should also be able to guide
the patients through the avail-
able ressources.
»
Physicians must accept obese
patients with respect and avoid
discriminating against obese
people.
Keywords
Obesity
Overweight
Diagnosis
Care
Support