INTRODUCTION GENERALE

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Introduction générale.
INTRODUCTION GENERALE
1. La planification et la dimension de l’usage :
Tout espace bâti dans lequel nous vivons et que nous traversons fait suite à un travail de
pensée (Boudon et al, 2000). Il a subi un processus de conception et de planification
planifié avant d’être réalisé et livré.
Ce travail de conception et de planification prend en compte plusieurs paramètres, ainsi
qu’il mobilise plusieurs savoirs et savoir-faire pour lui donner forme et matière.
L’espace résultant est destiné ensuite à être utilisé, vécu et approprié par des usagers qui
sont généralement autres que ceux qui l'ont conçu ou réalisé Ces derniers sont
également nombreux et changeants.
On peut assurer donc, l'existence d'une relation en boucle entre trois paramètres :
o Espace,
o Conception,
o Utilisation.
La relation entre ces trois paramètres peut être représentée dans le schéma ci-dessous
(Fig. n° : 01).
Fig. n° 01 : La relation : conception-espace-usage. Source : L’auteur.
Les planificateurs semblent fournir des efforts pour rendre l’espace utilisable, sauf que
cette relation conception/utilisation n’est pas itérative, car un bâtiment mal conçu est
difficilement modifiable.
Il est également difficile d’anticiper la manière dont l’espace sera utilisé, les
planificateurs n’étant généralement pas les usagers de cet espace.
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Il existe aujourd’hui une grande carence du savoir architectural en rapport avec l’usage
(Boudon et al, 2000). Ceci a mobilisé l’ensemble de la recherche architecturale. Hillier
(1996) évoque la nécessité d’une théorie analytique de l’architecture différente de
l’ensemble des théories architecturales à visées normatives que nous connaissons
aujourd’hui, à l’image de la théorie moderne, postmoderne, classique, etc. (Hillier,
1996).
La prise en charge de la dimension de l’usage dans la production de l’espace ne dépend
pas pourtant de la conception architecturale seule ; elle s’étale sur tout le processus de
production du cadre bâti : politiques d’aménagement, octroi des terrains et leurs
emplacements, démarches administratives, octroi des projets, délais des études, etc.
Les modalités et les processus de la production du cadre bâti ont un impact décisif sur la
forme résultante. Plusieurs recherches en architecture comme celles de la typomorphologie introduisent l’histoire comme facteur déterminant de la forme (Noppen,
2008). Les conditions de planification du cadre bâti semblent ainsi, avoir une influence
sur les formes architecturales et urbaines qu’elles produisent.
La présente recherche s’inscrit dans le but de la production d’un savoir sur la forme
architecturale - notamment son rapport à l’usager- qui soit utilisable par les architectes
pendant la conception.
On peut évoquer ici deux grandes directions de la recherche sur la forme architecturale :
1. la recherche sur le rapport entre la forme et le processus de sa production,
2. la recherche sur le rapport entre la forme et l’usage dont elle est l’objet.
On précise cette deuxième direction comme cadre du présent travail.
Celui-ci tente de comprendre si l’espace influence-t-il, ou détermine-t-il les modes de
son utilisation par les usagers ? La recherche questionne également les logiques et les
mécanismes qui régissent cette prétendue relation.
2. La ville algérienne :
Cette recherche s’inscrit aussi dans le contexte de la ville algérienne contemporaine.
Celle-ci connaît une évolution démographique importante et une population jeune, ce
qui inclut un besoin en développement élevé, de même que le modèle économique
préconisé est basé sur la construction massive des infrastructures sous la bannière de
différents plans économiques passés ou en cours. Ceci mène directement à une
croissance urbaine très rapide dans les villes et notamment celles de l’intérieur du pays
en l’image de la ville de Batna. Divers programmes de financement ciblent ces régions
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dans le cadre de l’établissement d’un équilibre régional de développement à l’échelle
nationale.
Le secteur de l’enseignement supérieur détient une part importante de cette politique.
Plusieurs programmes de soutien à la croissance, programmes de développement des
régions sud et des hauts plateaux ont été envisagé dans ce cadre et ont permis la création
et la promotion de plusieurs universités dans les villes algériennes. Ce facteur est
combiné à une hausse considérable du nombre d’étudiants qui dépasse aujourd’hui le
seuil du million d’étudiants.
Le tableau suivant indique le programme des infrastructures universitaires prévues pour
le plan quinquennal 2005-2009.
Fig. n°02 : Croissance du nombre d’étudiants universitaires entre 1996 et 2007. Source : www.mesrs.dz
Fig. n°03 : Différents programmes d’infrastructures universitaires durant le plan quinquennal 2005-2009.
Source : www.mesrs.dz
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Cependant, l’étude des documents y attestant et le suivi des procédures en vigueur
d’étude, de réalisation et d’extension des infrastructures universitaires semblent
indiquer que seuls les critères quantitatifs et de coût semblent avoir été pris en
considération. Ces derniers concernent principalement :
1. le nombre de places pédagogiques pour les établissements d‘enseignement,
2. le nombre de plats pour les restaurants universitaires,
3. le nombre de lits pour les résidences universitaires,
4. le nombre de bibliothèques,
5. et le taux d’achèvement physique et financier des chantiers de construction des
différentes infrastructures.
Il semble également que les conditions bureaucratiques ont une influence certaine dans
la planification. Celle-ci dépend entre autres de :
1. la disponibilité des terrains qui, par exemple, oblige à planifier des
infrastructures loin des centres ville tel, celui de Fesdis qui est loin de 10 km de
Batna ou celui d’Elhadjeb, loin de 15km de la ville de Biskra,
2. la nature des structures administratives et de leurs prérogatives en termes de
décisions sur l’espace,
3. des objectifs assignés dans la planification qui sont souvent changeants et à
court terme. Il semble qu’une planification d’ensemble avec des objectifs à long
terme et dans le cadre de Master plan n’est pas assurée.
On relève d’autre part, que la réflexion sur des critères qualitatifs tels l’emplacement de
ces équipements dans la ville, leur insertion au sein de celle-ci, les formes de leurs
bâtiments et espaces, la dimension usagère dans leurs espaces ouverts et intérieurs ne
semble pas avoir été prise en compte suffisamment.
Cet état de fait permet d'interroger la possibilité de définir un modèle formel spécifique
des campus universitaires conçus à une période récente (1990 – 2010). Bien que ceci ne
rentre pas dans le cadre de cette recherche, il reste possible de déceler certains traits
communs à travers la lecture de différents plans de campus algériens : (Voir Annexe
n°01).
o Les campus algériens sont généralement constitués de plusieurs parties distinctes
qui sont relatives à plusieurs phases historiques d’extension et dont chacune se
fait selon des objectifs particuliers et différents les uns des autres. Les
incohérences structurelles et organisationnelles observées dans l’assemblage de
ces différentes parties laissent supposer l’absence d’une réflexion à long terme.
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o Une organisation faite en un ensemble de bâtiments monofonctionnels, où
chaque bâtiment possède une activité précise, administrations, auditoriums,
départements, bibliothèques, etc.
o Ces bâtiments sont implantés dans de grands espaces vides, sans relation avec
leurs environnements.
o Ils sont reliés par une grille d’accessibilité piétonne ou mécanique dont nous
aurons à revenir par la suite, ainsi que d'immenses espaces verts.
o L'ensemble des campus sont entourés par une clôture en dur.
En guise de préambule, la recherche présente ci-dessous une lecture de la forme du
campus de l’université Mohamed Khider Biskra en rapport avec son évolution
historique. Le choix a été porté sur celui-ci, car il a été plus approché durant la durée de
notre post-graduation.
3. L’exemple du campus de l’université Mohamed Khider de Biskra :
L’observation du campus de l’université Mohamed Khider de Biskra permet de relever
la présence de plusieurs logiques de structuration et d'organisation de l'espace qui sont
relatives à plusieurs phases d'extensions.
Nous observons également que chaque extension possède sa structure viaire ainsi que
son parti formel propre à elle.
Le campus universitaire de Biskra s’est vu développé suivant trois grandes phases
depuis l’ouverture du centre universitaire de Biskra en 1984.
Fig. n° 04 : Vue aérienne du campus de l'université Mohamed
Khider Biskra. Source : Google Earth.
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3. 1 Le premier noyau (1984) :
Le premier noyau est situé à l’est du campus actuel. Il é été conçu par l’agence
d’architecture libanaise Arab-Consult.
Cette partie repose sur la parcelle S1 (Voir la figure n°05) qui était l’assiette initiale du
centre universitaire. Le campus proposé est composé dans un schéma qui gère l’espace
bâti et non-bâti à la fois. Le tout est organisé autour d’un axe central nord-sud. Celui-ci
longe toute la longueur de la parcelle. Il se matérialise par une percée large. Les
bâtiments s’organisent de part et d’autres de cette percée.
La composition d’ensemble, elle, est formée de deux entités distinctes dans le
programme :
1. La partie des bâtiments d’enseignement au sud,
2. les résidences universitaires au nord.
Cette distinction se projette dans l’organisation du bâti. Celui-ci est nettement séparé en
deux parties nord et sud. Entre ces deux parties et au niveau de l’axe central, se trouvent
différents services tels que le restaurant universitaire, le foyer, le centre de santé, la
bibliothèque et la salle de prière.
L’espace est différemment organisé entre la partie nord et sud du projet. Les résidences
universitaires se trouvent sur la partie nord. A l’est et au nord, celle des garçons et à
l’ouest, celle des filles. Les bâtiments ont la même forme en L disposée dans plusieurs
orientations. Au sud, les bâtiments d’enseignements, les administrations et les
laboratoires sont disposés symétriquement par rapport à l’axe central. Celui-ci est
aménagé en jardin. De chaque côté de l’axe, deux rangées parallèles de bâtiments sont
aménagées. La plus proche concerne des bâtiments de plan carré et qui contiennent les
administrations. Plus loin, on retrouve les blocs de salles de classes en barres disposées
perpendiculairement à l’axe de composition central. Entre ces couples de rangées de
part et d’autre, des allées piétonnes sont aménagées. L’axe de composition est clôturé au
sud par un bâtiment qui regroupe le foyer, le point de vente OPU, les bureaux d’activités
culturelles. Il est important de relever la clarté de cette composition aussi bien dans sa
structure que dans l’organisation de ses éléments. Ceci est remarquable principalement
dans la partie sud où il existe une complémentarité entre l’espace bâti et non-bâti.
3.2 La deuxième phase (1998 – 2000) :
La deuxième phase correspond à la construction de nouveaux bâtiments pour le compte
de la promotion du centre universitaire de Biskra en une université. Quatre bâtiments
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ont été construits et reçus en l’an 2000. Ils ont été implantés dans les limites de la
parcelle initiale :
1. le bloc Magherbi,
2. le bloc Bettaïbi,
3. la bibliothèque centrale,
4. l’auditorium.
Les nouvelles constructions exploitent les disponibilités foncières dans la périphérie de
la parcelle d’origine. Ceci tend à limiter leur insertion dans le tissu initial. Elles sont
peu-visibles à l’exception de la bibliothèque et de l’auditorium. Elles se trouvent à la
périphérie de l’ensemble malgré leur importance fonctionnelle.
3.3 La troisième phase (2000 – 2010) :
Depuis l’année 2000, l’université Mohamed Khider de Biskra acquiert une nouvelle
parcelle à l’ouest de l’ancienne. Cette dernière reçoit un programme de plusieurs
bâtiments dans le cadre de l’élaboration d’un POS spécifique.
Ce programme concerne : le nouveau rectorat, la faculté des sciences et des sciences de
l’ingénieur, la faculté de droit, la faculté des lettres et des langues, la faculté des
sciences économiques, commerciales et de gestion, le centre de santé sociale, le
restaurant universitaire central, le centre de recherche scientifiques et techniques sur les
régions arides (CRSTRA).
L’ensemble de ces bâtiments s’insert dans une trame orthogonale mais qui n’est pas
entièrement régulière, car même si les axes nord-sud sont continus, ceux qui leurs sont
perpendiculaires ne le sont pas. Ceci, combiné à la grande dimension des bâtiments
semble faire perdre la lisibilité dans l’espace. Les aménagements semblent également
insister sur la forme des bâtiments au dépend de l’espace libre. La forme en grille de
celui-ci ne lui permet pas de se hiérarchiser et d’offrir une lecture de la logique
d’aménagement. On peut relever la difficulté de ressortir une logique claire –
fonctionnelles par exemple- dans l’agencement des bâtiments.
L’organisation d’ensemble semble se détacher à plus d’un égard du noyau initial. Sa
structure en trame ne cadre et ne s'insère pas dans la structure initiale avec axe central et
de plus, l’immensité de la parcelle et du programme par rapport au noyau initial
perturbe l’ordre préexistant sans en créer un nouveau. Les deux entités ne sont reliées
du point de vue de l’accessibilité que par de petits chemins faisant des liaisons de fait.
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Les relations visuelles sont également limitées à l’intérieur d’une entité ou d’une autre.
L’ancienne clôture du campus fait que parfois, il est nécessaire de faire des
contournements pour passer d’une entité à une autre. Les deux entités sont également
divergentes du point de vue dimensionnel. La trame du nouvel aménagement est
caractérisée par des modules beaucoup plus grands que ceux de l’entité initiale.
Cet état de fait nous amène à déduire que la planification de ce campus n’a pas été
assurée à travers un master-plan chargé de gérer le développement de l’infrastructure
universitaire.
Fig. n°05 : Lecture de la forme du campus de l’université Mohamed Khider
Biskra (Voir également annexe n°02). Source : l’auteur.
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La planification de l’espace semble dépendre des aléas de la décision administrative et
l’absence de vision à long terme. Les choix et les partis suivis semblent également
dépendre de facteurs techniques locaux, telle la disponibilité du terrain.
On retrouve ainsi une variation dans la lecture de la forme du campus entre la forme du
noyau initiale et celle de ses différentes extensions. Celle-ci se manifeste sur les trois
niveaux suivants :
1. La grille de composition et d’organisation,
2. La forme des différents espaces ouverts,
3. Le rapport de l’espace ouvert aux bâtiments.
Les éléments recueillis ci-dessus méritent d’être formulés dans le cadre d’une vision
d’ensemble qui explique à la fois la forme de l’espace ouvert ponctuel, sa relation avec
les autres espaces, celle avec l’organisation spatiale d’ensemble et enfin celle avec les
bâtiments sur lesquels il donne. .
3.4 L'utilisation de l'espace :
La recherche a effectué une observation des différents types d’utilisation de l’espace sur
la partie réservée à l’enseignement dans le campus de l’université Mohamed Khider
Biskra. Elle a exclu ici, les résidences universitaires dont les types d’utilisation de
l’espace semblent être complètement différents.
Les observations sur les différents usagers dans l’espace ouvert du campus font ressortir
plusieurs types de comportements. Le mouvement, les interactions en face-à-face entre
deux ou plusieurs personnes, les usagers seuls en situations debout ou assises.
Deux grandes familles de comportements sont à relever : le mouvement et les
interactions en face-à-face. Ces deux formes de comportement dans l’espace sont les
plus répandues.
On relève également la présence de deux sortes d’interactions en face-à-face. Les plus
répandues semblent avoir un caractère public. Elles partagent l’espace avec les autres.
D’autres interactions semblent rechercher des situations de plus forte intimité vis-à-vis
d’autrui.
L’observation des d’usagers en mouvement ou en discussion dans l’espace nous permet
de distinguer deux principales logiques d'utilisation de l'espace dans le campus en
question.
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3.4.1 Le noyau initial :
Dans l'ancien noyau, les flux de mouvement et de rencontres se produisent d'une
manière plus ou moins continue dans l'espace, bien que l'on retrouve des concentrations
relatives de rencontres dans certains endroits comme les entrées de bâtiments.
A l’intérieur même de cette partie, ces schémas se répartissent différemment entre l’axe
central et les périphéries. Dans le premier, on retrouve une relative continuité dans la
présence des utilisateurs en mouvement comme ceux statiques en interactions. L’espace
semble être assez densément utilisé, notamment durant les périodes où l’affluence au
campus est maximale. Cette continuité disparait relativement, au profit de
regroupements plus ponctuels, généralement prés des entrées de bâtiments
d’enseignement ou autres.
Fig. n° 06 : Utilisation continue de l’espace ouvert du noyau initial
du campus de l’université Mohamed Khider Biskra.
Allée juste à l’ouest de l’axe central de composition.
Photo prise le 17-03-2010. Source l’auteur.
3.4.2 L’extension ouest et sud :
Dans la partie ouest et sud du campus, cette continuité disparait presque entièrement où,
l’espace est utilisé essentiellement pour le mouvement, alors que les interactions sont
très ponctuelles, réservées dans les espaces aménagés prés des différents parvis des
bâtiments d’enseignement ou dans les cours intérieurs de ces derniers. Certaines
portions d’espaces restent entièrement vides.
On retrouve également une présence, dans tout le campus, de types de rencontres qui se
produisent dans certains endroits reculés et qui semblent rechercher des propriétés
spatiales particulières en se positionnant dans des endroits relativement isolés.
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La confrontation entre la lecture de la forme du campus et notamment de ses espaces
ouverts et les schémas observés de l’utilisation de l’espace, permettent de ressortir une
correspondance dans la variation des emplacements relatifs aux types d’utilisation de
l’espace et celle des différentes logiques spatiales qui composent le campus, notamment
dans sa partie réservée à l’enseignement1. Il semble que les schémas d’utilisation de
l’espace dans le noyau initial du campus soient entièrement différentes des types
d’utilisation de l’espace dans l’extension de celui-ci.
Ceci pousse à s’interroger sur le rapport entre la configuration spatiale, notion qui est
choisie dans cette recherche pour décrire la forme de l’espace ouvert du campus
universitaire et schémas de l’utilisation de l’espace et ses variations à travers l’espace
ouvert du même campus.
Fig. n °07 : L’espace ouvert est utilisé essentiellement pour le
transit dans la partie ouest du campus. Photo prise le 17-032010. Source l’auteur.
Fig n° 08 : Les endroits des rencontres se concentrent
près des entrées de bâtiments. Photo prise le 17-03-2010.
Source l’auteur.
1
Par opposition à la partie réservée à l’hébergement.
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5. Problématique et hypothèses :
Dans l’ordre général, et à partir du constat énuméré ci-dessus, on peut formuler la
question de recherche suivante :

Y a-t-il une correspondance entre la configuration spatiale des campus
universitaire et les modèles d’utilisation de l’espace ouvert par les différents
usagers ?
Question à laquelle, on peut répondre par les hypothèses suivantes :
1. La configuration spatiale du campus universitaire affecte pleinement les modèles
d’utilisation de l’espace par les différents usagers.
2. La configuration spatiale définit un schéma d’accessibilité et de visibilité
capable de justifier à l’échelle globale et locale les différents schémas de
répartition des usagers en mouvement et ceux des interactions en face-à-face
entre personnes dans l’espace ouvert des campus d’université.
6. Analyse conceptuelle :
La recherche tente de mettre en relation, deux notions que sont, la configuration spatiale
et l’utilisation de l’espace. On procède ici à l’analyse de ces deux concepts :
6.1 La configuration spatiale :
Cette notion est sensée offrir une description suffisante de l’espace afin de pouvoir
rendre compte de sa nature comme objet physique et champ de l’action humaine. Elle
aborde donc l’espace, en tant que système spatial formé d’espaces reliés les uns aux
autres.
Les possibilités de relations entre les différents espaces de ce système spatial sont
possibles grâce à sa forme et géométrie. Celle-ci se se définit par rapport à deux
éléments essentiels qui sont pris en compte dans la présente recherche :
a. La forme de l’espace par rapport à son contenant bâti. Cette définition
correspond à un caractère visuel de l’espace.
b. La forme de l’espace par rapport à son aménagement et notamment les
possibilités d’y accéder et de le parcourir.
Les deux paramètres de visibilité et d’accessibilité définissent les types de relations
qu’entretiennent les espaces ouverts entre eux : des relations de visibilité et
d’accessibilité. On cite ci-dessous, trois types de relations de chaque espace dans son
environnement :
a. la position de chaque espace dans l’ensemble du système spatial :
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La géométrie définit le rapport de chaque espace par rapport au système spatial
entier, car elle lui donne sa position dans la trame urbaine générale, ce qui lui permet
d’avoir un rôle, en rapport aux possibilités de relations que lui offre sa position.
b. la relation de chaque espace par rapport à son environnement spatial immédiat :
Il est possible, à travers la forme de l’espace, de définir ses relations avec son
environnement spatial immédiat, notamment la possibilité d’accès directe ou non à
tel ou tel espace, le degré de contrôle de l’accès à certains espaces, les possibilités de
vues, la qualité des séquences, etc.
c. la relation de l’espace par rapport aux bâtiments :
La forme de l’espace local est obtenue à travers son rapport au bâtiment. Elle permet
également de définir des relations avec celui-ci, notamment les possibilités de
rapport et de distributivité des bâtiments par l’espace ouvert.
La recherche étudiera ces types de relations spatiales, à travers les deux définitions
géométriques, à travers la visibilité et l’accessibilité de l’espace. Elle classifie les
relations énumérées ci-dessus en deux échelles :
L’échelle globale : Elle concerne les relations des espaces avec le système spatial entier,
L’échelle locale : Elle regroupe la relation des espaces ouverts avec leur environnement
immédiat et avec les bâtiments.
6.2 L’utilisation de l’espace :
Cette notion englobe le domaine de l’action humaine qui est influencée par l’espace.
Plusieurs comportements d’usagers de l’espace ouvert peuvent être relevés et
concernent les gens en mouvement, en situation statique debout, assis ou même allongés
et les gens en interactions sociales avec d'autres. Quelles sont ainsi, les déterminants
spatiaux qui affectent le choix des espaces ouverts par leurs usagers pour se mouvoir, se
rencontrer, se reposer temporairement, etc.
En précisant le domaine social de l’action, par rapport à celui relationnel de l’espace, la
notion d’utilisation de l’espace concerne deux comportements sociaux essentiels et
facilement observables :
1. Le mouvement :
Celui-ci est un moteur de la vie sociale. Il est régi par des besoins humains et sociaux
qui justifient le déplacement vers différentes destinations et implique un élargissement
du contact humain à travers les rencontres qu’il permet en passage. Il s’effectue d’autre
part, dans l’espace, selon ses différentes échelles (aller à proximité, faire de grands
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Introduction générale.
trajets, etc.) et se détermine par rapport aux possibilités relationnelles de celui-ci (aller
tout droit, contourner, passer obligatoirement par certains endroits ou choisir son
parcours plus librement, etc.). La recherche essaie de savoir comment se traduit cette
implication de l’espace dans le mouvement. Elle recherche aussi dans quelle condition
elle peut agir au-delà des motifs qui peuvent le régir, ainsi qu’elle tente également de
savoir comment l’espace peut favoriser la production des rencontres via le mouvement.
2. Les interactions sociales :
La recherche précise la forme la plus évidente des interactions sociales qu’est
l’interaction en face-à-face. Cette dernière est un des comportements qui permettent à
une vie sociale d’exister à travers l’échange qu’elle permet. Ces interactions se
produisent également dans un espace qui est choisi et jugé convenable pour leur
production, suivant les types d’interactions, ainsi que les possibilités spatiales. On se
penche ici à savoir quelle implication a la forme spatiale avec ses composantes décrite
ci-dessus dans ces choix. Cette implication est envisagée directement entre la forme de
l’espace les interactions et indirectement, à travers les possibilités de rencontres qu’offre
le mouvement.
7. Méthodologie :
Cette recherche pose la question de la relation entre l'espace et le comportement. Elle
concerne plus spécifiquement la relation entre la configuration des espaces ouverts dans
les campus d’universités et l’utilisation de ces espaces par leurs différents usagers. Elle
vise à modéliser l’espace aussi bien que les comportements étudiés des usagers de
manière à se renseigner sur l’existence ou pas d’une relation qui lie les deux concepts
que sont la configuration spatiale et l’utilisation de l’espace. Cette recherche commence
d'abord par étudier un ensemble des travaux qui ont traité les phénomènes de la
configuration spatiale, de l’utilisation de l’espace et des campus universitaires. Elle se
propose d’étudier comme cas le campus Elhadj Lakhdar et présente une enquête pilote
relative à sa forme et à son utilisation. La recherche présente ensuite le modèle
d’analyse qui constituera le cadre théorique pour pouvoir approcher le phénomène
étudié sur le terrain. Le modèle construit combine une modélisation de l’espace qui sert
à une simulation à travers les techniques de syntaxe spatiale et une enquête par les
techniques d’observation, de questionnaire avec un traitement statistique. Ces enquêtes
se chargeront de valider les résultats de la simulation.
Les mesures du modèle spatial seront confrontées ensuite aux indicateurs de l'utilisation
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Introduction générale.
de l'espace et leurs relation sera discutée pour dresser des résultats de cette recherche et
ainsi confirmer ou infirmer l’hypothèse de départ. La recherche se termine par une
conclusion générale qui fait ressortir tous les renseignements tirés, élabore une synthèse
générale du travail et présente des pistes de développements futurs.
8. Structure du mémoire
Cette recherche commence par présenter les différents concepts qui définissent son
problème, ainsi elle retient un chapitre sur la configuration spatiale, un deuxième sur
l’utilisation de l’espace et un troisième sur les campus universitaires. Elle présente le
cas d’étude dans un quatrième chapitre avant d’aborder le modèle d’analyse dans un
cinquième chapitre. Le sixième concerne les résultats des analyses configurationnelles.
Le septième chapitre présente ceux de l’enquête. Ces deux résultats sont confrontés l’un
à l’autre dans le huitième chapitre. Le dernier est relatif à la conclusion générale.
9. Objectifs
La présente recherche compte générer des hypothèses valables sur ce rapport entre
l’espace extérieur des campus universitaires et les modèles de mouvement et
d’utilisation de l’espace, afin d’ouvrir la voie pour une connaissance architecturale plus
poussée sur l’utilisation de l’espace dans les environnements ouverts, tels que les
campus universitaires. Elle tente également d’éclairer la relation entre la planification
de l’espace et l’utilisation de celui-ci et montre les effets de l’absence d’un master plan
sur cette utilisation de l’espace.
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