« sponsoring » des événements sportifs majeurs jusqu’à aujourd’hui.
Le tableau se structure, s’ordonne, autour d’une courbe centrale sinusoïdale (= en S), qui traverse la toile des
pieds des rugbymen en extension en passant au sommet de la Roue et aboutissant à l’aéroplane.
Cette courbe permet le glissement « architectonique », c'est-à-dire la perte de fondations de la nouvelle
architecture. En effet, les trois structures issues de la Révolution industrielle, ultra-modernes, semblent
arrachées aux lois de la pesanteur.
Cette toile a donc en quelque sorte l’aspect d’un collage cubiste, mais monte un vrai retour à la figuration dans
l’évolution des tableaux de l’artiste.
Cette juxtaposition permet donc la simultanéité, toutes les couleurs vibrent, s’illuminent en même temps. Les
contrastes sont complémentaires, et poursuivent en quelque sorte les découvertes faites par Seurat dès 1880.
Le peintre de la vie moderne
En utilisant « Cardiff » dans le titre, « New-York-Paris-Berlin » sur un panneau, Delaynay témoigne ainsi que les
artistes, les sportifs doivent désormais voyager pour réaliser l’aboutissement de leurs actions. Ce tableau révèle
les débuts, les prémices d’une mondialisation moderne des relations sportives et artistiques.
La présence des noms des trois capitales artistiques de l’époque montre l’essor du marché de l’art et l’importance
des expositions d’art à l’échelle mondiale.
Avec la réclame, la publicité, Delaunay participe aussi au débat sur la place de la publicité dans la société
occidentale et se place aux côtés de Blaise Cendras qui considère que « la publicité est la fleur de la vie
contemporaine », ou d’Apollinaire qui considère que « dans une ville moderne, l’inscription, l’enseigne, la
publicité joue un rôle artistique très important ».
L’affiche est l’emblème d’une esthétique du mouvement, de l’instant choc, elle introduit des taches de couleur
dans un tissu urbain constitué de grisaille.
La ville se caractérise en ce début de XXème par la montée en puissance de la réclame, des panneaux ou véritables
placards publicitaires, dont les proportions sont exagérées par l’artiste. Ces affiches publicitaires sont le reflet de
la société de consommation naissante.
Avec ces grandes dimensions, ce tableau pourrait être considéré comme une affiche optique : il s’agit de couleur,
uniquement de couleur. La couleur parle d’elle-même, frappe, impressionne.
Le monde de l’artiste est donc bouleversé : le mode de vie de ses contemporains est en phase de transformations
irréversibles avec toutes ces innovations rapides qui se succèdent et qui laissent présager un avenir optimiste, fait
de croissance, d’exponentialités.
Mais nous sommes à la vieille du premier Conflit Mondial avec son lot d’extravagances meurtrières et
dévastatrices générées aussi par … l’ère industrielle.
Conclusion :
L’artiste exprime ainsi sa vision du monde moderne dans lequel la vitesse, la mobilité géographique des sportifs,
des artistes, et les moyens de transport aérien deviennent des éléments majeurs.
Son ami Guillaume Apollinaire pourra décréter « c’est la toile la plus moderne du Salon ».
L’Equipe de Cardiff est donc un tableau essentiel dans l’évolution du travail de Delaunay.
Ce tableau-affiche permet de comprendre le travail sur les couleurs basé sur les complémentarités simultanées
qui donnent un rythme à son travail.
Il s’est beaucoup intéressé à la « vibration des couleurs ». Il a trouvé les lois des contrastes complémentaires.
L’équipe de Cardiff pourrait ainsi pour conclure avoir pour slogan publicitaire :
« C’est l’expression d’un art pur, un art du mouvement de la couleur ».