boxe et urgence - Fédération Française de Boxe

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BOXE ET URGENCE
Docteur Laurent BRACONNIER,
médecin urgentiste,
Œil et boxe
médecin du club de Saint-Quentin
Le port du casque est recommandé chez les amateurs et une sélection rigoureuse est effectuée
par la Fédération française de boxe.
Un examen oculaire complet en début de carrière par un spécialiste avec examen de la
périphérie rétinienne et champ visuel doit être renouvelé chaque année.
L’acuité visuelle nécessaire à la pratique de la boxe :
Une acuité visuelle parfaite n'est pas nécessaire. Les contre-indications absolues sont : les
antécédents de chirurgie intraoculaire ce qui comprend la chirurgie réfractive, l'amblyopie
(acuité inférieure à 3/10 avec correction), la myopie supérieure à 2 dioptries.
Correction possible :
Il s'agit des lentilles souples exclusivement.
L'examen ophtalmologique est une condition pour l'autorisation de l'aptitude.
Tout antécédent de décollement de rétine, de chirurgie intravitréenne, de chirurgie réfractive
entraîne l'inaptitude.
La pathologie traumatique est due au choc sur le terrain (choc contre les poteaux de ring),
choc contre l'adversaire, contusion par un accessoire, contusion par un agent contondant (gant
de boxe) :
Contrairement à ce qu'on pourrait penser, les accidents oculaires de la boxe ne sont pas très
fréquents.
Les chiffres de la Fédération française de boxe sont de 9 décollements de rétine en 20 ans et
de 3 cataractes traumatiques opérées en 20 ans.
Les lésions oculopalpébrales sont fréquentes mais rarement graves, les gants étant plus larges
que l'ouverture orbitaire, seuls un coup de pouce, un coup tangentiel ou un coup de tête
peuvent être traumatisants et ces coups sont d'ailleurs sanctionnés.
L'atteinte du cadre orbitaire donne des plaies d'arcade qui, en récidivant, aboutissent à la
formation d'un granulome fragilisant la région.
Les fractures sont rares.
Les hématomes sont cause de diplopie, l'arrachement de la poulie du grand oblique est
exceptionnel.
Les lésions oculaires sont dominées par les lésions rétiniennes.
Au niveau du segment antérieur, hyphéma, récession de l'angle et modification du tonus
oculaire ont été décrits (glaucome du boxeur ?).
Au niveau du segment postérieur, les contusions du pôle postérieur sont méconnues, les
décollements de rétine sont le fait de désinsertion à l'ora (8 cas sur 10) et peu liés à l'existence
de lésions prédisposantes.
Quant aux lésions du nerf optique, voire une atteinte centrale, elles seront dépistées par le
champ visuel de surveillance.
Les pathologies médicales sont les conjonctivites (piscine), les irritations diverses (vaseline
des boxeurs, souillures telluriques, poussière des tapis de sol).
La lésion traumatique des tendons extenseurs en zone 5
Le traumatisme direct de l'appareil extenseur des doigts longs en flexion des articulations
métacarpo phalangiennes — comme on peut l'observer lors d'un coup de poing — peut
occasionner la rupture sous-cutanée d'une bandelette sagittale.
C'est le boxer's knuckle qui peut se traduire par une bursite chronique ou une luxation de
l'appareil extenseur dans la vallée inter métacarpienne.
Souvent méconnue, cette lésion peut être négligée notamment chez le boxeur. Elle est
d'ailleurs assez peu décrite dans la littérature et probablement sous-estimée.
Son diagnostic est essentiellement clinique, la radiographie éliminant les diagnostics
différentiels.
En cas de doute, une échographie ou plus valablement une IRM lève toute ambiguïté.
En dehors des lésions partielles ne déstabilisant pas l'appareil extenseur, le traitement est
chirurgical consistant en la suture de la bandelette lésée suivie de trois semaines
d'immobilisation.
Il permet généralement une récupération fonctionnelle complète et la reprise précoce du sport.
Le K.O. :
Toute perte de connaissance initiale (ou amnésie des faits), même si l'examen neurologique
est normal, doit être considérée comme un élément de gravité et justifier une prise en charge
rigoureuse sans sous estimer le rachis cervical.
En France, la pratique du scanner cérébral doit être large dans cette indication.
Un scanner normal à la 6e-8e heure du traumatisme, sous réserve d'un examen clinique
normal, peut permettre le retour au domicile de ces patients.
Un traumatisme crânien isolé sans perte de connaissance, avec un examen neurologique
normal, ne justifie pas le recours à un plateau technique et doit pouvoir être surveillé à son
domicile.
Tout retour au domicile ne peut se concevoir qu'avec la présence d'une tierce personne à qui
un protocole écrit de consignes de surveillance aura été préalablement remis.
Ne pas oublier de retranscrire sur le carnet du sportif l’interdiction de boxer avant 3 mois
sous réserve de réalisation d’une I.R.M.
L’examen clinique avant le combat doit avant tout éliminer une pathologie infectieuse en
cours mais aussi s’assurer l’absence de prise d’antalgique type « aspirine » (anti-agregant
plaquettaire).
L’arrêt cardiaque, mort subite :
Danger de collision corporelle : boxe
Indication d’avoir une bouteille d’oxygène et un défibrillateur semi-automatique proche du
ring.
Le « commotio cordis » (choc sternal lors de l’ascension du segment ST entraînant une
Fibrillation ventriculaire) est le risque principal : Le Défibrillateur semi-automatique doit être
à porté de main.
Indication d’avoir en plus du médecin une équipe d’ambulancier pour aider à la réalisation
des premiers gestes avant l’arrivée des secours.
K.O
L’arbitre demande un avis ?
RECUPERATION IMMEDIATE
EXAMEN CLINIQUE NORMAL
. Jeune Boxeur
. Unique
. Avant le 3ème round
. « KO surprise »
. Boxeur expérimenté
. Après le 3ème round
. Multiples « genou à terre »
. « KO de combat dur »
ARRET DU COMBAT
SURVEILLANCE TRAUMA CRANIEN SIMPLE
ARRET DU COMBAT
ARRET 3 SEMAINES ET REPRISE APRES IRM
+/- SCANNER CEREBRAL
INCONSCIENT APRES LE DECOMPTE
PUIS RECUPERATION
INCONSCIENT PUIS
RECUPERATION APRES POSE DU
MASQUE O2
RESTE INCONSCIENT
ARRET CARDIORESPIRATOIRE
RCP REF. DSA SUR LE RING
ARRET DU COMBAT
1/2 ASSIS PUIS DEBOUT APRES
RECUPERATION
SCANNER CEREBRAL EN URGENCE
SURVEILLANCE TRAUMA CRANIEN SIMPLE
ARRET DU COMBAT
LVAS (Retrait du dentier)
PLS
OXYGENOTHERAPIE A HAUT DEBIT
SCANNER CEREBRAL EN URGENCE
HOSPITALISATION
ARRET DU COMBAT
LVAS (Retrait du dentier)
PLS
OXYGENOTHERAPIE A HAUT DEBIT
BRANCARDAGE RAPIDE EN MILIEU
ADAPTE ET PREVU AVANT LE
COMBAT
REANIMATION
TRANSPORT MEDICALISE
Les plaies :
Les paies n’occluant pas l’œil, n’empêchant pas la vision binoculaire doivent être prise en
charge après le combat. La salle doit être adaptée, propre et désinfectée.
La suture doit se faire si possible immédiatement après le combat (avant les interviews, les
félicitations… expositions aux secrétions orl, manu portées) avec application d’un pansement
compressif.
La suture doit se faire plan par plan pour éviter toutes adhérences et renforcer les téguments
avec pour le plan cutanée un fil non résorbable à retirer au 5ème jour avec 6 à 12 heures de
pansement compressif.
Les plaies importantes profondes sur l’ensemble du visage doivent entrainer une proposition
d’arrêt du combat même si cette plaie ne modifie pas la vision et la respiration.
Un mot pour le médecin traitant améliore les rapports confraternels et permet d’être au
courant d’éventuelles complications.
La fracture des OPN sous la plaie ne nécessite pas d’examen radiologique : la fracture est
clinique mais reste une fracture ouverte nécessitant la cautérisation avec une mèche par
exemple mais aussi la prescription d’une antibiothérapie adaptée.
Les hématomes des oreilles sont à évacuer
Pathologie dentaire :
Chocs directs provoqués par l'adversaire, malgré les moyens de protections conseillés ; et des
chocs indirects lors des chutes.
CONCLUSION :
Lors de la couverture médicale il est nécessaire :
D’avertir le service d’urgence, le SMUR et le SAMU régionale de la tenue d’un gala ainsi que
le neurochirurgien du secteur sanitaire et/ou l’unité neurovasculaire du secteur sanitaire
proche du lieu de la soirée.
S’assurer de l’existence d’une salle médicale permettant de faire un examen médical, une
suture et/ou des soins appropriés à telle ou telle situation.
Que l’organisateur ait prévu :
-
La présence d’une équipe d’ambulancier avec un véhicule lourd, un brancard, une
bouteille d’oxygène.
La présence proche du ring d’un défibrillateur semi-automatique.
La réalisation d’un contrat entre le médecin et l’organisation ainsi que la prise en
charge par l’organisation de l’assurance responsabilité professionnelle du praticien
lors de la couverture de cette soirée.
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