Sumer était une civilisation et une région historique

Sumer était une civilisation et une région historique située dans le sud de l'Irak, la
Mésopotamie. Elle a duré de la première colonie de Eridu dans la Période d'Obeïd (fin du 6 e
millénaire av. J.-C.) en passant de la période d'Uruk (4 e millénaire avant J.-C.) et les périodes
dynastique (3 e
millénaire av. J.-C.) jusqu'à la montée de Babylone au début du 2 e
millénaire
av. J.-C.. Le terme "Sumerien" s'applique à tous les locuteurs de la langue sumérienne. Elle
constitue la première civilisation véritablement urbaine et marque la fin de la préhistoire au
Moyen-Orient.
Sommaire
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1 L'origine de la civilisation sumérienne
2 Structure politique
3 Civilisation et art
4 Religion
5 Notes
6 Voir aussi
o6.1 Bibliographie
o6.2 Articles connexes
o6.3 Liens externes
L'origine de la civilisation sumérienne [modifier]
La civilisation sumérienne est apparue selon Jean Margueron du fait que l'épeautre - céréale
poussant naturellement depuis des millénaires à proximité des berges du Tigre et l'Euphrate -
a permis il y a 9000 ans à l'homme d'alors de se sédentariser en remplaçant le besoin de
s'alimenter au jour le jour par la possibilité de stocker des céréales, donc des aliments, sur une
année. Cette mutation décisive induisit les premières structures urbaines, rendant nécessaires
des travaux d'irrigation d'une exceptionnelle ampleur, sur des milliers d'hectares. La
civilisation sumérienne se développa en inventant l’écriture et l’architecture.
L’apparition de cette civilisation urbaine peut paraître soudaine (vers le IV e
millénaire av. J.-
C. avec la Période d'Uruk). On ne sait d'ailleurs pas d'où viennent les sumériens, la langue
sumérienne n'appartenant ni au groupe des langues sémitiques, ni à celui des langues indo-
européennes, le fameux mythe d’"Abgad" (les Sept Sages) impute la première civilisation du
pays par ces nouveaux immigrants étranges « arrivés de la mer ». Il est possible qu'ils soient
venus du sous-continent indien ou d'Asie en longeant le littoral iranien. D'autres hypothèses
les feraient venir du nord (Asie Mineure ou Zagros).
Pourtant certains auteurs, comme Jean Louis Huot (cf Bibliographie) pensent que cette
civilisation est le résultat de la lente évolution par sédentarisation des communautés humaines
qui occupaient le sud de la Mésopotamie depuis une dizaine de millénaires. À un certain
moment, elles se sont dotées de l'outil qui leur permit de noter leur langue, le sumérien.
Cette civilisation a probablement décliné et disparu à cause de la stérilisation saline des terres
agricoles (l'infiltration dans les sols des eaux d'irrigation aurait fait monter à la surface et s'y
concentrer les sels minéraux contenus dans la nappe phréatique[1]) et du déplacement
géographique des lits des fleuves.
Structure politique [modifier]
Contrat archaïque sumérien, inscription pré-cunéiforme, musée du Louvre
L’utilisation de l’écriture est concomitante à une organisation complexe de la société. Elle est
administrée, de façon méticuleuse et tatillonne, par un État monarchique et sacerdotal dirigé
par un roi (lugal, « homme grand ») ou un prince (ensi, autrefois lu patesi).
Le sumérologue Th. Jacobsen propose l’idée d’une démocratie primitive aux origines de
Sumer. En s’appuyant principalement sur les mythes qui mettent en scène des assemblées où
interviennent des héros, des hommes ou des divinités (épopée de Gilgamesh), il pense que la
plus ancienne institution politique aurait été une assemblée d’hommes libres où des Anciens
auraient géré des affaires courantes et lorsque le besoin s’en faisait sentir, auraient délégué des
pouvoirs à un en pour des travaux importants ou à un lugal en cas de guerre. Dans ce système,
les autorités religieuses et royales auraient pu se développer au détriment d’hommes libres.
Karl August Wittvogel défend la thèse d’un État "hydraulique". La civilisation sumérienne
offre un exemple, parmi d’autres, de l’existence d’un pouvoir despotique exigé par la
nécessité d’organiser et d’administrer un réseau de distribution de l’eau : il fallait répartir
équitablement celle-ci, mais aussi obtenir par la corvée le travail nécessaire à la création, puis
à l'entretien de ce réseau. Cette théorie pouvait facilement se fondre avec celle d’une
démocratie primitive et le despotisme du pouvoir royal. Elle a été combattue, notamment
après les recherches de R. McAdams, qui montrent que les réseaux d’irrigation de Sumer au
début du IIIe millénaire ne nécessitaient pas un pouvoir coercitif, chaque agglomération
n’ayant besoin que d’un territoire réduit pour subvenir à ses besoins. De plus, les historiens
n’ont pas trouvé dans les textes la preuve que le despotisme oriental soit issu des problèmes
liés à la gestion de l’eau, même si l’une des tâches royales a été d’assurer la construction et la
gestion des canaux. Les recherches en ce domaine ne sont pas terminées et l’on peut se
demander si l’aménagement régional de Mari, dont la réalisation a certainement exigé de très
gros moyens en hommes et en temps, a pu se faire sans un pouvoir coercitif, s’appuyant sur
l’idée de l’État et de ses besoins.
Civilisation et art [modifier]
Gudea, prince de Lagash, statue dédiée au dieu Ningishzida, v. 2120 av. J.-C., musée du
Louvre
Les Sumériens et leurs successeurs Akkadiens possédaient une culture exceptionnellement
avancée, on leur doit notamment :
la fondation des premières cités-États (Ur, Lagash, Uruk, Umma, etc.) ;
le premier système politique a deux assemblées ;
le travail du cuivre ;
l'utilisation de la brique dans la construction d'habitations ;
la première architecture religieuse connue (temples puis ziggourats) ;
le développement de la statuaire ;
la glyptique (art de graver sur des pierres fines) ;
l'écriture, à la base des chiffres, après pictographique, puis cunéiforme ;
les mathématiques et l'écriture des nombres en système sexagésimal : numération
sumérienne ;
le premier système scolaire ;
les premières formes d'esclavage ;
le commerce et la notion d'argent.
Religion [modifier]
La religion sumérienne a influencé l'ensemble de la Mésopotamie pendant près de 3000 ans,
ainsi que les onze premiers chapitres de la Bible [2]. Elle est une composante très importante de
la vie, privée comme publique, des Sumériens et donne naissance à des représentations
artistiques comme à des œuvres littéraires. Dans la conception sumérienne, le souverain n'est
que le dépositaire de la divinité : sa fonction est sacerdotale aussi bien que politique.
La religion sumérienne est caractérisée par son polythéisme et son syncrétisme. Son panthéon
compte une grande variété de dieux, structurée en une hiérarchie stricte, calquée sur la société
humaine.
Au sommet se trouve la triade cosmique constituée de :
An (« dieu-ciel »), maître du ciel, roi des dieux, et sa parèdre Antum ;
Enlil (« seigneur-air »), maître de la terre, démiurge, dieu protecteur de Nippur, et sa
parèdre Ninlil ;
Enki (« seigneur-terre » ?), Ea pour les Sémites, maître des eaux douces, dont la ville
sainte est Eridu.
Sous cette triade se trouvent les divinités astrales comme le dieu-lune Nanna (Sîn en
akkadien) et le dieu-soleil Utu (Shamash en akkadien) ; puis les dieux infernaux et les dieux
guerriers ; puis les dieux de la nature et les dieux guérisseurs ; puis les dieux d'instruments
(pioche, moule à briques, etc.) et enfin les esprits et autres démons.
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