Discours de Monsieur le Premier Ministre

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Discours de Monsieur le Premier Ministre
à la Halle de Béré à Châteaubriant le 23 janvier 2009
Mesdames et messieurs, mes chers amis, je voudrais d’abord vous dire combien ça me fait
plaisir de respirer l’air de la région des Pays de la Loire, singulièrement l’air de la LoireAtlantique, l’océan n’est pas loin, et encore plus cet air de Châteaubriant et je voudrais tout
de suite m’expliquer.
Beaucoup de gens m’ont dit, mais pourquoi vous allez à Châteaubriant ? Je vais à
Châteaubriant d’abord parce que depuis longtemps j’avais dit à Alain Hunault que je viendrai
voir ses réalisations, parce que j’ai beaucoup d’admiration pour le travail qu’il fait.
J’ai beaucoup d’admiration pour le travail qu’il a accompli pour transformer cette ville et j’ai
beaucoup d’admiration pour le dynamisme économique et l’esprit de rassemblement qui
règne ici à Châteaubriant et qui démontre que lorsqu’on est rassemblé autour d’objectifs
communs, les choses avancent et que lorsque l’on est divisé, et que l’on passe l’essentiel de
son temps à se quereller, naturellement, les choses n’avancent pas. Merci, Alain, de la leçon
que tu donnes, merci de la démonstration de cette efficacité qui caractérise l’équipe
municipale de Châteaubriant.
Et puis je pense que les villes moyennes comme Châteaubriant, ces villes où on a à la fois la
dimension suffisante pour conduite un développement, y compris un développement dans la
mondialisation - et je l’ai vu à l’instant en visitant une entreprise qui exporte près de 60% de
sa production à travers le monde entier - mais en même temps où la taille permet de gérer
les problèmes humains, de gérer les problèmes sociaux, d’une façon qui est une façon
humaine, qui est une façon à une taille qui est une taille raisonnable. Je pense que ces villes
moyennes sont des véritables atouts pour notre pays et qu’il faut les encourager. Il n’y a pas
que les grandes agglomérations, elles ont leur rôle à jouer, mais ce tissu de villes moyennes,
qui caractérise si bien d’ailleurs notre région des Pays de la Loire, est un tissu que je voulais,
au fond, par cette visite aussi, saluer et encourager.
Je viens, naturellement, en ce début d’année, vous présenter à tous mes vœux, je les
présente aux élus de Loire-Atlantique, je les présente à Michel Hunault, que je remercie de
m’avoir accueilli, je les présente à chacun d’entre vous, en vous disant, certes l’année qui
s’ouvre va être une année difficile, elle va être difficile pour les Français, comme elle va être
difficile pour les Européens, comme elle va être difficile dans le monde entier, mais parce
que cette année va être difficile nous avons besoin de montrer, chacun, que nous sommes
capables de donner le meilleur de nous-mêmes. Nous allons devoir affronter les
conséquences d’une crise économique, qui est une crise économique mondiale.
Cette crise économique ce n’est pas la crise du capitalisme, comme voudrait nous le faire
croire une certaine gauche, qui après avoir échoué voudrait que le modèle qu’elle a
tellement combattu échoue aussi. Non, c’est une crise d’un capitalisme sauvage, d’un
capitalisme qui n’a pas été régulé, d’un capitalisme financier. On a besoin d’investisseurs, on
a besoin d’actionnaires, qui apportent de l’argent aux entreprises, pour que les entreprises
se développent et qu’elles créent des emplois, c’est la meilleure façon de créer de la
richesse et quand on a essayé d’autres systèmes, sans liberté, sans actionnaire, sans
capital, on a eu les catastrophes que l’on sait. Mais on veut que ces actionnaires aient le
sens de l’intérêt général, que ces actionnaires ne poursuivent pas des objectifs
invraisemblables, des objectifs inatteignables, des objectifs parfois immoraux.
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Comment accepter que certains veuillent obtenir des taux de rentabilité pour leurs capitaux,
de 8, de 9 ou de 10 %, quand la croissance de l’économie est de 2 ou de 3 % ? Comment,
d’ailleurs, n’avons-nous pas plus tôt tiré le signal d’alarme ? Comment des hommes et des
hommes, de bonne foi, se sont-ils laissés berner par ce monsieur Madoff qui promettait des
rentabilités à 8, à 9, à 10 et à 11 %, alors même que l’économie américaine avait un taux de
croissance de l’ordre de 3 % ? Comment est-ce que ça peut fonctionner ? Comment est-ce
qu’on a pu se laisser aller à accepter des attitudes, qui au fond nous ont conduit aujourd’hui
dans la situation où nous sommes ?
Eh bien face à cette crise, le gouvernement, que j’ai l’honneur de diriger et je suis heureux
d’être ici en compagnie de Laurent Wauquiez, qui a la responsabilité ô combien lourde
aujourd’hui, de l’emploi dans mon gouvernement, le gouvernement a fait preuve de
réactivité, il a fait preuve de sang-froid et il a fait preuve d’humilité.
Et j’invite, au fond, chacun d’entre nous, à conserver ces trois qualités essentielles pour faire
face à la crise. La réactivité d’abord. Nous avons été les premiers à réagir, dans bien des
aspects, à la crise économique et financière qui s’est abattue sur le monde. Souvenez-vous,
dès le mois de septembre, nous avons déclaré, avec le président de la République, alors
qu’il y avait une vraie menace de voir s’effondrer le système bancaire - et qu’est-ce que ça
veut dire l’effondrement du système bancaire ? Ça veut dire que vous auriez fait la queue
devant les banques pour aller récupérer vos économies et que certains d’entre vous ne les
aurez pas récupérées. Voilà ce que ça voulait dire.
Eh bien nous avons été les premiers à dire, en France il n’y aura pas de faillites de banques,
parce que l’Etat ne le permettra pas. Parce que l’Etat engagera son crédit, sa garantie, pour
empêcher les faillites de banques. Je pense que cette décision a été sans doute la plus
importante de toutes celles que nous ayons prises parce qu’elle a permis d’arrêter
l’hémorragie qui était en train de se produire dans le monde entier.
Et d’ailleurs nous avons immédiatement démontré qu’il ne s’agissait pas seulement de
paroles, puisque nous avons empêché la faillite d’une banque, il y avait une banque
française qui était en réelle difficulté, DEXIA, une banque franco-belge, mais une banque qui
avait la caractéristique d’être la principale banque des collectivités locales françaises, nous
avons décidé de rentrer à son capital, d’augmentation notre participation à son capital, pour
la sauver et pour la contrôler. Nous avons été les premiers à proposer, avec les britanniques,
un plan de sauvetage du système financier à hauteur de 370 milliards d’euros, c’est-à-dire
que nous avons dit aux banques, nous vous apporterons de l’argent pour vos fonds propres,
pour que vous soyez capables de continuer à emprunter sur les marchés financiers, et cet
argent ce n’est pas un cadeau qu’on vous fait, on vous demande de nous le rémunérer à 8%
; et c’est normal, puisqu’il s’agit de dotations en capital qui permettent ensuite aux banques
d’exercer leur activité. Et nous leur avons dit ensuite, nous vous garantirons vos emprunts
sur les marchés financiers à hauteur de 320 milliards d’euros, pour réamorcer la pompe du
crédit qui était complètement arrêtée dans notre pays et qui grâce aux mesures que nous
avons prises, commence doucement, c’est vrai, lentement, parce que c’est difficile, parce
que les marchés financiers de l’ensemble des pays développés sont saturés, commence à
refonctionner. Nous avons été parmi les premiers, sinon les premiers, à dire que cette crise
financière ne pouvait pas faire l’objet simplement de mesures immédiates de redressement
des banques, de soutien aux banques, mais qu’il fallait aussi qu’on en tire les conséquences
pour l’avenir et qu’on ne recommence pas dans 3 ans, dans 4 ans, dans 5 ans, les mêmes
erreurs, pour se retrouver dans la même situation.
Et c’est la raison pour laquelle le président de la République a appelé de ses vœux, d’abord
un sommet à Washington, qui s’est tenu, et puis ensuite un deuxième sommet qui va se tenir
à Londres dans quelques jours, pour engager une réforme profonde du système financier
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international. Ce qu’on veut c’est que désormais tous les organismes financiers, quels qu’ils
soient et où qu’ils se trouvent, sur le territoire de la planète, soient contrôlés et régulés.
Il y avait et au fond on le découvre à l’occasion de cette crise, des centaines, des milliers, de
structures financières qui échappaient à la régulation. Soit parce qu’elles n’étaient pas des
banques classiques, c’était le cas par exemple des banques d’affaires, soit parce qu’elles
étaient dans des territoires qui n’étaient pas contrôlés, ce qu’on appelle les paradis fiscaux.
Eh bien nous avons engagé ce combat, parce qu’il ne faut pas s’y tromper, nous n’avons pas
le droit ni sur le plan financier, ni sur le plan économique, mais surtout sur le plan moral, sur
le plan politique ; nous n’avons pas le droit de laisser se reproduire une catastrophe comme
celle que nous venons de connaître.
J’ai l’habitude d’utiliser un exemple lorsque j’évoque ce sujet devant des banquiers, devant
des milieux financiers, du monde entier, je leur dis, moi j’ai été maire d’une ville comparable
à Châteaubriant, Sablé-sur-Sarthe, pendant près de 20 ans, et en 1995 il y a eu à Sablé des
inondations terribles, le tiers de la ville a été inondé. Naturellement, avec l’équipe municipale
nous sommes allés aider les personnes qui étaient en difficulté, pendant près d’une
semaine, avec des cuissardes, avec une barque, on allait chaque jour secourir ceux qui en
avaient besoin, remonter le moral de ceux qui étaient les plus en difficulté, et nous étions
toujours très bien accueillis. Et je me souviens qu’après ces inondations nous avons
organisé une sorte de grand dîner avec l’ensemble de ceux qui avaient été touchés par ce
fléau, et il y avait une très bonne ambiance, presque une sorte de communion entre nous. Et
puis trois ou quatre ans plus tard, il y a eu les mêmes inondations, alors on a repris nos
cuissardes et notre bateau, et on est retourné apporter notre soutien aux personnes en
difficulté.
Eh bien là ça ne s’est pas passé du tout pareil. On n’a pas du tout été accueillis avec le
sourire. Et les gens ils avaient un reproche à nous faire, et le reproche c’était : qu’est-ce que
vous avez fait pendant trois ans pour empêcher que ces inondations se reproduisent ?
Eh bien voilà exactement la situation devant laquelle on serait si nous ne prenions pas les
mesures nécessaires pour moraliser le système financier, pour réformer le capitalisme, pour
organiser la régulation. Alors, si une nouvelle crise devait se reproduire, elle aurait non
seulement des effets catastrophiques sur l’économie, mais elle entraînerait une crise
politique, une crise morale, une crise sociale, absolument majeure. Et c’est la raison pour
laquelle nous devons, en même temps, conduire la réforme du système financier
international, et prendre les mesures d’urgence pour relancer notre économie et sauver nos
établissements financiers.
Nous avons, parmi les premiers pays en Europe, dès le mois d’octobre, mis en place un plan
de soutien aux petites et moyennes entreprises, de près de 22 milliards d’euros, en orientant
la collecte des livrets réglementés, l’épargne réglementée, vers les petites et moyennes
entreprises.
Nous avons été parmi les premiers à mettre en place, sinon les seuls d’ailleurs, en Europe,
un fonds stratégique, doté déjà de 20 milliards d’euros, pour commencer, dont l’objectif sera
de prendre des participations dans des entreprises, petites ou grandes, stratégiques pour
l’avenir de notre pays. Au fond, ce que nous ne voulons pas voir se reproduire, c’est ce qui
s’est passé dans les années 60/ 70, quand il y avait des secteurs industriels qui
disparaissaient et que tout le monde disait, oui, c’est la fatalité, oui c’est vrai, on ne pourra
plus jamais avoir de sidérurgie en France, oui on ne peut plus avoir de textile en France,
oui... certains disaient même, on ne peut plus avoir d’industries en France.
Et souvenez-vous d’un grand chef d’entreprise qui avait préconisé les entreprises sans
usine. Eh bien on a vu à quoi cela avait conduit, et nous ne voulons pas nous retrouver dans
cette situation où on accompagne, avec l’argent des contribuables, la mort des industries. Ce
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que nous voulons c’est investir dans les entreprises stratégiques, quand elles sont en
difficulté, parce que nous avons besoin de les maintenir sur notre territoire.
Alors naturellement ça ne veut pas dire qu’on va distribuer de l’argent à des entreprises qui
sont mal gérées, ou à des entreprises qui n’ont pas d’avenir, mais ça veut dire qu’on est prêt
à prendre des participations au capital d’entreprises, petites et moyennes, dont l’intérêt pour
notre pays est stratégique, parce qu’il ne faut pas laisser partir des savoir-faire. Et d’ailleurs
on n’a pas attendu la création du fonds stratégique pour le faire, pour une grande entreprise
de la région des Pays de la Loire, et je suis très fier d’avoir été à l’origine de cette décision,
c’est la prise de participation qui a été la nôtre dans les Chantiers de l’Atlantique.
Nous savons que les Chantiers de l’Atlantique avaient été rachetés par une grande
entreprise coréenne, c’est une entreprise de grande dimension, c’est une entreprise qui est
capable de donner aux Chantiers de l’Atlantique une ouverture encore plus grande sur les
marchés mondiaux, des moyens de financement, mais en même temps il y avait une
inquiétude, une crainte. Est-ce que cette entreprise coréenne ne va pas attirer la substance
des Chantiers de l’Atlantique, le savoir-faire, pour le délocaliser ailleurs ? Eh bien, pour que
cela ne se produise pas, nous avons décidé de prendre une participation dans cette
entreprise, parce que c’est une entreprise stratégique, et parce que nous voulons que la
France reste un pays d’industrie.
Regardez ce qui se passe en Grande-Bretagne aujourd’hui. La Grande-Bretagne avait
considéré que c’était l’industrie qui n’était plus stratégique, qu’on pouvait la laisser
disparaître, et qu’il fallait se concentrer sur les services, et en particulier sur les services
financiers, eh bien regardez quelle est la situation de l’économie de notre voisin britannique.
Cette situation est bien plus grave que celle que nous connaissons aujourd’hui, parce que la
crise frappe de façon encore plus brutale, naturellement, les services financiers, et que la
Grande-Bretagne n’a pas la possibilité de mettre en œuvre des politiques comme celle que
nous mettons en œuvre, pour permettre à son industrie de relancer l’activité économique. Et
puis nous avons décidé, parmi les premiers en Europe, d’un plan de relance, de 26 milliards
d’euros, pour alimenter les investissements, des entreprises, des collectivités locales, des
entreprises publiques, pour procurer du travail aux salariés français.
Pourquoi est-ce que nous avons fait ce choix, d’aider les investissements et non pas, comme
le réclame la gauche si souvent, de faire des chèques aux Français pour les aider à
consommer ? Pour deux raisons, mais la principale c’est quand même celle que nous
sommes l’un des pays les plus endettés de tous les grands pays européens.
Et quand on est aussi endetté que nous - et ce n’est pas nouveau, ça fait 33 ans que nous
n’avons pas voté un budget en équilibre dans notre pays - quand on est aussi endetté que la
France, si à l’occasion d’une crise comme celle-là, on accroît notre endettement, sans
moderniser notre économie, alors avec quoi demain va-t-on rembourser notre dette ? La
seule façon, aujourd’hui, de sortir de la crise et de donner à nos enfants la possibilité de
rembourser les dettes, c’est de moderniser l’économie française.
Et pour moderniser l’économie française, eh bien nous allons accélérer l’effort d’équipement,
l’effort d’équipement en transport ferroviaire, l’effort d’équipement en transport routier, nous
allons lancer des grands chantiers, nous allons aider les universités, aider la recherche,
aider les collectivités locales à investir. Bien sûr, cela va accroître le déficit public, mais cela
accroîtra le déficit public en donnant à notre pays des atouts, des outils, des outils
modernes, pour pouvoir, demain, produire plus, obtenir plus de croissance, et rembourser la
dette qu’aujourd’hui, naturellement, comme tous les autres grands pays européens, nous
sommes obligés de creuser.
Alors je vois bien les critiques, là, qui arrivent depuis quelques jours, et en particulier celles
de l’opposition, qui vient de faire connaître son plan de relance de l’économie. Moi je suis
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prêt à prendre toutes les idées, surtout quand on est devant une difficulté comme celle-là, je
pense qu’on a tous intérêt à se serrer les coudes et personne n’a la vérité. Mais
franchement, proposer un plan de relance de l’économie française, trois mois après le début
de la crise, trois mois après le début de la crise, et proposer, dans les mesures de ce plan de
relance, pour l’essentiel, des dispositions qui conduiraient à accroître le déficit de notre pays
sans en rien relancer la compétitivité de notre économie, je ne pense pas que ce soit la
meilleure façon de répondre aux difficultés que nous rencontrons.
Enfin, nous avons décidé de faire preuve d’un grand pragmatisme, c’est-à-dire de ne pas
figer notre réponse à la crise à un instant T, mais d’adapter cette réponse au fur et à mesure
que la crise évolue.
Franchement, aujourd’hui, si vous voyez un expert qui est capable de vous dire avec
précision ce que sera l’année 2009, à quel moment nous sortirons de cette crise, quand estce que le système financier retrouvera son fonctionnement normal, donnez-moi son adresse,
pour l’instant je n’en vois pas. Ceux qui sont chargés de conseiller le gouvernement, les
grands économistes qui nous font part de leurs prévisions, leurs analyses varient entre 1 an
et 3 ans. Le moins qu’on puisse dire c’est qu’ils ne s’engagent pas trop et je comprends
qu’ils ne s’engagent pas trop car c’est très, très difficile. Et donc, nous, nous avons décidé de
garder la possibilité d’adapter notre plan, et par exemple, cette semaine, nous avons lancé
les états généraux de l’automobile, et nous allons compléter le plan de relance par un plan
sectoriel pour aider le secteur de l’automobile, parce que c’est un des secteurs qui est les
plus en difficulté, qui représente 10 % de la population active dans notre pays, et qui reste un
secteur stratégique qu’on ne peut pas laisser disparaître.
Donc nous avons commencé à mettre en place une politique, une politique de soutien à la
consommation dans le secteur automobile avec le bonus malus et la prime à la casse, mais
aussi une politique de soutien aux équipementiers automobiles, qui sont les premiers
frappés par la crise, avec un fonds stratégique déjà doté de 300 millions d’euros.
Enfin, nous avons pris l’engagement de financer directement, en leur prêtant, comme si nous
étions un établissement financier, les grands constructeurs automobiles, pour qu’ils passent
ce moment difficile, et en particulier pour qu’ils puissent travailler à la réalisation des
véhicules propres, des véhicules de demain, des véhicules électriques, pour faire en sorte
que non seulement nous puissions permettre la survie de l’industrie automobile française.
Mais en même temps faire en sorte que grâce à la crise elle aille un peu plus vite dans la
conception des véhicules qui demain seront réclamés sur le marché mondial, parce qu’il
faudra faire face à la raréfaction des produits pétroliers et à la nécessité de la lutte contre le
réchauffement climatique.
Voilà, on a essayé de faire preuve de réactivité mais on a aussi voulu faire preuve de sangfroid, c’est-à-dire nous avons voulu éviter la précipitation, éviter la démagogie. J’entends les
critiques de l’opposition, les critiques parfois des observateurs, disant "c’est pas assez", ou
alors « pourquoi est-ce que vous ne faites pas comme les britanniques, qui ont nationalisé
les banques ? " ou alors "pourquoi est-ce que vous n’utilisez pas l’arme de la relance par la
consommation ?" eh bien c’est simple, parce que nous sommes la France et que nous avons
adapté notre plan de relance à la situation de l’économie française. Pourquoi nationaliser
des banques si elles ne sont pas en extrême difficulté, comme c’est le cas des banques
britanniques ? C’est drôle d’ailleurs, on a l’impression que certains nous reprocheraient
presque d’avoir des banques qui se portent mieux que les banques des autres pays
européens, et en particulier que les banques britanniques. Moi je préfère avoir en face de
moi un banquier qui me dit, "c’est difficile, j’ai besoin que l’Etat m’aide à passer ce moment,
mais la situation de ma banque est une situation qui est une situation équilibrée ", plutôt que
d’avoir en face de moi, comme c’est le cas du Premier ministre britannique, une série de
banques anglaises qui sont en faillite, et dont il a fallu que l’Etat britannique les nationalise
pour les sauver.
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Si nous étions dans la même situation, eh bien nous ferions la même chose, mais pourquoi
nous demander aujourd’hui de nationaliser des établissements bancaires qui ne nécessitent
pas cet instrument ultime qu’est la prise de contrôle par l’Etat.
Quand une banque est au bord du dépôt de bilan, comme c’était le cas de DEXIA, nous
nationalisons, c’est-à-dire nous rentrons au capital, nous changeons les dirigeants, nous
fixons la ligne stratégique. Quand une banque est capable de poursuivre son
développement, qu’elle a besoin à un moment donné d’un soutien de l’Etat, sous contrôle,
nous mettons en place le dispositif que nous avons mis en place.
L’exemple de la Grande-Bretagne, qui semble tellement fasciner nos amis de l’opposition,
est un exemple qui ne peut pas s’adapter au plan de relance que nous avons décidé, parce
que nous ne sommes pas dans la même situation économique.
Le déficit de la Grande-Bretagne va dépasser les 8 % de son produit intérieur brut. La
monnaie britannique a perdu 25 % de sa valeur en quelques mois.
Heureusement que nous ne sommes pas dans cette situation. Et je pense que plutôt que de
nous demander d’utiliser les mêmes méthodes qui sont utilisées en Grande-Bretagne,
l’opposition devrait se réjouir que la situation économique de notre pays soit moins mauvaise
que celle de nos voisins britanniques.
Et puis enfin, j’ai appelé, et j’appelle, tous les dirigeants, et au premier rang d’entre eux les
membres du Gouvernement, à faire preuve, dans cette crise, de beaucoup d’humilité. Quand
la vie des Français est difficile, et elle est difficile, et que dans les mois qui viennent elle va
continuer d’être difficile parce que le ralentissement brutal de l’économie va naturellement
continuer à poser des difficultés aux entreprises, et générer des pertes d’emplois dans notre
pays ; eh bien quand la vie des Français est difficile, les hommes politiques, que ce soit les
membres du gouvernement, que ce soit les responsables locaux, que ce soit tous ceux qui
ont des responsabilités dans le pays, doivent faire preuve d’une très grande retenue, d’une
très grande humilité et d’une très grande écoute.
J’ai l’habitude de dire que nous ne sommes pas des stars, nous sommes des responsables
politiques, c’est-à-dire des hommes et des femmes qui ont été choisis, pour un temps donné
par les Français, pour diriger le pays. C’est tout, rien d’autre. Et ce n’est pas parce que tout
d’un coup on a le pouvoir, que nous ont confié les Français, qu’il faut perdre la tête, qu’il faut
se laisser éblouir par les projecteurs, qu’il faut considérer que seule la présence médiatique
compte.
Non, nous devons vivre comme les Français, faire preuve de la même modération, faire
preuve de la même humilité, c’est vrai pour les membres du gouvernement, c’est vrai pour
les responsables politiques, c’est vrai naturellement pour les responsables économiques. Et
c’est bien dans cet esprit que le président de la République a appelé les responsables des
banques à faire preuve d’un bon sens minimum, en n’augmentant pas leur rémunération au
moment où ils viennent tendre la main pour demander à l’Etat de les aider à passer un
moment difficile.
Je pense que chacun, à sa place, dans le monde économique, doit adopter cette attitude
d’humilité, qui sera un élément important pour entraîner les Français dans l’effort de
réformes et nous permettre de sortir de cette crise.
Nous sommes, je vous le disais, devant une crise qui est une crise historique, elle est
historique parce que c’est la première fois qu’une crise économique concerne en même
temps le monde entier. Eh bien, face à cette crise historique, nous ne pouvons pas nous
contenter des recettes d’autrefois, nous avons besoin d’innover, nous avons besoin
d’inventer, nous avons besoin d’imaginer, et nous avons besoin de le faire ensemble. Nous
avons besoin d’unité.
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Si j’ai parlé tout à l’heure de l’unité que le maire de Châteaubriant avait su créer dans sa
communauté de communes, quelles que soient, après tout, les convictions des uns et des
autres, c’est bien parce que je pense qu’aujourd’hui, dans la crise que nous traversons,
l’unité des Français est nécessaire. Naturellement, quand je réclame l’unité nationale, je ne
demande pas aux uns ou aux autres de renoncer à leurs convictions, je ne leur demande
pas de renoncer à se battre contre tel ou tel projet du gouvernement qu’ils estiment contraire
à leurs convictions, je leur dis simplement, et je m’adresse naturellement à tous les Français
en disant cela, nous sommes face à une crise très grave, la plupart des grands pays
développés prennent les mêmes remèdes pour sortir de cette crise, eh bien essayons au
moins de faire preuve d’unité dans la mise en œuvre de cette relance économique.
Est-ce qu’il est nécessaire de nous quereller en permanence sur le plan de relance, sur le
plan de sauvetage des banques ? Alors un plan de sauvetage des banques qui est décidé
par un gouvernement socialiste en Espagne, c’est très bien, le même plan de sauvetage des
banques qui est décidé par un gouvernement de droite en France ce n’est pas bien.
Est-ce que c’est la meilleure façon d’envoyer un message, d’unité, de solidarité, d’espoir, à
nos concitoyens, qui attendent que face à la gravité de la situation l’ensemble des acteurs
politiques fasse preuve d’un peu d’unité ? Alors je le dis parce que j’ai vu que mardi prochain
l’opposition allait censurer le gouvernement, franchement ils n’ont rien trouvé de plus
intelligent que de censurer le gouvernement dans une phase aussi difficile que celle nous
connaissons.
Est-ce que vous pensez que c’est la meilleure réponse à la crise économique que de
censurer le Gouvernement ? Je ne me fais pas trop d’inquiétude sur le vote du Parlement,
mais je pense qu’il y avait autre chose à faire que de dresser les uns contre les autres et de
vouloir censurer un gouvernement qui essaie, avec le sens de l’intérêt général, en cherchant
à rassembler les Français, à sortir notre pays de la crise.
Nous devons nous rassembler sur le plan de relance, nous devons nous rassembler autour
de décisions qui sont des décisions que nous avons prises ensemble, en commun, avec
l’ensemble des pays européens.
Nous devons nous rassembler parce que la France a besoin que ses responsables mettent
toute leur énergie au service de la relance, et non pas toute leur énergie au service de
l’échec des politiques de relance. Et puis nous avons besoin de confiance pour affronter
cette crise historique.
Nous avons besoin d’abord de confiance dans le système financier, et pour que la confiance
revienne dans le système financier, il faut que les banquiers, les responsables de ce
système financier, fassent preuve de transparence. Certes ils ne peuvent pas accorder des
prêts à tout le monde, et ce n’est pas parce que l’Etat apporte des garanties que les
banquiers doivent tout d’un coup prêter à tout le monde, y compris à ceux qui ne pourront
pas rembourser. Mais en même temps il faut qu’on sache pourquoi une décision de prêt a
été refusée ou une décision de prêt a été acceptée. C’est la transparence des décisions que
nous demandons.
Et puis nous demandons au système financier, pour restaurer cette confiance, qu’il s’engage
dans l’effort de relance, c’est-à-dire qu’il accepte de prendre un peu plus de risque, et c’est
son intérêt, car l’intérêt des institutions financières c’est que l’économie reparte, que la
croissance revienne, et c’est quand l’économie sera repartie et que la croissance sera
revenue que l’institution financière pourra de nouveau se développer et réaliser des
résultats.
Et puis pour que la confiance revienne il faut que le système financier respecte les salariés
et les clients, et c’est la raison pour laquelle nous avons demandé, avec le président de la
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République, que les responsables des établissements bancaires renoncent à augmenter
leurs rémunérations, et ne distribuent pas des dividendes à leurs actionnaires, mais utilisent
l’essentiel de leurs résultats, s’ils ont la chance d’en avoir, pour augmenter leurs fonds
propres. On ne peut pas à la fois dire aux contribuables, nos fonds propres sont insuffisants,
prêtez-nous de l’argent pour augmenter ces fonds propres, mais les résultats on va les
donner aux actionnaires. Non.
On voudrait que les résultats soient affectés aux fonds propres, pour l’essentiel, et que les
dirigeants d’établissements bancaires ne s’octroient pas des rémunérations en augmentation
alors même que l’ensemble du pays est en difficulté.
Ce n’est pas seulement une demande qu’on leur a faites, c’est une condition, s’ils veulent
bénéficier de l’aide de l’Etat, ils doivent accepter ces conditions. La confiance elle se
restaure aussi au sein de nos collectivités locales, de nos territoires, qui doivent coordonner
leurs efforts, pour participer au plan de relance, et puis enfin la confiance elle passe, je l’ai
dit, par l’effort que nous avons engagé pour réformer le système financier international, pour
assainir les pratiques des institutions financières.
Mais face à cette crise, mesdames et messieurs, il ne suffit pas de nous rassembler, il ne
suffit pas de mettre l’effort sur la relance de l’économie, il faut aussi que nous continuions
notre effort de réformes. Parce que si nous arrêtions l’effort de réformes que nous avons
engagé, alors à la sortie de la crise la France serait moins forte qu’à l’entrée, et elle serait
surtout moins forte que les autres pays, qui eux font profiter de la crise pour se réformer.
Au fond, dans toute crise, quand vous regardez l’histoire du monde, dans toute grande crise
économique, à la sortie il y a eu des pays gagnants et des pays perdants.
Il y a des pays qui sont entrés dans la crise, ils étaient parmi les premiers, et ils sont sortis ils
étaient dans le milieu du classement ou dans les derniers, et d’autres, qui étaient des pays
en développement et qui ont profité de la crise, parce que la crise rebat les cartes, pour se
moderniser, pour améliorer leur performance et pour passer devant les autres.
Eh bien, c’est la raison pour laquelle nous n’allons pas avec le président de la République,
ralentir notre effort de réformes.
Dans quelques jours, lorsque le Parlement aura terminé d’examiner indéfiniment des textes
certainement très très importants, mais enfin dont on ne peut pas dire qu’ils soient
déterminants pour la relance de l’économie et la modernisation de notre système, nous
allons engager la réforme du logement pour permettre aux Français d’accéder plus
facilement au logement, pour augmenter l’effort de construction de logements sociaux, pour
faire en sorte aussi que ce secteur économique, qui est si important, ne soit pas confronté à
un ralentissement brutal.
Nous allons engager la réforme de l’hôpital, pour améliorer la gouvernance de l’hôpital et
pour améliorer la coordination de l’offre de soins sur le territoire. On a vu avec plusieurs
exemples encore il y a seulement quelques semaines, qu’il y avait des problèmes de
coordination de notre système de santé, et de gouvernance à l’hôpital.
On va débattre de ce qu’on appelle le Grenelle 2, c’est-à-dire la suite du Grenelle de
l’environnement, ce serait un paradoxe que la France, qui a réussi à obtenir, à Bruxelles, des
27 pays membres, alors même que c’était un pari extraordinairement difficile, un
engagement très ambitieux pour lutter contre le réchauffement climatique, que la France
s’arrête dans son effort, pour mettre en place les politiques qui vont nous permettre de
dépenser moins d’énergie, de mettre en œuvre une production d’énergie renouvelable plus
importante, pour mettre en place les dispositions qui nous permettront de protéger notre
planète.
Discours de M. le Premier Ministre à Châteaubriant le 23 janvier 2009 – www.pays-chateaubriant.fr
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Nous allons débattre d’une loi pénitentiaire qui permettra enfin d’apporter une réponse à
cette situation insupportable qui est celle des prisons françaises, malgré tous les efforts que
nous avons entrepris, il faut aussi que l’organisation de notre système pénitentiaire change, il
faut aussi que nous réformions notre procédure pénale, parce qu’il y a des gens qui
aujourd’hui sont en prison et qui ne devraient pas y être, qui devraient faire l’objet d’autres
procédures pour accomplir des peines qui ne nécessitent pas la privation de liberté, et à
l’inverse offrir des conditions qui soient des conditions décentes, respectueuses des droits
de l’homme, à tous ceux qui sont condamnés.
Nous devons débattre de la programmation militaire, de la réforme de la formation
professionnelle, cette réforme si importante qui doit nous permettre d’orienter une part
beaucoup plus importante de l’effort de formation professionnelle vers les hommes et les
femmes qui en ont vraiment besoin, et en particulier vers ceux qui sont en recherche
d’emploi. Si nous étions suffisamment intelligents, forts, organisés, solidaires, pour faire en
sorte que lorsqu’un salarié rencontre une difficulté dans son entreprise, en raison de la
situation économique, et se retrouve au chômage, au lieu de ne rien faire, il soit mis
systématiquement en formation pour améliorer ses compétences dans son métier, ou pour
apprendre un nouveau métier, alors les aléas de l’économie ne seraient plus ressentis par
nos concitoyens avec autant d’angoisse.
Et puis, je l’espère, à la fin de ces 6 mois, de ce semestre de 2009, nous pourrons engager
le débat sur l’organisation de notre territoire. Combien parmi vous sont convaincus que nous
avons une organisation du territoire qui est coûteuse, une organisation du territoire qui
conduit à des compétitions entre les collectivités qui font souvent la même chose, sur les
mêmes politiques, mais que naturellement tout ça se fait au détriment du contribuable, qui lui
finance l’ensemble de l’effort d’équipements publics et de l’effort de service qui est apporté
par l’ensemble des collectivités territoriales. Il faut que notre pays réfléchisse à son
organisation du territoire, c’est la réforme que nous avons engagée.
Il y aura encore la réforme de la justice, la réforme de la procédure pénale, la réforme du
lycée, que nous avons reportée d’1 an, parce qu’elle était mal comprise, elle suscitait trop
d’oppositions, si elle suscitait trop d’oppositions c’est sans doute parce que la concertation
n’avait pas été suffisante, nous avons décidé de la reporter d’1 an, mais nous avons décidé
de la faire, parce que la meilleure réponse à la crise, la meilleure réponse à la compétition
mondiale, c’est bien l’amélioration de la formation initiale comme de la formation
professionnelle.
Et puis enfin, mesdames et messieurs, mes chers amis, nous n’allons pas oublier, nous
n’allons pas abandonner, l’effort de réduction des déficits publics sur lesquels nous nous
sommes engagés, et qui est si important pour moi et pour mon gouvernement. Naturellement
la crise nous oblige à reporter de 2 ans les objectifs de retour à l’équilibre que nous nous
étions fixés, mais ce n’est pas parce qu’on les reporte de 2 ans qu’il faut les oublier.
Et je le dis d’ailleurs à tous ceux qui voudraient nous engager, au motif qu’il y a la crise, à
ouvrir les dépenses publiques sans limite, qu’il n’est pas question que nous le fassions. Oui
à l’accélération des dépenses publiques quand elles permettent de donner du travail aux
Français et quand elles permettent d’améliorer les infrastructures, non à l’augmentation des
dépenses publiques quand elles conduisent simplement à créer des dépenses structurelles,
qui seront reconduites d’année en année, et qui rendront impossible demain le retour à
l’équilibre.
Alors c’est dans cet esprit que nous avons conçu notre plan de relance, l’Etat lui-même va
investir directement en plus des investissements déjà programmés, en 2009, 4 milliards
d’euros, sur les transports, sur l’enseignement supérieur, sur la recherche, sur le
développement durable.
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Les entreprises publiques, LA POSTE, EDF, RESEAU FERRE DE FRANCE, la RATP,
l’ensemble des entreprises publiques, vont investir près de 4,5 milliards d’euros
supplémentaires. Nous allons accélérer la réalisation de 3 lignes de TGV supplémentaires,
dont celle qui concerne notre région.
Nous allons engager la réalisation d’un immense projet attendu depuis si longtemps, qui est
le canal Seine-Nord. Nous allons accélérer la réalisation du Lyon-Turin pour faciliter les
échanges entre la France et l’Europe de l’Est et l’Italie.
Nous allons, ici même, à Châteaubriant, mon cher Alain et mon cher Michel, accélérer la
réalisation du projet Nantes-Châteaubriant en mettant dès cette année des crédits qui vont
permettre d’acquérir les matériels roulants et de préfabriquer des équipements qui vont être
nécessaires à la réouverture de cette ligne.
J’en profite d’ailleurs pour rendre hommage à Michel Hunault, dont chacun se souvient
combien il a été un combattant inlassable de cette réouverture de la ligne NantesChâteaubriant, et qui aura la satisfaction, dans quelques années, d’être sur le quai de la gare
pour accueillir le premier train venant de Nantes.
Et puis nous avons décidé d’aider les collectivités locales à investir, en leur apportant cette
année, de manière anticipée, le remboursement d’une année de TVA, cela représente au
minimum 2,5 milliards d’euros, sans doute plus si les collectivités locales s’engagent à fond
dans cette démarche, c’est donc 2,5 milliards, 3 milliards, peut-être 3,5 milliards d’euros
supplémentaires qui seront investis par les collectivités locales, parce que l’Etat leur
remboursera par anticipation la taxe à la valeur ajoutée.
L’Etat a décidé d’augmenter sa participation aux contrats de plan qui ont été signés avec les
régions, nous étions précédemment dans une phase où nous étions en recherche de
l’équilibre budgétaire, et donc plutôt dans une attitude qui était une attitude d’étalement des
dépenses pour atteindre nos objectifs en matière d’économie, là nous avons décidé de
mettre le paquet sur l’emploi et sur les investissements, et donc nous augmentons notre
participation aux grands projets qui sont contenus dans les contrats de plan. Je pense,
s’agissant de notre région, notamment à Notre Dame des Landes ou au port de Nantes
Saint-Nazaire.
Enfin, l’Etat va rembourser aux entreprises, en 2009, 11,5 milliards d’euros de créances, qu’il
aurait remboursé plus tard, en 2010 ou en 2011, ce qui va permettre de venir soutenir la
trésorerie des entreprises et en particulier de celles qui ont le plus de mal à passer ces
moments difficiles. Voilà mesdames et messieurs ce que nous essayons de faire. Je
voudrais ajouter pour finir, un mot sur l’Europe et sur la place que prend l’Europe dans
l’ensemble des dispositifs que nous mettons en place pour assurer le redressement de
l’économie nationale.
Nous avons pendant six mois présidé l’Europe, je pense que tout le monde reconnaît, en
France comme à l’extérieur, que la présidence française de l’Union européenne a été un
succès. Elle a été un succès parce que nous avons atteint nos objectifs, elle a été un succès
parce que nous avons été au-delà de ces objectifs en faisant face à des crises d’une
extrême gravité, la crise entre la Géorgie et la Russie, la crise financière, qui naturellement
n’était pas au programme de la présidence française de l’Union européenne.
Parce que nous avons atteint nos objectifs sur des sujets aussi difficiles que la lutte contre le
réchauffement climatique. Rendez-vous compte, c’est la première fois dans l’histoire du
monde que 27 pays se mettent d’accord pour se doter de règles contraignantes qui vont les
obliger, d’ici 2020, à baisser de 20 % leur consommation d’énergie, à augmenter de 20 % la
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part des énergies renouvelables dans l’ensemble de la production d’énergie, et ces objectifslà sont des objectifs que nous nous imposons, que nous nous imposons avec des règles
financières contraignantes.
Il n’y a pas d’exemple dans l’histoire, où des pays se soient engagés, avec une telle volonté,
vers un objectif comme celui-là. Eh bien cette période de la présidence française de l’Union
européenne m’inspire aujourd’hui quelques conclusions.
Des conclusions qui seront utiles pour faire face à la crise économique et qui seront utiles
pour construire la prospérité de notre pays. La première de ces conclusions c’est que
l’Europe est beaucoup plus forte qu’elle ne le pense. Au fond nous avons démontré, à
travers la présidence française, pendant la présidence française, qu’on pouvait arrêter une
guerre entre les Russes et les Géorgiens, en ayant le courage de s’engager.
Qu’on pouvait être les premiers à proposer une solution à la crise financière, je rappelle que
la solution à la crise financière elle est venue d’Europe, elle n’est pas venue des Etats-Unis,
ce n’est pas le plan de monsieur Paulson qui a stoppé l’hémorragie financière dans le
système financier international, ce sont les engagements européens, qui d’ailleurs ensuite
ont été repris par les Etats-Unis.
Nous avons démontré aussi qu’on pouvait être en tête de la lutte pour la protection de la
planète. Nous venons de démontrer, avec la crise à Gaza, entre Israël et la Palestine, que
l’Europe pouvait être au premier rang de ceux qui contribuent à construire la paix. Nous
avons démontré que l’Europe n’était pas impuissante, que l’Europe n’était pas condamnée à
être toujours derrière les Etats-Unis, que l’Europe n’était pas condamnée à l’effacement au
motif qu’on était 27 et que c’était très compliqué d’emmener 27 Etats en même temps.
La vérité c’est que quand il y a une volonté, quand il y a une méthode, quand il y a une
autorité, qui s’exprime, quand il y a un président de l’Union européenne qui s’engage à fond,
ce qui a été le cas de Nicolas Sarkozy, alors l’Europe fonctionne. Et d’ailleurs c’est la
démonstration que nous avions raison en voulant, à travers le traité de Lisbonne, doter
l’Europe d’un président qui ait la durée et qui soit fort, d’un président du Conseil, d’un
président représentant les Etats, qui puisse imposer une volonté politique, à la Commission,
dont l’objectif, naturellement, est de mettre en œuvre la politique qui est décidée par les
Etats.
L’Europe nous en avons besoin. Comment pourrions-nous, aujourd’hui, lutter contre la crise
financière si nous n’avions pas une monnaie commune ? Regardez ce qui se passe de
l’autre côté de la Manche, la Livre a perdu 25% de sa valeur en quelques semaines.
Comment pourrions-nous, aujourd’hui, organiser la relance de l’économie sans coordonner
ensemble, entre les Européens, nos politiques ? Imaginez que nous ayons des politiques de
relance à contretemps, ça veut dire que lorsqu’un pays décide par exemple d’une mesure de
soutien à son industrie automobile, si tous les autres pays ne décident pas en même temps
de mesures identiques, alors l’industrie des pays qui ne sont pas aidés va s’effondrer, parce
que les conditions de concurrence ne seront plus acceptables.
Il faut donc bien que nous coordonnions nos efforts, que nous coordonnions nos plans de
relance, et il n’y a que l’Europe qui nous permette d’assumer cette coordination. Et puis
enfin, cette crise financière montre que cette idée que nous les Européens avons de
l’économie, c’est-à-dire d’une économie au service de l’homme, d’une économie dont
l’objectif n’est pas simplement de voir s’envoler les cours de Bourse, d’une économie dont
l’objectif n’est pas simplement de permettre à quelques-uns de faire des supers profits, mais
de permettre à tous de vivre mieux, et de permettre à tous de profiter de services,
d’infrastructures, d’éducation, de santé, qui soient sans cesse améliorés.
Eh bien, cette philosophie qui est la nôtre au fond, et que nous partageons grosso modo
avec l’ensemble des Européens, eh bien c’est mieux que nous soyons forts pour l’imposer
au reste du monde, en tout cas au moins pour montrer au reste du monde que cette
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philosophie-là elle marche, que cette conception de l’économie elle fonctionne, et qu’on peut
à la fois concilier l’efficacité économique du capitalisme et puis en même temps une vision
humaniste d’une société dans laquelle c’est l’homme qui est le seul objectif des politiques
publiques.
Alors, mesdames et messieurs, mes chers amis, je voudrais vous assurer que, avec le
gouvernement, ce que nous essayons de faire c’est de servir l’intérêt général. On peut se
tromper, personne n’a la vérité, et je ne prétends pas que sur tous les sujets nous soyons les
seuls à savoir quelle est la voie à suivre, mais je voudrais simplement que vous soyez
persuadés que tous les jours l’ensemble des membres du Gouvernement, sous mon
autorité, avec le président de la République, nous cherchons, avec honnêteté, avec humilité,
à mettre en place les meilleures politiques possibles pour sortir notre pays de ses difficultés.
Nous sommes prêts à entendre les conseils de tout le monde, nous sommes prêts à
travailler avec tout le monde, mais à condition que tout le monde ait le même sens de
l’intérêt général.
J’ai essayé ici, dans cette région, lorsque j’en ai eu la responsabilité, de démontrer que la
politique que nous conduisions était ouverte à tous, il n’y avait pas d’un côté les amis et de
l’autre côté les adversaires. Eh bien c’est exactement ce que j’essaie de faire à la place où je
suis aujourd’hui, j’essaie de faire en sorte que vous, les habitants de la région des Pays-dela-Loire, qui m’avaient un peu connu, vous n’ayez pas à rougir en regardant celui qui
aujourd’hui, à Matignon, conduit le Gouvernement.
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