
Le Courrier de la Transplantation - Vol. XIII - n° 3 - juillet-août-septembre 2013 99
après censure des décès avec un greffon fonctionnel.
En définitive, les insuffisants rénaux chroniques âgés
cumulent des facteurs de risque et des antécédents,
en particulier cardiovasculaires, ce qui explique que,
après 60 ans, le décès du patient (qui est majoritai-
rement de cause cardiovasculaire) soit la première
cause de perte du greffon. Il a été bien montré que
les comorbidités mises en évidence au moment du
bilan prégreffe (diabète, maladies coronaires, artérite,
AVC, bronchopathies chroniques, cancers) augmen-
taient la mortalité précoce (moins de 90 jours) et plus
tardive (12 mois), quel que soit l’âge du patient, mais
que l’âge était un facteur supplémentaire multipliant
encore par 2 le risque de mortalité à 1 an chez les
patients de plus de 60 ans (10). Ainsi, toute la difficulté
consiste à apprécier, chez un patient âgé en insuffi-
sance rénale terminale, les risques de mortalité lors de
la première année après la greffe. Ces décès sont liés
à 3 causes principales : les maladies cardiovasculaires,
les infections et les cancers. La connaissance de ces
causes a permis d’identifier plusieurs facteurs de risque
spécifiques de décès précoce (6) et donc d’améliorer
la sélection des receveurs. On estime que le risque de
décès précoce après transplantation chez le receveur de
plus de 60 ans est multiplié par 5 en cas d’antécédent
de cancer solide, par 2,9 en cas d’atteinte vasculaire
périphérique et par 7,9 chez le fumeur (6). Une étude
canadienne retrouvait, en 2005, l’obésité (RR = 1,34), le
temps passé en dialyse (RR = 1,1) et, surtout, le tabac
(RR = 2,09) comme facteurs de risque indépendants
de mortalité chez le receveur de plus de 60 ans (11).
Transplantation versus hémodialyse
Plusieurs études ont comparé la survie des patients de
plus de 60 ans en hémodialyse et après transplanta-
tion rénale. La plus importante est celle de R.A. Wolfe
et al. (12), qui portait sur une population de plus de
79 000 patients inscrits sur liste d’attente de transplan-
tation et dont 1/3 avaient été transplantés et 2/3 étaient
encore en hémodialyse. Cette étude a montré que,
quelle que soit la catégorie d’âge étudiée, la trans-
plantation rénale améliore de manière significative
la survie des patients. Dans la sous-population des
patients ayant entre 60 et 74 ans, le gain de vie estimé
après une transplantation rénale était de 4 ans, avec
une espérance de vie qui passait de 6 ans en hémo-
dialyse à 10 ans après la transplantation. Les résultats
de cette étude peuvent être critiqués en raison de la
mortalité importante des patients hémodialysés aux
États-Unis par rapport à celle constatée en Europe.
Cependant, une étude écossaise réalisée sur le même
mode retrouve des résultats similaires, avec une espé-
rance de vie doublée chez les receveurs de plus de
65 ans (7). En France, une étude menée en Lorraine
confirme également l’avantage de la transplantation
chez les patients de plus de 60 ans, et cela après ajuste-
ment pour les comorbidités, l’IMC et le taux d’albumine
sérique (13). Dans une analyse plus récente du SRTR
portant sur des patients âgés de plus de 70 ans, on
constate un net avantage de la transplantation sur la
dialyse : moins de 41 % de risque de décès par rapport à
une population en liste d’attente non transplantée (14).
Il faut noter que les patients transplantés sont exposés
à un surrisque de mortalité initial, et ce n’est que plus
de 1 an après une greffe fonctionnelle que le bénéfice
en termes de survie apparaît. La même amélioration de
survie de 40 % était également notée dans l’expérience
norvégienne (8).
Résultats en fonction du type de donneur
Les résultats globaux de la transplantation rénale du
sujet âgé doivent être interprétés en fonction du type
de donneur. Si la majorité des greffes se font avec des
greffons issus de donneurs âgés répondant pour la
plupart aux critères élargis, certains receveurs bénéfi-
cient de greffons issus de donneurs standard et, parfois,
de donneurs vivants.
Type des donneurs
(standard, critères élargis, vivants)
Les données de l’ABM ont été publiées en 2007 (15).
Dans cette étude comprenant 2 498 patients de plus
de 60 ans inscrits en liste d’attente entre 1996 et 2004,
65 % ont été greffés. Quatre facteurs liés au donneur
et influençant négativement le devenir de la greffe
ont été mis en évidence (permettant de définir un
donneur à critères élargis quand l’un des 4 facteurs
était présent) : âge du donneur supérieur à 60 ans,
antécédent d’hypertension, diabète et décès de cause
cardiovasculaire. L’information principale est que la
survie des patients était moins bonne avec les gref-
fons à critères élargis qu’avec les greffons de donneurs
standard mais restait supérieure à celle des patients
inscrits sur liste mais non greffés. Dans les données du
SRTR de 2005, les patients âgés de plus de 60 ans ayant
reçu un greffon à critères élargis ont une surmortalité
de 28 % par rapport à ceux ayant reçu un greffon de
donneur standard (16). Le recours au donneur vivant
et, en particulier, aux donneurs vivants âgés est une
solution intéressante. Les données du registre amé-
ricain montrent que la survie du greffon est similaire
en cas de donneur décédé de moins de 55 ans et en
cas de donneur vivant de moins de 65 ans (17), et ce
quel que soit l’âge du receveur.
Résultats de la transplantation rénale chez le sujet âgé