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Il y a une généalogie d’idée sur l’Afrique en tant que malédiction. L’Afrique est sous
l’emprise des forces du mal. Les missionnaires (langage utilisant la référence à Satan) vont faire
violence aux anciens cultes ; brûler les fétiches, les rites barbares, profanation de lieux,… Ce qui
change, c’est que dans ce cas ces comportement sont quasi-contemporain (19 et 20ème siècle).
Il y a eu une réappropriation de cette image de la malédiction dans les religions africaines
elles-mêmes. Rencontre le christianisme durant le dernier quart du 19ème siècle. Il y eu 3 vagues :
1) Les Eglises chrétiennes métropolitaines : ces Eglises ont finalement suscité mécontentement car les
blancs dirigeaient les églises. Le discours est ambigu car d’une part il exprime un discours de
libération mais d’une autre les africains ne peuvent monter dans la hiérarchie.
2) Eglises indépendantes africaines (plus de tutelle coloniale). Elles étaient souvent prophétiques, càd
que les leaders étaient des prophètes (ex : le prophète Kimbangu au Congo. En 1921, il prophétise et
annonce la fin des injustices, la guérison des gens malades. Il prévoit la fin de la mainmise des blancs
sur la société africaine. L’autorité coloniale belge l’a arrêté et condamné à mort. C’est étonnant car il
ne s’agissait pas d’une lutte contre les colons. Pour finir, il sera gracié et mourra en prison). Ces
Eglises ont été combattues dans un premier temps. Ce sont des Eglises de type syncrétique : formes
anciennes préchrétiennes bricolées avec le christianisme moderne. De plus, on assiste à une
africanisation des structures religieuses.
3) Eglises pentecôtistes (années 80) : Esprit Saint parmi les hommes. Réapparait le discours sur Satan,
le discours dichotomiste (on fait le choix entre le bien et le mal). On demande aux personnes de se
convertir et de renoncer à Satan (baptême). Stigmatisation des cultes préchrétiens. Théologie de la
prospérité (« si Dieu t’aime, tu seras riche »), contact individuel avec Dieu.
1.1.3 Les complexités de l’idéologie missionnaire :
Relativisons ce qui vient d’être dit sur la religion. Le paradoxe du missionnaire
(SALVAING) : les missionnaires sont persuadés qu’on ne pourra sauver l’Afrique qu’avec un mode
de vie moderne mais ils réprouvent certaines caractéristiques de la vie occidentale telles que le
libéralisme, le syndicalisme, la perte de l’enchantement, le matérialisme, l’athéisme,… Ils proposent
d’être eux-mêmes ceux qui vont implanter la vie occidentale purifiée. Etant donné que les villes sont
déjà corrompues, la volonté des missionnaires est de pouvoir régenter des régions campagnardes, voire
d’implanter des états, des empires. Ils veulent recréer une forme de royaume chrétien au cœur de
l’Afrique (cf. Comaroff, Of Revelation and Revolution qui traite de la complexité de l'entreprise
missionnaire).
Un autre aspect important est la différence qui existe entre les Catholiques et les Protestants.
Le catholicisme développe une capacité d'accommodement, basé sur le concept d'inculturation (cf.
Concile de Vatican II dans les années 1960) : Dieu se retrouve un peu partout même où la Bible n’a
pas été implantée. Le Divin peut donc se manifester, d'une certaine manière, dans les certains éléments