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II. INTRODUCTION
Le cancer du sein se situe au 1er rang des cancers incidents chez la femme. Ainsi,
54 062 nouveaux cas de cancer du sein ont été diagnostiqués en 2015 en France
métropolitaine(1). Environ 11 913 femmes en décèderaient faisant de ce cancer la
première cause de mortalité féminine par cancer en France (Projection Inca 2015).
On remarque, sur ces dernières années, une hausse du taux d’incidence
parallèlement à une diminution de la mortalité. Le dépistage organisé, une prise en
charge plus précoce ainsi que l’amélioration de la thérapeutique peuvent expliquer
au moins en partie cette évolution inverse. Il est important de distinguer les cancers
du sein localisés, des cancers du sein métastatiques. Ces derniers représentent 10%
des cas de cancer du sein au diagnostic, mais 20 à 30% des cancers initialement
localisés deviendront secondairement métastatiques.
Différents facteurs pronostiques du risque de rechute métastatique et du décès ont
été identifiés au plan clinique et histologique. Ainsi, la taille tumorale(2), l’atteinte
ganglionnaire ou non(3), l’âge de la patiente(4) et le caractère inflammatoire ou non
de la tumeur sont les principaux facteurs pronostiques cliniques du cancer du sein.
Sur le plan histologique, les principaux facteurs pronostiques sont le grade de Scarff,
Bloom et Richardson(5), la qualité des marges d’exérèse(6), la présence ou non
d’embole vasculaire(7) et le Ki67(8). L’amplification du gène HER2 présente dans 15
à 20% des cancers du sein constitue un critère de mauvais pronostique mais prédit
une réponse au traitement par anticorps monoclonaux anti-HER2(9). La présence de
récepteurs hormonaux (RH) à la surface des cellules tumorales est retrouvée dans
70% des cancers du sein et est un facteur de bon pronostique(10). Leur présence
conditionne la réponse à l’hormonothérapie et en fait un facteur prédictif majeur(11).
Le traitement par hormonothérapie représente un axe thérapeutique de choix chez
les patientes suivies pour un cancer du sein lors de la phase adjuvante d’un
traitement local, mais également lors de la phase métastatique dès la 1ère ligne(12).
Après la ménopause, la sécrétion d’hormones par les ovaires décline rapidement et
la principale source d’œstrogènes provient alors de la conversion périphérique des
androgènes d’origine surrénalienne (andostenedione et testostérone) par
l’aromatase présente dans le foie, le muscle, les follicules pileux, le tissu adipeux et
les cellules tumorales. Les inhibiteurs de l’aromatase (AA) permettent ainsi de
supprimer cette activité. Actuellement, le traitement par AA en première ligne du
cancer du sein avancé est associé à un taux de réponse global de 32%, une survie
sans progression (SSP) de 9,4 mois et une survie globale (SG) de 34 mois(13) et
constitue un traitement de référence. Cependant, malgré une bonne efficacité initiale,
l’émergence de résistances secondaires ou acquises est inéluctable et aboutit à une
progression tumorale. Cette hormonorésistance survient en moyenne 8 à 11 mois
après l’instauration du traitement et correspond à l’apparition de résistance en lien
avec la pression thérapeutique (14). En 1997, est mis en évidence pour la première
fois une mutation de novo située au niveau du gène codant les récepteurs aux
œstrogènes (RO) (15). Les RO appartiennent à la famille des récepteurs nucléaires
caractérisés par la segmentation en 5 régions communes nommées A/B, C, D, E et F
(Figure 1).