Discours prononcé à l’occasion de la présentation de la « COP 21 »
à la presse par M. l’ambassadeur de France en RIM
- Mardi 24 mars 2015 -
- Mesdames et Messieurs les représentants de la presse mauritanienne écrite et audio-visuelle,
- Chers collègues,
J’ai souhaité vous unir aujourd’hui à la Résidence de France [comme il est de tradition
chaque année] pour vous entretenir d’un évènement considérable qui se tiendra en fin
d’année en France, et dont je ne doute pas que vous ayez déjà parlé dans vos colonnes : je
veux parler de la « COP 21 ».
La France va en effet accueillir et présider la 21ème « Conférence des parties de la
Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques de 2015 »
(COP21), aussi appelée « Paris 2015 ».
Un point de clarification tout d’abord : qu’est-ce qu’une COP 21 ?
La « Convention cadre des Nations unies sur les changements climatiques », dite
« CCNUCC », a été adoptée au cours du « Sommet de la Terre » de Rio de Janeiro, en 1992.
Cette convention est entrée en vigueur le 21 mars 1994 et a été ratifiée par 196 « parties »,
les parties prenantes, à la Convention. C’est une convention universelle de principe, qui
reconnaît l’existence d’un changement climatique d’origine humaine et responsabilise
en premier lieu les pays industrialisés pour lutter contre ce phénomène.
La Conférence des parties (la COP, donc) est composée de tous les « États parties » et
constitue l’organe suprême de la convention. Elle se réunit chaque année lors de conférences
mondiales où sont prises des décisions pour respecter les objectifs de lutte contre les
changements climatiques. Les décisions ne peuvent être prises qu’à l’unanimité des parties
ou par consensus. La dernière COP (COP 20) a eu lieu à Lima (Pérou) en décembre dernier ;
la prochaine est donc la COP 21 et c’est à Paris qu’elle se tiendra (du 30 novembre au 11
décembre 2015).
Quels sont les enjeux ?
Les enjeux, nous les connaissons depuis des années maintenant, et plus précisément depuis
les travaux du GIEC (le « Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat »),
co-lauréat du Prix Nobel de la Paix en 2007, aux côtés de l’ancien Vice-Président américain
Al GORE.
Permettez-moi également d’indiquer au passage que la prise de conscience des autorités
françaises n’est quant à elle pas nouvelle : rappelez-vous les mots, restés célèbres, de
l’ancien Président de la République française, Jacques CHIRAC, prononcés lors du
« Sommet de la Terre » de Johannesbourg en 2002 : « Notre maison brûle et nous
regardons ailleurs ». Se référant déjà au réchauffement climatique, la déclaration du chef de
l'État français faisait à la fois le constat de la destruction de la nature et la critique de
l'indifférence des habitants de notre planète face à cette catastrophe qui mettait pourtant à
l'épreuve et en danger l'espèce humaine tout entière.
Le GIEC nous interpelle sur le danger de l’inaction face au dérèglement du climat. Si nous
ne faisons rien, à la fin de ce siècle, la température de notre planète aura augmenté de plus de
4 degrés. Les conséquences en seraient dramatiques en particulier pour les pays tropicaux
et sahéliens : sécheresses, dégradation des sols, assèchements des points d’eau et
désertification ; inondations, montée des eaux sur les côtes, acidification des océans ;
pollution de l’air, hausse des maladies vectorielles et respiratoires ; concurrence accrue pour
l’accès aux ressources naturelles, chutes des rendements de certaines cultures agricoles,
appauvrissement des écosystèmes, etc. J’arrête là cette sombre énumération, mais quand bien
même je ne dispose pas de données précises concernant la situation prévalant en Mauritanie,
vous aurez relevé au passage combien certaines des menaces mentionnées « nous parlent »,
vu de Nouakchott.
Il nous revient donc à tous, pour nos enfants, de tout faire pour éviter cela. Car pour
reprendre une autre phrase célèbre, prononcée plus récemment par le Secrétaire général des
Nations unies, Ban Ki-moon, "Nous n’avons pas le choix : il n'y a pas de plan B, parce
qu'il n'y a pas de planète B"
La COP 21, sur laquelle je reviens maintenant, est donc un évènement considérable
puisqu’elle doit impérativement aboutir à un nouvel accord international sur le climat,
applicable à tous les pays, dans l’objectif de maintenir le réchauffement mondial à
l’horizon 2100 en deçà de 2°C (la température de référence étant celle prévalant au moment
de l’ère pré-industrielle).
La France va donc jouer un rôle de premier ordre sur le plan international, pour rapprocher
les points de vue et faciliter la recherche d’un consensus des Nations unies, et aussi au sein
de l’Union européenne, qui occupe une place importante dans les négociations sur le climat.
Cette conférence de décembre 2015 sera aussi l’une des plus grandes conférences
internationales sur le climat jamais organisée : plus de 40 000 personnes (20 000
délégués, 20 000 représentants de la société civile, 3 000 journalistes) attendues sous les
auspices des Nations unies.
L’enjeu est majeur : contenir un dérèglement climatique qui menace nos sociétés et nos
économies. La conférence Paris 2015 doit conduire à l’adoption d’un accord international
qui posera le cadre d’une transition vers des sociétés et des économies résilientes et sobres en
carbone.
La France souhaite aussi, c’est important, un accord applicable à tous, respectant le
principe de différenciation (tous les pays ne sont pas également responsables du
dérèglement du climat), suffisamment ambitieux pour engager les transformations
nécessaires au respect de l’objectif de +2°C et doté de règles juridiques communes. C’est la
raison pour laquelle, comme le rappelait le Président HOLLANDE dans son « Appel de
Manille » le mois dernier, le deuxième objectif de la Conférence de Paris sur le climat est
de mettre en place un fonds financier puissant (on parle de 100 milliards de dollars chaque
année, à partir de 2020) qui permettra d’assurer la transition énergétique dans les pays du
Sud, dans les pays pauvres, dans les pays fragiles, dans les pays vulnérables. De façon à ce
que ces régions-là du monde, puissent assurer, par ces investissements, leur autonomie
énergétique, le stockage de l’énergie, les énergies renouvelables, et aussi un mode de vie qui
soit compatible avec une planète qui ne se réchaufferait plus, comme par le passé.
La France promeut, enfin, un « Agenda des solutions », qui a vocation à regrouper et à
dynamiser les initiatives des entreprises, des collectivités, etc. afin de porter en amont de la
conférence une vision plus positive de la lutte contre le dérèglement climatique.
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Mesdames et Messieurs les journalistes, vous voilà maintenant, je l’espère, mieux au fait des
enjeux de cette COP 21 qu’il me paraissait nécessaire d’expliciter devant vous. Car à côté
des autorités mauritaniennes que je sais très engagées dans la préparation de cet
évènement international, votre rôle est déterminant pour permettre à tous vos compatriotes
d’être précisément informés et d’avoir à l’esprit l’importance des enjeux.
Je ne doute pas que la COP 21 atteindra les 3 objectifs qui lui sont assignés :
obtenir un accord général et contraignant, pour tous les pays du monde
obtenir la mise en place d’un « fonds vert » puissant
et d’un « agenda des solutions » mobilisant l’ensemble des acteurs.
Je vous remercie./.
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