REVUE DE PRESSE Le comité de rédaction
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148 | La Lettre de l’Infectiologue • Tome XXVII - n° 4 - juillet-août 2012
Cas groupés de pneumonie à Pneumocystis jirovecii :
implication sur le risque de transmission
et la virulence
Pneumocystis jirovecii continue à être un agent important, souvent fatal dans les pneumo-
cystoses observées chez les patients immunodéprimés, en particulier ceux infectés par le VIH
ou transplantés (moelle, organes solides). Alors que la prophylaxie est très efficace et parfai-
tement codifiée chez les patients infectés par le VIH, l’identification des patients à risque dans
la population de patients immunodéprimés non infectés par le VIH est plus difficile à cerner.
Des cas groupés de pneumonies à P. jirovecii ont déjà été rapportés chez les transplantés
rénaux au cours des 10 dernières années, mais le typage des souches n’avait pas pu être
réalisé à cette époque.
L’équipe de Kovacs et al. a développé un outil de biologie moléculaire (Restriction fragment
length polymorphism [RFLP]) qui a permis de montrer, dans des travaux préalables à celui
commenté ici, la diversité des souches de Pneumocystis, chez les patients VIH comme chez
ceux non VIH. M. Sassi et al.(1) ont donc utilisé cet outil pour typer les souches de plusieurs
épidémies chez les patients transplantés rénaux (Zurich, 2006-2007, Nagoya [Japon], 2004-
2008 et Munich, 2006). Ils ont comparé ces souches entre elles et à un groupe contrôle
(souches provenant des mêmes zones, mais isolées en dehors de la période épidémique
ou chez des patients VIH).
Au total, les souches de 11patients (Zurich, 7 épidémiques, 4 contrôles), 10patients (Nagoya,
9épidémiques, 1 contrôle) et 19 patients (Munich,13 épidémiques, 6 contrôles) ont été étudiées.
Les analyses montrent qu’une seule souche de Pneumocystis est responsable de l’épidémie
à Zurich et à Munich, dans 2 centres de transplantation rénale. Cette souche est différente
de celle qui est responsable des cas groupés au Japon, ainsi que de celles qui le sont de cas
sporadiques chez des patients non transplantés, VIH ou non VIH.
Cette étude montre donc que dans 2 zones géographiques distinctes, la même souche
de P. jirovecii a été responsable de cas groupés de pneumocystose chez des transplantés
rénaux. Bien que le nombre de souches utilisées comme contrôles soit faible, celle qui est
responsable de cas groupés ne semble pas, pour les auteurs, être une souche qui circulerait
de manière prépondérante dans l’environnement. Les auteurs ont également exploré la piste
d’une souche uniquement associée à la survenue de pneumocystose chez les transplantés
rénaux, mais 4 cas au Japon et des cas en Angleterre ont été décrits avec des souches
différentes de celles isolées dans cette étude. Aucun des patients inclus dans la survenue
de cas groupés ne recevait de prophylaxie anti-pneumocystis (PCP). Depuis la publication
de ces observations, de nombreuses équipes prescrivent systématiquement une prophylaxie
anti-PCP chez les transplantés rénaux (2).
Jean-Luc Meynard, Paris
Commentaire
Cette étude pose évidemment la question du
mécanisme de la transmission de P. jirovecii dans
la survenue de ces cas groupés. Les études animales
ont montré que la transmission se faisait par voie
aérienne. Les auteurs de cette étude considèrent
qu’une source commune environnementale est
peu probable et privilégient davantage une trans-
mission inter-humaine, avec une souche ayant
une virulence particulière dans la population des
transplantés rénaux. Il est impossible de savoir si
l’isolement des patients aurait permis de diminuer
le nombre de cas groupés, car les études animales
montrent que l’incubation entre l’exposition à
Pneumocystis et la survenue de la maladie est de
2 à 3mois.
Cette étude confirme :
➤
que des cas groupés de pneumocystose peuvent
être observés chez les transplantés rénaux ;
➤
qu’une souche unique peut être responsable
de cas groupés dans des zones géographiques
différentes ;
➤
que les patients à risque doivent être mieux
cernés et bénéficier d’une prophylaxie.
Références bibliographiques
1. Sassi M, Ripamonti C, Mueller NJ et al. Outbreaks of Pneu-
mocystis pneumonia in 2 renal transplant centers linked to a
single strain of Pneumocystis: implications for transmission
and virulence. Clin Infect Dis 2012;54:1437-44.
2. Kasiske BL, Zeier MG, Chapman JR et al. KDIGO clinical
practice guideline for the care of kidney transplant reci-
pients: a summary. Kidney Int 2010;77:299-311.
Prise en charge ambulatoire des infections osseuses
et articulaires : l’expérience d’un site pilote
au Royaume-Uni
Au cours des dernières années, l’administration en ambulatoire d’antibiotiques par voie
injectable (Outpatient Parenteral Antibiotic Therapy [OPAT]) est devenue une alternative à
l’hospitalisation aux États-Unis et en Europe. Les avantages sont nombreux :
➤réduction du risque d’infections nosocomiales ;
➤amélioration de la qualité de vie ;
➤économie financière.