Revue de presse
Correspondances en Onco-Urologie - Vol. V - no 2 - avril-mai-juin 2014
4545
délivrée dans le bras contrôle est maintenant
considérée comme totalement obsolète, et
même le bras escalade de dose est nettement
au- dessous des doses considérées comme les
standards actuels quand on utilise la modulation
d’intensité et des techniques guidées par l’image.
Par ailleurs, comme dans d’autres essais de cetype
(parexemple, l’essai français GETUG06), l’avan-
tage en survie sans récidive ne se traduit pas
par un avantage en survie. Moyennant quoi,
dans le cas présent, avec 10ans de suivi moyen
et une diff érence importante entre les 2bras en
termes de rechute et de progression de la maladie
(57 % dans le bras contrôle contre 43 % dans le
bras escalade de dose), cette absence totale
d’avantage en survie ne manque pas d’étonner,
et les auteurs consacrent d’ailleurs une longue
discussion à ce résultat un peu surprenant.
Enfait, il est possible que le délai de 10ans ne
soit tout simplement pas encore suffi sant pour
détecter une diff érence de survie (P.Beuzeboc
citait récemment dans ces colonnes un travail de
Popiolek de 2013 suggérant que le “long terme”
en matière de cancer prostatique, surtout pour
les formes de risque faible, devait peut-être se
défi nir à20ans). Par ailleurs, l’hormonothérapie
ajoutée ici systématiquement dans les 2bras a
également pu brouiller les cartes, en retardant les
rechutes. Enfi n, les auteurs n’avaient pas prévu
d’étudier la toxicité au-delà de 5ans, si bien qu’ils
se demandent honnêtement si une possible toxi-
cité accrue de l’irradiation dans le bras escalade de
dose n’aurait pas pu “rééquilibrer” les résultats de
survie globale. Globalement, ce travail confi rme
l’intérêt (déjà reconnu) de l’escalade de dose en
radiothérapie externe du cancer prostatique,
en insistant sur les eff orts (déjà eff ectués) pour
réduire dans toute la mesure du possible la toxicité
des nouveaux schémas de délivrance de ces hauts
niveaux de dose.
J.M. Cosset, Paris
• Dearnaley DP, Jovic G, Syndikus I et al. Escalated-dose versus
control-dose conformal radiotherapy for prostate cancer:
long-term results from the MRC RT01 randomised controlled
trial. Lancet Oncol 2014;15(4):464-73.
Faute de mieux…
Les tumeurs des cordons sexuels et du stroma
sont des cancers rares, développés à partir
des cellules endocrines du testicule, le plus
fréquemment celles de Leydig. Elles repré-
sentent 4 à 5 % des tumeurs testiculaires et
ne sont, le plus souvent, ni chimiosensibles
ni radiosensibles, entraînant ainsi le décès
des patients en situation métastatique. Dans
une cohorte de 40 sujets atteints de tumeurs
à cellules de Leydig, I. Kim et al. (1) avaient
identifi é 6 facteurs de risque associés à l’évo-
lution métastatique :
✓une taille tumorale supérieure à 5 cm ;
✓la présence d’une nécrose ;
✓
les atypies nucléaires modérées et sévères ;
✓l’envahissement lymphovasculaire ;
✓l’atteinte des marges ;
✓
la visualisation de plus de 5 mitoses par
champ de vision (à un grossissement × 10).
J.L. Silberstein et al. (2), du service d’urologie
du Memorial Sloan-Kettering Cancer Center
(MSKCC), ont entrepris d’analyser rétro-
spectivement les dossiers de 48 patients
souff rant d’une tumeur des cordons sexuels
et du stroma afin de rechercher une cor-
rélation entre le devenir des sujets et les
traitements reçus ou les facteurs pronos-
tiques précédemment rapportés. Parmi les
48 patients, 37, dont 3 présentant un facteur
de risque d’évolution métastatique, ont été
uniquement surveillés. Aucun n’a présenté
de récidive au cours d’un suivi médian de
14,5 mois. Les 11 autres patients ont subi
un curage ganglionnaire rétropéritonéal,
soit d’indication de principe (n = 8 ; 6 cas de
stade 1 ayant plus de 1 facteur de risque, et
2 cas de stade 2a), soit en raison d’une locali-
sation rétropéritonéale de la maladie (n = 3)
apparue après une surveillance initiale. Ces
3 patients opérés secondairement ont tous
eu une récidive métastatique et sont décédés.
Parmi les sujets opérés précocement, 2 réci-
dives suivies de décès sont survenues dans
des cas de stade 1 présentant au moins
2 facteurs de risque. Les auteurs ont conclu
que les patients ne présentant pas plus de
1 facteur de risque d’évolution métastatique
peuvent être simplement surveillés. Pour les
autres patients, le curage ganglionnaire rétro-
péritonéal précoce peut être bénéfi que, étant
donné l’absence d’autre traitement effi cace.
Commentaire. Cette étude conforte la valeur
pronostique des facteurs identifi és par I.Kim etal.
dans une cohorte de patients atteints de tumeurs
à cellules de Leydig au sein d’une cohorte moins
homogène de 48tumeurs des cordons sexuels
et du stroma. En eff et, parmi ces 48patients du
MSKCC, seuls 28 avaient une tumeur à cellules
de Leydig. Treize patients avaient une tumeur
de la granulosa ; 5, des tumeurs mixtes, et 2, des
tumeurs inclassables. Le type histologique n’a
pas été pris en compte en tant que facteur pro-
nostique. Les auteurs concluent que les facteurs
pronostiques préétablis permettent d’identifi er les
cas, quel que soit le sous-type de ces tumeurs, qui
justifi ent un curage ganglionnaire rétropéritonéal
de principe.
L’identifi cation de facteurs pronostiques dans
des pathologies rares est d’autant plus diffi cile
que l’événement que l’on souhaite prédire est peu
fréquent. Dans le cas présent, le risque d’évolution
métastatique des cordons sexuels et du stroma
est évalué à 10 %, de sorte que de larges cohortes
seraient nécessaires pour pouvoir démontrer
l’indépendance statistique des facteurs pronos-
tiques. Faute de mieux, les facteurs proposés par
I.Kim et al. permettent d’identifi er les tumeurs
histologiquement “agressives” et, ainsi, de guider
la prise en charge thérapeutique.
Y. Neuzillet, Suresnes
1. Kim I, Young RH, Scully RE. Leydig cell tumors of the testis.
A clinicopathological analysis of 40 cases and review of the
literature. Am J Surg Pathol 1985;9(3):177-92.
2. Silberstein JL, Bazzi WM, Vertosick E et al. Clinical outcomes
for local and metastatic testicular sex cord-stromal tumors.
J Urol 2014 (Epub ahead of print).
Deep Impact
Les hommes porteurs d’une mutation soma-
tique des gènes BRCA1 (Breast Cancer 1) ou
BRCA2 ont un risque plus élevé de développer
un cancer de la prostate. L’étude IMPACT
(Identifi cation of Men with a genetic predis-
position to ProstAte Cancer: Targeted screening
in BRCA1/2 mutation carriers and controls) a
été menée par un groupe de 62 centres dans
20 pays et a évalué le dépistage ciblé du
cancer de la prostate chez les hommes ayant
une mutation somatique de BRCA1/2. Dans
l’article récemment publié dans European
Urology, E.K. Bancroft et al. rapportent les
résultats initiaux de ce dépistage ciblé. Des
hommes âgés de 40 à 69 ans et porteurs
d’une mutation somatique de BRCA1/2 et