R e v u e d e ... Intérêt de l’activité physique dans le traitement des eff ets indésirables de l’hormonothérapie du carcinome

Revue de presse
Correspondances en Onco-Urologie - Vol. V - no 2 - avril-mai-juin 2014
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Coordination : Philippe Beuzeboc et Stéphane Oudard (Paris)
Intérêt de l’activité
physique dans le traitement
des eff ets indésirables
de l’hormonothérapie
du carcinome prostatique
Pronostic des patients
traités pour une TGNS
métastatique présentant
une maladie résiduelle
infracentimétrique
après chimiothérapie :
surveillance ou curage ?
Les données
d’une méta-analyse
Induction rapide de variants
d’épissage du récepteur
aux androgènes sous
acétate d’abiratérone
Essai de phase III
INTORACT : la combinaison
temsirolimus +
bévacizumab nest pas
supérieure à l’association
interféron + bévacizumab
Essai MRC RT01 :
résultats à long terme
Faute de mieux…
Deep Impact
Cancer de la prostate
localisé traité par
hormonothérapie seule
Intérêt de l’activité physique
dansletraitement deseff ets indésirables
del’hormonothérapie ducarcinome
prostatique
La privation androgénique représente la base du trai-
tement médical du carcinome prostatique, avec une
extension de ses indications et du nombre de patients
traités ces dernières années. Elle entraîne au long cours
de multiples eff ets indésirables, limitant la qualité de vie
des patients : ostéoporose et augmentation du risque
fracturaire, diminution de la force musculaire, augmen-
tation de l’incidence du syndrome métabolique avec
augmentation de l’insulinorésistance, perturbation du
bilan lipidique et augmentation de la masse grasse,
troubles sexuels, anémie, fatigue, syndrome dépressif
et troubles cognitifs, etc.
J.R. Gardner et al. (1) proposent une revue systématique
de la littérature sur l’intérêt de l’activité physique dans
la prise en charge de ces eff ets indésirables. Les critères
de sélection des études étaient la participation à un
programme défi ni d’activité physique de patients traités
par tout type de privation androgénique. Les études
ne comportant qu’une incitation à l’activité physique
ou celles associant l’activité physique à un traitement
pharmacologique ou à une modifi cation du style de
vie (conseils diététiques, par exemple) étaient exclues.
Dix études ont été sélectionnées, présentant des acti-
vités physiques hétérogènes, avec de faibles eff ectifs
de patients (de 5 à 155 participants), principalement
sans métastases. Les résultats sont hétérogènes mais
montrent globalement une amélioration de la perfor-
mance physique, notamment de la force musculaire, et
une augmentation de la masse maigre après la période
d’activité physique. Il n’y a pas de bénéfi ce démontré
sur les facteurs de risque cardiovasculaires ou sur les
troubles métaboliques. Une seule étude retrouve une
atténuation de la déminéralisation osseuse. Il existe une
baisse de la fatigue, mais les résultats sur la qualité de
vie sont plus hétérogènes. Il n’y a pas d’eff et sur le taux
sanguin de PSA, ni sur la testostéronémie.
Commentaire. Cette revue montre donc l’intérêt de pro-
mouvoir l’activité physique afi n de limiter les eff ets indési-
rables musculosquelettiques attendus de la privation
androgénique. Elle confi rme plus généralement le bénéfi ce
déjà démontré de l’activité physique dans la réduction des
eff ets indésirables et l’amélioration de la qualité de vie des
patients pendant et après un traitement carcinologique.
Cesobservations ont conduit les autorités à émettre des
recommandations, dans le cadre d’une prévention plus
large des risques cardiovasculaires et d’une promotion de
la santé : la pratique de 30minutes d’activité physique par
jour, aumoins 5fois par semaine. Cependant, des questions
restent en suspens enraison des limites de ce type d’études.
En eff et, les faibles eff ectifs, les problèmes méthodologiques,
la grande hétérogénéité dans la nature, l’intensité et la fré-
quence de l’exercice proposé et l’association ou non à une
prise en charge nutritionnelle ne permettent pas actuellement
de défi nir les modalités optimales d’une activité physique
adaptée. Plusieurs études monocentriques sont actuelle-
ment en cours en France(2). Quoi qu’il en soit, l’incitation
à une activité physique devrait être systématique dans nos
consultations, à tous les stades de la maladie.
É. Coquan, Caen
1. Gardner JR, Livingston PM, Fraser SF. Eff ects of exercise on treatment-
related adverse eff ects for patients with prostate cancer receiving androgen-
deprivation therapy: a systematic review. J Clin Oncol 2014;32(4):335-46.
2. Romieu I, Touillaud M, Ferrari P. Physical activity and cancer survival.
Bull Cancer 2012;99(10):979-94.
Pronostic des patients traités
pouruneTGNS métastatique
présentant unemaladie résiduelle
infracentimétrique après chimiothérapie :
surveillance oucurage ?
Lesdonnéesd’uneméta-analyse
Vingt à 25 % des patients atteints d’une tumeur ger-
minale non séminomateuse (TGNS) métastatique
présentent, après une chimiothérapie, des lésions
résiduelles, le plus souvent ganglionnaires rétropérito-
néales. Pour les lésions mesurant 1 cm ou plus, le rôle de
la chirurgie d’exérèse est bien établi, et elle représente
la règle dans toutes les recommandations. La conduite
à tenir en dessous de cette taille est controversée : le
pronostic est excellent aussi bien après une simple
surveillance qu’après un curage rétropéritonéal.
Les auteurs ont d’abord rapporté les données d’une
cohorte du Dana Farber Cancer Institute de Boston. Sur
5,4 ans de suivi médian, après une simple surveillance,
3 des 47 patients ont rechuté ; mais, au bout de 4,2 ans
en médiane après la rechute, tous 3 étaient en vie. Les
auteurs ont ensuite fait une revue de la littérature et
rassemblé les résultats dans une méta-analyse. Le taux de
nécroses, de tératomes et de tumeurs actives était estimé,
respectivement, à 71, à 24 et à 4 % pour les 588 patients
ayant eu un curage. Pour les 455 patients simplement
surveillés, le taux de rechute était de 5 %, pour un taux
de récidive rétropéritonéale isolée de 3 % et 2 décès.
Revue de presse
Correspondances en Onco-Urologie - Vol. V - no 2 - avril-mai-juin 2014
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Commentaire. La surveillance semble être une
stratégie raisonnable, évitant un curage dans
97 % des cas.
P. Beuzeboc, Paris
Ravi P, Gray KP, O’Donnell EK et al. A meta-analysis of patient
outcomes with subcentimeter disease after chemotherapy
for metastatic non-seminomatous germ cell tumor. Ann
Oncol 2014;25(2):331-8.
Induction rapide de variants
d’épissage du récepteur
auxandrogènes sous acétate
d’abiratérone
Lors de l’échappement à l’acétate d’abira-
térone (AA), la remontée du taux de PSA
suggère la persistance de l’activité du récep-
teur aux androgènes (RA). Cependant, les
mécanismes qui sous-tendent cette résis-
tance ne sont pas tous connus. Lobjectif de
cette étude (1) était d’évaluer la contribution
respective de la synthèse des androgènes et
de l’expression de divers variants d’épissage
dans les mécanismes d’échappement à l’AA.
Le modèle humain de xénogreff e résistant à
la castration VCaP utilisé exprime le gène de
fusion TMPRSS2-ERG et répond initialement
à l’AA ; la rechute survient au bout de 1 à
2 mois. Les résultats montrent que la réacti-
vation du RA lors de la résistance à l’AA n’est
pas associée à une restauration des andro-
gènes intratumoraux. Cela concorde avec
les données publiées par E. Efstathiou (2)
montrant que les taux d’androgènes au
niveau des métastases médullaires restaient
eff ondrés lors de l’échappement à l’AA. Il na
pas non plus été observé d’augmentation de
coactivateurs bien caractérisés ou de baisse
de corépresseurs. En revanche, une induc-
tion du principal variant d’épissage (AR-V7)
apparaît rapidement par un phénomène de
feed-back. Celle-ci est susceptible de médier
une activité basale basse du RA immédiate-
ment après une privation hormonale, mais
pas l’activité élevée du RA dans les rechutes
tumorales.
Commentaire. Ces résultats suggèrent que
les traitements ciblant les variants d’épissage
devraient être plus effi caces en cas d’utilisation
précoce en association avec des inhibiteurs du
RA au niveau du domaine de fi xation du ligand,
avant l’apparition de mécanismes de résistance
supplémentaires.
P. Beuzeboc, Paris
1. Yu Z, Chen S, Sowalsky AG et al. Rapid induction of
androgen receptor splice variants by androgen deprivation
in prostate cancer. Clin Cancer Res 2014;20(6):1590-600.
2. Efstathiou E, Titus M, Tsavachidou D et al. Eff ects of abira-
terone acetate on androgen signaling in castrate-resistant
prostate cancer in bone. J Clin Oncol 2012;30(6):637-43.
Essai de phase III INTORACT :
la combinaison temsirolimus +
bévacizumab nest pas supérieure
à l’association interféron +
bévacizumab
L’idée d’associer un antiangiogénique et
un inhibiteur de mTOR suscitait l’espoir
d’améliorer la prise en charge des patients
souff rant d’un cancer du rein métastatique.
Lessai de phase III INTORACT (1) a randomisé
791 patients atteints d’un cancer du rein à
cellules claires métastatique en première
ligne entre la combinaison classique béva-
cizumab + interféron (n = 391) [2] et une
combinaison bévacizumab 10 mg/ kg toutes
les 2 semaines + temsirolimus 25 mg par
semaine (n = 400). Il n’a pas été retrouvé de
bénéfi ce en faveur du temsirolimus. Pour les
bras temsirolimus et interféron, les médianes
de survie sans progression ont été respecti-
vement de 9,1 et de 9,3 mois (HR = 1,1 ; IC95 :
0,9-1,3) et les médianes de survie globale,
de 25,8 et de 25,5 mois. Les taux de réponse
objective ont été de 27 % pour les 2 combi-
naisons. Sur le plan de la tolérance, des réduc-
tions de dose ont été nécessaires dans 30 et
38 % des cas. Les eff ets indésirables les plus
fréquents ont été les mucites, dans le bras
temsirolimus, et l’asthénie, dans le bras inter-
féron. Un délai thérapeutique, le plus souvent
motivé par la présence d’une protéinurie, a
été nécessaire dans 17 et 14 % des cas. Dans
le bras temsirolimus, il a été rapporté un peu
plus de toxicités de grade 3 ou 4 (80 % versus
76 %), et 19 patients (4,8 %) ont présenté une
pneumopathie interstitielle, de grade 1 ou 2
dans la plupart des cas, ce qui correspond
aux données attendues (3, 4).
Commentaire. Au vu de ces résultats, la combi-
naison bévacizumab+ temsirolimus ne peut être
retenue comme une alternative thérapeutique en
première ligne. Il faut aussi souligner que, dans
l’étude de phaseII TORAVA, cette association
s’était montrée plus toxique que prévu(5).
P. Beuzeboc, Paris
1. Rini BI, Bellmunt J, Clancy J et al. Randomized phase III
trial of temsirolimus and bevacizumab versus interferon
alfa and bevacizumab in metastatic renal cell carcinoma:
INTORACT trial. J Clin Oncol 2014;32(8):752-9.
2. Escudier B, Pluzanska A, Koralewski P et al. Bevacizumab
plus interferon alfa-2a for treatment of metastatic renal
cell carcinoma: a randomised, double-blind phase III trial.
Lancet 2007;370(9605):2103-11.
3. Bellmunt J, Szczylik C, Feingold J et al. Temsirolimus safety
profi le and management of toxic eff ects in patients with
advanced renal cell carcinoma and poor prognostic features.
Ann Oncol 2008;19(8):1387-92.
4. Maroto JP, Hudes G, Dutcher JP et al. Drug-related pneumo-
nitis in patients with advanced renal cell carcinoma treated
with temsirolimus. J Clin Oncol 2011;29(13):1750-6.
5. Négrier S, Gravis G, Pérol D et al. Temsirolimus and beva-
cizumab, or sunitinib, or interferon alfa and bevacizumab
for patients with advanced renal cell carcinoma (TORAVA):
a randomised phase 2 trial. Lancet Oncol 2011;12(7):673-80.
Essai MRC RT01 :
résultatsàlongterme
Nous rapportons ici la publication des résul-
tats à long terme (10 ans de suivi moyen)
de l’essai anglais d’escalade de dose de
D.P. Dearnaley, dont les résultats après 5 ans
de suivi moyen avaient déjà été publiés. De
1998 à 2001, 843 patients T1b-T3a, N0, M0
ayant un taux de PSA inférieur à 50 ng/ ml
ont été randomisés entre un bras contrôle
recevant 64 Gy et un bras escalade recevant
74 Gy. Dans les 2 bras, un étalement-fraction-
nement classique de 5 × 2 Gy par semaine
était utilisé. Point important : un blocage
androgénique était commencé 3 à 6 mois
avant l’irradiation et poursuivi jusqu’à la fi n de
cette dernière. À 10 ans, la survie sans progres-
sion bio chimique était de 43 % (IC
95
: 38-48)
dans le bras contrôle, contre 55 % (IC95 : 50-61)
dans le bras escalade de dose (p = 0,0003).
En revanche, la survie globale (SG) à 10 ans
est identique dans les 2 bras : 71 % (p = 0,96).
Commentaire. Tout d’abord, la publication
tardive (par la force des choses) de ces résul-
tats souligne bien les progrès techniques réa-
lisés durant cet intervalle de temps : la dose
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Correspondances en Onco-Urologie - Vol. V - no 2 - avril-mai-juin 2014
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délivrée dans le bras contrôle est maintenant
considérée comme totalement obsolète, et
même le bras escalade de dose est nettement
au- dessous des doses considérées comme les
standards actuels quand on utilise la modulation
d’intensité et des techniques guidées par l’image.
Par ailleurs, comme dans d’autres essais de cetype
(parexemple, l’essai français GETUG06), l’avan-
tage en survie sans récidive ne se traduit pas
par un avantage en survie. Moyennant quoi,
dans le cas présent, avec 10ans de suivi moyen
et une diff érence importante entre les 2bras en
termes de rechute et de progression de la maladie
(57 % dans le bras contrôle contre 43 % dans le
bras escalade de dose), cette absence totale
d’avantage en survie ne manque pas d’étonner,
et les auteurs consacrent d’ailleurs une longue
discussion à ce résultat un peu surprenant.
Enfait, il est possible que le délai de 10ans ne
soit tout simplement pas encore suffi sant pour
détecter une diff érence de survie (P.Beuzeboc
citait récemment dans ces colonnes un travail de
Popiolek de 2013 suggérant que le “long terme
en matière de cancer prostatique, surtout pour
les formes de risque faible, devait peut-être se
défi nir à20ans). Par ailleurs, l’hormonothérapie
ajoutée ici systématiquement dans les 2bras a
également pu brouiller les cartes, en retardant les
rechutes. Enfi n, les auteurs n’avaient pas prévu
d’étudier la toxicité au-delà de 5ans, si bien qu’ils
se demandent honnêtement si une possible toxi-
cité accrue de l’irradiation dans le bras escalade de
dose naurait pas pu “rééquilibrer” les résultats de
survie globale. Globalement, ce travail confi rme
l’intérêt (déjà reconnu) de l’escalade de dose en
radiothérapie externe du cancer prostatique,
en insistant sur les eff orts (déjà eff ectués) pour
réduire dans toute la mesure du possible la toxicité
des nouveaux schémas de délivrance de ces hauts
niveaux de dose.
J.M. Cosset, Paris
Dearnaley DP, Jovic G, Syndikus I et al. Escalated-dose versus
control-dose conformal radiotherapy for prostate cancer:
long-term results from the MRC RT01 randomised controlled
trial. Lancet Oncol 2014;15(4):464-73.
Faute de mieux…
Les tumeurs des cordons sexuels et du stroma
sont des cancers rares, développés à partir
des cellules endocrines du testicule, le plus
fréquemment celles de Leydig. Elles repré-
sentent 4 à 5 % des tumeurs testiculaires et
ne sont, le plus souvent, ni chimiosensibles
ni radiosensibles, entraînant ainsi le décès
des patients en situation métastatique. Dans
une cohorte de 40 sujets atteints de tumeurs
à cellules de Leydig, I. Kim et al. (1) avaient
identifi é 6 facteurs de risque associés à l’évo-
lution métastatique :
une taille tumorale supérieure à 5 cm ;
la présence d’une nécrose ;
les atypies nucléaires modérées et sévères ;
l’envahissement lymphovasculaire ;
l’atteinte des marges ;
la visualisation de plus de 5 mitoses par
champ de vision (à un grossissement × 10).
J.L. Silberstein et al. (2), du service d’urologie
du Memorial Sloan-Kettering Cancer Center
(MSKCC), ont entrepris d’analyser rétro-
spectivement les dossiers de 48 patients
souff rant d’une tumeur des cordons sexuels
et du stroma afin de rechercher une cor-
rélation entre le devenir des sujets et les
traitements reçus ou les facteurs pronos-
tiques précédemment rapportés. Parmi les
48 patients, 37, dont 3 présentant un facteur
de risque d’évolution métastatique, ont été
uniquement surveillés. Aucun n’a présenté
de récidive au cours d’un suivi médian de
14,5 mois. Les 11 autres patients ont subi
un curage ganglionnaire rétropéritonéal,
soit d’indication de principe (n = 8 ; 6 cas de
stade 1 ayant plus de 1 facteur de risque, et
2 cas de stade 2a), soit en raison d’une locali-
sation rétropéritonéale de la maladie (n = 3)
apparue après une surveillance initiale. Ces
3 patients opérés secondairement ont tous
eu une récidive métastatique et sont décédés.
Parmi les sujets opérés précocement, 2 réci-
dives suivies de décès sont survenues dans
des cas de stade 1 présentant au moins
2 facteurs de risque. Les auteurs ont conclu
que les patients ne présentant pas plus de
1 facteur de risque d’évolution métastatique
peuvent être simplement surveillés. Pour les
autres patients, le curage ganglionnaire rétro-
péritonéal précoce peut être bénéfi que, étant
donné l’absence d’autre traitement effi cace.
Commentaire. Cette étude conforte la valeur
pronostique des facteurs identifi és par I.Kim etal.
dans une cohorte de patients atteints de tumeurs
à cellules de Leydig au sein d’une cohorte moins
homogène de 48tumeurs des cordons sexuels
et du stroma. En eff et, parmi ces 48patients du
MSKCC, seuls 28 avaient une tumeur à cellules
de Leydig. Treize patients avaient une tumeur
de la granulosa ; 5, des tumeurs mixtes, et 2, des
tumeurs inclassables. Le type histologique na
pas été pris en compte en tant que facteur pro-
nostique. Les auteurs concluent que les facteurs
pronostiques préétablis permettent d’identifi er les
cas, quel que soit le sous-type de ces tumeurs, qui
justifi ent un curage ganglionnaire rétropéritonéal
de principe.
L’identifi cation de facteurs pronostiques dans
des pathologies rares est d’autant plus diffi cile
que l’événement que l’on souhaite prédire est peu
fréquent. Dans le cas présent, le risque d’évolution
métastatique des cordons sexuels et du stroma
est évalué à 10 %, de sorte que de larges cohortes
seraient nécessaires pour pouvoir démontrer
l’indépendance statistique des facteurs pronos-
tiques. Faute de mieux, les facteurs proposés par
I.Kim et al. permettent d’identifi er les tumeurs
histologiquement “agressives” et, ainsi, de guider
la prise en charge thérapeutique.
Y. Neuzillet, Suresnes
1. Kim I, Young RH, Scully RE. Leydig cell tumors of the testis.
A clinicopathological analysis of 40 cases and review of the
literature. Am J Surg Pathol 1985;9(3):177-92.
2. Silberstein JL, Bazzi WM, Vertosick E et al. Clinical outcomes
for local and metastatic testicular sex cord-stromal tumors.
J Urol 2014 (Epub ahead of print).
Deep Impact
Les hommes porteurs d’une mutation soma-
tique des gènes BRCA1 (Breast Cancer 1) ou
BRCA2 ont un risque plus élevé de développer
un cancer de la prostate. Létude IMPACT
(Identifi cation of Men with a genetic predis-
position to ProstAte Cancer: Targeted screening
in BRCA1/2 mutation carriers and controls) a
été menée par un groupe de 62 centres dans
20 pays et a évalué le dépistage ciblé du
cancer de la prostate chez les hommes ayant
une mutation somatique de BRCA1/2. Dans
l’article récemment publié dans European
Urology, E.K. Bancroft et al. rapportent les
résultats initiaux de ce dépistage ciblé. Des
hommes âgés de 40 à 69 ans et porteurs
d’une mutation somatique de BRCA1/2 et
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Correspondances en Onco-Urologie - Vol. V - no 2 - avril-mai-juin 2014
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des sujets témoins − chez qui les mutations
ont été recherchées et qui s’en sont avérés
exempts − ont bénéfi cié d’un dosage du PSA.
Ceux qui avaient un taux de PSA supérieur
à 3 ng/ ml se sont vu proposer une ponction
biopsie prostatique (PBP). Lincidence et les
caractéristiques pathologiques des cancers
de la prostate ainsi diagnostiqués dans les
2 groupes ont été comparées.
Létude a inclus 2 081 hommes (791 por-
teurs de mutations de BRCA1, 731 porteurs
de mutations de BRCA2 et 959 témoins
sans mutations) ; 199 avaient un taux de
PSA supérieur à 3 ng/ ml, parmi lesquels
162 ont subi une PBP, qui a permis de dia-
gnostiquer 59 cas de cancer de la prostate
(18 porteurs de mutations de BRCA1, 24 por-
teurs de mutations de BRCA2 et 17 témoins
sans mutations). Les cancers de la prostate
étaient classés comme étant à risque inter-
médiaire ou élevé dans 66 % des cas. Chez
les porteurs d’une mutation de BRCA2, la
valeur prédictive positive (VPP) d’un taux
de PSA supérieur à 3 ng/ ml pour le diag-
nostic de cancer de la prostate était de
48 %, soit le double de la VPP rapportée
dans les études concernant le dépistage.
Une fréquence plus élevée de cancer de la
prostate de risque intermédiaire ou élevé a
été observée chez les hommes porteurs de
mutations de BRCA2. Les auteurs soulignent
le fait que 95 % des sujets inclus dans cette
étude étaient d’origine caucasienne et que
leurs résultats ne peuvent donc pas être
extrapolés à toutes les populations.
Commentaire. Les résultats préliminaires de
l’étude IMPACT confi rment l’intérêt du dépistage
ciblé du cancer de la prostate dans la popula-
tion des hommes porteurs de mutations de
BRCA1/2. Ces hommes sont identifi és lors des
enquêtes génétiques menées dans les familles
des patientes atteintes de cancer du sein ou de
l’ovaire. Bien quils ne représentent qu’un faible
nombre d’individus, ils constituent une cohorte
exposée à un risque élevé de cancer de la pro-
state agressif, notamment pour les porteurs
de mutations de BRCA2, chez qui la conduite à
tenir nest pas défi nie par les recommandations
françaises, européennes ni nord-américaines.
Les conséquences psychologiques de l’annonce
de ce risque et la demande de prise en charge
qui en découle nécesssitent d’être évaluées. Il
est probable que ces hommes jeunes, témoins
d’un cancer dans leur entourage familial, seront
demandeurs d’une prise en charge active. Les
modalités de dépistage qui pourraient leur être
proposées (dosage du PSA, IRM prostatique de
diff usion et biopsies plus ou moins ciblées grâce
aux techniques de fusion d’images) méritent éga-
lement d’être évaluées afi n d’apporter une réponse
proportionnée à l’anxiété causée par l’annonce
du risque. BRCA1 et BRCA2 ouvrent la boîte de
Pandore du dépistage ciblé tant souhaité par les
gestionnaires des dépenses de santé, soucieux de
ne pas voir employées inutilement les ressources
diagnostiques et thérapeutiques : les questions
éthiques et pratiques posées par l’annonce d’un
risque élevé de cancer de la prostate chez des
individus a priori sains vont devoir être prises
en compte.
Y. Neuzillet, Suresnes
Bancroft EK, Page EC, Castro E et al. Targeted prostate cancer
screening in BRCA1 and BRCA2 mutation carriers: results
from the initial screening round of the IMPACT study. Eur
Urol 2014 (Epub ahead of print).
Cancer de la prostate localisé
traitéparhormonothérapie seule
L’amélioration de la survie apportée par le
blocage androgénique a été montrée dans
2 situations : en association avec la radio-
thérapie chez les patients ayant un cancer
de la prostate de risque intermédiaire ou
élevé et en cas d’envahissement ganglion-
naire constaté après une prostatectomie avec
curage lymphatique pelvien. Néanmoins,
l’hormonothérapie est employée chez des
patients en situation de récidive biologique
après un traitement à visée curative et chez
des patients ayant un cancer localisé de la
prostate, mais pour lesquels un traitement
curatif nest pas réalisé.
Aux États-Unis, entre 1998 et 2002, 40 %
des patients âgés de plus de 65 ans ayant
un cancer de la prostate localisé ont été ini-
tialement traités par une hormonothérapie
isolée. Trois précédentes études menées
au moyen du registre SEER (Surveillance,
Epidemiology and End Results) avaient montré
des résultats discordants quant aux avantages
et inconvénients de l’hormonothérapie dans
ces situations. Dans ce contexte, l’étude dont
les résultats ont été récemment rapportés
par A. Potosky et al. dans le Journal of Clinical
Oncology prétend apporter des preuves du
plus haut niveau de l’effet de l’hormono-
thérapie sur la survie globale (SG) et la survie
spécifi que chez les patients ayant un cancer
de la prostate localisé.
Les auteurs ont analysé les données pro-
venant de 3 systèmes de santé américains,
colligeant 68 058 cas de cancers de la pro-
state diagnostiqués entre 1995 et 2008,
parmi lesquels 15 170 avaient reçu pour
seul traitement une hormonothérapie par
un agoniste de la LH-RH associé ou non à
un antiandrogène. L’analyse a été menée en
intention de traiter ; son critère de jugement
principal était la mortalité, dont la cause était
documentée au moyen du code ICD-10. Outre
les critères pronostiques du cancer de la pro-
state (taux de PSA, score de Gleason et stade
clinique), les variables prises en compte dans
l’analyse étaient l’âge au moment du diag-
nostic, l’ethnie, l’année du diagnostic, la pré-
sence d’autres cancers et de 34 pathologies
ainsi que l’index de comorbidité d’Elixhauser.
Une analyse par sous-groupes a été réalisée
en utilisant les critères de la classifi cation de
D’Amico et en fonction de l’âge des patients,
selon 3 groupes : moins de 65 ans, 65 à 75 ans
et plus de 75 ans.
Les résultats montrent que l’hormonothérapie
nest pas associée à une variation de la morta-
lité globale ni de la mortalité spécifi que. Une
mortalité de cause cardiovasculaire accrue
a été observée chez les patients traités par
hormonothérapie, mais la diff érence n’était
pas signifi cative après ajustement statistique
en fonction des comorbidités. En revanche,
l’analyse en fonction des groupes de risque
de D’Amico a montré que, sous hormono-
thérapie, la mortalité globale était plus faible
chez les patients ayant un cancer de haut
risque et plus élevée chez les patients ayant
un cancer de faible risque.
Commentaire. Les auteurs montrent que la
majorité des patients ayant un cancer de la
prostate localisé traité par hormonothérapie ne
bénéfi cient pas de ce traitement. Cependant,
dans le groupe des patients ayant un cancer de
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haut risque, l’étude met en évidence un bénéfi ce
sur la SG. Les auteurs concluent toutefois que ce
bénéfi ce est relativement faible et ne peut être
considéré comme établi de manière défi nitive.
Selon eux, dans ce groupe de patients, la prise en
compte des comorbidités cardiovasculaires est
indispensable. La mise en place d’une hormono-
thérapie pour le traitement d’un cancer de la
prostate sans métastase caractérisée nest clai-
rement pas décidée selon des critères consen-
suels et alimente les discussions au cours des
réunions de concertation pluridisciplinaire. Cette
étude constitue la meilleure preuve scientifi que
disponible à ce jour de l’absence de bénéfi ce de
l’hormonothérapie chez ces patients. Ainsi, la
diff usion de ces résultats auprès des médecins
et des chirurgiens spécialistes du cancer de la
prostate devrait conduire à une réduction des
prescriptions d’hormonothérapie en cas de
cancer de la prostate localisé lorsque l’indica-
tion d’un traitement curatif nest pas retenue. Il
sera cependant toujours possible d’arguer que
des éléments de décision, tels que la cinétique du
PSA ou son temps de doublement, nont pas été
pris en compte et que la plupart des patients de
cette étude nont pas bénéfi cié d’un bilan d’ima-
gerie diagnostique complet à la recherche de
métastases. En outre, la qualité de vie des
patients na pas été étudiée par cette analyse
de registre, alors qu’il s’agit d’une préoccupa-
tion clinique majeure. Les registres des systèmes
de santé sur lesquels s’appuie cette étude nont
pas été conçus pour mener à bien des études
scientifi ques, et leur utilisation dans ce but est
contestable. Néanmoins, ces résultats ne peuvent
être ignorés, et la balance bénéfi ces/risques doit
prendre en considération les facteurs de risque
cardiovasculaires et les critères pronostiques du
cancer de la prostate localisé avant l’instauration
d’une hormonothérapie.
Y. Neuzillet, Suresnes
Potosky AL, Haque R, Cassidy-Bushrow AE et al. Eff ectiveness
of primary androgen-deprivation therapy for clinically loca-
lized prostate cancer. J Clin Oncol 2014;32(13):1324-30.
P.Beuzeboc, J.M.Cosset et Y.Neuzillet n’ont pas déclaré
leurs éventuels liens d’intérêts.
E.Coquan déclare ne pas avoir de liens d’intérêts.
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