MINISTÈRE DE LA DÉFENSE
DIRECTION DES RESSOURCES HUMAINES
DE L'ARMÉE DE TERRE
SOUS-DIRECTION FORMATION ÉCOLES
TTA 150
Expert de domaine : EMSOME, CISAT Edition 2012
TITRE XXI
-
L'OUTRE-MER ET L'ÉTRANGER
AVANT-PROPOS
Le présent titre « l’outre-mer et l’étranger » a pour but :
- de donner puis de compléter à chaque niveau la formation militaire des personnels
non officiers de carrière ou sous contrat en améliorant leur connaissance du
dispositif et des différents aspects des missions outre-mer et à l’étranger ;
- de faciliter l’acquisition des connaissances de base de l’action qu’ils auront à mener
dans l’exécution de missions outre-mer et à l’étranger.
Il vise à donner les connaissances nécessaires pour :
préparer intellectuellement un départ en mission en présentant l’environnement des
forces outre-mer et à l’étranger ;
préparer matériellement une mission en détaillant les différents aspects de la mise
en condition avant projection ;
faire acquérir au cadre de contact les règles de comportement élémentaires à
observer ;
appréhender au mieux l’environnement militaire dans lequel le cadre de contact est
susceptible d’évoluer
SECTION I - LES RAISONS DE LA PRÉSENCE MILITAIRE FRANÇAISE
OUTRE-MER ET À L’ÉTRANGER
BUT RECHERCHÉ ET
DONNÉES
ESSENTIELLES
Connaître le rôle historique et la place des forces françaises
outre-mer et à l’étranger.
RÉFÉRENCE(S) - Glossaire interarmées de terminologie opérationnelle
(édition 3 augmentée - juin 2003).
- Instruction n° 1560/DEF/EMA/OL/2 relative à l’organisation
des commandements interarmées permanents outre-mer
et à l’étranger du 16 juillet 2002.
- Instruction n° 518/DEF/EMAT/OE/ORG/1/311 du 2 avril
2002.
CONSEILS POUR
ABORDER L'ÉTUDE L’étude du présent chapitre doit s’accompagner d’une réflexion
sur les raisons historiques de la présence de la France outre-
mer et à l’étranger et sur le rôle qu’elle entend jouer
aujourd’hui dans le monde.
La distinction entre les différents types de forces présentes
outre-mer et à l’étranger doit être particulièrement claire.
CHAPITRE 1 - HISTOIRE DE LA COLONISATION ET DE LA DÉCOLONISATION
Le fait colonial est l'un des événements majeurs de l'histoire de l'humanité. Aujourd'hui
plus des trois quarts des populations des pays développés ou du tiers monde ont un
passé colonial, comme ex-colonisateurs ou comme ex-colonisés. La France n'est pas
demeurée à l'écart de la colonisation. Durant près de quatre cents ans, elle en a même
été un des principaux acteurs.
La France a eu une politique coloniale guidée par des motivations diverses qui ont évolué
avec le temps, mais qui ont profondément et durablement marqué ses relations avec les
autres nations colonisatrices et colonisées. Enfin, l’outre-mer français actuel, héritage de
la colonisation, confère à la France une dimension planétaire.
Les militaires ont été un des principaux vecteurs de l’expansion coloniale. Aujourd’hui, ils
sont nombreux à servir dans les DOM -COM ou dans des pays, anciennes colonies
françaises, avec lesquels la France entretient des liens privilégiés. Il est donc important
pour les militaires de connaître cette période de l’histoire de France.
Il s’agit tout d’abord de comprendre le processus de l’expansion coloniale de la France
jusqu’à son apogée avant la seconde guerre mondiale, puis d’étudier les causes et les
étapes de la décolonisation jusqu’à la disparition de l’empire au début des années 1960.
1 - LA COLONISATION
Les moteurs de la colonisation
Quelles que soient les motivations avancées et quelle que soit la générosité de ceux qui
se sont engagés dans ce qu’ils ont considéré comme une grande aventure, la colonisation
a d’abord été une entreprise intéressée, guidée par des considérations économiques.
Puis, des motivations religieuses, politiques et culturelles servirent à justifier l’expansion
coloniale.
Des motivations économiques et religieuses : le 1er empire colonial - 1534 / 1763.
Dès le XVIème siècle, l’expansion coloniale a été motivée par le souci d’acquérir des
matières premières (épices, fruits tropicaux, oléagineux, bois précieux et divers minerais
dont en premier lieu l’or). L’activité missionnaire dès le XVIème siècle (Jésuites en
Amérique du sud, missionnaires protestants dans le Pacifique) a constitué également un
puissant moteur de l ’expansion coloniale.
Des motivations politiques et culturelles : le 2ème empire colonial -1830 / 1930.
À la fin du XIXème siècle, les Européens se considéraient au sommet de la civilisation et ils
se croyaient investis d’une mission de civilisation auprès des « peuples primitifs » : « Nous
admettons le droit et même le devoir des races supérieures d’attirer à elles celles qui ne
sont pas parvenues au même degré de culture et de les appeler aux progrès réalisés
grâce aux efforts de la science ou de l’industrie. » Discours de L. Blum - juillet 1925. Mais
pour l'historien Henry BRUNSCHWING dans « Mythes et réalités de l'impérialisme colonial
français 1871 - 1914 » « c'est [avant tout] dans la poussée nationaliste consécutive aux
évènements de 1870 -1871 qu'il faut rechercher la vraie cause de l'expansion ». La
France, vaincue en 1870, se devait de refaire sa place sur la scène internationale,
l’expansion coloniale y contribua. Enfin, la rivalité franco-britannique a souvent été aussi
un mobile fort de la conquête coloniale française.
Les étapes
Répartie sur plus de quatre siècles, l’expansion coloniale française a connu deux
périodes.
La première, dite "course aux épices" (et au sucre, voire au "bois d’ébène") débute en
1534 sous François Ier. Elle atteint son apogée à la fin du règne de Louis XIV. Elle se
termine sous Louis XV avec la perte de la quasi-totalité des territoires en 1763 (traité de
Paris).
La seconde, dite "impérialiste" commence en 1830, sous Charles X et culmine sous la
troisième République jusqu’aux années 1930. Elle décline dès la fin de la Seconde Guerre
mondiale et prend fin à l’avènement de la cinquième République.
Le 1er empire colonial.
Après les premières grandes découvertes maritimes, le partage du monde à conquérir, en
vertu de bulles pontificales1 se fait entre l’Espagne, le Portugal et la France. En 1534, le
malouin Jacques Cartier, à la demande de François Ier, part à la recherche d’une voie
maritime occidentale vers le Cathay (Chine) et le Cipangu (Japon). Après avoir touché,
Terre-Neuve, il débarque au Canada.
Vers la fin du règne de Louis XIV, le premier domaine colonial français est à son apogée
(10 millions de km2). Il dépasse en surface les possessions britanniques. Il est à
dominante américaine (le Nouveau-Continent) et comprend les territoires suivants :
en Amérique : le Canada (Nlle France), le bassin du Saint-Laurent, le pays des
grands lacs, les territoires de la baie d’Hudson, l’Acadie, Terre Neuve, la Louisiane :
la vallée moyenne et inférieure du Mississipi, la Guadeloupe, la Martinique, la
moitié de Saint Domingue.
en Afrique : le Sénégal, un comptoir à Ouidah (Bénin), l’archipel des Mascareignes
(îles Bourbon et de France), des bases à Madagascar (Fort Dauphin).
en Asie : des établissements et des comptoirs en Inde, des points d’appui en Chine
et à Bangkok.
En 1713, le traité d’Utrecht donne à l’Angleterre les territoires de la baie d’Hudson,
l’Acadie sauf les îles situées à l’entrée du Saint-Laurent, Terre-Neuve et quelques îles des
Antilles.
En 1763, le traité de Paris met fin à la guerre de Sept Ans. Il consacre la victoire, sur terre
et sur mer de l’Angleterre. La France cède la quasi-totalité de ses possessions : la
Nouvelle-France (Canada), l’ensemble des terres à l’Est du Mississippi (Louisiane,
Nouvelle-Orléans), plusieurs îles des Antilles, le Sénégal (à l’exception de l’île de Gorée),
son emprise sur les Indes (à l’exception de cinq comptoirs). Cette spoliation est accueillie
avec la plus grande indifférence par la population française.
Les bribes laissées à la France comprennent Saint-Pierre et Miquelon, l’île de Gorée, la
Martinique, la Guadeloupe, Sainte-Lucie, la Guyane, la moitié de l’île de Saint-Domingue
et les Mascareignes.
En 1783, le traité de Versailles rend à la France Tobago et le Sénégal.
1 Bulle pontificale : lettre d’intérêt général portant le sceau du pape.
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