DOSSIER
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Le Courrier de la Transplantation - Volume VII - n
o 2 - avril-mai-juin 2007
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Des rôles biologiques ont été démon-
trés dans le développement et la matu-
ration du système cardiovasculaire dès
la vie embryonnaire. Le TGFβ a un
rôle morphogénique sur les broblastes
cardiaques et un rôle antiprolifératif sur
les cellules endothéliales et les macro-
phages. Son rôle angiogénique a été
démontré. In vivo, il stimule la formation
de vaisseaux et, in vitro, il inhibe la proli-
fération de cellules endothéliales, régule
la protéolyse de la matrice extracellulaire
et stimule, par l’intermédiaire de l’ac-
tivation des broblastes, la production
de bronectine et de collagène (55). Le
PDGF, libéré par les plaquettes pendant
la formation du thrombus, exerce un
chimiotactisme sur les macrophages
qui sécrètent du TGFβ.
L’action principale du TGFβ est exercée
sur la migration, la maturation et l’acti-
vation (synthèse de matrice extracellu-
laire) des broblastes. Les principales
isoformes étudiées sont le TGFβ1, β2 et
β3. Le TGFβ1 accélère la cicatrisation
chez le rat et le lapin dans un modèle
de plaies cutanées irradiées, traitées
par corticoïdes ou non (56, 57). Une
augmentation de l’expression du TGFβ1
se retrouve au niveau des cicatrices
chéloïdes (58) et hypertrophiques (59).
En fait, l’action des trois principales
isoformes de TGFβ n’est pas la même.
Le TGFβ1 et le TGFβ2 favorisent la
production de matrice extracellulaire et
donc de cicatrice breuse, tandis que le
TGF
β
3 prévient la survenue de cicatrices
breuses (60). La neutralisation par des
anticorps de l’action des TGF
β
1 et
β
2
ou l’administration de TGFβ3 rédui-
sent l’épaisseur de la cicatrice chez le
rat (61). Par ailleurs, l’administration
de TGFβ1 provoque une brose dans
un modèle de cicatrice fœtale chez le
rat (62) et l’analyse d’une plaie fœtale
montre l’absence de TGFβ1 (63). Des
taux faibles de TGFβ1 et 2 et de PDGF et
des taux élevés de TGFβ3 sont retrouvés
dans les plaies embryonnaires, qui ont
comme caractéristique de régénérer sans
cicatrice (63). L’administration topique
par un gel d’un peptide synthétique
antagoniste du TGFβ, dans un modèle
de brûlure chez le porc et d’excision
cutanée chez le porc et le lapin, a montré
une accélération de la réépidermisation
et une diminution de la contraction et
de l’épaisseur de la cicatrice (64). Les
TGFβ1 et β2 ont donc probablement une
action favorisant l’apparition d’une cica-
trice hypertrophique ou chéloïde chez
le brûlé.
Le TGFα, qui est sécrété par les macro-
phages et les lymphocytes, agit égale-
ment dans la cicatrisation cutanée en
favorisant le développement du tissu
de granulation et en stimulant la réépi-
dermisation et l’angiogenèse.
EGF (Epidermal Growth Factor)
L’EGF, peptide de 5,7 kD, isolé initiale-
ment à partir de glande sous-maxillaire
de souris, est sécrété par les kératinocytes
et les macrophages. L’EGF stimule la
prolifération des myocytes vasculaires. Il
accélère l’épithélialisation et augmente la
production de collagénases par les bro-
blastes permettant un remodelage, une
maturation du derme. L’expression du
récepteur de l’EGF est augmentée dans
les cicatrices hypertrophiques (65), ce
qui permet de penser que l’EGF joue un
rôle dans la survenue de cicatrices hyper-
trophiques. L’expression du récepteur de
l’EGF est diminuée dans les broblastes
anciens (66), ce qui peut participer au
ralentissement de la cicatrisation chez les
sujets âgés. L’EGF inhibe par ailleurs la
contraction d’une cicatrice fœtale.
L’administration d’EGF accélère la cica-
trisation et la réépidermisation dans des
modèles de plaies (67) et de brûlures du
deuxième degré super cielles (68). Il joue
donc également un rôle important dans la
cicatrisation cutanée après brûlure.
En revanche, l’utilisation topique d’EGF
n’a pas accéléré l’épidermisation de
plaies super cielles dans une étude chez
le volontaire sain (69).
IGF (Insulin-like Growth Factor)
L’IGF est un peptide circulant de
70 acides aminés, sécrété principalement
au niveau du foie par les hépatocytes
et au niveau des muscles squelettiques.
Il est aussi sécrété par les cellules endo-
théliales, les myocytes vasculaires, les
fibroblastes, les neutrophiles et les
macrophages lors d’une lésion cutanée
(70). Il existe deux isoformes : l’IGF-I et
l’IGF-II. Il se xe à un récepteur spéci-
que et a des effets métaboliques sembla-
bles à ceux de l’insuline. Il stimule la
croissance des cellules endothéliales des
microvaisseaux, mais plus faiblement
que le FGF-2 ou le PDGF. L’expression
de l’IGF est stimulée par le FGF-2 dans
les broblastes et par le PDGF dans les
myocytes vasculaires. L’IGF stimule la
prolifération des kératinocytes et des
broblastes et la synthèse du collagène.
Il participe au contrôle du turnover des
cellules endothéliales et favorise l’an-
giogenèse (71). La concentration de
l’IGF-II dans les tissus diminue rapi-
dement après la naissance. C’est donc,
en dehors de la période fœtale, essentiel-
lement l’IGF-I qui joue un rôle dans la
cicatrisation cutanée. Sa concentration
augmente dans les 48 heures qui suivent
une plaie (70) et est diminuée chez le rat
diabétique (72) ou le rat traité par corti-
coïde (73). Par ailleurs, l’administration
d’IGF-I accélère la cicatrisation chez le
rat diabétique ou traité par corticoïdes.
Dans un modèle de brûlure thermique
chez le rat, la transfection par le gène
de l’IGF-I accélère la cicatrisation (74).
L’IGF-I a donc également un rôle dans
la cicatrisation après brûlure.
Résumé chronologique de l’action
des facteurs de croissance qui inter-
viennent dans la cicatrisation cutanée
(4, 5) [tableau]
Lors de la première phase succédant à
la lésion cutanée, la phase d’in amma-
tion, les plaquettes libèrent le PDGF,
le TGFα et β et l’EGF. Ces facteurs
attirent et stimulent les polynucléaires
neutrophiles qui jouent un rôle lors de la
phase de détersion par leurs actions de
phago cytose et de contrôle de l’infection
locale. Ils agissent aussi sur les macro-
phages qui produisent PDGF, TGFβ,
FGF-2, EGF, cytokines et participent à
la phagocytose, ainsi que sur les lympho-
cytes qui produisent le TGFβ et des