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Cancer du sein
Messages clés
Les études épidémiologiques se sont principalement intéressées à l’étude des liens entre risque de
cancer du sein et : alimentation, activité physique, surpoids et obésité, tabac, exposition aux
radiations ionisantes.
Le rapport de WRCF/AICR de 2017 confirme, avec un niveau de preuve jugé convaincant ou
probable, que la consommation de boissons alcoolisées et la taille à l’âge adulte sont associées à
une augmentation du risque de cancer du sein avant et après la ménopause, et que la surcharge
pondérale et la prise de poids à l’âge adulte sont associées à une augmentation du risque de
cancer du sein après la ménopause.
La consommation d’alcool (plus d’un verre par jour) augmente le risque de cancer du sein.
Quant au tabac, la mesure de son effet propre sur le risque de cancer du sein est plus difficile car
la consommation de tabac est souvent associée à celle de boissons alcoolisées. L’exposition à des radiations ionisantes avant l’âge de 40 ans augmente le risque de cancer du
sein. De nos jours, on ne constate plus d’excès de cancer du sein dû à ces radiations qui sont
inférieures à 10 mSV/an depuis les années 70.
Des perturbateurs endocriniens (DDT, PCB, dioxines) sont suspectés d’avoir un rôle dans les
cancers hormono­dépendants comme le cancer du sein. Les liens entre l’exposition à ces
substances et le risque de cancer du sein restent cependant à établir.
Il existe également des facteurs de risques hormonaux (âge à la puberté et à la ménopause,
nombre d’enfants, allaitement, etc) et génétiques (gènes BRCA) de cancer du sein.
Le travail de nuit a été classé cancérogène probable (groupe 2A) par le CIRC : il entraîne des
perturbations hormonales qui pourraient favoriser l’apparition de cancers.
Une activité physique régulière est un facteur protecteur contre le cancer du sein.
Données d'épidémiologie descriptive
Les facteurs hormonaux et reproductifs
Les facteurs génétiques
Les autres facteurs de risque du cancer du sein
Les facteurs de risques environnementaux
Alimentation et cancer du sein
Activité physique et cancer du sein
Les maladies professionnelles et cancer du sein
Evolutions récentes
Le risque de développer un cancer du sein est très inégal d’un pays à l’autre, conduisant à faire
l’hypothèse que les facteurs de risque varient considérablement d’une population à une autre. Les
scientifiques cherchent donc à identifier quels sont les facteurs de risque du cancer du sein, dans quelle
mesure ils agissent, et comment les modifier en vue de freiner son incidence. On en distingue trois grands
t y p e s : l e s facteurs génétiques, facteurs hormonaux e t reproductifs e t l e s facteurs
comportementaux et environnementaux (Key, 2001), ces derniers comprenant l’alimentation, l’activité
physique, l’obésité ou encore la consommation de tabac et d’alcool. Moins de 50% des cancers du sein sont
expliqués par les facteurs de risque connus.
Données d’épidémiologie descriptive
Le cancer du sein, cancer féminin le plus fréquent dans l’Union européenne et aux États­Unis, est également
le cancer le plus fréquent en termes d’incidence chez la femme en France. Le Réseau français des registres de
cancers (Francim) estime à près de 53 000 le nombre de nouveaux cas diagnostiqués en 2011, soit une
incidence qui a doublé en 25 ans en France et qui est parmi les plus élevées en Europe. Toutefois, son
incidence tend à se stabiliser, même si le cancer du sein reste la première cause de mortalité par cancer chez
la femme. L’incidence augmente très rapidement avant 50 ans pour atteindre un maximum chez les femmes
de 60­69 ans.
Cette augmentation est en partie liée aux campagnes de dépistage, qui permettent de détecter des
cancers du sein de plus en plus petits, et donc de moins en moins agressifs, mais elle est aussi liée au
vieillissement de la population, et à l’évolution des modes de vie.
Le facteur de risque du cancer du sein le plus important est l’âge. Plus une femme vieillit, plus son risque de
développer un cancer du sein augmente. Les facteurs hormonaux et reproductifs
On entend par facteurs hormonaux et reproductifs, tous facteurs qui augmentent l’exposition aux
hormones: règles précoces, nulliparité ou première grossesse tardive, stérilité et ménopause tardive. Les
estrogènes sont parmi les plus importants facteurs de risque du cancer du sein qui est considéré comme un
cancer hormono­dépendant.
Tout d’abord, l’ âge à la puberté détermine le moment où les ovaires commencent à produire les
estrogènes. Une puberté plus précoce expose une femme aux estrogènes pendant une plus longue durée
au cours de sa vie et l’augmentation correspondante du risque de cancer du sein est estimée à 3% par
année en moins à la puberté (Clavel­Chapelon, 2002).
La ménopause est le moment où les ovaires arrêtent de produire les estrogènes. Une ménopause plus
tardive expose une femme pendant une plus longue durée aux estrogènes et augmente ainsi son risque de
cancer du sein. De même, la longueur des cycles ovariens est un facteur hormonal de risque. Des cycles
plus courts de quelques jours vont, sur une vie entière à âge de puberté et âge de ménopause semblables,
augmenter le nombre de cycles donc augmenter l’exposition aux estrogènes et augmenter le risque de
cancer du sein (Clavel­Chapelon, 2002).
Les grossesses menées à terme et l’allaitement diminuent le risque de cancer du sein. L’âge à la première
grossesse menée à terme est un facteur connu : plus la première grossesse est tardive, plus le risque de
cancer du sein augmente, avec une augmentation estimée à +3% par année supplémentaire avant la
première grossesse. De plus, pour un âge égal à la première grossesse, plus le nombre d’enfants
augmente, plus le risque de cancer du sein diminue, avec une diminution estimée à 8% par enfant ; cette
diminution concerne essentiellement le cancer du sein apparaissant après la ménopause (Clavel­Chapelon,
2002).
Par contre, il a été montré que le nombre d’avortements spontanés ne modifie pas le risque de cancer
du sein (Paoletti, 2003). L’allaitement sur une longue période est également un facteur qui diminue le risque
de cancer du sein (Key, 2001). On peut noter que, pendant une grossesse et les quelques années qui la
suivent, le risque de cancer du sein est augmenté à cause de la forte imprégnation hormonale qu’elle
engendre ; ce risque est néanmoins très faible. Cependant, l’effet protecteur ultérieur de la grossesse est plus
important à terme pour la femme et l’est d’autant plus que la majorité des cas de cancer du sein concernent
les femmes ménopausées (Colditz, 2005).
D’autres facteurs hormonaux (dits exogènes) contribuent également à modifier le risque de cancer du sein,
tels que la prise de contraceptifs oraux ou de traitements hormonaux de la ménopause (THM).
L’effet de l’utilisation de contraceptifs oraux sur le risque de cancer du sein a fait l’objet de nombreuses
études épidémiologiques. Globalement, une augmentation faible du risque de cancer du sein chez les
utilisatrices d’estro­progestatifs a été observé, mais ce sur­risque semble disparaître 10 ans après l’arrêt du
contraceptif (Collaborative Group on Hormonal Factors in Breast Cancer. Breast cancer and hormonal
contraceptives: collaborative, 1996 ; Narod, 2002). Aujourd’hui la littérature montre qu’il n’y aurait pas
d’effet du type d’hormones (estrogènes ou progestatifs), pas d’effet de la durée d’utilisation et apparemment
pas d’effet du type de combinaison (estro­progestatif ou progestatif seul).
Concernant l’impact de l’utilisation des THM sur le risque de cancer du sein, trois études majeures ont
récemment été publiées :
l’essai clinique américain Women’s Health Initiative (Rossouw, 2002) ;
une étude anglaise d’observation portant sur un million de femmes, (Million Women Study Collaborators,
2003) ;
une étude de cohorte française E3N qui porte sur près de 100 000 femmes volontaires adhérentes à la
Mutuelle Générale de l’Education Nationale (Fournier A, 2005 et 2008).
Toutes ces études ont montré que la prise de THM augmente globalement le risque de cancer du sein. Des
variations pourraient exister en fonction du type de traitement. En particulier, l’étude française E3N a trouvé
une augmentation du risque de cancer du sein de 70% associée à l’utilisation d’estrogènes combinés à
des progestatifs de synthèse, quels que soient la voie d’administration de l’estrogène et le type de
progestatif de synthèse, même pour des durées courtes d’utilisation (inférieure à 2 ans). Par contre, les
estrogènes associés à de la progestérone micronisée ou à son isomère (la dydrogestérone) n’étaient pas
associés à une augmentation du risque de cancer du sein, au moins à court terme (durée d’utilisation
inférieure à 4 ans). A plus long terme, les données sont actuellement insuffisantes pour conclure car les
études ne bénéficient pas encore d’assez de recul.
En 2005, l’AFSSAPS a rendu public un rapport sur les THM dans lequel les experts estimaient que 650 à 1 200
cas de cancer du sein diagnostiqués en France chez les femmes de 40 à 65 ans pendant l’année 2000
seraient attribuables aux THM, représentant entre 3% et 6% des 22 000 cas diagnostiqués dans cette
tranche d’âge (AFSSAPS, 2005).
Les facteurs génétiques
Les gènes BRCA (BRCA1 et BRCA2 pour BReast Cancer1 et 2) sont les principaux gènes de prédispositions
au cancer du sein et au cancer de l’ovaire. Ils sont responsables d’environ 5% des cas de cancers chez des
familles présentant une histoire familiale de cancer du sein ou de l’ovaire (Stratton and Rahman, 2008).
Chaque personne porteuse d'une mutation dans l’un ou l’autre de ces gènes ne développera pas
obligatoirement un cancer du sein et/ou de l’ovaire, mais son risque sera fortement augmenté par rapport à
celui de la population générale.
Les études épidémiologiques indiquent qu'une femme porteuse d'une mutation de BRCA1 présente un risque
de cancer du sein au cours de sa vie (risque cumulatif) de 65% et cette pathologie pourra survenir très tôt.
Pour le gène BRCA2 le risque de cancer du sein à 70 ans est d’environ 45% (Antoniou, 2003). En ce qui
concerne le risque de cancer de l’ovaire, il est d’environ 39% pour une porteuse de mutation BRCA1, et de
11% pour une femme porteuse d’une mutation BRCA2.
Dans les familles on parle aussi de prédisposition familiale, les mères et leurs filles partageant souvent un même
environnement, qu’il s’agisse d’alimentation, ou au sens plus large de l'histoire gynécologique comme l’âge de
la puberté ou de la ménopause.
Les autres facteurs de risque de cancer du sein
Les facteurs suivants sont autant de facteurs pour lesquels, il est observé un risque accru de cancer du sein :
Les femmes ayant déjà eu un cancer du sein. Environ 15% des personnes traitées pour un cancer du sein
développent par la suite une tumeur à l’autre sein.
Les femmes ayant déjà eu un cancer de l’ovaire et/ou de l’endomètre.
Les femmes présentant certaines affections bénignes des seins comme l' hyperplasie atypique.
Les facteurs de risque environnementaux
Les principaux facteurs de l’environnement qui interviennent dans le risque de cancer du sein sont les
radiations ionisantes classées facteurs cancérogènes avérés (groupe 1) et le travail posté avec perturbations
des rythmes circadiens classés probablement cancérogènes (groupe 2A) de la classification du CIRC
(AFSSET/INSERM).
o Radiations ionisantes
Les résultats sur l’existence de plus de 25 grandes études et plusieurs méta analyses sont convergents
(Preston, 2002) sur l’existence d’une relation dose­effet des radiations ionisantes, avec un effet
cumulatif des doses reçues. Il est observé une augmentation du risque de cancer liée aux radiations reçues à
un âge jeune, en particulier avant l’âge de 40 ans (Key TJ, 2001). Une augmentation du risque est
mentionnée chez les femmes qui ont dû subir des examens diagnostiques thoraciques répétés durant
l’enfance et l’adolescence même pour de faibles doses. Le risque de cancer du sein secondaire est augmenté
chez les patientes ayant été traitées par radiothérapie pour une maladie de hodgkin (Cutuli, 2011). Un risque
à long terme semblerait également induit par le dépistage par mammographies chez les femmes de moins de
40 ans. Ce risque est absent ou faible chez les femmes de plus de 40 ans. Par ailleurs, des données sont en
faveur d’une radiosensibilité accrue chez les femmes porteuses de susceptibilité génétique au cancer du sein
(cf. ci­dessus les facteurs génétiques).
Aucune étude n’a permis de mettre en évidence une augmentation significative du risque de cancer du sein
avec la dose de radiation reçue par les femmes travaillant dans les installations nucléaires (Cardis, 2006).
Concernant les personnels navigants, une augmentation non significative de décès par cancer du sein a été
observée sans qu’une relation entre la durée de travail et le risque ait pu être mise en évidence. Pour les
personnels travaillant dans les cabinets de radiologie, il n’y a pas de données en faveur d’une augmentation
de risque de cancer du sein (Doody et coll, 2000). Enfin, à ce jour, les résultats de la littérature sont
divergents sur un excès de risque de cancer du sein suite à l’accident nucléaire de Tchernobyl.
o Travail de nuit
Le travail posté avec modifications des rythmes circadiens associé à la durée du travail de nuit semble
augmenter le risque de cancer du sein. Le travail posté entraînerait des perturbations du rythme
biologique à l’origine de la sécrétion d’une hormone la mélatonine qui favoriserait l’augmentation de la
synthèse d’œstrogènes. Le travail posté a récemment été classé comme facteur probablement cancérogène
(groupe 2A) par le CIRC ( Straif K, 2011).
o Tabac
La consommation de tabac est classé par le CIRC dans le groupe 1 (cancérogène pour l’homme). La
littérature sur la relation entre risque de cancer du sein et tabagisme est hétérogène. La consommation de
tabac est souvent associée à celle de boissons alcoolisées, ce qui rend plus difficile la mesure de l’effet
propre du tabac sur le risque de cancer du sein. Néanmoins plus de 150 études épidémiologiques revues par
le CIRC ont étudié l’association entre le tabagisme et le cancer du sein, elles suggèrent des « indications
limitées » établissant que le tabagisme peut être associé au cancer du sein. Les études de cohorte les plus
récentes (Reynols, 2004, Cui, 2006) sont en faveur d’une augmentation du risque pour le tabagisme actif
(RR : 1,1­1,4) en particulier lors d’expositions longues ou avant une première grossesse.
Les études récentes sur le tabagisme passif sont également en faveur d’un risque augmenté, surtout (voire
seulement) en préménopause. Par ailleurs, des arguments d’études expérimentales supportent la plausibilité
biologique d’une association positive.
o Expositions à certains produits chimiques
Des études in vitro ont identifié plus de 250 composés, appelés perturbateurs endocriniens, qui imitent ou
interfèrent avec les estrogènes naturels et qui peuvent aussi stimuler la prolifération des cellules mammaires
cancéreuses (Soto, 1995). Plus de 200 composés chimiques sont reconnus comme cancérogènes
mammaires, chez l’animal (Rudel, 2007).
Chez l’homme, à ce jour, 127 substances actives autorisées en Europe sont soupçonnées d’être des
perturbateurs endocriniens dont de nombreux pesticides (Expertise collective AFSSET/INSERM). Les
pesticides organochlorés type DDT et polychlorobiphényles (PCB) ont été les plus étudiés du fait de leur
persistance dans l’environnement et les tissus biologiques. Les études comparant les concentrations dans le
sang ou dans le tissu graisseux de patientes atteintes d’un cancer du sein et de femmes témoins non
atteintes, n’ont en général pas mis en évidence d’association entre les niveaux mesurés et le risque de cancer
(Fénichel, 2008). Les études restent insuffisantes avec des résultats discordants sur le plan méthodologique
Du fait de leurs propriétés oestrogénomimétiques, mises en évidence dans des études expérimentales, les
dioxines sont des substances chimiques suspectées d’être des facteurs de risque du cancer du sein (Soto,
1995). Des travaux ont montré un mécanisme complexe d’interactions entre les dioxines et les estrogènes.
Chez l’animal il a été montré que ces interactions induisent des modifications de l’expression de certains gènes
qui entrainent la mort des cellules (Baan, 2009). Les résultats d’une grande étude épidémiologique menée par
l’InVS vont dans le même sens en suggérant une relation positive et significative de cancer du sein chez les
femmes habitant les zones les plus exposées aux rejets d’incinérateurs de déchets (produisant des dioxines et
d’autres nuisances). Le lien entre le cancer du sein et l’exposition aux dioxines reste toutefois à établir (Goria,
2009).
D’autres perturbateurs endocriniens, tels que des composés utilisés dans l’industrie pour la fabrication de
plastiques, de cosmétiques, de produits de nettoyage, ou de peintures, tels que phthalates, bisphenol A,
alkylphénols ont des propriétés oestrogéniques (Brody, 2003 ; DeBruin, 2002). Cependant les données
disponibles n’ont pas permis à ce jour de mettre en évidence une association avec le risque de cancer du
sein.
D'autres composés chimiques (HAP, solvants pétroliers, solvants chlorés, divers pesticides) ont été associés à
une augmentation de l'incidence des tumeurs mammaires chez l'animal (Brody, 2003) mais les données
disponibles ne montrent pas d’association avec le risque de cancer du sein chez la femme.
o Déodorants et anti transpirants
Des études épidémiologiques sur l’implication des déodorants ne présentent pas d’argument en faveur d’une
association entre antiperspirants et déodorants et cancer du sein, même après avoir exposé des zones rasées
(Namer, 2008).
Un état de connaissances sur la relation sels d'aluminium et cancer du sein a montré les limites et les forces des études in vitro, in vivo et épidémiologiques.
A l'heure actuelle, aucune imputabilité n’est encore certaine, mais les constatations in vitro et in vivo chez l’animal invitent à la précaution quant à l’utilisation massive, quotidienne voire pluriquotidienne, des anti­
transpirants à base de sels d’aluminium. Cependant, par principe de précaution, une diminution de la fréquence de leur utilisation parait raisonnable à la vue des effets dose­dépendants observés in vitro. Il advient notamment de prévenir la population noire africaine qu’elle est particulièrement à risque de développer un cancer du sein, probablement en raison d’une plus grande concentration de glandes sudoripares par centimètres cubes. Enfin, il est important de rappeler que l’absorption des sels d’aluminium est augmentée sur peau lésée et que l’Union Européenne préconise donc d’éviter l’application de tout anti­
transpirant après le rasage.
o Champs électromagnétiques
Les études disponibles sur les champs électromagnétiques d’extrêmement basse fréquence classées 2B par le
CIRC ne montrent globalement aucun lien avec le cancer du sein. Les données sur l’oxyde d’éthylène classé
groupe 1 par le CIRC en 2009, ne donnent que des « indications limitées » en faveur d’un lien avec le cancer
du sein.
Alimentation et cancer du sein
Le rôle de l’alimentation dans le cancer du sein est difficile à estimer dans la mesure où ses effets sont
complexes. Depuis une trentaine d’années, les facteurs alimentaires mis en cause ont été l’apport
énergétique, les graisses alimentaires et les fibres, puis toutes les hypothèses ont plus ou moins été réfutées
par les résultats de grandes études prospectives internationales (WCRF­AICR, 2007). A l’heure actuelle, on
peut dire de façon convaincante que la consommation d’alcool (plus d’un verre par jour) augmente le risque
de cancer du sein. Il est probable que la consommation de légumes diminue le risque, les éléments
protecteurs restent largement inconnus malgré de nombreuses études nutritionnelles envisageant un rôle
possible des caroténoïdes, des folates (vitamine B9), de la vitamine C, de phyto­estrogènes ou de certaines
fibres. Une récente étude montre que la relation entre Vitamine D et cancer du sein est encore mal connue,
des essais cliniques sont encore nécessaires pour déterminer la dose de vitamine D qui jouerait un rôle
protecteur dans la maladie (Shao, 2012). Il est également possible que le risque de cancer du sein soit
augmenté par une alimentation à forte charge glycémique, ou par une consommation élevée de certains
acides gras (acides gras trans en particulier, issus de graisses végétales modifiées par l’industrie alimentaire).
Enfin, il semble que, plus que certains aliments ou nutriments, ce soit le régime alimentaire (appelé aussi
typologie) qui module le risque : un régime « sain » (à base de légumes, huile d’olive, fruits, poissons,
céréales, fruits de mer, autres huiles végétales) serait associé à une diminution du risque, un régime «
occidental », riche en pizzas/pies, pommes de terre, jambon, viande, charcuteries, frites, pates, beurre, œufs,
café, alcool, beurre, crème, mayonnaise, serait associé à une augmentation.
Le tableau ci dessous résume les données actuelles issues du dernier rapport d'actualisation du WCRF et de
l'AICR (WCRF, 2017).
Diminution du risque
Convaincant
Probable
Avant ménopause
Après ménopause
Activité physique de forte
intensité
Surcharge pondérale
(entre 18 et 30 ans)**
Allaitement
Activité physique
Surcharge pondérale
(entre 18 et 30 ans)**
Allaitement
Augmentation du risque
Avant
ménopause
Après ménopause
Taille à l’âge
adulte*
Boissons alcoolisées
Surcharge pondérale
à l'âge adulte**
Prise de poids à l'âge
adulte
Taille à l’âge adulte*
Boissons
alcoolisées
Poids à la
naissance plus
élevé
Suggéré
Légumes
Produits laitiers
Aliments contenant des
caroténoïdes
Alimentation riche en
calcium
Activité physique
quotidienne
Légumes
Aliments contenant des
caroténoïdes
Alimentation riche en
calcium
Tableau: Niveau de preuve des relations entre les facteurs nutritionnels et le cancer du sein
(rapport CUP WCRF/AICR 2017)
Activité physique et cancer du sein
Une activité physique régulière diminue le risque de cancer du sein. Les recommandations actuelles pour
limiter le risque de cancer en général sont de pratiquer une activité physique d’intensité modérée à vive
pendant une durée minimale de 30 minutes à une fréquence d’au moins cinq fois par semaine. Plusieurs
mécanismes biologiques ont été proposés pour expliquer le rôle protecteur de l’activité physique tels que des
modifications métaboliques, hormonales et immunitaires.
Au total, un régime alimentaire équilibré et diversifié, associé à une activité physique régulière et un mode de
vie sain ont de réels effets sur la prévention de la maladie (ANSES, 2011).
Les maladies professionnelles et cancer du sein
Le risque de cancer du sein augmenterait de 8 à 60 % chez les femmes travaillant de nuit, et ce, en fonction
de la durée. La perturbation du rythme biologique affecterait la production d’hormones. En particulier, la
mélatonine, hormone impliquée dans le rythme veille­sommeil serait en cause, sa synthèse étant stimulée par
l’obscurité et réduite par la lumière. La lumière artificielle à laquelle sont exposées les femmes travaillant de nuit
interrompt sa production, ce qui augmente la synthèse d’œstrogènes, et donc possiblement le risque de
cancer du sein. Le cancer du sein est reconnu comme maladie professionnelle chez les travailleuses de nuit au
Danemark depuis 2007 (Straif, 2007).
Evolutions récentes
Les dernières évolutions portant sur le risque de cancer du sein liées à l’environnement concernent
essentiellement les radiations ionisantes et le travail de nuit. Néanmoins d’autres facteurs sont impliqués qui
restent, à ce jour, débattus. L’amélioration des méthodes de caractérisation des expositions apportera des
éléments majeurs pour de nouvelles investigations.
Une vulnérabilité accrue à des facteurs environnementaux à certaines périodes clés du développement (in
utero, à la puberté et avant la première grossesse) est observée. Les facteurs génétiques impliqués au cours
de ces différentes phases sont susceptibles d'intervenir dans l'étiologie du cancer du sein, bien qu’à ce jour
aucune association en faveur d’une interaction gène x environnement n‘ait été formellement démontrée. Les
avancées des techniques de génétique moléculaire permettent aujourd'hui d'entreprendre l'étude de ces
interactions. L'intérêt de ces études est croissant dans les maladies complexes comme le cancer car la plupart
des gènes identifiés ont une pénétrance incomplète. Il s'agit d'évaluer le rôle de ces facteurs en prenant en
compte l'ensemble des facteurs de risque connus (ou pressentis) et de rechercher les interactions potentielles
entre ces facteurs.
Sources rédactionnelles : ANSES ; CIRC ; INCa ; INSERM ; InVS, Ligue Contre le cancer.
Auteur : Unité Cancer et Environnement
Relecture : Dr Christelle Faure Chirurgie Sénologique, Centre Régional de Lutte contre le Cancer, Centre
Léon Bérard, Françoise Clavel­Chapelon Directeur de Recherche INSERM (Institut Gustave Roussy), Sylvie
Mazoyer Chercheuse en oncogénétique à l'Inserm, Centre Léon Bérard.
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Etudes et publications scientifiques
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Goria S, 2009 : Risk of cancer in the vicinity of municipal solid waste incinerators [...]
DeBruin LS, 2002 : Perspectives on the chemical etiology of breast cancer
IARC, 2002 : Weight Control and Physical Activity
WCRF­AICR, 1997 : Nutrition and the Prevention of Cancer: a global perspective
Rapports et textes officiels
AFSSET, INSERM, 2008 : Expertise collective, Cancer et environnement
InVS, 2013 : Cancer du sein, professions et expositions professionnelles aux solvants organiques
WCRF/AICR, 2014 : Diet, nutrition, physical activity and Breast Cancer Survivors
Informations des publics
Inca, 2015 : Actualisation des recommandations sur le carcinome canalaire in situ (CCIS)
Institute of Medicine: questions réponses sur le cancer du sein et l'environnement (en anglais)
Site de l'Institut National du Cancer, Cancer info
Société canadienne du cancer, 2010 : Encyclopédie canadienne du cancer
Site Internet d'Europa Donna France
Site Internet : Vivre comme avant
Site Internet de l’association Tribu Cancer
Site Internet de l'association Belle & Bien
Dossiers et autres ressources
INSERM 2012, Communiqué de Presse : Le travail de nuit, un risque pour les femmes ?
INSERM, 2014 : Cancer du sein : le tabagisme passif aussi nocif que l'actif
Site Internet de la Fédération Nationale des Centres de Lutte Contre le Cancer
Site Internet de la Ligue contre le cancer
Site Internet de la Société Française de Sénologie et de Pathologie Mammaire
WCRF/AICR:Diet, nutrition, physical activity and breast cancer
INSERM : Facteurs de risques professionnels et environnementaux des cancers du sein : l'Etude CECILE
INCa, 2009 : Risque de cancers et perturbateurs endocriniens
Mise à jour le 26 juin 2017
Copyright 2016 ­ Centre Léon­Bérard
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