
Le coup d’œil
Images en Dermatologie • Vol. VII • n
o
 3 • mai-juin 2014
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Cas clinique
Le cytodiagnostic de Tzanck et les sérologies HSV-1 et HSV-2 étaient négatives mais 
l’amplifi cation spécifi que de l’ADN de HSV par PCR retrouvait un HSV-1 dans les lésions 
génitales. Un diagnostic d’herpès génital compliqué d’une surinfection bactérienne 
était posé. En raison de la sévérité des symptômes locaux et de la crainte d’une gan-
grène de Fournier, le patient était hospitalisé et recevait un traitement intraveineux 
comprenant aciclovir (5 mg/kg x 3/j) et pénicilline A – acide clavulanique (1 g x 3/j). 
Aucun traitement antifongique n’était administré. Dans les 48 heures, la CRP dimi-
nuait progressivement à 23 mg/l avec une amélioration des lésions 
(fi gure 2, p.91)
, 
révélant un aspect plus “caractéristique” d’un herpès génital. Dans le même temps, 
on retrouvait chez ce patient une glycémie élevée (18,9 mmol/l, N < 6,4), tout comme 
le taux d’hémoglobine glycquée (HbA1c = 14,44 %, N < 5,6 %), ainsi qu’une glycosurie 
et une cétonurie en l’absence d’acidocétose. Le patient reconnaissait à l’interrogatoire 
ressentir depuis 5 mois une fatigue d’intensité croissante, s’accompagnant d’une perte 
de poids de 25 kg. Le syndrome polyuro-polydipsique qu’il présentait était en faveur 
d’un diabète cliniquement méconnu. Le patient sortait du service devant l’amélioration 
des lésions cliniques et du phimosis ainsi que des taux de glycémie sous insuline. Le 
patient était perdu de vue et aucun suivi sérologique n’a pu être réalisé pour docu-
menter une possible séroconversion herpétique 3 semaines plus tard.
Discussion
La balanite est défi nie comme une infl ammation du gland du pénis et la balano posthite, 
comme l’atteinte concomitante du prépuce chez le sujet non circoncis 
(1)
. Dans notre 
cas, la balanoposthite était le résultat d’une infection mixte par le virus HSV et des 
germes aérobies (streptocoque) et anaérobies. L’infection est la première cause de 
balanite 
(1)
. Les infections aérobies peuvent être causées par les streptocoques du 
groupe B et du groupe A hémolytiques 
(1-4)
. Les infections anaérobies surviennent le 
plus souvent chez les patients non circoncis sous la forme d’une urétrite non spécifi que 
et d’une balanite. 
Bacteroides 
spp. est le plus souvent retrouvé, mais une infection à 
un seul germe est assez rare 
(1-4)
. De plus, dans notre cas, le virus Herpes simplex 
virus peut aussi être responsable de la balanite 
(1)
. A.N. Masfari 
et al. 
ont montré qu’il 
n’existait aucune différence entre la fl ore bactérienne de patients avec ou sans ulcères 
génitaux herpétiques 
(4)
. Chez notre patient, il était impossible de désigner avec cer-
titude quel micro-organisme était la cause de l’infection, si bien qu’il a été décidé de 
traiter toutes les infections dans le même temps. Les patients avec un diabète ont le 
même risque de développer une IST que la population générale. Cependant, plusieurs 
cas illustrent bien qu’une infection peut précipiter une acidocétose diabétique 
(5-7)
. 
Les auteurs recommandent ainsi la surveillance de la glycémie chez les patients dia-
bétiques ayant une infection génitale. Ici, notre patient avait probablement un diabète 
récent non diagnostiqué cliniquement depuis plusieurs mois, qui a précipité le tableau 
sévère d’infection herpétique 
(8)
 associée à d’autres germes.
Conclusion
Le diabète augmente le risque d’infections, mais aussi la sévérité de ces dernières ainsi 
que leurs présentations, qui peuvent être atypiques. Ainsi, un diabète non contrôlé peut 
induire une balanoposthite candidosique et/ou d’autres infections. Notre cas illustre 
à la fois qu’un diabète doit certainement être recherché en cas de primo-infection ou 
de récurrence herpétique anormalement sévère ou atypique. De plus, les patients 
avec un diabète devraient savoir qu’une infection herpétique peut être plus sévère en 
l’absence d’un contrôle de la glycémie. 
II
Références bibliographiques
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L’auteur déclare ne pas avoir de liens d’intérêts.