histoire de la grèce sous la domination des romains

HISTOIRE DE LA GRÈCE SOUS LA DOMINATION
DES ROMAINS
G.-F. HERTZBERG
Traduite de l’allemand sous la direction de A. BOUCHÉ-LECLERCQ
Paris - 1887
AVERTISSEMENT — PRÉFACE
INTRODUCTION.
État de la Grèce vers la fin du IIIe siècle avant J.-C. — Les Hellènes sous la domination de la
Macédoine. — Antigone Doson et Philippe V de Macédoine. — Guerre d’Étolie ou « Sociale. » — La
Macédoine, la Grèce et la deuxième guerre punique. — Guerre entre les Étoliens alliés aux Romains
et la Macédoine. — Philopœmen. — Politique de Philippe V. — Nabis, tyran de Sparte. — La
deuxième guerre entre les Romains et la Macédoine. — Flamininus et la « liberté » restaurée en
Grèce. — Humiliation de Nabis.
PREMIÈRE PARTIE — HISTOIRE DE LA GRÈCE DEPUIS
FLAMININUS JUSQU’À AUGUSTE (194 avant J.-C. - 14 après J.-C.)
CHAPITRE PREMIER. — La Grèce sous le protectorat de Rome.
Politique des Romains à l’égard des Hellènes. — Situation matérielle et morale de la Grèce. — La
guerre syro-étolienne contre les Romains. — Situation nouvelle des Romains vis-à-vis des Hellènes.
— Les partis au sein de la Ligue achéenne et les démêlés avec Sparte et la Messénie. — Rome et le
parti oligarchique en Grèce. — Guerre entre les Romains et Persée, roi de Macédoine. — Cruautés
des Romains à l’égard des peuplades et cités grecques
CHAPITRE DEUXIÈME. — La ruine de la Ligue achéenne.
Attitude nouvelle des Romains vis-à-vis de la Grèce. — État lamentable de la Grèce. — Polybe. —
Fin de la Ligue achéenne. — Conséquences immédiates de sa dissolution. — Situation nouvelle des
Achéens et des autres Grecs en face des Romains. — Polybe et les Romains. — État de la Grèce ;
les confédérations ; Sparte, Athènes, Délos, la Crète, Rhodes
CHAPITRE TROISIÈME. — Histoire de la Grèce depuis la ruine de la
Ligue achéenne jusqu’à la fin de la guerre contre Mithradate.
La Grèce sous les Romains. — La situation et l’état des esprits en Grèce. — Émigration des
Hellènes en Italie. — La Grèce jusqu’au temps de Mithradate VI Eupator. — La première guerre
contre Mithridate jusqu’à l’arrivée de Sulla en Grèce. — La guerre sous le commandement de Sulla.
CHAPITRE QUATRIÈME. — Histoire de la Grèce depuis la fin de la
première guerre contre Mithridate jusqu’à la bataille d’Actium.
Décadence de la Grèce. — La troisième guerre contre Mithradate. — Les pirates. — Les Romains
s’emparent de la Crète. — Victoires de Pompée sur les pirates. — Damon Péripoltas. — Triste
situation de la Grèce. — Les gouverneurs romains en Macédoine : Verres, Pison. — Relations
diverses entre les Romains et les Grecs. — Situation d’Athènes : Atticus ; Cicéron. — La guerre
entre César et Pompée. — Reconstruction de Corinthe. — La Grèce après la mort de César. — M.
Brutus en Grèce. — Cassius s’empare de Rhodes. — Bataille de Philippes. — M. Antoine et les
Hellènes. — La guerre entre Antoine et Octave : bataille d’Actium
CHAPITRE CINQUIÈME. — La Grèce sous l’empereur Auguste.
Situation désespérée de la Grèce après la bataille d’Actium. - Octavien fonde les colonies de
Nicopolis et de Pairs. — Mesures administratives d’Auguste en Grèce. — La Macédoine et les
provinces du Danube. —La province d’Achaïe : le κοινόν d’Achaïe ; réforme de la Ligue
amphictyonique. — Situation de la Grèce réorganisée. — Athènes. — Euryclès. — Conclusion
AVERTISSEMENT
Quand je commençai, il y a bientôt sept ans, à publier la traduction française de
l’Histoire Grecque de E. CURTIUS, je ne songeais d’abord qu’à mener à bonne
fin, avec l’aide de mes collaborateurs, la tâche entreprise. Au moment où
s’achevait notre édition, augmentée d’un Atlas dont on a apprécié depuis
l’utilité1, je sentis plus vivement que je n’aurais cru le regret — prévu pourtant —
de voir l’Histoire Grecque se clore à la paix de Démade (330 avant J.-C). De là à la
fin du monde antique, il reste un intervalle de plus de sept siècles, durant
lesquels la Grèce, devenue la proie du plus fort, semble n’être plus qu’une
éparchie macédonienne ou une province romaine. L’histoire de l’Hellade
indépendante est finie ; mais l’histoire de la civilisation par l’influence grecque,
l’histoire de l’hellénisme commence. La race hellénique, humiliée comme nation,
devient le sel de la terre, le ferment qui travaille et transforme l’intelligence des
peuples les plus divers, depuis l’Atlantique jusque par delà les rives de F Indus.
Il m’a semblé que l’Histoire de l’Hellénisme de S.-G. DROYSEN2, qui, pour la
chronologie, se soude sans solution de continuité à l’Histoire Grecque, avait
chance de trouver auprès des mêmes lecteurs un accueil favorable. Non pas
certes que la transition d’un ouvrage à l’autre dut se faire sans secousse. On
dirait que la parole passe tout d’un coup, comme l’hégémonie, aux Macédoniens.
C’est une voix brève et dure qui impose silence aux protestations éloquentes de
l’Athénien vaincu. Point de regrets stériles ! Chaque chose a son heure, rien de
plus ; il est chimérique de prétendre arrêter le mouvement qui entraîne le monde
dans un devenir perpétuel. Le pourrait-on qu’il ne faudrait pas le vouloir ; car on
ne conserverait ainsi que des formes vides, vains débris délaissés par la vie. Le
présent détruit le passé au profit de l’avenir. L’avenir de l’Hellade foulée et
meurtrie par la soldatesque macédonienne, c’est l’éclatante fortune des empires
qu’elle va animer de son esprit, la monarchie éphémère d’Alexandre, les
royaumes plus stables des Lagides et des Séleucides.
Ceux qui ne croient pas au progrès quand même, à la supériorité nécessaire de
ce qui est sur ce qui a été, goûteront peu celte façon hégélienne de consoler les
vaincus. Mais la philosophie de DROYSEN ne fait point tort à son érudition, et son
œuvre est restée assez solide pour que personne n’ait tenté jusqu’ici de la
refaire. L’Histoire de l’Hellénisme est aujourd’hui encore le seul guide qui
permette de suivre pas à pas, dans leur enchaînement et leur complexité, les
événements compris entre la bataille de Chéronée et celle de Sellasie (330-231
avant J.-C). Là DROYSEN s’arrête. Il se réservait de reprendre plus tard sa tâche
inachevée, de signaler, au milieu des conflits qui vont user au profit des Romains
et des Parthes les forces des royaumes hellénistiques, la marche alternante et
rythmée de l’Idée providentielle. Mais il comprit sans doute qu’à un ensemble si
vaste il n’eût pu donner qu’une unité factice ; il se contenta, vers la fin de sa vie,
de consolider le monument qu’il n’espérait plus agrandir et d’en ôter les pierres
d’attente.
Au point de vue exclusif de l’histoire grecque, nous n’avons pas à le regretter. M.
DHOYSKN a posé la plume au moment où il allait disperser dans tous les sens
1 Histoire grecque, 5 vol. in-8°. Paris, Leroux, 1880-1883. — Atlas pour servir à l’histoire grecque
de E. Curtius, par A. Bouché-Leclercq, Paris, Leroux, 1883.
2 Histoire de l’Hellénisme, 3 forts vol. in-8. Paris, Leroux, 1883-1885.
son attention et la nôtre. Dans l’Histoire de l’Hellénisme continuée, la part de la
Grèce eût été bien restreinte ; le lecteur aurait pu dire, comme autrefois les
spectateurs du drame tragique : il n’y a rien là pour Dionysos. C’est de la Grèce,
au contraire, et de la Grèce seule, que M. HERTZBERG entend s’occuper. Il a soin
de déclarer, dam la Préface de son livre, qu’il n’a pas voulu continuer l’œuvre de
DROYSEN, au sens littéraire et philosophique du mot ; il a cherché à limiter de
toutes parts son sujet et à éviter un naufrage dans l’histoire universelle. Il
applique tout ce qu’il a de sagacité, de patience, je dirais presque d’opiniâtreté, à
extraire du sol épuisé de t’Hellade une dernière moisson de faits et d’idées.
Cette moisson, on peut s’y attendre, n’est pas très abondante. Une fois la Ligue
achéenne dissoute et la Grèce affranchie, c’est-à-dire désagrégée, rendue à ses
instincts particularistes et libre de sommeiller sous l’œil vigilant des Romains, le
pays s’appauvrit et se dépeuple, la vie s’y fait monotone, les incidents
remplacent les événements, et quelques anecdotes, mêlées à des séries de jeux
et de concours, constituent souvent toute la chronique de plus d’une cité jadis
célèbre. De temps à autre passe une tourmente, qui laisserait les Hellènes assez
indifférents s’ils n’étaient plus ou moins victimes de ces querelles qui se vident
sur leur territoire. C’est la guerre contre Antiochus, puis le formidable
ébranlement des guerres civiles, d’où sort le régime impérial. Le nouvel ordre de
choses apporte et impose à l’Hellade une paix profonde, ce que M. HERTZBERG
appelle, non sans ironie, une vie idyllique, la vie des peuples qui n’ont plus
d’histoire.
Et pourtant, la Grèce n’est pas une province comme une autre. Elle est devenue
une sorte de Terre-Sainte, un lieu de pèlerinage où l’élite intellectuelle des
peuples « hellénisés- » vient rendre hommage au passé et réchauffer le culte des
souvenirs. Protégés par F ombre de leurs grands ancêtres, les Hellènes
continuent à subjuguer leurs vainqueurs. Les écoles grecques, l’Université
d’Athènes surtout, forment et marquent de leur empreinte les classes dirigeantes
de l’empire. Peu à peu, la langue grecque, qui déjà régnait presque sans partage
dans le domaine des lettres et des sciences, envahit les bureaux et les prétoires.
Il se trouve qu’en fin de compte, dans l’universelle décadence, la civilisation
grecque a vieilli moins vite que la culture romaine. Enfin, la revanche est
complète ; le centre administratif du monde méditerranéen est transporté en
Orient ; l’empire romain devient l’empire grec. C’est en Grèce aussi que se
poursuit et s’achève le grand duel engagé entre l’hellénisme religieux, c’est-à-
dire le vieux polythéisme cuirassé d’exégèse savante, et la foi du Christ. Les
champions sont de part et d’autre sortis des écoles grecques, et le christianisme
ne triomphe qu’en prenant à son compte une bonne part du bagage
philosophique de ses adversaires. Justinien pouvait fermer l’école d’Athènes et
imposer silence aux néoplatoniciens ; il y avait longtemps que le concile de Nicée
avait assuré à la théorie du Logos et des hypostases divines un asile inviolable.
Mais je m’aperçois que je risque ici de dépasser le cadre sévère dans lequel s est
enfermé notre auteur. M. HERTZBERG, qui a consacré le troisième volume tout
entier à la peinture minutieuse de la vie universitaire en Grèce, laisse se dégager
lentement des recherches de détail ces idées générales, sans y insister, sans
forcer l’attention du lecteur. L’objectivité, autrement dit la neutralité bienveillante
dont il s’est fait une règle absolue, le retient en dehors de toutes les mêlées
d’opinions et à l’écart de tous les systèmes ; il aime mieux dénombrer que
classer, décrire qu’analyser, raconter que disserter. Que ceux qui cherchent de
préférence dans l’histoire la marque personnelle de l’historien, ceux qui ne la
goûtent pas sans aperçus hardis et sans morceaux d’éclat, se le tiennent pour
dit. Dans cet ouvrage, comme dans les monographies qui lui assurent parmi les
érudits un rang des plus honorables1, le docte professeur de Halle n’a voulu être
qu’un annaliste fidèle, consciencieux jusqu’au scrupule, partout préoccupé
d’incorporer dans la trame de son récit tous les textes dont l’érudition dispose,
de les indigner dans ses notes et de signaler au lecteur les travaux de tous ceux
gui les ont colligés ou maniés avant lui. Cette allure prudente et réservée
contraste autant avec les façons tranchantes de DROYSEN que celles-ci avec la
gravité harmonieuse et sereine de CURTIUS. Mais, cette fois encore, j’y vois
plutôt un avantage qu’un inconvénient. Il ne me déplaît pas que le ton change
avec l’auteur, et l’auteur avec le sujet ; que l’on nous parle du temps où
Plutarque fut presque un grand homme dans un autre style que de la grande
épopée militaire d’Alexandre, et que le héros macédonien n’ait pas été loué par
la même bouche que Solon ou Périclès. Chacun des trois auteurs que nous
rapprochons ainsi a obéi, en somme, à ses affinités électives, et il n’est pas
mauvais que l’on s’en aperçoive.
Nous aurions pu suivre plus loin M. HERTZBEBG, qui, dans un ouvrage récent, a
continué jusqu’à l’époque contemporaine l’histoire de l’Hellade. Mais ce précis
rapide et destiné au grand public ne se raccorderait pas sans disparate à notre
collection, et d’ailleurs je tiens à ne pas dépasser les limites de l’histoire ancienne
:
.......... hic cæstus artemque repono.
Il me reste à rendre hommage aux collaborateurs qui, sous ma direction à peu
près nominale, ont bien voulu se charger de traduire l’ouvrage de M.
HERTZBERG. Deux d’entre eux ne sont plus des inconnus pour nos lecteurs. M.
1 Je ne crois pas inutile de donner ici une liste des ouvrages de M. HERTZBERG ; elle montrera que
ce laborieux érudit, qui enseigne depuis 1860 à l’Université de Halle, a consacré à l’histoire de la
Grèce la meilleure part de son temps.
De rebus Graecorum inde ab Achaici fœderis interitu usque ad Antoninorum ætatem. Halis Sax.,
1851.
Alkibiades, der Staatsmann und Feldherr. Halle, 1853.
Das Leben des Königs Agesilaos II von Sparta, nach den Quellen dargestellt. Halle, 1856.
Die Geschichte der Messenischen Kriege nach Pausanias. Halle, 1861.
Der Feldzug der 10000 Griechen, nach Xenophons Anabasis dargestellt, Halle, 1861.
Die asiatischen Feldzüge Alexanders des Grossen, nach den Quellen dargestellt. Halle, 1864.
Travaux insérés dans l’Allgemeine Encyclopédie de Ersch et Gruber : Geschichte Altgriechenlands
bis zum Beginn des Mittelalters (Allgem. Encyl., Bd. LXXX. Leipzig, 1862). — Geschichte der
Neugriechen im XIXten Jahrhundert (Allgem. Encycl., Bd. LXXXVII. Leipzig, 1869). — Geschichte des
Grossbritannischen Reichs (Allgem. Encyl., Bd. XCII-XCIII. Leipzig, 1871).
Die Geschichte Griechenlands unter der Herrschaft der Römer., 3 vol. in-8, Halle, 1866-1875. C’est
l’ouvrage dont nous donnons la traduction. Le tome I, Von Flamininus bis Augustus, a paru en 1866
; le tome II, Von Augustus bis auf Septimius Severus, en 1868. Le tome III, publié en 1875, a un
sous-titre spécial : Der Untergang des Hellenismus und die Universität Athen.
Rom und König Pyrrhos. Halle, 1871.
Die Feldzüge der Römer in Deutschland. Halle, 1872.
Geschichte Griechenlands seit dem Absterben des antiken Lebens bis zur Gegenwart (c’est-à-dire
jusqu’en 1878). 4 vol. in-8, et un Supplément contenant l’Index, Gotha, 1876-1879. L’ouvrage fait
partie de la Geschichte der europdischen Staaten, publiée sous la direction de Heeren, Ukert et
Giesebrecht.
Geschichte der Perserkriegen, nach den Quellen erzählt. Halle, 1877.
Puis viennent trois ouvrages faisant partie de l’Allgemeine Geschichte in einzelnen Darstellungen,
publiée sous la direction de W. Oncken : Geschichte von Hellas und Rom, 2 vol., Berlin, 1879-1880.
Geschichte des römischen Kaiserreichs. Berlin, 1880-1882. — Geschichte der Bysantiner und des
Osmanischen Reiches. Berlin, 1882-1884.
Griechische Geschichte bis zum Jahre 397 n. Chr. in kürzerer Fassung. Halle, 1884.
Athen, historisch-topoqraphisch dargesteltt, mit einem Plane von Athen. Halle, 1885.
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