JUIN 2016 AvanCées dans les syndromes myasthéniques congénitaux Les syndromes myasthéniques congénitaux sont des maladies rares, d'origine génétique. Ils se caractérisent par une faiblesse musculaire, localisée ou généralisée. Cette faiblesse prédomine très souvent au niveau des muscles de la tête et du cou. Elle évolue de manière plus ou moins fluctuante, avec une tendance nette à s’aggraver à l’effort. Ce document, publié à l’occasion des Journées des Familles 2016 de l’AFM-Téléthon, présente les actualités de la recherche dans les syndromes myasthéniques congénitaux : colloques internationaux, études ou essais cliniques en cours, publications scientifiques et médicales... Il est téléchargeable sur le site internet de l’AFM-Téléthon > SMC synaptiques > SMC pré-synaptiques > SMC post-synaptiques > SMC avec un déficit en glycosylation > syndrome du canal lent > myasthénie infantile familiale où se trouvent aussi d’autres informations concernant les domaines scientifiques, médicaux, psychologiques, sociaux ou techniques dans les syndromes myasthéniques congénitaux : WEB www.afm-telethon.fr > Concerné par la maladie > Syndrome myasthénique congénital Savoir & Comprendre Avancées dans les syndromes myasthéniques congénitaux Sommaire Rédaction Myoinfo, Département d'information sur les maladies neuromusculaires de l'AFM-Téléthon, Évry Validation Pr. Bruno Eymard Institut de Myologie, Hôpital Pitié-Salpêtrière, Paris Des évènements médico-scientifiques................................................ 6 Journées annuelles de la SFM ....................................................................................6 Myology 2016...................................................................................................................6 Une base de données ............................................................................ 6 Le réseau français « Syndromes myasthéniques congénitaux »...................6 Des essais cliniques ............................................................................... 7 Le salbutamol ...................................................................................................................7 Le 3,4-diaminopyridine .................................................................................................7 Deux nouveaux gènes impliqués dans les SMC ................................. 7 Deux nouveaux chats modèles de SMC .............................................. 8 Mieux comprendre les manifestations cliniques ............................... 9 Une étude des manifestations cliniques du SMC lié à des anomalies du gène SYT2 ..........................................................................................................................9 Une forme de SMC lié au gène SCN4A avec paralysies périodiques .........9 Un suivi à long terme de personnes atteintes de SMC lié à des anomalies de la rapsyne ...............................................................................................9 * * La jonction neuromusculaire est la zone de communication entre le nerf par qui le signal de contraction (influx nerveux) arrive et le muscle qui se contracte sous l'impulsion de l'influx nerveux. Les maladies (d'origine) génétiques sont des maladies dues à des anomalies de l'ADN, c'est-à-dire de l'information qui détermine le fonctionnement biologique de notre organisme. Cette information est présente dans nos cellules sous forme de chromosomes. Nous l'héritons de nos parents et nos enfants héritent de la nôtre. C'est pourquoi les maladies génétiques sont souvent familiales, c'est-àdire qu'il peut y avoir plusieurs membres d'une même famille atteints par la maladie génétique. 2 ǀ AFMTéléthon ǀ Juin 2016 * Les syndromes myasthéniques congénitaux (SMC) sont des maladies rares (environ 1 personne sur 250 000). Ce sont des maladies de la jonction neuromusculaire, la zone de transmission de l'ordre de contraction du nerf moteur, qui commande, au muscle, qui agit. D’origine génétique, ils sont liés au déficit ou à la formation anormale d'une protéine donnée. Les SMC sont classés en fonction de la localisation de l'élément perturbé au niveau de la jonction neuromusculaire. On distingue ainsi ▪ les SMC pré-synaptiques (en amont de la synapse, à l'extrémité du nerf), ▪ les SMC synaptiques (au niveau de la fente synaptique, dans l'espace entre le nerf et le muscle), ▪ les SMC post-synaptiques (en aval de la synapse, au niveau de la membrane musculaire). ▪ Des SMC liés à des gènes codant des protéines qui participent à l’ajout de sucre sur certaines protéines de la jonction neuromusculaire (glycosylation). Avancées dans les syndromes myasthéniques congénitaux Gène CHAT SNAP25B SYT2 PREPL Gène COLQ LAMB2 AGRN Gène CHRNA, CHRNB, CHRND, CHRNE CHRNG RAPSN MuSK SMC pré-synaptiques Protéine Fonction Choline acétyltransférase Synthèse de l’acétylcholine SNAP25B Libération de l’acétylcholine Synaptotagmine 2 Libération de l’acétylcholine Prolyl endopeptidase-like Libération de l’acétylcholine SMC synaptiques Protéine Fonction Collagène Q Ancrage de l’acétylcholinestérase à la lame basale synaptique Chaîne β2 de la lamine Composant essentiel de la lame basale synaptique Agrine Composant essentiel de la lame basale synaptique. Formation et maintien de la jonction neuromusculaire La synapse est la zone de contact entre deux cellules nerveuses ou entre une cellule nerveuse et une autre cellule (musculaire, récepteur sensoriel...), par laquelle la cellule en amont (présynaptique) transmet l’influx nerveux à la cellule en aval (post-synaptique). SMC post-synaptiques Protéine Fonction Canal ionique à la membrane de la fibre Récepteur de musculaire qui joue un rôle primordial l’acétylcholine (5 sousdans la transmission neuromusculaire unités) Rapsyne Regroupement des récepteurs de l’acétylcholine DOK-7 LRP4 Récepteur tyrosine kinase spécifique du muscle DOK-7 LRP4 SCN4A COL13A1 Canaux sodium Nav1.4 Chaine α du collagène 13 Gène GFPT1 DPAGT1 ALG2 ALG14 GMPPB Savoir & Comprendre Formation et maintien de la jonction neuromusculaire Contraction de la fibre musculaire Formation et maintien de la jonction neuromusculaire SMC avec un déficit en glycosylation Protéine Fonction GFPT1 Étape précoce de l’ajout de sucre DPAGT1 (glycosylation) de certaines protéines ALG2 ALG14 GMPPB Autres SMC Gène BIN1, DNM2, MTM1 SLC25A1 Protéine Amphiphysine, dynamine2, myotubularine… Fonction SMC associé à des myopathies congénitales SLC25A1 Transporteur de métabolites à travers la membrane de la mitochondrie ▪ De nouveaux gènes restent encore à découvrir puisque 40 à 50% des personnes atteintes de SMC n’ont aucune anomalie dans les gènes connus dans les SMC. 3 ǀ AFMTéléthon ǀ Juin 2016 Savoir & Comprendre Avancées dans les syndromes myasthéniques congénitaux 1 2 5' 3 4 5 La transmission synaptique à la jonction neuromusculaire Le mouvement volontaire est déclenché par un influx nerveux qui chemine le long des nerfs et arrive au niveau de la jonction entre le nerf et le muscle. 1 : Dans la terminaison axonale du nerf (élément pré-synaptique), le neurotransmetteur acétylcholine est stocké dans des vésicules synaptiques. 2 : L’arrivée de l’influx nerveux à la terminaison nerveuse entraîne la fusion des vésicules avec la membrane présynaptique. 3 : Les vésicules libèrent l’acétylcholine dans la fente synaptique. 4 : Les molécules d’acétylcholine libérées vont se fixer sur la membrane de la cellule musculaire (membrane postsynaptique) au niveau des récepteurs de l'acétylcholine. 5 : Cette fixation entraîne un passage d’ions à travers la membrane de la fibre musculaire, qui par une cascade de réactions chimiques aboutit à la contraction des myofibrilles et donc de la fibre musculaire. 5’ : Dans le même temps, les molécules d’acétylcholine présentes dans la fente synaptique sont soit recaptées par la membrane pré-synaptique, soit détruites par l’acétylcholinestérase. La machinerie de la transmission synaptique est alors prête à un nouveau cycle de transmission synaptique. 4 ǀ AFMTéléthon ǀ Juin 2016 Savoir & Comprendre Avancées dans les syndromes myasthéniques congénitaux Les traitements actuels des syndromes myasthéniques congénitaux reposent sur les connaissances acquises concernant le fonctionnement de la jonction neuromusculaire et le déroulement de la transmission. Traitement Anticholinestérasiques 3,4diaminopyridine (3,4-DAP) Quinidine et la fluxétine Action Augmenter la quantité d’acétylcholine disponible en inhibant l'action de l'acétylcholinestérase, l'enzyme qui dégrade l'acétylcholine au niveau de la fente synaptique. Favoriser la libération accrue de vésicule d’acétylcholine Éphédrine Réduire le temps d’ouverture des récepteurs de l’acétylcholine Mécanisme inconnu Salbutamol Mécanisme inconnu Type de SMC La plupart des SMC sauf : - SMC lié au déficit en acétylcholinestérase (COLQ), - SMC en laminine β2 - SMC à Dok7 - Syndrome du canal lent où ils sont contre-indiqués - SMC pré-synaptiques avec réduction de la libération de l’acétylcholine - SMC post-synaptiques (déficit en récepteurs de l’acétylcholine, en rapsyne et en MuSK) - Parfois efficace sur les SMC lié à Dok7 ou à un déficit en acétylcholinestérase Syndrome du canal lent - SMC lié à Dok7 - SMC synaptiques - SMC lié à Dok7 ou COLQ - SMC synaptiques 5 ǀ AFMTéléthon ǀ Juin 2016 Savoir & Comprendre Avancées dans les syndromes myasthéniques congénitaux Des évènements médico-scientifiques Journées annuelles de la SFM Le thème des 13èmes Journées annuelles de la Société Française de Myologie était « La jonction neuromusculaire dans tous ces états ». Ces journées ont réuni, du 23 et 25 novembre 2015 à Lyon, une centaine de médecins et de chercheurs européens impliqués dans ce domaine. ▪ Elles ont été l’occasion pour Jean Cartaud (Paris), Bernard Jasmin (Ottawa, Canada) et Jean-Louis Bessereau (Lyon) de présenter un état des lieux sur l’histoire et le fonctionnement de la jonction neuromusculaire, une zone importante pour le déclenchement de la contraction musculaire et dont les connaissances sur les différents acteurs moléculaires impliqués (au niveau pré-synaptique comme post-synaptique) se précisent. ▪ Des sessions cliniques ont porté sur les dysfonctionnements de la jonction neuromusculaire dans la myasthénie et les syndromes myasthéniques congénitaux. L’actualité des traitements dans les syndromes myasthéniques congénitaux a été présentée par Bruno Eymard (Institut de Myologie, Paris). Myology 2016 Lors du congrès international Myology 2016 organisé par l’AFM-Téléthon du 14 au 18 mars à Lyon, une session a été consacrée aux syndromes myasthéniques congénitaux. Un point sur les syndromes myasthéniques congénitaux ainsi que sur l’actualité des traitements et l’expérience du réseau français a été fait. Une session plus particulièrement consacrée à la jonction neuromusculaire a porté sur la formation et le fonctionnement de la jonction neuromusculaire. Une base de données Ce que les médecins appellent l'histoire naturelle d'une maladie est la description des différentes manifestations d'une maladie et de leur évolution au cours du temps en l'absence de traitement. Les études de corrélations génotype/phénotype recherchent l'existence de liens entre les caractéristiques génétiques, le génotype, et les caractéristiques s'exprimant de façon apparente, le phénotype (taille, couleur et forme des yeux, couleur des cheveux, manifestation d'une maladie...). On peut ainsi identifier une relation plus ou moins étroite entre la présence d'une anomalie génétique de tel ou tel type et celle de telles ou telles manifestations d'une maladie génétique. 6 ǀ AFMTéléthon ǀ Juin 2016 Le développement de bases de données de patients permet d’effectuer un recensement des personnes atteintes d'une même maladie, de préciser l’histoire naturelle de celle-ci, d'établir des corrélations génotype/phénotype et de faciliter le recrutement de patients dans les essais cliniques. Le réseau français « Syndromes myasthéniques congénitaux » La base de données du réseau français « Syndromes myasthéniques congénitaux » a été créé en 2001 par des experts médico-scientifiques qui travaillent sur les syndromes myasthéniques congénitaux. ▪ Sur les 300 personnes atteintes de SMC suivies par le réseau français, près de la moitié ont un diagnostic génétique moléculaire connu. La répartition des différents gènes retrouvés est similaire à d’autres études internationales : les gènes CHNRE, RAPSN, COLQ et DOK7 sont les plus fréquemment impliqués dans ces SMC. Base de données du réseau français « Syndromes myasthéniques congénitaux » Rechercher des nouveaux gènes, développer des modèles animaux, de nouveaux traitements Statut Pays Date de création Recrutement en cours France 2001 Savoir & Comprendre Avancées dans les syndromes myasthéniques congénitaux Des essais cliniques Les essais cliniques consistent à évaluer les effets d’un traitement potentiel dans une maladie (un candidat-médicament, un dispositif médical…) dans le but de s’assurer qu’il est bien toléré et efficace dans cette maladie. Le salbutamol Le salbutamol (aussi appelé albutérol) est une molécule utilisée dans le traitement de l’asthme, capable d’augmenter le volume des muscles. Essai de phase I Évaluer l’efficacité du salbutamol (Promoteur : Mayo Clinic) Statut Nombre de participants (âge) Essai terminé. 21 Données en (2 ans et plus) cours d’analyse Pays Durée du suivi Début - Fin États-Unis 3 ans Septembre 2010 – Août 2013 Le 3,4-diaminopyridine La 3,4-diaminopyridine (ou 3,4-DAP ou amifampridine ou Firdapse®) est un médicament qui permet une libération accrue de vésicules d’acétylcholine. Le laboratoire Catalyst Pharmaceuticals mène plusieurs essais de cette molécule dans le syndrome myasthénique de LambertEaton mais aussi dans les SMC. Essai de phase III Évaluer la sécurité d’évaluation et l’efficacité du 3,4-diaminopyridine (Promoteur : Catalyst Pharmaceuticals) Statut Recrutement en cours Nombre de participants (âge) Pays 10 (2 à 17 ans) États-Unis Durée du suivi Début - Fin 8 semaines Janvier 2016 – Juillet 2016 Deux nouveaux gènes impliqués dans les SMC Grâce aux techniques de séquençage de nouvelle génération, deux nouveaux gènes impliqués dans les SMC ont été identifiés : le gène GMPPB et le gène COL13A1. ▪ Le gène GMPPB, déjà connu comme étant impliqué dans une forme d’alpha-dystroglycanopathie, code une enzyme qui participe à l’ajout de sucre sur certaines protéines de la jonction neuromusculaire (glycosylation). Les manifestations cliniques dues aux anomalies du gène GMPPB sont typiques des SMC avec déficit de glycosylation : faiblesse musculaire prédominant sur les muscles proximaux et épargnant les muscles des yeux et du visage. Si la fatigabilité est présente dans tous les cas observés, certains présentent des signes cliniques de syndrome myasthénique pur alors que d’autres présentent une composante Au cours d'un essai clinique de phase I un médicament dont l'intérêt thérapeutique a été montré sur des modèles animaux et/ou cellulaires (essais précliniques) est administré pour la première fois à un petit groupe de volontaires sains, plus rarement à des malades, afin d'évaluer leur tolérance à la substance en fonction de la dose (Comment le futur traitement est-il absorbé et éliminé ? Est-il toxique et à quelles doses ? Existe-t-il des effets secondaires ?). Au cours d'un essai clinique de phase III, un médicament, pour lequel on a déterminé lors d'essais antérieurs l'innocuité et le dosage optimum (essais de phase I et II), est administré à un grand groupe de malades, sur une longue durée, dans le but d'évaluer son efficacité thérapeutique en la comparant à celle d'un traitement de référence ou un placebo. Il permet aussi de mettre en évidence les interactions indésirables et les effets secondaires du traitement à moyen terme. Essais cliniques et maladies neuromusculaires, Repères Savoir & Comprendre, AFM-Téléthon. Les techniques de séquençage de nouvelle génération permettent de rechercher de nouveaux gènes ou d’identifier de nouvelles anomalies génétiques dans des gènes connus. Elles sont plus rapides et plus précises que les techniques standards. Les muscles proximaux sont les muscles qui sont proche de l'axe du corps. Ils sont situés aux racines des membres : muscles des épaules et des bras pour les membres supérieurs, muscles des hanches et des cuisses pour les membres inférieurs. Le système musculaire squelettique, Repères Savoir & Comprendre, AFM-Téléthon 7 ǀ AFMTéléthon ǀ Juin 2016 Savoir & Comprendre Avancées dans les syndromes myasthéniques congénitaux La créatine phosphokinase (CPK ou créatine kinase, CK) est une enzyme musculaire qui joue un rôle dans la production d'énergie directement utilisable par les cellules. Abondamment présente dans les cellules musculaires, elle est libérée dans la circulation sanguine en cas d'atteinte musculaire. Son dosage dans le sang est utile au diagnostic de certaines myopathies. myopathique au premier plan. Le taux de créatine phosphokinase (CPK) est élevé et sur la biopsie, on trouve un déficit marqué en alphadystroglycane. Le gène GMPPB vient compléter la liste des 4 gènes connus à ce jour (ALG2, ALG14, DPAGT1 et GFPT1) comme étant impliqués dans le développement de syndrome myasthénique congénital avec un déficit de glycosylation. Il pourrait, comme cela a été suggéré pour les 4 autres gènes, intervenir dans la glycosylation du récepteur de l’acétylcholine et provoquer, lorsqu’il présente des anomalies, une perturbation de la transmission synaptique à la jonction neuromusculaire. La biopsie musculaire est un examen médical qui consiste à prélever, sous anesthésie locale, un petit fragment de tissu musculaire. Les fragments de tissu musculaire prélevés sont observés au microscope. Les différentes méthodes utilisées pour préparer le tissu permettent de déceler des anomalies de la morphologie et/ou la structure des fibres musculaires et/ou de mettre en évidence le déficit d'une protéine spécifique. Diagnostic et maladies neuromusculaires, Repères Savoir & Comprendre, AFM-Téléthon. Mutations in GMPPB cause congenital myasthenic syndrome and bridge myasthenic disorders with dystroglycanopathies. Belaya K, Rodríguez Cruz PM, Liu WW, Maxwell S, McGowan S, Farrugia ME, Petty R, Walls TJ, Sedghi M, Basiri K, Yue WW, Sarkozy A, Bertoli M, Pitt M, Kennett R, Schaefer A, Bushby K, Parton M, Lochmüller H, Palace J, Muntoni F, Beeson D. Brain. 2015 (Juin). ▪ Le gène COL13A1 code la chaine alpha du collagène 13, une forme atypique de collagène puisque contrairement au collagène, elle n’est pas fibrillaire et est transmembranaire. Localisée dans la membrane postsynaptique de la jonction neuromusculaire, elle joue un rôle important dans la formation et le maintien de la jonction neuromusculaire. Les 3 enfants chez lesquels le gène a été identifié présentaient une forme de SMC débutant à la naissance associant des difficultés respiratoires et à s’alimenter, une légère dysmorphie faciale, une chute de la paupière supérieure (mais avec un mouvement normal des yeux) et une déformation du thorax. Deux enfants ont été traités sans succès par pyridostigmine. Chez l’un d’entre eux, un traitement par salbutamol et 3,4diaminopyridine s’est montré bénéfique. Congenital Myasthenic Syndrome Type 19 Is Caused by Mutations in COL13A1, Encoding the Atypical Non-fibrillar Collagen Type XIII α1 Chain. Logan CV, Cossins J, Rodríguez Cruz PM, Parry DA, Maxwell S, Martínez-Martínez P, Riepsaame J, Abdelhamed ZA, Lake AV, Moran M, Robb S, Chow G, Sewry C, Hopkins PM, Sheridan E, Jayawant S, Palace J, Johnson CA, Beeson D. Am J Hum Genet., 2015 (Déc). Un modèle animal est un animal qui reproduit les caractéristiques de la maladie (à la fois sur le plan génétique et sur le plan clinique) permettant l'étude des mécanismes de la maladie ou l'essai de traitements potentiels. Deux nouveaux chats modèles de SMC Une équipe française a découvert deux races de chat (shynx et devon rex) présentant spontanément une anomalie dans le gène COLQ à l’origine d’une forme de syndrome myasthénique congénital. Ces chats reproduisent les caractéristiques de la maladie, à la fois sur le plan génétique et sur le plan clinique, et constituent ainsi de bons modèles. Ils permettront de mieux comprendre les mécanismes pathologiques impliqués dans cette forme de SMC ainsi que le mode d’action d’un potentiel candidat-médicament et de valider son efficacité et étudier sa toxicité avant de réaliser des études chez l’homme. A COLQ Missense Mutation in Sphynx and Devon Rex Cats with Congenital Myasthenic Syndrome. Abitbol M, Hitte C, Bossé P, Blanchard-Gutton N, Thomas A, Martignat L, Blot S, Tiret L. PLoS One. 2015 (Sept) 8 ǀ AFMTéléthon ǀ Juin 2016 Avancées dans les syndromes myasthéniques congénitaux Savoir & Comprendre Mieux comprendre les manifestations cliniques Une étude des manifestations cliniques du SMC lié à des anomalies du gène SYT2 La forme de SMC présynaptique liée à des anomalies dans le gène SYT2 codant la synaptotagmine a été très récemment décrite. ▪ L’étude des données cliniques, électrophysiologiques et moléculaires de deux familles ont permis de décrire les particularités cliniques de cette forme extrêmement rare de SMC. Elles se manifestent par un déficit distal qui fait plutôt évoquer une maladie de Charcot-Marie-Tooth ou une motoneuropathie distale. Le traitement par 3,4-diaminopyridine est bien plus efficace que celui par les anticholinestérasiques classiques. Electrophysiologic features of SYT2 mutations causing a treatable neuromuscular syndrome. Whittaker RG, Herrmann DN, Bansagi B, Hasan BA, Lofra RM, Logigian EL, Sowden JE, Almodovar JL, Littleton JT, Zuchner S, Horvath R, Lochmüller H. Neurology. 2015 (Déc). Une forme de SMC lié au gène SCN4A avec paralysies périodiques Des anomalies dans le gène SCNA4, codant la sous-unité alpha du canal sodium (Na+), peuvent provoquer des paralysies périodiques, une paramyotonie congénitale ou des myotonies du canal sodium. Quelques rares cas de syndrome myasthénique congénital lié à des anomalies du gène SCN4A ont également été rapportés. ▪ Dans un article publié en janvier 2016, une collaboration impliquant l’Institut de Mylogie (Paris) fait état de l’observation d’une personne d’origine libanaise issu d’un mariage consanguin et ayant présenté les premiers symptômes d’un SMC depuis l’enfance. Chez cette personne, une nouvelle anomalie autosomique récessive dans le gène SCN4A a été identifiée. Elle est à l’origine de manifestations associant à la fois des signes cliniques de SMC et de paralysies périodiques. A recessive Nav1.4 mutation underlies congenital myasthenic syndrome with periodic paralysis. Habbout K, Poulin H, Rivier F, Giuliano S, Sternberg D, Fontaine B, Eymard B, Morales RJ, Echenne B, King L, Hanna MG, Männikkö R, Chahine M, Nicole S, Bendahhou S. Neurology. 2016 (Jan). Un suivi à long terme de personnes atteintes de SMC lié à des anomalies de la rapsyne Une maladie héréditaire est transmise sur le mode autosomique récessif lorsque la personne malade a ses deux copies du gène - celle reçue de son père et celle reçue de sa mère - porteuses d’une anomalie génétique. La maladie ne se manifeste que lorsque les deux copies du gène sont altérées. On estime que 14 à 27% des personnes atteintes de SMC présentent des anomalies liées au gène RAPSN qui code la rapsyne. ▪ Une équipe espagnole a réalisé le suivi à long terme (de 14,5 ans en moyenne) de 10 personnes atteintes de SMC lié à des anomalies de la rapsyne. Elle a ainsi mis en évidence des manifestations cliniques homogènes. L’évolution de la maladie était stable à l’exception d’une détérioration transitoire. Le traitement avec 3,4-diaminopyridine et les inhibiteurs de la cholinestérase se sont avérés bénéfiques. Long-term follow-up in patients with congenital myasthenic syndrome due to RAPSN mutations. Natera-de Benito D, Bestué M, Vilchez JJ, Evangelista T, Töpf A, García-Ribes A, TrujilloTiebas MJ, García-Hoyos M, Ortez C, Camacho A, Jiménez E, Dusl M, Abicht A, Lochmüller H, Colomer J, Nascimento A. Neuromuscul Disord., 2016 (Fév). 9 ǀ AFMTéléthon ǀ Juin 2016 Savoir & Comprendre Avancées dans les syndromes myasthéniques congénitaux * * * ▪ Pour en savoir plus sur la recherche dans les syndromes myasthéniques congénitaux vous pouvez consulter le Zoom sur…la recherche dans les syndromes myasthéniques congénitaux qui présente les connaissances scientifiques et les pistes thérapeutiques dans les syndromes myasthéniques congénitaux. Zoom sur… la recherche dans les syndromes myasthéniques congénitaux ▪ Tout au long de l'année, suivez l'actualité de la recherche dans les maladies neuromusculaires sur : WEB www.afm-telethon.fr > Voir toutes les actus > Maladies 10 ǀ AFMTéléthon ǀ Juin 2016