Correspondances en Métabolismes Hormones Diabètes et Nutrition - Vol. XVII - n° 3 - mars 2013
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Revue de presse
Dans ce contexte, E. Aigner et al. ont étudié
l’effet du glucose sur la sécrétion d’hepcidine
en combinant des approches in vivo et in
vitro. Cette équipe montre que l’ingestion
de glucose (75 g) par des sujets sains de la
cohorte SAKKOPI provoque une élévation
transitoire du taux circulant d’hepcidine
(maximum à 2 heures) qui coïncide avec
une baisse du taux plasmatique de fer (1).
En utilisant la lignée cellulaire HepG2, les
chercheurs ont démontré que le glucose
n’affecte pas la production hépatocytaire
d’hepcidine. En revanche, ils ont observé
que, dans une lignée de cellules β pancréa-
tiques dérivée d’un insulinome, le glucose
augmente l’expression du gène codant
l’hepcidine. L’expression physiologique du
gène de l’hepcidine a été objectivée par PCR
réalisée sur des îlots pancréatiques humains
préparés en vue d’une greffe. Ce travail met
en évidence l’implication du glucose dans
le contrôle de la sécrétion d’hepcidine et,
indirectement, de l’homéostasie du fer,
en conditions physiologiques. Qu’en est-il
en conditions pathologiques ?
Une étude récente réalisée chez 30 femmes
présentant un diabète gestationnel révèle
que leur taux plasmatique d’hepcidine est
significativement plus élevé que celui des
femmes enceintes ayant une intolérance
au glucose (47 cas) ou que celui des sujets
témoins (2). Les auteurs ont constaté une
corrélation positive entre le taux circulant
d’hepcidine et la glycémie mesurée à jeun
ou après l’absorption de glucose. Le foie et
le pancréas, 2 acteurs majeurs du contrôle
de l’homéostasie glucidique, sont aussi par-
tenaires dans le contrôle de l’homéostasie
du fer.
E. Louiset (Rouen)
1. Aigner E et al. J Nutr Biochem 2013;24(1):112-7.
2. Derbent AU et al. J Matern Fetal Neonatal Med 2013 Feb 27
[Epub ahead of print].
Metformine et cancer
Des études épidémiologiques montrent
que le diabète est corrélé à un risque accru
de cancer et que les patients traités par la
metformine, un antidiabétique utilisé dans le
traitement du diabète de type 2, ont un risque
moins élevé de développer cette maladie.
Des données antérieures ont prouvé que la
metformine inhibe la croissance de lignées
cellulaires cancéreuses à la fois in vitro et dans
des modèles animaux de xénogreffe. Il a été
montré que cette molécule tue sélectivement
une population de cellules souches cancé-
reuses (CSC-like) in vitro et chez la souris. Ces
CSC-like constituent une population cellulaire
qui résiste à la chimiothérapie et sont res-
ponsables de la récidive de la maladie. Une
nouvelle étude réalisée par K. Struhl et al.
à Boston (États-Unis) suggère que la met-
formine inhibe l’événement le plus précoce
du processus de transformation tumorale,
l’activation de NFκB. NFκB est un facteur
de transcription également impliqué dans
la réponse inflammatoire. Le facteur NFκB
est un carrefour de signalisation mis en jeu
dans les 2 mécanismes, le cancer et l’inflam-
mation. Dans cette étude, les auteurs ont
utilisé un modèle inductible de transforma-
tion cellulaire dans lequel des signes de réac-
tion inflammatoire apparaissent 15 minutes
après induction. Le traitement par la metfor-
mine inhibe spécifiquement la translocation
nucléaire de NFκB et la phosphorylation de
STAT3 dans les cellules souches cancéreuses.
Les autres cellules cancéreuses ne sont pas
affectées. Les effets de la metformine ne sont
observés que lorsque le produit est appliqué
peu de temps après l’induction tumorale, ce
qui suggère que la molécule agit à un stade
précoce. Des travaux antérieurs ont montré
que, combinée à la chimiothérapie, la met-
formine prolonge la rémission des souris por-
teuses de tumeurs. Les auteurs révèlent que la
metformine bloque la réponse inflammatoire
dans les tumeurs. Cette inhibition est associée
à un allongement de la période de rémission
des souris. Les travaux futurs devraient per-
mettre d’identifier les mécanismes mis en
jeu par la metformine dans le blocage de la
réponse inflammatoire. Les auteurs émettent
l’hypothèse que la metformine pourrait blo-
quer une réaction de stress métabolique acti-
vant la réaction inflammatoire mise en jeu
dans une grande variété de cancers.
I. Lihrmann (Rouen)
1. Hirsch HA et al. Proc Natl Acad Sci USA 2013;110:972-7.
Œuf et risque cardiovasculaire
La richesse en cholestérol de l’œuf (210 mg
pour un gros œuf, soit 400 mg pour 100 g)
en a fait une des cibles des discours diété-
tiques de la prévention cardiovasculaire, qui
recommandent de ne pas dépasser 300 mg/j.
Ce conseil a pour corollaire le raccourci
suivant : cholestérol alimentaire = choles-
térol plasmatique. Certes, le cholestérol
alimentaire peut contribuer à augmenter
le cholestérol LDL et l’oxydation des LDL,
et la lipémie postprandiale, mais il entraîne
aussi une augmentation du cholestérol HDL
et l’apparition de particules LDL de grande
taille, facteurs plutôt protecteurs. Par ailleurs,
l’œuf est une source importante de nutri-
ments à effet antioxydant (zinc, sélénium,
vitamine E, caroténoïdes, etc.), d’acides gras
variés et biodisponibles, et d’autres nutri-
ments (protéines)… bon marché. Faut-il alors
s’en passer ? Y a-t-il des études épidémiolo-
giques qui justifient son exclusion pour la
prévention cardiovas culaire ? Cette étude
(une méta-analyse) a pour objectif de mesu-
rer l’effet dose-réponse de la consommation
d’œufs sur le risque coronarien et vasculaire
cérébral (1).
Dix-sept études prospectives (9 pour la
maladie coronarienne et 8 pour l’accident
cérébrovas culaire), dans 8 publications,
ont été prises en compte dans cette méta-
analyse : 5 847 cas de maladie coronarienne
(correspondant à 3 081 269 personnes-
années) et 7 579 cas d’accident vasculaire
cérébral (4 148 095 personnes-années) ont
été analysés. Aucune association linéaire
entre la consommation d’œufs et le risque
de maladie coronarienne ou d’accident vas-
culaire cérébral n’a été mise en évidence. Le
risque relatif de maladie coronarienne par
œuf consommé est de 0,99 (IC : 0,85-1,15 ;
p = 0,88, non significatif) ; pour l’accident
cérébrovasculaire, il est de 0,91 (IC : 0,81-
1,02 ; p = 0,10), avec une diminution non
significative également. Il n’y a pas d’hétéro-
généité entre les études.
En revanche, comme cela a déjà été souligné
(2), l’analyse par sous-groupes a montré que,
dans la population diabétique, le risque relatif
de maladie coronarienne chez les plus gros
consommateurs d’œufs comparativement