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Rédigé par  
M. Chamaillard, Inserm U801, CHRU de Lille
La Lettre de l’Hépato-gastroentérologue • Vol. XII - n° 6 - novembre-décembre 2009  |  231
Une défensine contre la dysbiose !
Le tube digestif est en contact permanent avec la flore intestinale, ce qui conditionne le 
maintien de sa physiologie et l’éducation des diverses facettes du système immunitaire. 
Dans ce contexte, les peptides antimicrobiens sont des acteurs essentiels de la réponse 
immunitaire : parmi eux, l’α-défensine humaine HD-5 sécrétée par les cellules de Paneth 
participe à la défense de l’hôte contre certains entéropathogènes. Récemment, des études 
cliniques ont permis de mettre en évidence une dysbiose et une déficience en HD-5 au niveau 
de la muqueuse iléale des patients atteints de maladie de Crohn. Il restait à démontrer le 
rôle de ce médiateur de l’immunité sur l’écologie de la flore intestinale. L’expression de 
l’α-défensine humaine HD-5 suffit à modifier la diversité moléculaire de la flore intestinale 
chez la souris aux dépens des Clostridia, des Bacilli et des Erysipelotrichi. En particulier, la 
quasi-absence chez les souris exprimant HD-5 de la bactérie commensale connue sous le 
nom de Segmented Filamentous Bacteria (SFB) est corrélée à la réponse inflammatoire 
de type TH17 qui joue un rôle essentiel dans la pathogenèse de la maladie de Crohn. En 
revanche, aucune modification du nombre total de bactéries n’a été observée en présence 
d’HD-5 ni en l’absence d’α-défensines fonctionnelles chez la souris.
De la flore au carcinome hépatocellulaire…
Le cancer du foie reste la troisième cause de mortalité par cancer sur le plan mondial. 
L’incidence du carcinome hépatocellulaire est plus importante en zone d’endémie pour le 
virus de l’hépatite B et après ingestion d’aflatoxine B1, un puissant carcinogène retrouvé 
dans la nourriture contaminée par Aspergillus flavus et Aspergillus parasiticus. Cependant, 
l’incidence du carcinome hépatocellulaire chez les patients chroniquement infectés par le 
virus de l’hépatite C n’est pas constante, ce qui suggère que d’autres facteurs de risque 
restent à identifier. Par une approche expérimentale réalisée au laboratoire de l’université 
de Caroline du Nord, le travail dirigé par A.B. Rogers a révélé que la colonisation intestinale 
par la bactérie commensale Helicobacter hepaticus accélère le développement d’hépatocar-
cinomes induits par l’infection par le virus de l’hépatite C ou par l’aflatoxine B1, que ce soit 
chez la souris mâle ou femelle. À l’inverse, aucune entéropathie particulière n’a été décelée 
chez ces mêmes souris. Les auteurs ont également démontré que l’incidence des tumeurs 
n’est corrélée ni à l’induction d’une hépatite ni à une augmentation de la translocation de 
cette bactérie commensale chez la souris. En revanche, la colonisation par H. hepaticus est 
liée à l’induction au niveau de la muqueuse iléale d’un sous-groupe de gènes, incluant la 
protéine réactive C, les chémokines CCL1 et CCL12, les récepteurs aux chémokines CCR7 
et CCR8, l’interféron γ, l’ostéopontine, l’interleukin 1 family member 6 et l’interleukine 10. 
Commentaire
Commentaire
Au-delà de leur rôle sur la défense contre des 
entéropathogènes, cette étude dévoile un rôle 
sous-estimé de certains peptides antimicrobiens, 
dont la sécrétion est défectueuse au niveau de 
la muqueuse intestinale des patients atteints 
de maladie de Crohn, sur la diversité de la flore 
microbienne et sur l’intensité de la réponse inflam-
matoire de type TH17. Cette découverte ouvre la 
voie à l’identification de nouvelles cibles théra-
peutiques potentielles pour la maladie de Crohn 
en visant à restaurer l’expression de ces peptides 
antimicrobiens ou à corriger les changements de 
leur flore digestive pro-inflammatoire.
Référence
Salzman NH, Hung K, Haribhai D et al. Enteric defensins 
are essential regulators of intestinal microbial ecology. Nat 
Immunol 2009 [Epub ahead of print].
Ces résultats suggèrent l’existence d’autres bacté-
ries commensales qui potentialise le développe-
ment de carcinomes hépatocellulaires. Avant 
d’envisager le développement de nouvelles cibles 
antitumorales, il reste néanmoins à déterminer 
les mécanismes par lesquels ces bactéries ou leur 
détection par le système immunitaire contribuent 
à promouvoir le développement d’hépatocarci-
nomes.
Référence
Fox JG, Feng Y, Theve EJ et al. Gut microbes define liver can-
cer risk in mice exposed to chemical and viral transgenic 
hepatocarcinogens. Gut 2009 [Epub ahead of print].