LeoSat, les satellites qui connectent plus vite que leur ombre

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LeoSat, les satellites qui connectent plus vite
que leur ombre
Le 14.09.2016 à 16h21
La start-up veut lancer 78 satellites en orbite basse pour
offrir une connectivité plus rapide que la fibre optique à de
gros clients dans la finance ou l’industrie. Un projet à 3,5
milliards de dollars.
LeoSat veut lancer 78 satellites en orbite basse pour offrir une connectivité plus rapide et plus
sécurisée que la fibre optique à de gros clients dans la finance ou l’industrie.
Thales Alenia Space
Dans la famille des constellations de satellites destinées à connecter le monde entier au haut
débit, on connaissait le projet OneWeb, programme de 900 microsatellites soutenu par Airbus,
Coca-Cola, Qualcomm ou Intelsat. On suivait aussi, non sans circonspection, le projet géant de
SpaceX et Google de déployer une constellation de 4.000 satellites, un chantier qui semble
encalminé depuis plusieurs mois. Un troisième larron est en train de se faire une place sur le
marché : la start-up LeoSat. La société, qui ambitionne de lancer entre 78 et 108 satellites à la fin
de la décennie, a signé le 14 septembre lors de la World Satellite Business Week de Paris un
contrat avec le fabricant de satellites Thales Alenia Space pour définir les caractéristiques des
futurs engins. L’accord devrait aboutir à un lancement de la production des satellites dans un a,
pour une mise en orbite à l'horizon 2019-2020.
Enième projet mégalo de géant du web ? Pas du tout. Le modèle économique de LeoSat se veut
bien plus ciblé que ceux de OneWeb ou du tandem SpaceX-Google. Là où les deux projets
concurrents visent une connectivité haut débit destinée au grand public, notamment en Afrique et
dans les zones non couvertes par la fibre, la jeune pousse luxembourgeoise s’attaque à une
clientèle de grands groupes et de structures gouvernementales. "Nous visons des clients qui ont
besoin d’une connexion ultra-rapide et sécurisée, explique le patron de LeoSat Mark Rigolle.
Cela peut être des géants pétroliers qui ont besoin de connecter leurs plateformes offshore et le
siège social, des spécialistes du trading haute fréquence, ou encore une banque qui veut relier en
temps réel ses centres de Londres et Islamabad."
50% plus rapide que la fibre
Pour s’imposer face à la concurrence de la fibre optique, LeoSat s’appuie sur plusieurs
arguments. La vitesse, d’abord : la constellation de 78 satellites sur orbite à 1.400 km de la Terre,
permettra, assure le groupe, des services de connexion plus rapide de 50% que la fibre. "Pour une
liaison entre Londres et Singapour, la fibre affiche un temps de latence de 192 millisecondes,
quand nous sommes à 118", calcule le patron de LeoSat. Autre argument-clé : la sécurité des
données. "Elles transitent directement entre les sites des clients, sans passer par les réseaux
terrestres, détaille Bertrand Maureau, patron des activités télécommunications de Thales Alenia
Space. Cela rend le système bien plus robuste face aux perturbations et interceptions
éventuelles."
Prenons un exemple concret : une plateforme offshore basée au Nigéria envoie les résultats de ses
derniers sondages au siège social d’un géant pétrolier en Californie. Le flux de données est émis
vers un satellite LeoSat. Les données transitent ensuite entre les satellites grâce à des liaisons
laser optiques, une première mondiale pour des satellites en orbite basse, et sont transmises
quasiment en temps réel au siège du groupe. "A aucun moment les données ne seront passées par
un réseau filaire, à la différence de l’offre de groupes comme O3B [constellation de satellites en
orbite moyenne], qui mixe liaisons satellites et terrestres", résume Mark Rigolle, ancien directeur
financier de l’opérateur satellite SES… et ancien patron d’O3B.
Un premier client dans le trading haute fréquence
LeoSat assure ainsi pouvoir connecter n’importe quel endroit de la planète en quelques
millisecondes. Suffisant pour séduire les gros bonnets du business ? La start-up a annoncé le 6
septembre avoir convaincu un premier client, une "société financière d’envergure mondiale" dont
le nom n’a pas été dévoilé. Le groupe serait spécialisé dans le trading haute fréquence, ces
transactions financières effectuées en quelques millisecondes sur la base d’algorithmes
informatiques. LeoSat peut aussi compter sur le soutien de Thales Alenia Space, le grand
spécialiste mondial des constellations de satellites, qui fabrique déjà les engins d'Iridium, O3B
Mais le plus dur reste à faire pour la start-up spatiale. Pour financer la fabrication, le lancement,
l’exploitation et l’assurance de ses satellites, le groupe doit lever 3,5 milliards de dollars sur les
trois à quatre prochaines années, dont environ 200 millions d’euros dans les douze prochains
mois. Une somme énorme, comparable à celle que la constellation OneWeb essaie de rassembler.
Or chaque dollar se gagne avec les dents : OneWeb, pourtant soutenu par Airbus Group,
Qualcomm, Intelsat ou Coca-Cola, n’a levé que 500 millions pour l’instant. Et chaque semaine
apporte son nouveau lot de projets de constellations de start-up de ce qu'on appelle désormais le
"New Space", toutes aussi avides d’argent frais que LeoSat. Dernière en date, la jeune pousse
américaine Cloud Constellation veut ainsi lever 450 millions de dollars pour lancer une dizaine
de satellites d’ici à 2019. Objectif : créer un véritable "cloud de l’espace", baptisé
SpaceBelt... dont les serveurs seraient sur orbite.
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