Quand la santé passe par l’espace
Dans le cadre du 44eSalon du
Bourget, le CNES (Centre
national d’études spatiales) a
souligné les apports de certains
des systèmes spatiaux en télé-
médecine.
On connaît certes les interventions
chirurgicales à distance. Mais l’uti-
lisation des satellites est bien plus
vaste. Ils permettent de trans-
mettre la formation profession-
nelle et l’éducation à la santé aux
centres de formation continue ou
auprès des experts médicaux. Ils
relient aussi des sites isolés et as-
sistent des personnes médicale-
ment dépendantes. Ce que l’on
connaît moins, c’est leur aide en
matière de médecine prédictive.
Ainsi, l’espace devient une mine
de renseignements d’ordre médi-
cal, parce que la santé des popula-
tions dépend fortement de leur en-
vironnement. La surveillance spa-
tiale des épidémies contribue à la
connaissance de l’environnement
des maladies et participe ainsi à
l’évaluation prédictive des risques.
On peut prévoir et suivre certaines
épidémies grâce aux données
satellites : c’est la télé-épidémie.
Celle-ci est fondée sur l’utilisation
des satellites météorologiques, des
satellites d’observation de la terre,
des satellites scientifiques ou en-
core de ceux de communication.
Elle s’appuie sur les modélisations
des interactions climatiques et cli-
niques. Par exemple, les animaux
constituant l’un des vecteurs de
certaines maladies, les données re-
cueillies renseignent sur le dépla-
cement de ces animaux (trou-
peaux mais aussi moustiques). La
télé-épidémiologie consiste, elle,
en la conception d’outils numé-
riques et de méthodes épidémio-
logiques qui doivent permettre
d’assurer une veille sanitaire. Ainsi,
certaines maladies infectieuses
émergent parce qu’elles résultent
de changements climatiques, de la
déforestation, de la transformation
de certains plans d’eau ou de
nouvelles cultures. Par exemple,
suite au phénomène climatique
du Niño, des précipitations anor-
males ont été associées à une
flambée épidémique de fièvre tou-
chant la population du Kenya en
1997-1998.
La surveillance spatiale, grâce à
l’analyse et la fusion de toutes les in-
formations issues de l’observation
de la terre et de l’épidémiosur-
veillance des populations en temps
réel, permet des interventions ra-
pides. La modélisation permet de
théoriser toutes ces interactions
complexes : sol, climat, populations
humaines et animales et disciplines
médicale, biologique, vétérinaire,
environnementale. Autres champs
d’intervention : les risques cardio-
vasculaires et les cancers cutanés.
L’imagerie d’observation de la terre
depuis l’espace permet, en mesu-
rant par exemple le rayonnement
ultraviolet reçu au sol, d’estimer les
risques et détecte les conditions
propres à la prolifération de leurs
vecteurs. On sait qu’un réchauffe-
ment climatique avec une élévation
moyenne de 2 °C peut provoquer
ou déclencher des accidents car-
diovasculaires ou cérébrovascu-
laires. Pour certaines pathologies,
les recherches ont débouché avec
succès sur la mise au point de mo-
dèles de prédiction des risques : le
paludisme au Mexique, au Belize
ou en Asie, la fièvre de la vallée
du Rift au Kenya, la maladie de
Lyme aux États-Unis, la trypano-
somiase au Togo, les hantavirus aux
États-Unis, pour n’en citer que cer-
tains. En mettant en évidence des
associations statistiques entre indi-
cateurs sanitaires issus de la sur-
veillance épidémiologique et indi-
cateurs environnementaux issus
des capteurs embarqués sur les sa-
tellites de télédétection, la science
de l’espace contribuera de plus
en plus à la santé dans le monde.
A.-L.P.
Télémédecine
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Professions Santé Infirmier Infirmière - No31 - novembre 2001
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