Caractéristiques des sorties de l`hôpital contre l`avis médical

Performance du
système de santé
Programme de coordination de l’image de marque
La production du présent rapport est rendue possible grâce à un apport financier de
Santé Canada et des gouvernements provinciaux et territoriaux. Les opinions exprimées
dans ce rapport ne représentent pas nécessairement celles de Santé Canada ou celles
des gouvernements provinciaux et territoriaux.
Le 1er octobre 2013
Caractéristiques des sorties
de l’hôpital contre l’avis du médecin
Sommaire
Chaque année, des milliers de patients quittent les hôpitaux canadiens
de soins de courte durée plus tôt que la date recommandée par leur
équipe soignante. Des études démontrent que ces patients présentent
un risque accru de morbidité et de mortalité1-4. Ils sont également plus
susceptibles de retourner à l’hôpital, souvent pour le même problème
ou pour un problème connexe1, 2, 4.
La présente étude s’appuie sur les données des hôpitaux recueillies par
l’Institut canadien d’information sur la santé (ICIS). Elle décrit l’ampleur
du problème dans les services d’urgence et les établissements de soins
de courte durée canadiens et présente les caractéristiques communes
des patients qui quittent l’hôpital contre l’avis du médecin. De plus,
elle utilise les taux d’admission et de réadmission pour quantifier les
répercussions de ces sorties sur le système de santé et sur les résultats
pour le patient.
Voici les principales constatations de la présente étude :
En 2011-2012, plus de 25 000 admissions en soins de courte durée
se sont terminées par une sortie contre l’avis du médecin.
En 2011-2012, 25 137 admissions en soins de courte durée au Canada
(soit 1,3 % de toutes les admissions), à l’exclusion du Québec, et près
de 60 000 visites dans les services d’urgence de l’Alberta et de l’Ontario
seulement (soit près de 1 % de toutes les visites) se sont terminées par
une sortie contre l’avis du médecin. Ces taux sont comparables à ceux
observés dans d’autres pays. Par ailleurs, le taux de sorties contre
l’avis du médecin de patients hospitalisés en soins de courte durée
est demeuré stable depuis 2007-2008.
2 Caractéristiques des sorties de l’hôpital contre l’avis médical
Les patients qui quittent l’hôpital contre l’avis du médecin présentent des caractéristiques communes.
Comparativement aux patients dont la sortie avait été autorisée par le médecin, ceux qui sont sortis contre
l’avis du médecin
étaient plus souvent de jeunes hommes;
étaient plus susceptibles d’être déjà sortis contre l’avis du médecin par le passé;
étaient plus susceptibles de souffrir d’un problème de santé mentale ou de toxicomanie;
étaient plus susceptibles d’avoir quitté l’hôpital le soir, la nuit ou très tôt le matin (entre 19 h et 7 h);
étaient plus susceptibles de vivre dans un quartier à faible revenu.
Les sorties contre l’avis du médecin ont des répercussions importantes sur le système de santé et
sur les résultats pour les patients.
Les patients qui ont quitté un établissement de soins de courte durée contre l’avis du médecin étaient plus
de deux fois plus susceptibles d’être réadmis dans le mois suivant (24 % contre 9 %) et plus de trois fois
plus susceptibles d’effectuer une visite au service d’urgence au cours de la semaine suivante (35 % contre
11 %) que les patients dont la sortie avait été autorisée par le médecin. Ils étaient également de grands
utilisateurs des soins hospitaliers en général : ils présentaient une moyenne de 2,3 admissions en milieu
hospitalier par année (contre 1,3 pour les autres patients). De plus, près de 13 % des patients qui ont
quitté un établissement de soins de courte durée contre l’avis du médecin ont également quitté le service
d’urgence contre l’avis du médecin.
Le fait d’en savoir plus sur les patients qui quittent l’hôpital contre l’avis du médecin peut aider à trouver des
solutions pour minimiser les répercussions négatives de ces sorties. Par exemple, la solution se trouve peut-
être dans l’amélioration de la continuité des soins et de l’accès aux services communautaires. Il pourrait aussi
s’avérer profitable d’adopter une approche centrée sur le patient qui inclut des réseaux de soins formels et
informels. Il pourrait falloir mettre sur pied des stratégies dans le but de diminuer le nombre de patients qui
quittent l’hôpital contre l’avis du médecin et de réduire les risques et les résultats défavorables pour ceux qui
le font.
Caractéristiques des sorties de l’hôpital contre l’avis médical 3
4 Caractéristiques des sorties de l’hôpital contre l’avis médical
Introduction
L’expression « sortie contre l’avis du médecin » désigne les patients qui ont quitté l’hôpital sans l’autorisation
de leur équipe soignante. Les recherches démontrent que de tels patients courent un risque accru d’obtenir
des résultats défavorables pour leur santé pouvant aller des complications médicales à la mort1, 2, 4. De
tels résultats ont d’importantes répercussions sur le coût total des soins qui leur sont prodigués, sur leur
expérience de soins et sur leur qualité de vie3. Il est important de comprendre la nature des admissions
qui se sont terminées par une sortie contre l’avis du médecin pour trouver des solutions appropriées et
ciblées dans le but de minimiser les répercussions de ces sorties4.
Une étude a démontré que jusqu’à 2 % des patients admis dans les hôpitaux généraux quittent contre l’avis
du médecin4. Il est donc possible que l’expérience des patients et leur perception de la qualité des soins, qui
peut être exacerbée par leur état cognitif et émotionnel, influent sur la décision des patients. Par exemple,
un grand nombre de ces patients souffrent de problèmes de santé mentale ou de toxicomanie. Le fait que
certains patients souhaitent sortir contre l’avis du médecin peut également être signe qu’ils ont des problèmes
de communication avec leurs dispensateurs de soins4-6.
Par ailleurs, des données probantes suggèrent que les patients qui quittent l’hôpital contre l’avis du médecin
sont plus susceptibles de retourner à l’hôpital (souvent pour le même diagnostic) que les autres patients1, 2.
Ils représentent donc un dilemme éthique pour leurs dispensateurs de soins de santé, qui ont la tâche difficile
de concilier soins appropriés et respect de la volonté des patients7. En raison de l’augmentation récente de
l’importance accordée à la continuité des soins, des experts se sont également dits préoccupés par la
responsabilité professionnelle — et dans certain cas légale — pouvant être liée aux sorties contre l’avis
du médecin7, 8.
Une grande partie des études antérieures sur les patients qui quittent l’hôpital contre l’avis du médecin étaient
axées sur des problèmes médicaux précis (comme l’asthme, la pneumonie et la toxicomanie)9-11. D’autres
études visaient plutôt un hôpital précis ou un service précis d’un hôpital (p. ex. le service d’urgence, l’aile
psychiatrique ou l’unité de pédiatrie)12-14. Seules quelques études ont examiné le problème à l’échelle du
Canada, et aucune à ce jour n’a pris en considération des données couvrant l’ensemble du pays.
En raison du manque de données exhaustives à l’échelle du Canada, la présente étude s’appuie sur les
données administratives de l’ICIS pour examiner l’ampleur du phénomène des sorties contre l’avis du
médecin dans les milieux de soins de courte durée et dans les services d’urgence. Elle inclut les adultes
admis dans un lit de soins de courte durée (sauf au Québec) ou ayant visité le service d’urgence d’un hôpital
(en Alberta et en Ontario seulement) en 2011-2012. De plus, elle est axée sur les caractéristiques communes
des patients, des hôpitaux et de la collectivité définies dans les études précédentes et permet de vérifier si
celles-ci sont bien présentes dans le contexte canadien.
Une recherche axée sur les stratégies utilisées pour identifier les patients qui risquent de sortir contre
l’avis du médecin ou pour réduire le nombre de telles sorties a révélé qu’il reste encore beaucoup à faire
à cet égard. Toutefois, le présent rapport met en évidence quelques améliorations possibles, notamment :
accroître la continuité des soins offerts aux patients et l’accès aux services communautaires; adapter les
soins et les milieux de soins aux besoins des patients en utilisant une approche centrée sur ces derniers.
Caractéristiques des sorties de l’hôpital contre l’avis médical 5
Population étudiée
Patients hospitalisés en soins de courte durée
Dans la présente étude, les enregistrements sur les adultes (18 ans et plus) pour 2011-2012 extraits de la Base de données sur
les congés des patients (BDCP) et du Système d’information ontarien sur la santé mentale (SIOSM) de l’ICIS ont servi à cerner les
sorties contre l’avis du médecin de patients hospitalisés en soins de courte durée. Les établissements offrant exclusivement des
soins psychiatriques sont toutefois exclus.
Les enregistrements de la BDCP ont été identifiés à l’aide du code État à la sortie = 06 : patient sorti contre l’avis du médecin ou
absent sans permission (ASP).
Les enregistrements du SIOSM ont été identifiés comme suit :
Raison de la sortie = 5 : absence sans permission identifiée comme une sortie
Raison de la sortie = 7 : sortie contre l’avis du médecin
Service d’urgence
En ce qui concerne les analyses relatives aux services d’urgence, les enregistrements sur les adultes (18 ans et plus) de l’Ontario et
de l’Alberta pour 2011-2012 tirés du Système national d’information sur les soins ambulatoires (SNISA) de l’ICIS ont servi à repérer
les patients qui ont quitté le service d’urgence contre l’avis du médecin.
Issue de la visite = 04 : Le patient a fait l’objet d’un triage et a été inscrit. Un dispensateur de services (p. ex. un médecin) a
ensuite évalué le patient, lequel est parti avant de recevoir un traitement.
Issue de la visite = 05 : Le patient a fait l’objet d’un triage et a été inscrit. Un dispensateur de services a ensuite évalué le patient
et a commencé son traitement; le patient est parti avant la fin du traitement contre l’avis du médecin.
Afin de dresser le profil des patients hospitalisés en soins de courte durée, l’étude combine des données de la BDCP et du SIOSM.
À moins d’indication contraire, l’unité d’analyse a été la sortie de l’hôpital ou du service d’urgence, et non le patient, ce qui signifie
qu’une personne admise à l’hôpital à de nombreuses reprises au cours d’une même année a été comptée chaque fois comme une
sortie différente de l’hôpital. Dans le cadre de la présente étude, le diagnostic principal a été utilisé comme raison de l’admission ou
de la visite. Les données démographiques sur les patients et les raisons d’admissions ou de visites antérieures ont été examinées.
En ce qui concerne les admissions ou les visites antérieures, les données de 2009-2010 et de 2010-2011 ont été utilisées. Les
réadmissions en soins de courte durée aux patients hospitalisés ou les retours au service d’urgence (le cas échéant), toutes causes
confondues, ont été comptabilisés par la formation d’épisodes de soins. D’autres renseignements sur la sélection de la cohorte et la
méthodologie de l’étude sont disponibles sur demande.
Limites de l’étude
Le Québec a choisi de ne pas participer à l’étude. Pour cette raison, les données sur les patients traités dans les établissements
du Québec ont été exclues.
Aucune donnée sur les raisons pour lesquelles les patients ont quitté l’hôpital contre l’avis du médecin n’était disponible pour
cette étude.
La BDCP ne fait pas de distinction entre les patients qui quittent contre l’avis du médecin et ceux qui sont absents sans
permission. Selon certains experts, il existe des différences entre ces deux groupes. Une sortie contre l’avis du médecin est
habituellement accompagnée d’un document officiel signé par le patient, contrairement à l’absence sans permission. Ainsi,
mieux vaut faire preuve de prudence avant de généraliser les résultats de l’étude.
1 / 22 100%
La catégorie de ce document est-elle correcte?
Merci pour votre participation!

Faire une suggestion

Avez-vous trouvé des erreurs dans linterface ou les textes ? Ou savez-vous comment améliorer linterface utilisateur de StudyLib ? Nhésitez pas à envoyer vos suggestions. Cest très important pour nous !