4 Caractéristiques des sorties de l’hôpital contre l’avis médical
Introduction
L’expression « sortie contre l’avis du médecin » désigne les patients qui ont quitté l’hôpital sans l’autorisation
de leur équipe soignante. Les recherches démontrent que de tels patients courent un risque accru d’obtenir
des résultats défavorables pour leur santé pouvant aller des complications médicales à la mort1, 2, 4. De
tels résultats ont d’importantes répercussions sur le coût total des soins qui leur sont prodigués, sur leur
expérience de soins et sur leur qualité de vie3. Il est important de comprendre la nature des admissions
qui se sont terminées par une sortie contre l’avis du médecin pour trouver des solutions appropriées et
ciblées dans le but de minimiser les répercussions de ces sorties4.
Une étude a démontré que jusqu’à 2 % des patients admis dans les hôpitaux généraux quittent contre l’avis
du médecin4. Il est donc possible que l’expérience des patients et leur perception de la qualité des soins, qui
peut être exacerbée par leur état cognitif et émotionnel, influent sur la décision des patients. Par exemple,
un grand nombre de ces patients souffrent de problèmes de santé mentale ou de toxicomanie. Le fait que
certains patients souhaitent sortir contre l’avis du médecin peut également être signe qu’ils ont des problèmes
de communication avec leurs dispensateurs de soins4-6.
Par ailleurs, des données probantes suggèrent que les patients qui quittent l’hôpital contre l’avis du médecin
sont plus susceptibles de retourner à l’hôpital (souvent pour le même diagnostic) que les autres patients1, 2.
Ils représentent donc un dilemme éthique pour leurs dispensateurs de soins de santé, qui ont la tâche difficile
de concilier soins appropriés et respect de la volonté des patients7. En raison de l’augmentation récente de
l’importance accordée à la continuité des soins, des experts se sont également dits préoccupés par la
responsabilité professionnelle — et dans certain cas légale — pouvant être liée aux sorties contre l’avis
du médecin7, 8.
Une grande partie des études antérieures sur les patients qui quittent l’hôpital contre l’avis du médecin étaient
axées sur des problèmes médicaux précis (comme l’asthme, la pneumonie et la toxicomanie)9-11. D’autres
études visaient plutôt un hôpital précis ou un service précis d’un hôpital (p. ex. le service d’urgence, l’aile
psychiatrique ou l’unité de pédiatrie)12-14. Seules quelques études ont examiné le problème à l’échelle du
Canada, et aucune à ce jour n’a pris en considération des données couvrant l’ensemble du pays.
En raison du manque de données exhaustives à l’échelle du Canada, la présente étude s’appuie sur les
données administratives de l’ICIS pour examiner l’ampleur du phénomène des sorties contre l’avis du
médecin dans les milieux de soins de courte durée et dans les services d’urgence. Elle inclut les adultes
admis dans un lit de soins de courte durée (sauf au Québec) ou ayant visité le service d’urgence d’un hôpital
(en Alberta et en Ontario seulement) en 2011-2012. De plus, elle est axée sur les caractéristiques communes
des patients, des hôpitaux et de la collectivité définies dans les études précédentes et permet de vérifier si
celles-ci sont bien présentes dans le contexte canadien.
Une recherche axée sur les stratégies utilisées pour identifier les patients qui risquent de sortir contre
l’avis du médecin ou pour réduire le nombre de telles sorties a révélé qu’il reste encore beaucoup à faire
à cet égard. Toutefois, le présent rapport met en évidence quelques améliorations possibles, notamment :
accroître la continuité des soins offerts aux patients et l’accès aux services communautaires; adapter les
soins et les milieux de soins aux besoins des patients en utilisant une approche centrée sur ces derniers.