Quelle croissance pour les pays industrialisés ?
Intro :
C’est quoi la croissance ?
Ca se mesure comment ?
Cours de Le Cacheux : Europe minimise l’inflation, USA la surestime, cad que l’écart de
croissance est sans doute plus important que celui que l’on veut bien nous faire croire.
C’est quoi un pays industrialisé ?
Les déterminants à la croissance : richesses naturelles, environnement extérieur, population,
innovation, investissement, connaissance, cohérence du développement... On ne s’intéresse
qu’aux plus impactants pour les pays industrialisés.
Grand pays, petit pays, les problématiques se posent différemment et les politiques seront
différentes mais ici on détermine simplement une boite à outil à mettre en rapport avec des
objectifs généraux. Le but n’est en effet pas de tenter une typologie aussi exhaustive soit
elle des centaines de modèle de croissance que la science économique a pu produire.
I / Les déterminants de la croissance : les enseignements qu’il faut retenir des
modèles théoriques pour les pays industrialisés ?
Il est important de préciser les termes : nous parlons de croissance exogène lorsque
pour l’expliquer, il faut faire appel à des éléments extérieurs au modèle. A l’inverse, la
croissance est dite endogène lorsqu’elle est expliquée intégralement par des éléments
spécifiés dans le modèle.
A. Les déterminants vus par la croissance endogène : un modèle inadapté aux pays
industrialisé
Lors des « Trente glorieuses », la croissance des pays industrialisés fut
particulièrement importante. Certes elle est le fruit d’un naturel rattrapage du niveau
économique d’avant guère mais il faut bien noter que cette croissance de la production s’est
opérée grâce à deux déterminants majeurs : la poussée démographique et l’augmentation
des échanges entre pays dynamisés par une meilleure organisation du travail. Ce sont en
effet des entreprises toujours plus grandes, les « champions nationaux », qui permettent des
gains de productivité considérables. Cela constituerait en effet l’analyse classique en faisant
honneur à l’apport théorique d’Adam Smith et même si cela contredit le pessimisme de
Malthus. Cette analyse est vérifiée par les faits : nous assistons bien à une augmentation de
la production par tête et l’accroissement de la population a même un effet considérable.
Pour autant, la théorie de la croissance endogène n’explique pas le pourquoi mais
simplement le comment. D’autres modèles, néoclassiques cette fois, ont tenté
d’appréhender l’étrange phénomène. S’inscrivant dans le cadre théorique du l’équilibre
général, l’approche néoclassique va tenter de démontrer que la croissance équilibrée
amenant au plein emploie est une constante. Il s’agit du modèle de Solow. Pourtant il reste
un problème avec le modèle de Solow car la croissance demeure exogène dans la mesure
elle est toujours le fruit, comme chez les classiques, de la croissance démographique
puisque le progrès technique demeure exogène. Dans ce modèle, le capital physique est un
input à rendement décroissants. Si l’on va au bout de la logique, cette accumulation a
vocation à s’arrêter. Pourtant, la croissances des pays industrialisés est toujours bien elle
ce qui conduit une des principale critique qui peut être porté au modèle de Solow : elle ne
reflète pas les faits. Les Etats Unis possédaient le plus fort PIB en 1959 et cela reste vrai en
2009 grâce à un taux de croissance annuel moyen remarquable pour un pays industrialisé.
Ce que l’on doit retenir ici pour répondre à notre problématique, c’est bien que les
recettes qui ont pu fonctionner pour accroitre le PIB des pays industrialisé dans les « Trente
Glorieuses » comme l’accumulation du capital humain ne peuvent plus être des leviers
aujourd’hui. Il faut donc chercher ailleurs de nouvelles sources de croissance.
B. L’épargne, l’investissement et l’emploi: ce que nous pouvons retirer du débat
Néoclassique/Keynésiens
En 1939, Harrod détermine trois types de taux de croissances : le naturel, qui prend
en compte l’emploie et la population active disponible, le garanti (dit aussi justifié) qui
intègre les anticipations des entrepreneurs et qui permet de tendre vers le plein emploi et
l’utilisation totale du capital, l’effectif (dit aussi de constatable) qui ne garanti absolument
pas que l’on arrive à l’optimalité des différents facteurs. L’idée ici est de trouver un
équilibre qui implique l’égalité des trois taux. Le modèle permet d’articuler le principe de
l’accélérateur avec celui du multiplicateur. Par exemple, si la demande effective est
supérieure à la demande prévue (si l’on reprend les termes du modèle on dira : si le taux de
croissance effectif est supérieur au taux garanti) on assistera à une compensation opérée par
les firmes sous forme d’investissements (accélérateur) ce qui contribuera aussi à augmenter
le taux de croissance et la demande (multiplicateur). Ce phénomène est relativement
observable dans les pays industrialisés, la question majeure restant de savoir comment
juguler l’inflation liée à ces phénomènes de croissances comme Jean-Claude Trichet n’a eu
de cesse de le rappeler avant la crise des subprimes. La croissance des pays industrialisée
doit donc certes faire jouer les effets accélérateurs et multiplicateurs mais en prenant garde
à ne pas laisser la machine s’emballer. En effet, le modèle d’Harrod défini une croissance
sur le « fil du rasoir » l’instabilité est inhérente au système. La multiplication des crises
depuis 20 ans semblent d’ailleurs aller dans ce sens.
A ce pessimisme, les néoclassiques répondent par l’intermédiaire de Solow. Le
modèle de Solow, bien qu’insuffisant, reste un formidable outil pour appréhender la
croissance de façon optimiste tout conservant un cadre néoclassique. Ce cadre suis en
réalité une logique : il cherche à définir les conditions de l’équilibre, c'est-à-dire de
l’optimalité ce qui in fine peut se traduire par le plein emploie. Le prolongement du modèle
que constitue « la règle d’or » permet de rechercher le taux d’épargne qui correspond au
meilleur « chemin de la croissance ». Le but est de favoriser une consommation maximale.
Ce point est intéressant pour nuancer la classique simplification du débat actuel qui veut
que : être de gauche, c’est être keynésien, c’est donc demander une croissance par la
consommation ou bien être de droite, c’est être néoclassique et s’est donc privilégier
l’offre.
La croissance des pays industrialisée est donc particulièrement soumise à
l’obtention d’un certain taux d’équilibre de l’investissement. Pour comprendre que
l’économie peut rencontrer des difficultés certaines à emprunter le chemin de la croissance,
il est possible de revenir sur des bases keynésiennes par l’intermédiaire de Domar. En effet,
pour cet économiste américain, il existe deux effets liés à l’investissement : l’effet revenu et
l’effet capacité. Sans rentrer dans les détails de la théorie, il faut bien comprendre que pour
obtenir une croissance équilibrée, il faut que le supplément de revenu engendré par le
multiplicateur d’investissement absorbe le supplément d’output qui est lié à cette
croissance. La conclusion de Domar est que cela n’arrive pas dans une économie réelle et
que donc, la croissance est toujours déséquilibrée. Ces conclusions permettent donc
d’expliquer en quoi le rôle des Etats est important pour guler cette croissance. En effet,
un pays industrialisé possède de nombreux instrument de politique budgétaire et surtout
monétaire pour corriger ce que l’économie ne peut engendrer de façon endogène :
l’équilibre. Il serait possible de compléter le débat par des analyses mettent en exergue la
notion de cycles conjoncturels endogène venant se jouer de ce fameux « équilibre ». Sans
rentrer dans le détail, ce que démontre l’école post keynésienne de Kaldor en s’attachant à
expliquer la disparité entre l’anticipation de l’épargne avec celle de l’investissement, c’est
finalement que la croissance des pays industrialisés est en effet soumise à une multitude de
facteurs interconnectés.
L’investissement et l’épargne sont donc déterminants dans la croissance des pays.
Tachons maintenant de traiter du dernier élément clé : l’innovation.
C. L’innovation et gain de productivité : de Schumpeter à Kondratiev.
C’est Schumpeter qui le premier met en évidence le rôle fondamental de
l’innovation. Une innovation engendre une nouvelle combinaison d’inputs. En cela elle
permet des gains de productivité et donc, par extrapolation au niveau macroéconomique, de
la croissance. Ce qu’il faut bien noter, c’est que ces innovations ne viennent jamais seules
mais regroupée (en grappe) dans le temps comme dans l’espace. Dire que les innovations
sont groupées dans le temps c’est ouvrir la porte à une analyse cyclique de la croissance
(comme le fera Kondratiev). Dire que les innovations sont groupées dans l’espace, cela met
en évidence la nécessité, pour les pays industrialisés, de développer des pôles de
compétitivités. Schumpeter explique bien que la réussite d’un entrepreneur facilite la
réussite de celle des autres par un phénomène d’émulation. Ce grand savant introduit donc
ici une variable psychologique dans son raisonnement. Ce qu’il faut retenir de ce point dans
le cadre de la discussion de notre problématique, c’est que les modèles de croissances,
même dans les pays industrialisé parfaitement bien pourvus en outils d’analyse grâce à une
comptabilité nationale développée, se heurterons toujours à des variables difficilement
mesurables. D’autre part, qui dit entrepreneurs dit crédit et qui dit crédit dit taux d’intérêt.
Le génie de Keynes est de mettre l’analyse du taux d’intérêt au milieu de la flexion. Un
politique de croissance passe donc par une bonne maîtrise des taux d’intérêt pour inciter
l’investissement et donc stimuler l’innovation.
Ce qu’il faut retenir au travers des nombreux modèles et théories évoquées dans ce
chapitre, c’est qu’aucun ne permet de dire clairement et de façon systématiques comment
fonctionne et surtout comment se crée la croissance. anmoins, ces théories mettent en
lumière des éléments, appelés déterminants de la croissance, qui permettent de stimuler ce
phénomène économique tant convoité. Dans notre seconde partie, nous nous attacherons
donc à comprendre comment les pays industrialisés se servent de ces outils tout en étant
conscients des contraintes sultants de la perte d’équilibre d’une économie funambule sur
le fil du rasoir.
II / Les leviers, les objectifs et les contraintes de la politique de croissance des pays
industrialisés
Cette deuxième partie sera donc principalement axée sur l’aspect « politique
économique » en s’attachant à donner des détails concrets quant à la réalisation des
politiques de croissances.
A. Les leviers
- Rendre endogène le progrès technique : le rôle de lEtat
Robert Solow, même en ne l’expliquant que de manière exogène, met en avant
l’existence d’un résidu de la croissance, qui n’est pas expliqué par le taux de croissance des
facteurs. De multiples théories ont par la suite tenté d’expliquer le rôle imminent du progrès
technique dans la croissance. Certes les conclusions sont souvent contradictoires mais il
n’en reste pas moins que d’une façon générale, pour obtenir plus de progrès technique, il
faut plus de recherche. Un Etat comme la France a donc tout intérêt à encourager la
recherche. On peut d’ailleurs considérer qu’une grande partie de l’explication de la
croissance durable des Etats Unis est directement liés aux performances de son système de
recherche. La mise en place de technopoles en France est une des pistes à développer.
Pourtant, il semblerait que le concept même de technopole soit moins à la mode en ce
moment. C’est sans doute regrettable car pour avoir l’effet escompté, l’Etat doit continuer à
s’engager pour permettre à ces centres d’atteindre une taille critique. Rendre le progrès
technique endogène n’est pas un objectif abstrait : il doit passer par des alisations
concrètes. Romer démontre bien que seul le progrès technique permet une croissance sur le
long terme. Augmenter le nombre d’heure de travail permet certes d’augmenter le PIB mais
ne remplace donc pas les apports du progrès technique sur le long terme.
- Améliorer la productivité des travailleurs : la formation/ la connaissance
Au-delà de l’aspect technologique du progrès technique, il faut bien voir la
dimension « organisationnelle » et humaine que cette notion peut englober. En effet, les
nouvelles sources de croissance pour les pays industrialisés passent aussi par des éléments
qualitatifs. Travailler à l’amélioration du capital humain est donc tout aussi important que
le développement des nouvelles technologies. Robert Lucas souligne d’ailleurs
l’importance de l’accumulation du capital humain. En termes de politique économique, cela
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