L’évolution du XXème et du début du XXIème siècle
Au cours des 50 dernières années, la « théorie synthétique » est modulée et
enrichie par les avancées scientifiques de la génétique, de la biologie
moléculaire, de la biologie du développement, de la cladistique, de l'écologie, de
la biogéographie et du renouveau de la paléontologie. L’idée d’évolution n’est
plus contestée, des variantes apparaissent sans remettre en cause le cœur de la
théorie. Ce courant contemporain est qualifié en 2009 par le paléontologue
Armand de Ricqlès de « super-synthèse ».
Le paléontologue américain, Stephen Jay
Gould (1941-2002) et son collègue Niles
Eldredge, au cours des années 1970
défendent la théorie des équilibres
ponctués, postulant que les mutations
importantes s’effectuent brusquement et
non par accumulation de petits
changements imperceptibles (gradualisme). L’évolution se fait à travers de
courtes périodes (à l’échelle des temps géologiques) d’intense activité évolutive
appelées « crise de spéciation », séparées par de longues périodes de stagnation.
Une théorie qui permet d’expliquer la longue persistance de certaines espèces ou
au contraire la très rapide évolution par bonds d’autres groupes. Stephen J. Gould
a souvent exprimé dans son œuvre son attachement à la « théorie synthétique » et
sa volonté de la renouveler. Il propose une version élargie de la synthèse, pour
lui la sélection naturelle demeure le moteur de l’évolution mais elle agit à tous
les niveaux d’intégration du vivant. Il réhabilite l’ontogénèse « cette grande
absente de la théorie synthétique » et pose les bases de l’Evo-Dévo (évolution et
développement) dans son livre « Ontogeny and Phylogeny ».
Toujours au cours des année 1970, le théoricien japonais Motoo Kimura (1924-
1994) et son école neutraliste défendent l’idée que la dérive génétique est
principalement due au hasard, la sélection n’interviendrait que pour détruire les
mutations défavorables. Au niveau moléculaire la plupart des changements
évolutifs résulteraient non de la sélection mais de la dérive aléatoire de gènes
mutés. La notion de sélection naturelle est relativisée.
Aujourd’hui, l’approche qualifiée d’Evo-Dévo est une théorie du vivant plus
qu’une théorie de l’évolution. Le fonctionnement ordonné de l’être vivant ne naît
plus d’une succession de causes qui agissent toujours, mais résulte de la
combinaison de déterminisme et d’indéterminisme. La connaissance complète du
génome n’est plus considérée comme suffisante pour comprendre le vivant. Les
partisans de l’évo-dévo défendent l’idée que l’on ne peut pas comprendre les
processus évolutifs sans intégrer le développement dans toutes ses dimensions.