300 | La Lettre du Cancérologue • Vol. XX - n° 4 - avril 2011
Soins de support
OBJECTIFS D’ENSEIGNEMENT
PROFESSIONNEL CONTINU
d’une part, de respecter pleinement les critères de qualité des RCP
et, d’autre part, de diminuer les pertes de temps par la partici-
pation d’un nombre d’oncologues, qui est limité vu la démographie
médicale, à un trop grand nombre de RCP de “spécialités d’organe”.
Les obligations réglementaires et la vidéoconférence iront dans
ce sens.
Un autre problème est l’absence quasi constante du médecin
traitant, qui, même informé plusieurs jours à l’avance, ne vient
qu’exceptionnellement assister à la discussion du cas de son
patient. Si les mutuelles acceptaient d’indemniser ce déplacement,
peut-être sur la base d’une visite, cet écueil pourrait éventuellement
être en partie résolu.
Enfi n, les RCP doivent pouvoir répondre à l’obligation d’évaluation
des pratiques professionnelles (EPP), ainsi que cela a été précisé
récemment dans un colloque organisé par l’INCa et la Haute
autorité de santé (HAS) [5]. Pour cela, la RCP doit être conforme
aux critères de qualité réglementaires, tandis que le médecin doit
participer régulièrement aux RCP, c’est-à-dire au moins 8 à 10 fois
par an, et y présenter de manière exhaustive les nouveaux cas
de cancer. Le praticien doit contribuer autant que possible aux
adaptations continues des référentiels de pratique et participer à
l’évaluation périodique.
Enfi n, il sera nécessaire d’évaluer les RCP, ce qui doit se faire en
association avec les centres de coordination en cancérologie (3C),
qui devront obtenir les méthodes et fi nancements adaptés à ce
travail.
Conclusion
La systématisation des RCP est une mesure majeure du Plan cancer,
au même titre, par exemple, que la mise en place du dispositif
d’annonce.
L’existence d’une RCP convenablement organisée est indispensable
pour obtenir les futures autorisations d’exercer en cancérologie et
représente donc un enjeu majeur pour nombre d’établissements
de santé et pour leurs praticiens.
L’absence de passage d’un dossier en RCP pourrait être un élément
très aggravant en cas de plainte d’un patient. Ces contraintes
permettent à terme d’améliorer la qualité des soins et la satis-
faction de l’exercice professionnel.
La cancérologie est ainsi en avance par rapport à d’autres spécialités,
qui ne tarderont certainement pas à adopter ce type de pratiques.
Références bibliographiques
1. Holland JF, Frei E, Kufe DW et al. Principles of multidisciplinary management. In Cancer
Medicine. Philadelphie : Williams & Wilkins, 1997:1395.
2. Colonna F, Corrias F, Bel Lassen E et al. Les pratiques de la chimiothérapie en Île-de-
France : modalités de prescription et d’administration. Oncologie 2004;6(8):577-81.
3. Circulaire DHOS/SDO no 2005-101 du 22 février 2005 relative à l’organisation des
soins en cancérologie. NOR : SANH0530076C.
4. Décret n° 2007-388 du 21 mars 2007 publié au J.O. n° 69 du 22 mars 2007, p. 5298,
texte n° 35.
5. Colloque HAS-INCa “EPP en cancérologie, retours d’expériences” le 19 octobre 2007.
www.has-sante.fr/portail/jems/c-562994
Élargissement
des prescriptions
de morphiniques
C. Vulser
État des lieux
Les opioïdes, ou morphiniques, sont employés comme théra-
peutiques antalgiques depuis l’Antiquité, dans toutes les civilisa-
tions. Des textes très anciens retrouvent l’utilisation d’opium pour
soulager tous types de douleurs. Très longtemps, la morphine et ses
dérivés ont été réservés à des douleurs intenses, voire intolérables,
le plus souvent de fi n de vie.
Actuellement, les indications de prescription de ces antal-
giques de palier III s’élargissent : d’abord réservée aux patients
atteints de cancer ou sortant d’une opération, leur efficacité est
maintenant retenue dans le cas de pathologies non cancéreuses,
auto-immunes, inflammatoires ou rhumatologiques, mais aussi
dans le soulagement de certaines douleurs neurogènes (zona,
amputation, etc.).
Les règles de prescription des morphiniques sont toutefois à bien
connaître et à respecter :
➤
ils sont destinés à soulager d’une douleur modérée à
intense ;
➤
il faut procéder à une administration initiale progressive par
titration, que ce soit par voie orale ou intraveineuse ;
➤
en l’absence de dose limite lors de cette titration, on recherche
une dose qui soulage tout en surveillant l’apparition d’effets indési-
rables ;
➤la dose doit être ajustée en cas d’insuffi sance rénale, respira-
toire ou hépatique ;
➤on préférera l’administration orale, et l’on essayera dans tous
les cas de n’utiliser qu’une seule voie d’administration (sauf trans-
dermique pour le traitement de fond et oral ou intraveineux pour
les pics douloureux, ou en période d’ajustement des doses) ;
➤
on associera des produits de longue durée d’action (LP) – 12 h,
24 h ou 3 j – pour le traitement de fond et des produits à libération
immédiate (LI) – 4 h – pour les accès douloureux, avec des doses
de LI égales au sixième de la dose LP journalière ;
➤
les morphiniques agonistes de palier III sont compatibles entre
eux : chacune des formes LI peut être prescrite avec chacune des
formes LP ;
➤
les produits de palier II sont compatibles avec ceux du palier III
agonistes (morphine et dérivés), mais pas avec les antagonistes
(buprénorphine et nalbuphine) ;
➤
en cas de tolérance, d’intolérance ou d’accoutumance à l’un
des morphiniques, la rotation d’opioïde, grâce aux équivalences
analgésiques, peut permettre de récupérer un meilleur effet antal-
gique, avec moins d’effets indésirables (tableau, p. 302).
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