OCTOBRE 2003 Volume 1, numéro 1 Ophtalmologie MC Conférences Scientifiques COMPTE RENDU DES CONFÉRENCES SCIENTIFIQUES DU DÉPARTEMENT D’OPHTALMOLOGIE ET DES SCIENCES DE LA VISION, FACULTÉ DE MÉDECINE, UNIVERSITÉ DE TORONTO Les voies lacrymales de drainage PA R J E F F R E Y JAY H U R W I T Z , M . D . FACU LT Y O F M E D I C I N E Un i v e r s i t y o f To r o n t o Les patients présentant des symptômes associés aux voies lacrymales consultent fréquemment leur médecin. L’intégrité anatomique et physiologique des voies lacrymales de drainage est un élément important du bon fonctionnement de l’œil et des structures périoculaires. Dans ce premier numéro d’Ophtalmologie – Conférences scientifiques, nous examinons trois cas qui mettent en lumière des problèmes importants liés aux voies lacrymales de drainage. Le premier cas présente l’évaluation d’un patient atteint d’épiphora et dont les voies lacrymales sont perméables et examine les options thérapeutiques. Le deuxième cas porte sur l’évaluation et le traitement de l’épiphora suite à la rétention et/ou à la migration d’un clou méatique. Le troisième et dernier cas présente un patient devant subir une chirurgie de la cataracte, n’étant pas atteint d’épiphora, mais souffrant d’une obstruction du canal lacrymo-nasal. Cas 1 : Obstruction fonctionnelle Le rôle de la dacryocystographie Un femme caucasienne de 21 ans consulte son médecin de famille parce qu’elle souffre depuis trois mois d’épiphora à l’œil droit avec un léger écoulement le matin. Elle a reçu un traitement sans succès à l’aide d’un collyre antibiotique et a été adressée à un ophtalmologiste généraliste. À l’examen, elle ne présentait pas de manifestations d’une maladie oculaire externe et l’irrigation du canalicule a révélé une perméabilité totale. La patiente ne présentait pas de symptômes autres que le larmoiement, mis à part un léger écoulement au réveil. On lui a donné un collyre lubrifiant et on lui a demandé de revenir dans trois mois. Les symptômes et les observations étaient identiques trois mois plus tard, et on a constaté que les voies lacrymales étaient totalement perméables lors de leur irrigation. On a dirigé la patiente au service spécialisé dans les voies lacrymales pour une évaluation plus approfondie. La patiente souffrait depuis 7 mois d’épiphora à l’œil droit sans symptômes de démangeaisons, d’irritation ou de sensation de grains de sable. Il n’y avait pas d’écoulement à ce stade. Elle ne présentait pas d’antécédents de maladies oculaires ou systémiques ni d’allergies. L’examen oculaire externe ne révélait aucune anomalie, de même que les examens des paupières et des points lacrymaux et l’examen endoscopique des voies nasales. L’irrigation du canalicule a révélé une perméabilité totale. L’examen du côté controlatéral asymptomatique était totalement normal. La patiente se plaignait fortement de larmoiement unilatéral, et par conséquent, on a jugé qu’un examen plus approfondi était nécessaire. Un dacryocystogramme a été réalisé, afin de déterminer si la patiente présentait une sténose au niveau de l’appareil lacrymal qui pouvait réduire le flux des larmes à travers les voies lacrymales perméables. Le dacryocystogramme de l’œil gauche était absolument normal, mais dans l’œil droit, on pouvait voir une obstruction pratiquement complète avec une dilatation présténotique importante du sac lacrymal. Ce n’est que sur les clichés ultérieurs que l’on pouvait visualiser un mince filet de produit de contraste à travers les voies Département d’ophtalmologie et des sciences de la vision Département d’ophtalmologie et des sciences de la vision Jeffrey Jay Hurwitz, M.D., Rédacteur Professeur et président Martin Steinbach, M.D. Directeur de la recherche The Hospital for Sick Children Elise Heon, M.D. Ophtalmologiste en chef Mount Sinai Hospital Jeffrey J. Hurwitz, M.D. Ophtalmologiste en chef Princess Margaret Hospital (Clinique des tumeurs oculaires) E. Rand Simpson, M.D. Directeur, Service d’oncologie oculaire St. Michael’s Hospital Alan Berger, M.D. Ophtalmologiste en chef Sunnybrook and Women’s College Health Sciences Centre William S. Dixon, M.D. Ophtalmologiste en chef The Toronto Hospital (Toronto Western Division and Toronto General Division) Robert G. Devenyi, M.D. Ophtalmologiste en chef Département d’ophtalmologie et des sciences de la vision Faculté de médecine Université de Toronto 60 Murray St. Bureau 1-003 Toronto (Ontario) M5G 1X5 Le contenu rédactionnel d’Ophtalmologie – Conférences scientifiques est déterminé exclusivement par le Département d’ophtalmologie et des sciences de la vision, Faculté de médicine, Université de Toronto. Figure 1: Un dacryocystogramme montrant la jonction droite du sac et du canal sténotique avec dilatation présténotique du sac. lacrymales perméables jusque dans les voies nasales (figure 1). On pensait qu’étant donné la constatation antérieure d’une perméabilité totale lors de l’irrigation et la visualisation d’une sténose très prononcée à la jonction du sac et du canal à la dacryocystographie, il pouvait y avoir une « anomalie du passage » au niveau de la jonction, étant donné que l’étiologie la plus probable chez une jeune femme est la présence d’un calcul lacrymal. On pensait que ce calcul était probablement mobile, ce qui pouvait expliquer la constatation d’une perméabilité clinique lors de l’irrigation. Sur la base des symptômes de la patiente et des observations à la dacryocystographie, une dacryocystorhinostomie a été planifiée. Lors de la chirurgie, on a constaté que le sac lacrymal était distendu et contenait des calculs lacrymaux. L’un d’eux était inclus dans le canal lacrymo-nasal (figure 2). Après l’intervention, les voies lacrymales étaient totalement perméables et la patiente était complètement soulagée de ses symptômes de larmoiement. Obstruction fonctionnelle chez un patient atteint d’épiphora On a utilisé le terme « obstruction fonctionnelle » pour décrire un patient atteint d’épiphora et dont les voies lacrymales sont perméables lors de leur irrigation. Un diagnostic précis de la pathologie est nécessaire pour déterminer le traitement approprié. L’hypersécrétion de larmes en raison d’une maladie oculaire externe ou d’une anomalie centrale doit être exclue et, avant d’incriminer les voies lacrymales de drainage, il faut exclure la présence d’anomalies de la paupière et/ou des points lacrymaux (avec ou sans Figure 2: Calcul lacrymal au niveau de la jonction du sac et du canal dans la figure 1. paralysie faciale). De plus, un examen soigneux des voies nasales (idéalement avec un endoscope) permettra d’exclure un problème de drainage dû à une anomalie des voies nasales. L’irrigation permettra de déterminer si les voies lacrymales sont totalement perméables, totalement obstruées ou partiellement perméables. Chez les patients d’un plus jeune âge, la sécrétion de larmes est significativement plus importante que chez les patients plus âgés (chez un patient âgé de 20 ans, la sécrétion de larmes est 5 fois plus élevée que chez un patient âgé de 80 ans). Par conséquent, même l’obstruction partielle de voies lacrymales de drainage perméables peut être suffisamment importante pour causer l’épiphora chez un jeune patient. Cette situation suscite encore plus de soupçons si les symptômes sont unilatéraux. La dacryocystographie avec intubation, injection d’un produit de contraste (habituellement un agent hydrosoluble ayant une viscosité minime) et retrait de la canule (habituellement manuel) permettent parfois d’identifier une légère sténose et une dilatation proximale. Un calcul peut produire une lacune ou une déflexion de la zone de contraste. Pour la patiente du cas 1, la dacryocystographie a été réalisée par une injection lente par une canule plus longue que la canule habituelle, d’un agent qui était plus visqueux que la solution salée. L’intervention permettait d’identifier la sténose à la jonction du sac et du canal et de démontrer parfaitement la dilatation accrue présténotique du sac lacrymal. Les calculs lacrymaux n’étaient pas visibles. L’investigation d’une « obstruction fonctionnelle » chez cette patiente a permis d’établir le traitement approprié, qui était une dacryocystorhinostomie (DCR) de routine. Les réponses à une enquête auprès des membres de l’American Society of Ophthalmic Plastic and Reconstructive Surgeons sur le traitement d’une obstruction fonctionnelle étaient variées : sondage à l’aide de canules, insertion d’un tube de Jones, ponctoplastie, sutures des paupières, etc. Cependant, comme on le voit avec cette patiente, il est raisonnable d’effectuer une investigation plus approfondie avec des examens d’imagerie tels qu’une dacryocystographie qui peut fournir des informations anatomiques. On pourra ainsi instaurer un traitement approprié. L’utilité de la dacryocystographie Au cours des deux dernières années, dans plus de 2000 cas d’affection des voies lacrymales, nous avons effectué 880 DCR. Nous avons utilisé la dacryocystographie chez 47 patients (2,35 % de cas d’épiphora), afin d’obtenir un plus grand nombre d’informations qu’avec un examen de routine des points lacrymaux, de la paupière, des voies lacrymales (avec l’irrigation et d’autres tests fonctionnels cliniques) et des voies nasales. Un dacryocystogramme est relativement peu coûteux et son utilisation a aidé à orienter le traitement. Conclusion En effectuant un examen clinique approprié, il est généralement possible de définir l’anomalie chez le patient atteint d’épiphora dont les voies lacrymales sont perméables lors de leur irrigation. Cependant, si l’examen clinique est insuffisant pour établir un diagnostic, une investigation plus approfondie à l’aide d’une dacryocystographie est un moyen utile et rentable de diagnostiquer une anomalie des voies lacrymales de drainage. Cas 2 : Rétention et/ou migration du clou méatique Une femme asiatique de 35 ans a consulté son médecin parce qu’elle souffrait d’épiphora à l’œil droit et d’une légère sensation de grains de sable dans cet œil. Après un traitement sans succès avec des collyres lubrifiants, un clou intracanaliculaire Herrick a été placé dans le canalicule inférieur, afin de traiter ses « yeux secs ». Ultérieurement, non seulement ses symptômes ne se sont pas améliorés, mais l’écoulement de larmes s’est aggravé. Son médecin de famille l’a adressée à notre clinique pour le traitement de l’épiphora. À l’examen, les voies lacrymales et nasales externes de la patiente étaient complètement asymptomatiques du côté controlatéral. Cependant, du côté symptomatique, on a constaté une obstruction complète lorsque l’on a effectué une irrigation du canalicule inférieur, avec un reflux complet par le canalicule supérieur. Lorsque l’on a avancé la canule, on a senti une résistance à environ 9 mm du point lacrymal. On n’a senti aucune résistance lorsque l’on a avancé la sonde dans le canalicule supérieur. Cliniquement, il y avait une obstruction du canal d’union latéral. La présence d’une obstruction incomplète du canalicule inférieur près de sa jonction avec le canal d’union était également possible. Afin de déterminer si le clou méatique était encore en place, une biomicroscopie sous échoguidage a été effectuée. Cet examen indiquait que le clou méatique était toujours présent, mais assez loin dans le canalicule inférieur, probablement à sa jonction avec le canal d’union. Notre expérience passée de la rétention et/ou de la migration de clous méatiques nous enseigne que si le patient demande de recevoir un traitement pour l’épiphora, il est nécessaire d’effectuer une DCR et d’extraire le clou méatique par une approche externe, ce qui permet l’exploration du canal d’union. On a tenté de dilater le point lacrymal et de pratiquer trois petites incisions sur celui-ci, puis d’extraire le clou méatique du canalicule, mais l’intervention a été un échec. Une DCR externe a permis une visualisation adéquate pour extraire le clou méatique inclus dans le canal d’union. La DCR a été effectuée sans incident. Risques associés à l’introduction d’un clou méatique On ne doit introduire un clou méatique qu’en dernier ressort lorsque l’on traite un patient souffrant de sécheresse oculaire, après que toutes les autres modalités non invasives aient été utilisées. Les clous intracanaliculaires peuvent causer une réaction de l’appareil lacrymal et entraîner une obstruction et une inflammation granulomateuse. Un clou placé dans le point lacrymal peut se déplacer et descendre dans le canalicule et entraîner des symptômes tels que l’épiphora et/ou un écoulement. La biomicroscopie échoguidée est un moyen utile pour déterminer si l’obstruction des voies lacrymales est due au clou, à une obstruction secondaire causée par le clou ou les deux. Pour le patient qui désire recevoir un traitement de l’épiphora, si le clou est assez près du point lacrymal, on peut faire l’essai de trois petites incisions sur le point lacrymal pour extraire le clou par celui-ci. Cependant, si le clou et/ou l’obstruction sont plus éloignés dans les voies lacrymales (plus proches du canal d’union), une DCR ouverte est le traitement approprié. Conclusion L’introduction d’un clou méatique et/ou d’un clou intracanaliculaire est une intervention invasive qui comporte des risques potentiels et peut entraîner une épiphora secondaire et l’insatisfaction du patient qui demande un traitement. Les clous méatiques sont souvent visibles à la biomicroscopie échoguidée dans les canalicules où ils sont inclus. On peut habituellement guérir l’épiphora en retirant le clou méatique et en traitant l’obstruction, le cas échéant. Cas 3 : Le patient devant subir une chirurgie de la cataracte et souffrant d’une obstruction du canalicule Un homme caucasien âgé de 81 ans a consulté son ophtalmologiste généraliste, car la vision de ses deux yeux avait baissé, de façon plus prononcée dans l’œil gauche. Un diagnostic de cataracte a été établi et on a planifié une chirurgie de la cataracte de l’œil gauche. Le patient souffrait également d’une légère blépharite et se plaignait d’un écoulement légèrement plus important dans l’œil gauche que dans l’œil droit. L’ophtalmologiste a irrigué les voies lacrymales et a constaté qu’elles étaient complètement obstruées. Le patient ne présentait pas de symptômes d’épiphora, mais seulement un léger écoulement. On l’a adressé à notre service spécialisé dans les voies lacrymales, afin de déterminer si une DCR devait être réalisée avant la chirurgie de la cataracte pour minimiser la possibilité théorique d’une endophtalmie postopératoire. À l’examen, le patient présentait une légère blépharite symétrique. Une compression digitale du sac lacrymal n’a pas révélé de reflux de mucus par l’un ou l’autre des points lacrymaux. Lorsque l’on a irrigué les voies lacrymales, on a constaté une obstruction complète avec un degré important de reflux mucopurulent provenant du sac lacrymal. Le patient a affirmé qu’il ne présentait pas d’antécédents de symptomatologie évoquant une forme quelconque de dacryocystite. Lorsque l’on a avancé la canule dans le canalicule, on a constaté une résistance (la canule touchant l’os de la fosse lacrymale), suggérant une obstruction du sac lacrymal luimême. La question de savoir si le patient devait subir une DCR avant la chirurgie de la cataracte s’est ensuite posée. Après une discussion entre le patient et son ophtalmologiste et étant donné que le patient était un homme âgé de 81 ans en bonne santé qui ne prenait pas de médicaments par voie générale, il a subi une DCR de routine ambulatoire sous anesthésie locale. Les voies lacrymales du patient étaient totalement per- méables lors de l’irrigation après la chirurgie et le patient a été adressé à nouveau à son ophtalmologiste généraliste pour une chirurgie de la cataracte. L’ophtalmologiste généraliste a traité la légère blépharite avec un nettoyage des paupières et des antibiotiques préopératoires et le patient a subi une chirurgie de la cataracte sans incident, l’évolution de son état après l’intervention étant normale. Le patient devant subir une chirurgie de la cataracte – L’investigation des voies lacrymales est-elle nécessaire ? Il y a eu de nombreuses discussions sur le rôle des antibiotiques préopératoires dans la prévention de l’endophtalmie consécutive à la chirurgie de la cataracte. Il y a également de nombreuses controverses sur la question de savoir si les antibiotiques sont nécessaires et dans ce cas, lequel devrait être administré, par quelle voie et pendant combien de temps. Ensuite, il y a la question de l’administration d’antibiotiques pendant les périodes peropératoire et postopératoire dans le but de prévenir l’endophtalmie postopératoire. Bien que l’endophtalmie consécutive à la chirurgie de la cataracte soit extrêmement rare, c’est un événement que l’on devrait éviter car il a un effet dévastateur tant pour le patient que pour le chirurgien. Le sac lacrymal se trouve assez près du champ opératoire lorsqu’il s’agit d’une chirurgie de la cataracte. En théorie, les bactéries provenant du sac peuvent contaminer le champ opératoire et s’établir dans la région intraoculaire. Un sac lacrymal obstrué peut abriter des bactéries qui peuvent s’échapper du sac et contaminer l’ouverture palpébrale, en particulier si une pression est exercée sur le sac pendant la chirurgie de la cataracte. Les germes commensaux les plus fréquents dans le sac lacrymal sont Staphylococcus et Streptococcus pneumoniae et ce sont certainement les causes les plus fréquentes de l’endophtalmie. Le sac obstrué peut également abriter des bactéries Gram-négatif, dont certaines ont également été identifiées chez les patients atteints d’endophtalmie. La chirurgie de la cataracte est souvent réalisée chez les personnes âgées qui présentent une hyposécrétion lacrymale et par conséquent, ces patients âgés peuvent ne pas présenter de symptômes d’épiphora, même en présence d’un blocage du canalicule. À quelle fréquence les canalicules sont-ils bloqués chez les personnes Ophtalmologie Conférence Scientifiques Tableau 1 : Obstruction occulte des voies lacrymales – traitement chez le patient asymptomatique • Point lacrymal – dilater – effectuer 3 petites incisions • Canalicule – Absence d’écoulement – chirurgie de la cataracte – Présence d’un écoulement – CDCR (essayer d’éviter les tubes de Jones) • Canal d’union – Latérale + absence d’écoulement – chirurgie de la cataracte – Présence d’écoulement – CDCR – Médiale – CDCR optionnelle • Obstruction du sac – Présence d’écoulement – DCR – Absence d’écoulement – DCR optionnelle DCR = dacryocystorhinostomie CDCR = conjuntivodacryocystorhinostomie âgées ? D’après une étude que nous avons menée chez des patients chez qui une chirurgie de la cataracte était planifiée, jusqu’à 20 % ne démontraient pas une perméabilité complète lors de l’irrigation. Quelle est la meilleure façon de procéder avec ces patients, étant donné qu’il est certain qu’ils n’ont pas tous besoin d’une DCR ? On suggère le protocole suivant : si le patient souffre d’épiphora symptomatique et désire recevoir un traitement, il est logique de réaliser une chirurgie des voies lacrymales avant la chirurgie de la cataracte. Cependant, si le patient est asymptomatique, l’évaluation du site d’obstruction est extrêmement importante (tableau 1). Si l’obstruction se situe dans les canalicules ou dans le canal d’union (dans la mesure où le patient ne souffre pas de canaliculite), il est moins probable que les bactéries stagnent, car ce sont des voies de petit calibre. Par conséquent, on ne réalise habituellement pas une chirurgie des voies lacrymales et on informe le patient qu’il n’existe qu’un risque légèrement plus élevé d’infection intraoculaire due à une obstruction canaliculaire durant la chirurgie de la cataracte. À ma connaissance, aucun patient n’a manifesté d’endophtalmie dans cette situation. Cependant, une antibiothérapie préopératoire de routine plus rigoureuse peut être conseillée. En présence d’une obstruction du sac lacrymal conjointement à une mucocèle refluant du mucus, une DCR doit être réalisée. Cependant, s’il existe une obstruction du sac sans la présence clinique de mucocèle, il est possible (comme chez le patient dans ce rapport de cas) que le sac soit rempli de matière mucopurulente, même s’il n’y a pas de reflux lors de la compression du sac. Si le sac n’avait pas été irrigué avant l’intervention chirurgicale, il aurait été impossible d’établir un tel diagnostic. Par conséquent, les voies lacrymales doivent- elles être irriguées avant la chirurgie de la cataracte ? Certainement, comme chez ce patient dont le sac lacrymal est rempli de pus, il serait prudent de réaliser une DCR avant la chirurgie de la cataracte. Si le sac lacrymal est complètement obstrué, mais que le liquide d’irrigation est totalement transparent et que le patient est asymptomatique, on peut alors procéder à la chirurgie de la cataracte (comme dans le cas d’une obstruction canaliculaire). Cependant, une antibiothérapie prophylactique préopératoire plus agressive est indiquée chez le patient qui a été informé qu’il n’existe qu’un risque légèrement plus élevé d’endophtalmie postopératoire. Investigations des voies lacrymales suggérées avant la chirurgie de la cataracte Antécédents d’épiphora Si le patient présente une épiphora due à une obstruction du canalicule et désire être traité, il doit être traité avant la chirurgie de la cataracte. Palpation du sac lacrymal En présence d’une mucocèle, avec reflux ou sans reflux, il serait prudent de réaliser une DCR avant la chirurgie de la cataracte, même si le patient est asymptomatique. Le sac lacrymal doit-il être irrigué ? Dans la plupart des cas (excepté dans ce rapport de cas où des observations inhabituelles ont été faites), même en présence d’un blocage du sac lacrymal sans reflux de matière mucopurulente, le risque d’endophtalmie est très minime. Conclusion Afin d’éviter une endophtalmie suite à la chirurgie de la cataracte, il est prudent de penser aux voies lacrymales et au moins de demander au patient s’il présente des symptômes d’épiphora et d’examiner ses voies lacrymales en exerçant une compression du sac lacrymal. En ce qui concerne l’irrigation des voies lacrymales avant la chirurgie, la situation du patient dans le cas 3 (mucus « silencieux » dans le sac lacrymal) Ophtalmologie Conférence Scientifiques peut être une possibilité. Chez ce patient, nous ne saurons jamais s’il aurait développé une endophtalmite sans réaliser tout d’abord une DCR. La décision d’irriguer ou non les voies lacrymales dans le cadre de la chirurgie de la cataracte dépend du chirurgien, mais il est certain que le fait de prendre en compte les voies lacrymales, d’établir les antécédents du patient relativement aux voies lacrymales et de palper le sac lacrymal sont des mesures simples et non invasives qui, dans la plupart des cas, permettent d’obtenir les informations nécessaires. Si les constatations ne sont pas concluantes, on recommande alors l’irrigation lacrymale. Bibliographie 1. Rosenstock T, Hurwitz JJ. Functional obstruction of lacrimal drainage passages. Can J Ophthalmol 1982:17:249. 2. Conway ST. Evaluation and management of “functional” nasolacrimal blockage: results of a survey of the American Society of Ophthalmic and Reconstructive Surgery. Ophthal Plast Reconstuct Surgery 1994;10:185. 3. Wobig J. Editorial comment. Ophthal Plast Reconstuct Surgery 1994;10:188. 4. Lloyd GAS, Welham RAN. Subtraction macrodacryocystography. 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Prochains événements au sein du service 30 octobre 2003 Programme à l’intention des professeurs invités (PPI) Dr John Chen, Montréal, Québec Current Therapy and Thoughts of Diabetic Macular Edema 6 novembre 2003 PPI – Dr Ivan Schwab, Sacramento, Californie When the moon turns to blood 27 novembre 2003 PPI – Dr Thomas Liesegang, Jacksonville, Floride Concerns of the Ophthalmology editor in 2003 5-6 décembre 2003 Walter Wright Day The Aging Eye Renseignements : Dr Shaun Singer (courriel : [email protected]) 6 décembre 2003 Réunion des anciens élèves de l’Université of Toronto conjointement avec Walter Wright Note: Adresse du Programme à l’intention des professeurs invités (PPI) : Toronto Western Hospital, West Wing, salle 401 399 Bathurst Street, Toronto Renseignements : Dr Wai Ching Lam (courriel : [email protected]) Réunions scientifiques à venir 15 au 18 novembre 2003 Réunion annuelle de l’American Academy of Ophthalmology Anaheim, CA Renseignements : American Academy of Ophthalmology Tél. : 415-561-8500 Fax : 415-561-8583 Courriel : [email protected] 24 au 27 janvier 2004 6e Congrès international d’oncologie oculaire Hyderabad, Inde Renseignements : Arun Singh, MD, Santosh G. Honavar, MD Tél. : 91-40-23-548-267 Fax : 91-40-23-548-271 Courriel : [email protected] La version française a été revisée par le professeur Pierre Lachapelle, Montréal. L’élaboration de cette publication a bénéficié d’une subvention à l’éducation de Novartis Ophthalmics © 2003 Département d’ophtalmologie et des sciences de la vision, Faculté de médecine, Université de Toronto, seul responsable du contenu de cette publication. Édition : SNELL Communication Médicale Inc. avec la collaboration du Département d’ophtalmologie et des sciences de la vision, Faculté de médecine, Université de Toronto. MDOphtalmologie – Conférences scientifiques est une marque de commerce de SNELL Communication Médicale Inc. Tous droits réservés. L’administration d’un traitement thérapeutique décrit ou mentionné dans Ophtalmologie – Conférences scientifiques doit toujours être conforme aux renseignements d’ordonnance approuvés au Canada. 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