Correspondances en Onco-hématologie - Vol. IV - n° 1 - janvier-février-mars 2009
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mise au point
plasmes peu visibles ou rétractés sur coupe. Les
tricholeucocytes expriment l’isoenzyme 5 de la
phosphatase acide tartrate résistante (TRAP) qui
tout en étant non complètement spécifi que est
cependant caractéristique de la LT (87).
L’atteinte splénique se caractérise par la présence
d’une infi ltration tumorale de la pulpe rouge, avec
effacement de la pulpe blanche et formation de
pseudo-sinus spléniques avec élargissement des
cordons pulpaires (69). La splénectomie n’est
cependant pas justifi ée pour affi rmer le diagnostic
de LT. Le homing splénique des cellules tumorales
peut s’expliquer par les interactions entre la vitro-
nectine et son récepteur αVβ3 (11).
IMMUNOLOGIE
La présence du récepteur pour le fragment Fc
des IgG (γFcR) initialement a fait suggérer une
origine monocytoïde du tricholeucocyte. Les
tricholeucocytes sont des cellules B matures,
exprimant fortement les immunoglobulines de
surface (IgG3), CD19, CD20 (expression modé-
rée à forte), CD22 (expression forte), mais qui en
revanche, n’expriment ni la molécule CD5 ni les
molécules CD23 et CD24. L’expression protéique
du CD27, un marqueur des cellules B mémoires,
est négative. L’expression du CD10 est positive
dans 10 % des cas. L’expression du CD11c est
forte et celle du CD25 modérée à intense (58).
Les tricholeucocytes n’expriment pas BCL6, un
marqueur du centre germinatif, ni le CD38 (25).
Quatre marqueurs sont utiles pour identifi er les
tricholeucocytes : le CD103, le DBA44, le CD123 et
l’annexine A1. Le CD103 est une αE intégrine liée
de façon non covalente à l’intégrine β7. Considéré
comme spécifi que de la HCL, son expression est
positive dans certains cas de lymphomes splé-
niques de la zone marginale (LSZM). Le DBA44,
utilisé sur coupes en paraffi ne (33) ou sur cellules
en suspension (61), est aussi exprimé dans envi-
ron 80 % des cas de LSZM. Les tricholeucocytes
expriment la molécule CD123 (18) reconnaissant
la chaîne α du récepteur de l’IL-3. L’annexine A1,
médiateur de l’action des glucocorticoïdes dans
l’inflammation, a été impliquée dans le cycle
cellulaire et la prolifération, et pourrait être très
spécifi que de la LT (21).
Un score immunologique, comme celui de
Matutes utilisé dans la leucémie lymphoïde chro-
nique (LLC), a été développé pour le diagnostic
de la LT. Ce score est fondé sur l’expression de
quatre marqueurs : CD103, CD11c, CD25 et HC2.
Ce dernier, peu utilisé, est souvent remplacé
par l’expression du CD123. Un point est attribué
pour une expression positive et 0 point, pour
une expression négative. Quatre-vingt-dix-huit
pour cent des cas de LT ont un score à 3 ou 4,
contrairement à la forme variante de LT ou au
LSLV pour lesquels le score est habituellement
de 0 ou 1 (47).
L’expression d’autres marqueurs a été observée,
en particulier celle de TIA1 dans environ 50 % des
cas de LT et habituellement constatée à la surface
d’un sous-groupe de lymphocytes T cytotoxiques
CD8 positifs et l’expression du CD52 (47).
CYTOGÉNÉTIQUE
Les études cytogénétiques sont rares et les cel-
lules tumorales sont peu sensibles aux différents
mitogènes habituellement utilisés. Il n’existe pas
d’anomalies clonales récurrentes spécifi ques.
Dans une étude publiée portant sur 36 patients,
des métaphases évaluables ont été obtenues chez
30 patients et des anomalies clonales ont été
identifi ées chez 20 sujets (67 %) (31). Les chro-
mosomes les plus fréquemment impliqués sont
les chromosomes 1, 2, 5, 6, 11, 19 et 20. Les délé-
tions et les inversions sont plus fréquentes que
les translocations. Les atteintes du chromosome
5 (86), observées dans 40 % des cas, sont des
trisomies, des inversions péricentriques ou des
délétions interstitielles en 5q13.3. Des del(7)(q32)
[71], del(17)(q25) [73], t(11;20)(q13;q11) [34] ou
t(2;8)(p12;q24) [85] ont été aussi rapportées.
Les études de CGH array et CESH (comparative
expressed sequence hybridization) permettent
de détecter plus facilement les anomalies chro-
mosomiques (82). La CGH array réalisée chez
12 patients a mis en évidence, dans la moitié
des cas, des modifi cations chromosomiques non
récurrentes avec des gains en 1p32-p36 (n = 1),
des pertes en 8q21.3 et des gains en 10p12 (n = 1),
des pertes en 11q14-q23 (n = 1), des gains en
6p22-p24, 7q32, 10p12, 16q22, 17q22 (n = 1), des
gains en 14q23-q24 et enfi n des gains en 5q13-
q31 (n = 1). La CESH a également montré un profi l
typique des tricholeucocytes avec une diminution
d’expression incluant les régions 3p24, 3p21,
3q13.3-q32, 4p16, 11q23, 14q22-q24, 15q21-q22,
15q24-q25 et une augmentation d’expression en
13q11 et Xq13-q21. Ces régions chromosomiques
sont probablement importantes pour étudier les
gènes possiblement impliqués dans la biologie
et la pathogénie de l’hémopathie.